Retraites: Retour sur la manifestation et le débat

Une manifestation réussie à Conflans samedi 11 février à l’appel de la Table Ronde de la Gauche du Confluent et de la NUPES.

 

Plus de 300 personnes ont fait le chemin de la place Romagné à la Mairie, pour réclamer leur droit à la retraite et condamner la réforme qui voudrait le réduire à peau de chagrin.
La LDH soutiens cette mobilisation et était largement représentée. La matinée s’est poursuivie à la MJC avec le débat « Y a-t-il un droit à la retraite ».

 

Intervention de la LDH en fin de manifestation.

Non à une nouvelle régression des droits sociaux.

La LDH ne peut que s’inquiéter de voir le gouvernement s’entêter à faire passer en force une réforme des retraites que l’ensemble des organisations syndicales et l’immense majorité des Françaises et Français rejettent.
Dans un contexte de détérioration continue des services publics, cette réforme du système général des retraites constitue une nouvelle étape vers la remise en cause de l’Etat social.

Cette réforme, dont la nécessité économique est loin d’être avérée, aggravera les injustices sociales au détriment de celles et ceux ayant des carrières longues, pénibles et précaires, et notamment des femmes.
C’est pourquoi la LDH appelle les citoyens à se mobiliser et à manifester pour faire valoir leurs droits.
Juste après la fin de cette manifestation, et avant de rejoindre la mobilisation parisienne, nous invitons toutes celles et ceux qui le souhaitent à participer à la rencontre débat de la LDH à la MJC de Conflans de 11 à 13h. Le sujet sera : Y a-t-il un droit à la retraite.
Merci à tous pour votre présence aujourd’hui.
Et ne lâchons rien.

Peut être une image de 10 personnesLE DEBAT

Diaporama de présentation

 

Les notes et réflexion d’un participant

Merci à Marc-Noël pour sa contribution.

Rencontre-Débat de la Ligue des Droits de L’homme
le 11 février 2023

Y-a-t-il un droit à la retraite ?

Notes et réflexions de Marc-Noël Vandamme

Travail : émancipation ou aliénation ?

Notre société est centrée sur le travail depuis la préhistoire et la révolution agraire. Il existe toute une symbolique qui veut que le travail soit un épanouissement, c’est en fait souvent une aliénation et la subordination au patron, le durcissement des conditions de travail conduisent à un rejet du travail

Les travailleurs il y a quelques années parlaient d’aller « au chagrin », lorsqu’ils allaient au travail. Le comédien âgé repartant en tournée dit : « moi je n’ai jamais travaillé »

Pour les femmes le droit au travail et le droit aux études ont été émancipateurs.

La qualité du travail est essentielle : un travail qui porte et qui construit. Or on néglige cette qualité de travail et l’activité sociale pour privilégier l’efficacité et la productivité. Ce n’est pas le travail en lui-même c’est l’activité sociale qui est émancipatrice.

Le même terme « travail » couvre en fait deux notions différentes l’activité sociale épanouissante et le travail subi aliénant.

La robotisation supprime souvent du travail pénible. Elle est souvent très rentable. Pourquoi ne pas « taxer les robots » pour permettre aux gens de vivre mieux ? La robotisation peut aussi rendre le travail plus intense (accélération inhumaine) : il faut suivre le rythme du robot. Cela peut aussi être dévalorisant pour les travailleurs remplacés par des machines plus performantes.

Les notions de liberté et d’autonomie au travail s’opposent à la notion de lien de subordination.

La première des réformes devrait être de se pencher sur les conditions de travail.

Travail : une raison de vivre ?

Le sens du travail doit changer : ne plus être représenté par son travail ou son métier mais plutôt développer d’autres capacités sociales (associations, culture).

Il faut laisser une certaine liberté pour permettre à ceux qui le veulent de ne plus travailler ou consacrer une partie moindre au travail.

Le travail, il faut le partager. Aller vers moins d’heures de travail, et arrêter de culpabiliser les chômeurs.

L’être humain n’est pas mono-tâche : travailler certes, mais aussi élever ses enfants, se reconvertir, se former, …La réforme de l’assurance chômage va à l’encontre de cette liberté.

Le revenu universel minimum permettrait de bénéficier de ce droit.

Quid du déficit ?

Le rapport du COR est clair il n’y a pas de dérapage des dépenses de retraite par rapport à l’évolution du PIB, les dépenses sont stables mais il y a baisse des recettes et donc des cotisations essentiellement parce que les cotisations payées par l’Etat diminuent.

Le lien entre les salaires et les cotisations est évident : plus on augmente les salaires, notamment celui des femmes, plus il y a de cotisations et moins il y a de déficit.

La réduction du taux de non-emploi des « seniors » réduirait à lui seul le déficit prévisionnel.

Il existe de nombreuses autres solutions pour réduire ce déficit.

L’objectif : la réduction des dépenses publiques

Le droit à la retraite est un droit social. Une partie de la richesse nationale est consacrée aux retraites (14% du PIB). Le COR le dit bien, cette réforme veut réduire cette part consacrée aux retraites.

L’objectif est de faire des économies mais cela conduira à des impacts sociaux sur l’assurance chômage et sur les accidents de travail.

Les besoins sont immenses (santé, éducation, transition énergétique, …) or la réponse du gouvernement est l’appauvrissement des services publics dans l’espoir que la croissance économique privée (« on va mettre plus de personnes au travail ») va répondre au problème. Or cela ne marche pas. Le moteur de l’économie privée est le profit or ces secteurs ne sont pas forcément rentables.

La  remise en cause de ce  droit fondamental se situe dans une démarche générale de réduction des dépenses publics : santé, éducation, police, … c’est une remise en cause générale de la protection sociale pour une privatisation généralisée. Il est essentiel de gagner pour bloquer cette démarche. Pour cela il faut mobiliser et établir le rapport de force.

« Le privé est plus efficace que le public », cela dépend de l’outil de mesure : rentabilité financière ou satisfaction des besoins.

Une réforme injuste

Les carrières sont diverses : carrières longues, carrières à l’étranger, carrières hachées, emplois précaires …. La réforme économise sur les moins bien lotis.

Le sort des femmes est particulièrement pénalisé : des carrière hachées, salaires moindres, retraites de misère.

Retraites par répartition ou retraite par capitalisation

Il faudrait plutôt parler de retraite collective par rapport à la retraite individuelle. Verser dans une caisse commune qui répartit solidairement au lieu d’épargner pour retrouver plus tard sous forme de rente son épargne personnelle.

Les assurances privées sont bien sûr à l’affût de tout affaiblissement du système de retraite collectif.

Marc-Noël Vandamme