Les tables rondes des Rencontres

1ère Table-ronde

samedi 26 février 2012

14h30

« Peuples et migrations, l’état des lieux »

Animation par Dominique Guibert, secrétaire national de la LDH

LE THÈME…

Les temps sont durs ! En France comme ailleurs. La crise ! La mondialisation ! L’économie ! Tous ces mots qui hantent l’actualité et dont nous ne maîtrisons pas forcément le sens génèrent stress et inquiétudes. Nous en constatons les effets directs sur le nombre de chômeurs, sur la pauvreté grandissante, l’incertitude quant à notre avenir devient une constante, une obsession.

Alors l’immigration et ses flux sont mis en avant par le politique comme cause de tous nos maux. L’État prône une immigration «  choisie » plutôt que «  subie ». Une politique dure est mise en place, la liberté simple de circuler est discutée, les idées les plus nauséabondes surgissent et s’imposent dans le débat politique comme évidentes. Qu’en est-il exactement ?

Pourquoi quitter son pays ? Pourquoi venir en France ? Combien d’immigrants arrivent, passent, repartent ? D’où viennent-ils ? Quel est le poids et l’utilité des 30.000 expulsions annuelles ? L’importance de l’immigration sur notre économie ? Un débat pour remettre nos idées en place.

LES AUTEURS…

Michel Agier. Anthropologue, directeur de recherche à l’institut de recherche pour le développement et directeur d’études à l’EHESS. Ses recherches portent sur les relations entre la mondialisation humaine, les conditions et lieux de l’exil et la formation de nouveaux contextes urbains. Il a publié récemment

Gérer les indésirables (2008, Flammarion), Le couloir des exilés (édition du Croquant) et, avec Sara Prestianni, photographe, Je me suis réfugié là (éditions Donner lieu).

Lucy Tourette. Journaliste indépendante, a participé à l’enquête sur la grève des sans-papiers en 2008 et qui fait l’objet du livre paru aux éditions de la Découverte, On bosse ici, on reste ici, co écrit avec Nicolas Jounin, Pierre Barron et Anne Bory. Le 15 avril 2008, trois cents travailleurs sans papiers se mettent en grève et occupent leurs entreprises, en région parisienne. Ils seront bientôt des milliers.

Nicolas Jounin. Maître de conférence en sociologie à l’université Paris-VIII et chercheur au laboratoire URMIS, Unité de recherches Migrations et société. Il a publié Chantier interdit au public, enquête parmi les travailleurs du bâtiment (la Découverte, 2008) et a participé à l’ouvrage On bosse ici, on reste ici (2011, La Découverte).

Catherine de Wenden. Politologue et juriste, directrice de recherche au CNRS – Centre d’études et de recherches internationales de Sciences Po et docteur en science politique, elle est une spécialiste des migrations internationales. Elle y a consacré l’Atlas mondial des migrations (2009, Autrement) et plus récemment, La question migratoire au XXIe siècle. Migrants, réfugiés et relations internationales (Presses de Sciences Po, 2010).

Emmanuel Terray. Anthropologue, membre de la LDH nationale et co auteur de « Immigration : fantasmes et réalités ». A publié Combats avec Méduse, Éditions Galilée. Vient de publier : Penser à droite (éditions Galilée).

Dominique Guibert. Secrétaire national de la Ligue des droits de l’homme.

2è Table-ronde

samedi 26 février 2012

16h30

« Témoignage et engagement de l’écrit »

Animation par Martine Laval

LE THÈME…

A la lecture du titre surgissent à l’esprit Camus et Sartre, deux archétypes de l’engagement littéraire, l’un avec sa conscience universelle, l’autre avec ses mots qui collent à l’actualité la plus immédiate.

La révolte de Camus ! Quoi de plus noble comme réaction à l’absurdité du monde, à l’impasse de la vie. L’écrivain seul à l’instant de l’écriture sait pourtant qu’à terme ses interrogations, ses indignations, ses révoltes seront partagés avec le lecteur et pour le citer  « Je me révolte, donc nous sommes ».

Alors nos invités nous exprimeront le sens de leurs engagements et de leurs passions d’écrivains. En ce monde où les syndicats s’anémient, où les partis politique et associations manquent de militants ou s’engager  semble absurde voire ridicule, les écouter dopera  nos implications petites ou grandes dans le mic-mac intellectuel contemporain.

LES AUTEURS…

Marie Cosnay, écrivain, romancière et professeur de lettres en collège à Biarritz. A publié aux éditions Cheyne (La langue maternelle) , Verdier (Villa Chagrin). Plus récemment Entre chagrin et néant, retrace les auditions d’étrangers en situation irrégulière au tribunal de Bayonne. Marie Cosnay s’efforce, dans son texte, de rendre à ces personnes leur statut et de témoigner, de sa place de témoin chagriné, de sa place d’habitante frontalière, de ce qui, en son nom, en notre nom, se poursuit, en Europe et en France. Son dernier livre : Comment on expulse ?, édition du Croquant 2011, poursuit cette réflexion.

Frédérique Clémençon. Écrivain, romancière et professeur à Poitiers. Prix Robert Walser en 1998 pour son premier roman Une saleté chez Minuit. A publié depuis plusieurs romans dont Traques (2009) et Les petits (2011), chez l’Olivier. Dans ce dernier recueil de nouvelles, les injustices, les brimades et les souffrances de l’enfance sont un portrait cruel et lucide de notre société, comme Traques, roman polyphonique, nous confrontait à des individus traqués dans leur existence par leur histoire, leur famille ou leur origine.

Abdelkader Djemaï, écrivain algérien né en 1948 à Oran. Journaliste pendant 25 ans en Algérie avant de s’installer en France en 1993 où il anime dans toute la France et à l’étranger de nombreux ateliers d’écriture dans les établissements scolaires, centres culturels, les prisons etc. Il collabore également auprès du Centre National du Livre pour les ateliers d’écriture « L’Ami littéraire ». Il a notamment publié Saison de pierre, Mémoires de nègre, Un été des cendres, Camus à Oran, Sable rouge, 31 rue de l’Aigle, Camping, Dites-leur de me laisser passer, Le nez sur la vitre.

Martine Laval. Critique littéraire. Animatrice du blog «  lectures buissonnières ». Bien connue des lecteurs de Télérama qu’elle a quitté il y a peu. Auteure d’un court roman, puissant et terrible, 15 kilomètres trois, paru en 2011 chez Liana Lévi.

3è Table-ronde

dimanche 25 février 2012

10h30

« L’écrivain migrant et ses pays »

Animation par Danielle Schramm

LE THÈME…

Un tunisien, un américain, un malien, une indienne. Presque tous les continents seront représentés sur ce plateau ! Ils vivent ou séjournent régulièrement en France. Écrivent-ils et pensent-ils en français ? Comment s’enchaîne le processus de création ? Ils nous exprimeront ce choix et son influence sur leur écriture. Comment se situer entre deux cultures ?

La distance entre la langue d’origine et la langue d’adoption aide-elle à la création ? Peut-on parler d’exil littéraire ? Devient-on à l’usage écrivain français ? Nos quatre écrivains, acrobates de l’entre-deux cultures, nous exprimeront leurs joies, leurs peines, leurs enthousiasmes d’écrivains immigrés.

LES AUTEURS…

Hubert Haddad, d’origine franco-tunisienne, poète, nouvelliste, historien d’art, essayiste. Prix Renaudot et de la Francophonie pour  Palestine, son précédent roman. Dernier roman Opium Poppy, chez Zulma. L’histoire d’un enfant afghan à Paris réfugié, traqué et tiraillé entre l’admiration de son frère, l’amour de sa belle voisine. Un bel éclairage sur le drame des enfants soldats.

Eddy Harris, écrivain américain (Harlem, Jupiter et moi, Paris in noir et black, chez Liana Lévi). Cet homme éminemment libre, installé près d’Angoulême, nous interroge sur les raisons de l’exil, le sentiment d’appartenance, la condition des Noirs en Amérique et celle des Africains en France.

Moussa Konaté. D’abord enseignant au Mali , il abandonne son poste pour se consacrer à la littérature. Quelques dizaines d’années plus tard, on ne compte plus le nombre de ses romans, pièces de théâtre ou livres pour la jeunesse. En 1997, Moussa Konaté crée les éditions Le Figuier, devenant ainsi le premier écrivain éditeur du Mali. Auteur également d’une série policière (éditions Fayard et Seuil). Il réside aujourd’hui en Limousin où il a créé début 2006 la maison d’édition « Hivernage ». Il est également co directeur du festival Etonnants voyageurs de Bamako au Mali.

Shumona Sinha. Écrivain, poète, interprète d’origine indienne (Calcutta). Largement inspiré de son expérience personnelle, son premier roman  Assommons les pauvres (L’Olivier, 2011) est le récit d’un passage à l’acte violent, signe de l’insupportable brutalité du monde pour les déplacés, réfugiés et autres clandestins qui espèrent le salut en émigrant. Entre mensonges de survie et froide incrédulité administrative, les mots ne veulent plus rien dire pour la traductrice du malheur du monde.

Danielle Schramm. Critique littéraire (à Télérama notamment), traductrice de l’espagnol et du portugais (dont Suburbio chez Moisson Rouge et Le Don du mensonge chez Liana Levi, deux romans brésiliens). A traduit notamment Aller simple (Moisson rouge, réédition Actes sud) ou Nager sans se mouiller chez Actes Sud de Carlos Salem ou encore  « Pénélope » d’Emilio Rodrigué chez Rivages. Dernier roman traduit, celui de Carlos Salem (Actes Sud, 2011), Je suis toujours le Roi

4è Table-ronde

dimanche 25 février 2012

13h30

« Regards et images sur les migrants »

Animation par Dominique Guibert, secrétaire national de la LDH

LE THÈME…

Cette table ronde est la suite logique de la première.

Le migrant sert le discours politique, médiatique et économique.

Avec de sombres et inavouables pensées électoralistes, le plus souvent, le public est manipulé, notre vision est faussée : L’immigré prend nos emplois, facteur de chômage. L’immigré aggrave l’insécurité et d’ailleurs il remplit nos prisons. L’immigré menace notre cohésion nationale. Notre système social attire l’étranger. Etc. Pourquoi cette image négative persistante ?

Alors que l’immigration n’est pas un phénomène nouveau ou momentané mais un mouvement perpétuel et durable de population, la France n’existerait pas aujourd’hui sans l’immigration d’hier. Nos intervenants issus du monde de l’image décrypteront et démystifierons les codes d’instrumentalisation de nos esprits.

LES AUTEURS…

Michel Agier. Anthropologue, directeur de recherche à l’institut de recherche pour le développement et directeur d’études à l’EHESS. Ses recherches portent sur les relations entre la mondialisation humaine, les conditions et lieux de l’exil et la formation de nouveaux contextes urbains. Il a publié récemment Gérer les indésirables (2008, Flammarion), Le couloir des exilés (édition du Croquant) et, avec Sara Prestianni, photographe, Je me suis réfugié là (éditions Donner lieu).

Sara Prestianni. Photographe italienne, membre du réseau Migreurop qui compte 40 associations d’Europe, d’Afrique et du Moyen Orient ainsi qu’une trentaine de chercheurs et de militants. Migreurop étudie les impacts des politiques migratoires européennes dans l’espace européen et à l’extérieur, notamment la politique de sous-traitance de la gestion migratoire aux pays de transit des migrants. Coauteur avec Michel Agier de Je me suis réfugié là, éditions Donner lieu, 2011.

Christophe Dabitch est né en 1968. Il vit à Bordeaux. Après des études de lettres, il est devenu journaliste indépendant en presse écrite et télévision. Il est auteur de livres historiques et de carnets de voyages et scénariste de B.D. (Voyage aux pays des Serbes, illustré par David Prudhomme (Éditions Autrement), Les Capucins, géographie du ventre, ouvrage collectif sur un quartier populaire de Bordeaux (Éditions Le Cycliste), deux volumes de Abdallahi, dessin de Jean-Denis Pendanx (Futuropolis), Prix de la meilleure bande dessinée historique aux Rendez-Vous de l’Histoire de Blois). Il a coordonné la BD Immigrants (Futuropolis), collectif co édité avec l’association BD Boum. Sous la direction de Christophe Dabitch, l’ouvrage recueille 13 témoignages, mis en images par 13 auteurs de bande dessinée.

Aurélien Ducoudray est né en 1973 et vit dans un petit village de l’Indre. Il a touché à toutes les facettes du journalisme. Photographe de presse, journaliste rédacteur écrit, journaliste reporter de télévision, on lui doit de nombreux documentaires. Après Championzé (avec Eddy Vaccaro, Futuropolis, 2010) et La Faute aux chinois (avec François Ravard, Futuropolis, 2011), il travaille en ce moment sur différents projets, dont une autre biographie de boxeur avec Eddy Vaccaro sur Young Perez, et Bekame avec Jeff Pourquié (éditions Futuropolis).

Jeff Pourquié, né à Toulouse, 48 ans, vit en région parisienne. Dans son univers se croisent pêle-mêle bande dessinée, peinture, graphisme, illustration, scénographie, guitare jazz manouche. En 2010, il participe au collectif Immigrants, co édité par Futuropolis et le festival Bd Boum. En février 2011, il sort Bekame (éditions Futuropolis)

5è Table-ronde

dimanche 25 février 2012

15h30

« Littérature, espace de témoignages et d’engagements »

Animation par Marie Poinsot, rédactrice en chef d’Hommes et Migrations

LE THÈME…

Littérature et histoire de l’immigration vont de pair. Les écrivains  témoignent à travers leurs écrits de leur expérience migratoire. Leurs oeuvres nous entraînent sur leurs histoires personnelles, ponctuées par des expériences singulières, par leurs réflexions et leurs émotions.

Au-delà du témoignage individuel, ils restituent aussi les parcours  de ces hommes et de ces femmes qui ont accompagné leur exil. C’est ainsi tout un univers peuplé de faits réels et d’inventions qui se laisse découvrir. A travers leurs récits, les écrivains mettent leur engagement en mots et en phrases, ce qui résonne autrement que par des essais ou des textes plus didactiques. Ce balancement entre témoignages et engagements fait la force de cette littérature née dans la migration.

LES AUTEURS…

Abdelkader Djemaï, écrivain algérien né en 1948 à Oran. Journaliste pendant 25 ans en Algérie avant de s’installer en France en 1993 où il anime dans toute la France et à l’étranger de nombreux ateliers d’écriture dans les établissements scolaires, centres culturels, les prisons etc. Il collabore également auprès du Centre National du Livre pour les ateliers d’écriture « L’Ami littéraire ». Il a notamment publié Saison de pierre, Mémoires de nègre, Un été des cendres, Camus à Oran, Sable rouge, 31 rue de l’Aigle, Camping, Dites-leur de me laisser passer, Le nez sur la vitre.

Edouardo Manet, né au début des années trente à Cuba, est un écrivain et réalisateur devenu français en 1979. La passion de l’écriture l’emporte à l’âge de 15 ans. Puis le théâtre, le cinéma et… la politique. Il est longtemps le compagnon de route des révolutionnaires cubains, qu’il suit dans les situations les plus improbables, du lycée de La Havane jusqu’à New-York, des théâtres militants aux chambres du Ritz. En 1968 il découvre la France (sa langue, le théâtre, la musique) qui devient sa terre d’exil et de liberté. C’est un auteur prolixe qui a abondamment traité à travers ses œuvres des thèmes de l’exil, notamment dans La sagesse du singe, Rhapsodie cubaine.

Khadi Hane, née en 1962 à Dakar, elle entreprend des études en physique-chimie à l’université Cheikh Anta Diop. Elle convainc son père de l’aider à poursuivre ses études en France, à Limoges puis à Nanterre. Elle se spécialise en 1992 en commerce international à l’Association Polytechnique à Paris. Ses études achevées, elle voyage entre Dakar et Paris, incapable de faire un choix entre ces deux cultures qui forgent son identité. La jeune femme retourne alors au Sénégal et parvient à se faire éditer. En 1998 sort ainsi son premier roman Sous le regard des étoiles, dans lequel l’auteur traite du problème de l’immigration, du rejet de la terre d’accueil, du déracinement… Elle a publié des nouvelles : Sous le regard des étoiles, Les violons de la haine, Ma sale peau noire, Le Collier de paille, Il y en a trop dans les rues de Paris, Un samedi sur la terre, et Des fourmis dans la bouche, son premier roman en 2011.