Lors du dernier conseil municipal de Royan, Didier Quentin s’en est pris aux gens du voyage installés sur le parking des Jardins du Monde.
Le journal Sud-Ouest s’en est fait l’écho (retrouvez l’article ICI) ainsi que la radio Demoiselle FM (retrouvez des extraits de l’interview de Didier Quentin ICI).
La Ligue des Droits de l’Homme de Royan et du Pays royannais a adressé à la presse la mise au point suivante :
Communiqué de presse
2000… 2002… 2012… Assez de paroles : des actes !
Suite aux propos tenus lors du conseil municipal de Royan du 26 mars, par le député maire Didier Quentin, la Ligue des droits de l’homme de Royan et du pays royannais, visiblement accusée de défendre les causes indéfendables, tient à rappeler et préciser plusieurs points.
Nous réagirons simplement en rappelant que la commune de Royan est dans l’illégalité depuis 2002, date à laquelle elle devait disposer d’une aire d’accueil pour les gens du voyage itinérants, comme ceux actuellement installés sur le parking des Jardins du Monde de Royan.
Petit rappel : la loi de 1990 a instauré la création d’aires d’accueil pour répondre aux questions d’hébergement des gens du voyage, qui, au même titre que n’importe quel français, attendent que les pouvoirs publics se préoccupent des conditions de leur logement.
Une loi de 2000 a renforcé l’obligation faite aux communes de plus de 5000 habitants de disposer d’une aire d’accueil, inscrite dans le schéma départemental d’accueil des gens du voyage, dans les deux années suivant l’adoption de la loi… (le délai ayant même été repoussé jusqu’à 2008 pour les communes faisant montre de leurs bonnes intentions).
2000… 2012… Royan est la seule commune de plus de 5000 habitants du pays royannais (1) à ne pas s’être conformée à ses obligations, obligations par ailleurs revues à la hausse par le dernier schéma départemental qui porte la capacité de l’aire à aménager de 20 à 32 places (voire 40 places), compte tenu des besoins manifestes.
La construction d’une aire d’accueil serait enfin en voie d’aboutir, nous dit-on.. à moins d’un énième rebondissement (en 2009, le projet n’a pu se finaliser car la mairie de Royan a refusé le permis de construire sur le terrain acheté par la Communauté d’agglomération).
Le législateur a été conciliant car aucune pénalité n’est due par les communes qui ne respectent pas la loi. En revanche, les aides que l’État pouvait accorder ne sont plus disponibles aujourd’hui en raison du dépassement de délai. Le contribuable en sera sans doute ravi !
Nous ne pouvons qu’approuver la recommandation du député Didier Quentin, dans son rapport de mars 2011 de « rendre plus aisée et systématique l’utilisation par les préfets de leur pouvoir de substitution, lorsque les communes et les EPCI ne respectent pas leurs obligations en matière de création et d’aménagement d’aires permanentes d’accueil dans les délais prescrits ».
Rappel : Depuis le 1er janvier 2009, le préfet dispose du pouvoir de se substituer aux communes qui ne remplissent pas leurs obligations.
Les voyageurs dont parle M Quentin se sont installés sur le parking des Jardins du Monde le 26 février, après avoir passé un mois à Touvent. Ils sont donc sur Royan depuis deux mois et non pas trois comme l’affirme M le Maire.
Ces voyageurs viennent régulièrement sur le pays royannais pour leur activité d’artisan ambulant (foires, marchés, entretien de bâtiment) ; ils ont le statut d’auto-entrepreneur et sont régulièrement enregistrés à ce titre à la chambre des métiers de La Rochelle ou de Poitiers. A moins de qualifier d’emblée tout auto-entrepreneur de « voleur », que peut signifier le propos de M Quentin ?
A plusieurs reprises, ces voyageurs ont demandé à être reçu en mairie pour obtenir des conteneurs (pour les ordures ménagères) et pour payer la consommation d’eau et d’électricité (et non de gaz auquel ils ne sont pas raccordés). Ils n’ont jamais été reçus !
M le Maire évoque leur refus de s’installer à Saujon où une aire d’accueil leur aurait été proposée. Il existe certes une aire à Saujon mais elle affiche complet. Il existe également un terrain pour recevoir des groupes de voyageurs mais celle-ci n’est ouverte que du 1er juin au 30 sept. La CARA a fait en sorte de nettoyer ce terrain pour l’ouvrir au plus tôt… ce qui est fait depuis aujourd’hui seulement ! Il aurait donc paru difficile à ces voyageurs de s’y installer avant !
La mairie leur aurait également proposé de s’installer à la Puisade où tous ceux qui s’y sont un jour rendus savent qu’il ne s’agit pas d’une aire aménagée, le maire l’ayant lui même qualifiée de « honte ».
Nous déplorons des propos trop aisément généralisés et pour le moins stupéfiants de la part d’un élu de la République accusant les voyageurs de frauder et de voler.
Nous appelons une nouvelle fois à la mesure des propos de nature à attiser des tensions et des préjugés déjà bien ancrés dans certains discours. Nous ne pouvons qu’espérer que ces paroles aient dépassé la pensée de celui qui les a exprimées.
On pourrait aisément, à l’inverse, user de termes tout aussi indélicats, grossiers et à la limite de l’insulte, s’agissant des engagements ou des responsabilités des autorités locales.
Nous ne qualifierons donc pas de menteur le maire qui se réclame adhérent de l’APGV mais n’en a pas renouvelé l’adhésion depuis deux ans.
Le député dit ne pas être contre les gens du voyage car il a effectué des rapports parlementaires dont celui d’une commission qu’il a présidé (rapport rendu public en mars 2011). Nous partageons en partie les préconisations de ce rapport et nous aurions aimé qu’il soit suivi de propositions de loi s’agissant notamment de la fin de la discrimination intolérable concernant le droit de vote des voyageurs (qui doivent justifier de trois ans de résidence fixe pour être inscrit sur les listes électorales ; ce qu’aucun autre français ne se voit imposer) ou leurs contrôles disproportionnés (titres de circulation). Force est de constater qu’à ce jour, M Quentin n’a déposé aucune proposition de loi en ce sens.
La carence de l’offre permettant l’accueil des familles génère des tensions contre productives. Il est urgent d’abandonner les postures caricaturantes et les injures pour s’engager enfin sur la voie de la résolution des questions posées par l’accueil des gens du voyage.
(1) deux autres aires d’accueil existent depuis plusieurs années sur Saujon (8 places, 16 caravanes) et Saint Georges de Didonne (12 places, 24 caravanes)
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