Rassemblement et prise de parole contre la loi Sécurité Globale, 23 Janvier 2021 à Royan.
« Depuis plusieurs années nous vivons de façon quasi permanente en État d’urgence.
Déjà en 1991 au moment de la guerre du Golfe apparaissait le plan Vigipirate, régulièrement réactualisé depuis et intensifié en 2015 à la suite de l’attentat contre Charlie Hebdo.
A un État d’urgence contre le terrorisme s’ajoute depuis 2020 l’État d’urgence sanitaire.
Une situation d’exception est
donc devenue la norme avec toutes les conséquences que nous connaissons :
– projets et propositions de loi adoptés en procédure accélérée
– décisions prises sans contrôle judiciaire
– dégradation du débat démocratique
– toujours plus de pouvoir concentré dans les mains de l’exécutif.
La France fait figure
d’exception parmi nos voisins européens.
Dans ce contexte anxiogène, il est facile, et pratique, pour les pouvoirs publics d’entretenir et de cultiver les peurs.
Le vocabulaire guerrier utilisé par le président de la République au début de la pandémie a bien joué ce rôle.
Les termes « guerre, mobilisation générale, ennemi » ont fait peser d’emblée sur le pays une chape de peur et de méfiance généralisée.
Dans une société déjà fragilisée par la crise sociale et le poids des inégalités, une société muselée par les peurs: du terrorisme, de l’étranger, de la maladie et de la précarité, faire de l’autre une source d’insécurité permanente permet de désolidariser, d’isoler et de séparer.
C’est une méthode qui a fait
ses preuves et qui permet, à terme, d’accroître le contrôle de l’État.
Sous prétexte de protéger la
population, il devient facile alors de proposer une offre sécuritaire qui
emporte l’adhésion.
Depuis 1 an les pouvoirs
publics s’engagent dans une voie toujours plus répressive et optent pour des
moyens accrus de surveillance sans concertation avec la société civile et sans
égard pour les droits fondamentaux.
Le plus bel exemple est ce
projet de Loi de Sécurité Globale qui nous rassemble aujourd’hui et dont
plusieurs articles sont inquiétants.
Déjà voté par l’Assemblée nationale le 24/11, il doit encore être examiné par les Sénateurs fin janvier.
Il prévoit, entre autres :
– l’interdiction de diffuser des images de policiers
– le transfert de compétences aux policiers municipaux et aux agents de sécurité privée
– l’utilisation de drones pour surveiller la population
On y voit également apparaître
la possibilité nouvelle de sanctionner des intentions. Jusqu’à présent le droit
français sanctionnait les actes.
Ce n’est par hasard que cette
loi a suscité l’inquiétude de nombreux défenseurs des droits dont le conseil
des Droits de l’Homme de l’ONU, dénonçant une atteinte au droit à la vie privée
et à la liberté d’information.
MAIS cette loi n’est qu’une
infime partie de l’iceberg sécuritaire du gouvernement.
On peut y ajouter :
– le projet de loi confortant les valeurs de la République qui risque de porter durement atteinte à la vie associative et créer de nouveau un sentiment de méfiance à l’égard d’une partie de la population.
– et surtout le feu vert donné
le 4/01 par le Conseil d’État au fichage, par la police et la gendarmerie des
opinions politiques, appartenances syndicales, convictions philosophiques et
religieuses.
Tout cela au nom de la «
Sauvegarde de l’ordre public » comme l’arrestation, lors de la manifestation
parisienne du 16 janvier dernier, de conducteurs de camions musicaux pour «
agression sonore » et saisie des camions au prétexte que « le style de musique
qui allait être joué ne correspondait pas au style habituel des manifestations
«, d’après la Préfecture de Paris.
Nous ne pouvons pas accepter ces textes uniquement répressifs, jamais équilibrés par un volet éducatif ou social.
Nous ne pouvons pas admettre que les Droits des uns soient moins importants que les droits des autres.
Nous nous battons pour défendre les droits de tous, pas pour en enlever à certains.
Nous ne pouvons pas renoncer à nos libertés fondamentales, celles de la France des Droits de l’homme, au profit d’une illusoire sécurité.
Et, contrairement à ce que
beaucoup pensent qui disent ne rien craindre parce qu’ils n’ont rien à se
reprocher, nous sommes tous concernés.
Et c’est ensemble que nous
réussirons à préserver ces biens communs.