Vous pensez que vous n’avez rien à cacher (nothing to hide) ? Que votre intimité ne vaut pas la peine d’être sauvegardée ? Que la gratuité des applications vaut bien la récolte de vos données et métadonnées à des fins… Sanitaires ? Publicitaires ? Sécuritaires ? Mais que vaut cette gratuité si ces informations servent à faire monter le prix de votre complémentaire santé ou à vous refuser un emploi ? A vous manipuler grâce à vos goûts, eux même facilement identifiables grâce à votre géolocalisation ? Si la sécurité est invoquée pour un contrôle permanent de vos moindres faits et gestes ?
Paranoïa? A vous de voir…
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Nothing to Hide
Scénario et réalisation : Marc Meillassoux
Chef de Production: Mihaela Gladovic
Directeur de la photographie : Philip Pocock
Musique : Rubin Henkel
Production : Mihaela Gladovic, Marc Meillassoux, Jeff Braun
Caméra: Mihaela Gladovic, Grégoire de Castelbajac, Rubin Henkel
Sociétés de distribution : Saint-André-des-Arts
Pays d’origine : Allemagne, France
Langue originale : anglais, allemand, français
Format : couleur
Genre : Documentaire
Durée : 86 minutes
Date de sortie :
France : mars 2017
Licence Creative Commons BY-NC-ND : octobre 2017
L’histoire de Latifa Ibn Ziaten, c’est celle d’une jeune fille de Tétouan, pleine de rêves, qui traverse la Méditerranée à la fin des années 70 pour vivre en France.
Trente ans plus tard, son fils Imad, militaire français, est assassiné par Mohammed Merah. Deux jeunes hommes nés en France de parents immigrés, tous deux musulmans, mais aux destins contraires : Imad est mort parce qu’il représentait la France et une intégration réussie, tandis que Merah s’y sentait exclu et cherchait à la détruire.
Pour Latifa tout s’effondre brutalement : sa vie, son idéal de vivre ensemble et sa vision de la société française.
Pourtant, plutôt que de renoncer à croire, Latifa décide d’aller réanimer ce rêve en dépassant sa douleur de mère. Elle part à la rencontre des autres, en France, au Maroc, pour les convaincre que ce rêve a encore un sens et qu’il les concerne tous.
Donner de l’amour en réponse à la haine.
Le 11 mars 2012, la vie de Latifa Ibn Ziaten bascule : son fils Imad, militaire français engagé dans les parachutistes, tombe sous les balles d’un tueur encore inconnu : Mohammed Merah.
Le 22 mars, Merah est finalement tué dans l’assaut de son appartement par le GIGN. Entretemps il aura assassiné deux autres militaires à Montauban, puis trois jeunes enfants et un père dans la cour d’une école juive de Toulouse.
Merah était un produit d’une nouvelle génération du jihadisme, Imad, le fils de Latifa en fut la première victime.
Avec calme et détermination, Latifa parle, console mais n’hésite pas à mettre chacun face à ses propres responsabilités : une jeunesse dont elle comprend et recueille la douleur mais qu’elle incite à la tolérance et à se retrousser les manches pour s’en sortir, une classe politique qu’elle pousse à être à la hauteur de cet idéal républicain qu’elle entend défendre.
Latifa Ibn Ziaten bouscule toutes les représentations : chantre de la laïcité tout en portant un foulard, marocaine fière d’être devenue un symbole de la République Française, mère meurtrie qui a choisi de faire de sa propre douleur un combat au service des autres. Son destin est aussi singulier que son combat est universel.
A travers le parcours de Latifa, le film raconte l’histoire d’une désintégration, l’échec des politiques publiques sur une génération abandonnée. L’histoire d’une France pétrifiée qui assiste depuis un an aux ravages de cet échec, coincée entre terrorisme et montée de tous les extrémismes.
Mais ce sera aussi l’histoire d’une reconquête, celle d’une immigrée marocaine devenue française, bien décidée à remettre la République à la hauteur de son idéal, à redonner espoir à une jeunesse qui veut exister, et ne demande que le soutien et la bienveillance de ses aînés.
L’idée d’un film de cinéma s’est imposée lorsqu’au delà de la mère qui place l’amour au centre de son action et derrière « la sainte » qui pardonne à l’assassin de son fils, nous avons identifié une femme capable de passer d’un monde à un autre, d’une cité à un ministère. Une femme sans frontières au sens propre comme au figuré.
Cette circulation-là est une véritable source d’inspiration pour des cinéastes. Elle est la garantie de parcourir ces mondes, d’observer leurs identités, leurs codes, en se calant dans le sillage d’un personnage qui réagit à leur contact, qui reçoit autant qu’elle donne, et bouscule autant qu’elle soutient.