PALESTINE : FILM 5 caméras brisées19 SEPT 2014 Médiathèque-Mâcon
La Ligue des droits de l’Homme – Section de Mâcon
présente le film documentaire
5 caméras brisées
de Emad Burnat et Guy Davidi- Palestine/Israel/France 2012
vendredi 19 septembre 2014 à 19h30 – médiathèque de Mâcon
entrée libre et gratuite
Prix de la réalisation documentaire au Festival de Sundance 2012, USA – Prix du meilleur documentaire au Jérusalem Film Festival 2012.
Lorsque Emad Burnat, Palestinien de Cisjordanie, s’est vu offrir une caméra pour la naissance de Gibreel, son quatrième fils, en 2005, il n’imaginait pas qu’il réaliserait un jour un long métrage. Il faut dire que c’est ce jour-là que les bulldozers israéliens sont entrés dans le village de Bil’in où ils se sont mis à abattre les arbres (des oliviers pour la plupart) pour construire le « mur de séparation » expropriant les 1 700 habitants de son village de leurs terres pour étendre et « protéger » la colonie juive de Modi’in Illit, prévue pour loger 150 000 colons d’ici 2020.
Emad s’est donc mis à filmer non seulement Gibreel, sans oublier sa femme et ses autres fils, mais aussi les actions de résistance que les habitants de Bil’in ont commencé à entreprendre. Ils ont adopté une forme de lutte non-violente pour obtenir le droit de rester propriétaires de leurs terres et de continuer à aller les cultiver de l’autre coté du mur car c’est leur seule source de revenus. Emad s’attachera à filmer au plus près les villageois dans leur lutte quotidienne, et non pas seulement les violences spectaculaires recherchées habituellement par les medias.
Emad a ainsi réalisé une chronique de la résistance de Bil’in : les manifestations des villageois auxquels sont venus se joindre des pacifistes israéliens et de tous pays. La plupart du temps, il s’agit de marches plutôt bon-enfant partant du village vers le mur de séparation derrière lequel les militaires les attendent et, malgré les barbelés qui les protègent, les soldats pour disperser les manifestants tirent des grenades lacrymogènes, des balles en caoutchouc… Emad a ainsi filmé les premières arrestations, les premiers blessés, le premier mort, l’homme le plus gentil du village que tous les enfants adoraient.
La caméra (ou plutôt les cinq caméras successives) est donc devenue un témoin, une « arme », dans la mesure où elle a servi à témoigner des violences des soldats, parfois à les calmer mais pas toujours… puisqu’elle lui vaudra d’être arrêté pour avoir filmé. Elle lui servira aussi de « bouclier » le jour où elle lui sauvera la vie en recevant la balle qui l’aurait sinon atteint en pleine tête. Par divers actes de violence des soldats, cinq caméras seront ainsi brisées.
Ce documentaire montre bien sur la durée le conflit vu de l’intérieur, la volonté des Palestiniens de coexister pacifiquement avec les Israéliens, les paradoxes qui font que les Israéliens arrêtent, blessent, tuent mais que, paradoxalement, le jour où Emad a un accident qui aurait pu lui être fatal, il est sauvé grâce aux soins prodigués dans un hôpital israélien. De même pour le montage de son documentaire, Emad fera appel au réalisateur Guy Davidi, pacifiste israélien qui a participé à de nombreuses manifestations des villageois.
Le résultat est tout d’abord un beau documentaire qui mêle vie intime, familiale et vie sociale. Il a déjà été vu par de nombreux Israéliens, il a obtenu dix-sept prix* et est même en compétition pour les Oscars à Hollywood. Ce documentaire est aussi une belle leçon de collaboration entre un Israélien et un Palestinien, une leçon d’espoir que la lutte pacifique des habitants de Bil’in, devenue emblématique, puisse un jour contribuer au rétablissement des Palestiniens dans leurs droits.
Ci-dessous : affiches France et USA. Cette dernière, en anglais (le film sera projeté en version française) illustre bien le film et la situation, l’enfant, le père et ses caméras et surtout le poids des colonies en arrière-plan.
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