Migrants du parking Monnier : communiqué de presse de la LDH

Communiqué de presse

Ligue des Droits de l’Homme
Section de Mâcon
6, rue de Crewe
71000 MÂCON
ldh.macon@gmail.com

Ponce Pilate !
« Dans un souci avant tout humanitaire… »
Je vous renvoie à la rue,
sans abri, sans nourriture, sans hygiène, etc.

La Ville de Mâcon a obtenu du Tribunal administratif de Dijon le 28 novembre dernier une ordonnance : article 1er : « Il est enjoint à tous occupants sans titre de la dépendance du domaine public en cause de l’évacuer immédiatement avec leurs biens, sous peine d’une astreinte s’élevant, par jour de retard, à 1000 euros par personne d’une part et 1000 euros par véhicule d’autre part »
La LDH constate que la Ville de Mâcon se préoccupe enfin du sort et de l’existence de ces personnes présentes depuis mars 2017. Mais constate une mauvaise foi extraordinaire.
Monsieur le Maire a rencontré le vendredi 24 novembre le Collectif de bénévoles qui soutient les migrants installés sur le parking Monnier.
Au cours de cette rencontre franche mais brutale, il n’a rien indiqué sur le référé déposé le 22 novembre. Pourquoi cette absence d’information ?
Il s’est refusé à apporter quelque aide que ce soit au collectif de bénévoles ; Il s’est contenté d’affirmer que la meilleure solution était que ces occupants partent immédiatement.
Il n’a fait aucune proposition d’hébergement même temporaire. Il a renvoyé à la responsabilité du préfet. Il a précisé qu’il n’agirait que sur réquisition préfectorale.
Pourquoi le juge du Tribunal Administratif écrit-il « les parties ont été régulièrement averties du jour de la procédure », quelle preuve apporte-t-il ? Pourquoi figurent dans la liste des mises en cause dix mineurs ? Aucune famille n’a montré de document aux bénévoles qui leur viennent en soutien. Pourquoi personne n’a été contacté au moment du dépôt de la requête. Les droits de la défense n’ont pas été respectés.
Par contre, après le jugement en référé, l’ordonnance a bien été distribuée par les forces de l’ordre en français et en albanais à chaque famille. De plus elle est affichée sur le bungalow des sanitaires en albanais avec la notification.
Où est la préoccupation humanitaire du maire de Mâcon ?
Quelle est l’étroite concertation avec les services de l’État afin de résoudre ces difficultés ? Nous avons appris le 24 novembre qu’il y avait chaque semaine deux à trois réunions entre la Préfecture, d’autres services de l’État et la Ville représentée par l’adjoint
à la sécurité.
Le collectif de bénévoles a rencontré à plusieurs reprises des services de l’État et des services municipaux ! L’objectif de ces contacts étaient l’amélioration des conditions de vie des occupants du parking Monnier, mais en vain !
Pourquoi avoir demandé une astreinte de 1000 euros par personne et par jour y compris pour les mineurs dont un garçon de dix ans et demi, ses parents ne sont pas cités ? La sanction financière serait-elle une sanction de plus pour des familles qui ont tout perdu, qui ont fuit leur pays et qui espèrent dans la devise de notre République ?
Pourquoi le communiqué se termine-t-il par une citation du président de la République cet été dans son discours sur l’intégration : « Je ne veux plus d’ici la fin de l’année avoir des hommes et des femmes dans les rues, dans les bois. Je veux partout
des hébergements d’urgence. »
Monsieur le Maire, quelles possibilités d’hébergement d’urgence apportez-vous ?
Dans le parc municipal, il y a de nombreux locaux vides, il y a d’autres locaux promis à démolition mais qui pourraient être utilisés comme hébergement temporaire.
Dans le parc privé il y a d’autres locaux d’habitation ou d’activités vides, ils pourraient être répertoriés et proposés à la réquisition préfectorale.
Pourquoi ne soutenez-vous pas les associations et les citoyens bénévoles qui viennent en aide à ces personnes ?
Pourquoi vous réfugiez-vous derrière une certaine interprétation du droit soit pour ne rien faire, soit pour aggraver les conditions de vie en évacuant ?
La section de Mâcon de la Ligue des Droits de l’Homme prendra toutes ses responsabilités pour soutenir les autres associations et les citoyens bénévoles dans leurs actions humanitaires et les occupants du parking pour améliorer leurs conditions de vie et le respect de leurs droits.
La section de Mâcon de la Ligue des Droits de l’Homme reste à la disposition de tous les pouvoirs publics pour envisager toutes solutions qui soient respectueuses des droits fondamentaux de la personne.
Nous encourageons les familles dans un éventuel recours au Conseil d’État contre cette ordonnance qui n’apporte pas de solution humanitaire.
Un Président de la République disait « pendant que la maison brûle, nous regardons ailleurs » !
Mr le Maire, pendant que des enfants, des femmes, des familles attendent dans des conditions inhumaines et insalubres que leur demande d’accueil soit examinée, vous regardez ailleurs ! L’indifférence n’est pas une solution.
La section LdH de Mâcon ainsi que le collectif Monnier appellent à rester vigilants et solidaires résistons à tout ce qui porte atteinte aux droits universels et indivisibles, il faut défendre le droit à une vie digne, pour tous.

Mâcon le 4 décembre 2017
Section de Mâcon
Ligue des Droits de l’Homme
6, rue de Crewe
71000 MÂCON
ldh.macon@gmail.com