Film ISLAM POUR MEMOIRE lundi 9 octobre à 20h au Cinémarivaux
Film soutenu par la LDH au niveau national et par la section de Mâcon pour cette projection.
La Ligue des droits de l’Homme soutient le film : ISLAM POUR MEMOIRE de Bénédicte Pagnot, qui sera projeté lundi 9 octobre à 20 h au Cinémarivaux Mâcon, en présence de la réalisatrice.
Islam pour mémoire est d’abord un voyage dans l’espace : d’Espagne en Iran, du Maroc à Jérusalem et aux Emirats. Voyage aussi dans le temps, à l’écoute des savants, théologiens, poètes qui ont construit, depuis le plus haut moyen Age, une richissime culture musulmane.
C’est en même temps un film déclenché par une émission de radio de France-Culture, Cultures d’Islam, et un hommage à son auteur disparu en 2014 : Abdelwahab Meddeb, philosophe tunisien, érudit et humaniste, ami de Mahmoud Darwich et de Benjamin Stora. La réalisatrice, passionnée par les réponses qu’il apporte aux questions qu’elle se pose sur l’Islam, quitte sa Bretagne pour de grands périples, convainc Meddeb de l’intérêt de son projet de film – ce film qu’il n’aura pas vu terminé –, l’accompagne dans certains de ses voyages et lui donne la parole dans ses méditations sur une civilisation dont il refuse la mort.
On découvre avec eux des terres de beauté et de misère, des sociétés non laïques où le religieux et le politique sont imbriqués, où les femmes sont durement discriminées, ainsi que les mécréants et les étrangers. Cependant l’Occident tient de plus en plus l’Islam comme une religion d’exclus, entend le partage au sens de division et non plus de mise en commun, s’épouvante du terrorisme islamique, patauge dans l’amalgame, reste indifférent aux révolutions dites du printemps arabe et vote chez lui pour les extrêmes droites.
Comment en est-on arrivé là ? Le film énonce des causes nombreuses et en donne des éléments ; internes à l’Islam, à commencer par l’effondrement précoce d’une civilisation entière dans l’obscurantisme, comme à Bagdad, capitale intellectuelle avec sa maison de la Sagesse, dévastée au XIIIe siècle ; des luttes de pouvoir, comme en Andalousie où la catholicité triomphante écrase les Infidèles ; au XXe siècle, les politiques des grandes puissances, de la course aux dollars et au pétrole. S’ensuit la montée du wahhabisme, du salafisme et du djihad meurtrier, qui aggrave le rejet de l’Islam et les effets en retour de ce rejet, quand nous confondons les défenseurs de l’Islam avec ses destructeurs.
Meddeb propose une solution, celle de la connaissance, celle qu’il a assidûment enseignée toute sa vie. Il faut étudier l’Islam rationaliste et progressiste du moyen Age et des Lumières ; rappeler que les premiers traités d’optique et l’invention de la perspective viennent de l’Irak médiéval ; favoriser la recherche, alors que la plupart des quatre millions de manuscrits arabes conservés ne sont pas étudiés ; relire Goethe qui disait son admiration pour le poète persan Hâfêz, qui glorifiait le vin et l’amour charnel ; connaître et entretenir les jardins et les monuments persans, arabes, afghans, les protéger des destructions criminelles des talibans, phobiques de la représentation humaine mais aussi chasseurs de trafics rémunérateurs ; ouvrir les anciennes mosquées à toutes les religions au lieu de les réserver au culte catholique, comme à Cordoue, ou de les couper en deux, mosquée et synagogue, comme à Hébron.
Idéalisme, dira-t-on : soit. Incomplet, certes, le film n’évoque ni l’Algérie de la colonisation, ni la Syrie de la guerre ; partiel et partial dans ses réponses, peut-être.
Mais très utile panorama d’un monde à la fois obsédant et méconnu, en même temps que bel hommage à la passion de paix et de culture d’un penseur disparu.
Ligue des droits de l’Homme.