QUAND LA « CITE DU SACRE-COEUR » CHASSE LES PLUS PAUVRES
…Le 24 avril 2017, le Maire de Paray-le-Monial a signé un arrêté interdisant la mendicité dans la ville entre le 1er mai et le 31 août 2017. Pour se justifier, il allègue « l’image négative pour le développement touristique » ainsi que « le comportement verbal agressif de nombreux quêteurs » sans pour autant en justifier par des plaintes, mains courantes ou autres doléances des habitants ou des touristes.
Ville de pèlerinage, Paray-le-Monial attire de nombreux pèlerins se rendant aux sessions de la Communauté de l’Emmanuel. La présence de mendiants est traditionnelle et fait d’eux une partie intégrante de la ville. Les Parodiens les connaissent et ne les redoutent pas. La section de Paray-le-Monial de la LDH exprime donc sa vive préoccupation de constater qu’à Paray-le-Monial, les libertés des individus dans l’espace public ne sont pas les mêmes pour tous. Si les pèlerins prennent la liberté d’imposer leur musique et leurs chants par hauts-parleurs à tous les quartiers riverains du Moulin Liron, aux usagers de la Voie Verte et aux vacanciers fluviaux en infraction avec la loi sur les nuisances sonores, s’ils se permettent d’enlever sur la voie publique, les tracts de la Ligue des Droits de l’Homme, s’ils interpellent parfois violemment leurs militants sur le marché ou dans les rues, cela constitue autant de troubles à l’ordre public contrairement à l’activité consistant à solliciter la charité des passants. Nous constatons donc qu’à Paray-le-Monial, il existe une inégalité de fait entre les citoyens. Par l’arrêté, le maire sanctionne toute une catégorie de personnes privées de la liberté d’aller et venir, principe de valeur constitutionnelle (Conseil Constitutionnel, 79-107, 12 juillet 1979, rec p 31) comme étant une composante de la liberté personnelle protégée par les articles 2 et 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 ou encore l’article 2 du Protocole additionnel n° 4 de la CEDH, l’article 12 du Pacte International des droits civils et politiques. Cet arrêté est également attentatoire à la liberté d’utilisation du domaine public, consacrée par la jurisprudence administrative précisément quant à l’exercice de la mendicité.
La section de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme proteste donc fermement contre cette logique d’exclusion, Avec cet arrêté municipal, tout est fait pour faire prévaloir un sectarisme « propre » autour d’un Moulin Liron et d’une basilique « aseptisés » alors que de tout temps, les personnes en marge de la société ont pu trouver de l’empathie et de l’aide auprès des Parodiens.
Nous, section de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme appelons donc les Parodiens à RESISTER A LA CHASSE AUX PLUS PRECAIRES. Dans l’éventualité où certains reviendraient, il est important de nous en informer rapidement (0385534203), et de dire à ces personnes que la mendicité n’est plus interdite en France depuis 1994 et que s’ils observent les conditions requises (pas de trouble à l’ordre public), PERSONNE NE PEUT LES INQUIETER.
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