LETTRE DE LDH PARAY à MADAME JARROT, Maire de Montceau-les-Mines (24/6/2016)

Section de la Ligue des Droits de l’Homme
de Paray-le-Monial Paray-le-Monial, le 24 juin 2016

A Madame JARROT, Maire de Montceau-les-Mines.

Madame le Maire,

En réponse à votre message, nous retenons une phrase qui va à l’essentiel : « La République est belle quand elle permet à tous, librement, d’asseoir ses démarches au service des autres et de belles causes sur une conviction personnelle et intime ».
En ce qui concerne la laïcité, nous sommes entièrement d’accord avec le lien que vous faites avec la liberté de conscience et d’expression, chacun étant libre, dans l’espace public, de les manifester comme il l’entend avec la seule limite du respect de l’ordre public. Par contre, il ne suffit pas de le dire, Madame la Maire, encore faut-il l’appliquer et ne pas persifler la Ligue des Droits de l’Homme lorsqu’elle exerce sa propre liberté d’expression et son esprit critique.
Il nous semble par ailleurs que vous oubliez deux autres dimensions capitales de la laïcité, liées à nos droits fondamentaux : d’abord celle de l’égalité des consciences des citoyens ; qu’ils soient croyants ou pas, ils ont tous les mêmes droits, ils ont tous droit au même respect. Selon l’article premier de la Constitution : « Elle (La république) assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ». Autrement dit, quand une association largement subventionnée sur fonds publics s’empare d’une cause à la fois nationale et universelle, celle de l’abolition de l’esclavage et qu’elle opère des discriminations entre les abolitionnistes, associe systématiquement les athées, les protestants et les agnostiques à un culte catholique et ignore ou réduit d’autres engagements confessionnels ou philanthropiques, nous ne sommes plus, Madame le Maire, dans le champ de la laïcité, mais dans celui du prosélytisme catholique. Il est navrant de constater qu’en oubliant cette égalité, votre lettre instrumentalise la laïcité pour défendre une cause fondée sur une inégalité et un prosélytisme qui offusquent tous les Républicains. A nos yeux, il s’agit d’un manquement à votre statut d’élue républicaine, garante de tous les droits fondamentaux et pas seulement de la liberté de conscience. Cette année, la section de la Ligue des Droits de l’Homme de Paray-le-Monial a fêté dignement Pierre Moreau dans le respect de convictions religieuses qui l’ont conduit à l’idée de l’abolition et elle continuera à le faire avec d’autres et en hommage à d’autres convictions pour rétablir un devoir de mémoire bafoué… Dans cette affaire, ce qui doit être au centre de la commémoration n’est certainement pas l’organisatrice avec sa sensibilité religieuse personnelle mais l’abolitionniste lui-même avec le processus idéologique qui l’a conduit, dans son temps et dans son milieu, à la défense de l’abolition de l’esclavage.
Enfin, le troisième terme, la fraternité, nous paraît particulièrement malmené lorsque l’égalité n’est pas respectée. Ainsi, à Paray-le-Monial, deux commémorations ont opposé d’une part la démarche communautariste du maire associée dans les medias et dans le message qu’il nous a envoyé à une grand’messe dédiée à un protestant et, d’autre part, celle de la Ligue des Droits de l’Homme qui s’adressait à tous avec la préoccupation exclusive du devoir de mémoire.
Permettez-nous enfin, Madame, de regretter que votre message soit adressé à Madame Lemétayer alors que celui que vous avez reçu était signé de la Section de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme.
Veillez agréer, Madame le Maire, l’expression de nos salutations distinguées,

Section LDH de Paray-le-Monial