A PARAY-LE-MONIAL, LA CRECHE DE LA DISCORDE (23/12/2018)

 

Cette année, le maire de Paray récidive en installant une crèche dans le hall de la mairie au mépris de la loi de 1905 qui exclut les signes religieux dans les bâtiments publics. Donc pas de crèche, pas de croissant, pas d’étoile de David…dans nos mairies, nos préfectures, nos écoles publiques. Telle est notre culture du vivre ensemble qui nous unit autour des valeurs républicaines communes: elles garantissent la liberté de culte, acceptent les signes religieux dans l’espace public mais font prévaloir la neutralité de l’Etat dans les bâtiments publics. Dans ces conditions, il est quelque peu sidérant de constater que selon le JSL, le maire allègue, pour justifier sa crèche, les « fondements de notre civilisation » en l’occurrence, la civilisation chrétienne qu’il revendique haut et fort et donc, si l’on se réfère à la Nativité, l’accueil dans une étable, du couple de pauvres étrangers sans-logis.. qu’étaient Joseph et Marie.

Mais là où le bâts blesse, c’est que des Joseph, la ville en a vu défiler quelques dizaines dans ses rues depuis 2017, tous jeunes, pauvres, sans-logis et victimes de terribles processus d’exclusion qui les ont rejetés de leurs pays respectifs, Guinée, Côte d’Ivoire et Mali. Tous porteurs des stigmates d’un abandon familial qui les a propulsés à travers le désert puis la Méditerranée jusque chez nous. Or pour ces jeunes qui ont pris tant de risques parce qu’ils n’avaient plus rien à perdre, et qu’ils attendaient tout de la France, quelle sorte de crèche fut pour eux la ville de Paray, la ville du Sacré-Coeur et de la crèche du Maire ???? Quel accueil ont-il reçu des autorités de la ville, du département, et plus particulièrement du cercle du maire de Paray, comprenant le directeur des FJT de Paray et de Chalon mais aussi le président du Conseil Départemental???? Faut-il que la Section de la Ligue des Droits de l’Homme le rappelle? Chacun sait en effet qu’ils ont mis en oeuvre avec un acharnement sans pareil, un processus d’exclusion par le mépris (« vous n’êtes que des étrangers, des sans-papiers, ne l’oubliez pas, sans moi vous seriez à la rue »…), le travail à la tâche payé 10 euros par semaine, la distribution d’aliments périmés, le manque de vêtements d’hiver et de soins médicaux, des procédures juridiques contre les reconnaissances de minorité de la juge des enfants.. Et puis Ponce-Pilate (ami des précédents?) s’est mis dans la partie avec tambours et trompettes pour placer trois de ces jeunes en garde à vue pendant toute une journée et en interrogeant sur des soupçons divers et gravissimes la présidente de la LDH Paray pendant 3 heures et demie. Deux de ces jeunes ne se sont pas remis des conditions de cette garde-à-vue et ont fui à l’étranger alors que pour l’un d’eux, ses droits ont été reconnus.

Quel accueil ont-ils reçu à Paray, ces jeunes??? Chacun sait que c’est la Ligue des Droits de l’Homme et des associations amies qui leur ont procuré des vêtements, des soins médicaux, un logement, une pension complète pendant une partie de l’année, des papiers d’identité destinés à faire reconnaître leur minorité, des conseils, un soutien moral. C’est elle qui les a présentés devant la juge des enfants, leur a trouvé une formation pour faire un CV… les aide à s’installer et à gérer leur nouvelle vie d’apprenti..le tout sans un sou de subventions.

La LDH n’a pas de crèche sur son drapeau, mais elle a la fraternité qui lui suffit. Quant à la crèche du maire de Paray, elle est comme le Sacré-Coeur sur le drapeau de Civitas, comme l’arrêté municipal de 2017 contre les mendiants de la ville, l’emblème politique d’identitaires qui font prévaloir l’entre-soi sur le vivre-ensemble. A l’opposé du symbole de la crèche et de nos valeurs républicaines. Et Monsieur le Maire qui parle de civilisation…

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