Dijon | Tribunal administratif Crèche à la mairie de Paray : la justice donne tort à Jean-Marc Nesme (Article du JSL, 8/6/2019)

Le tribunal administratif de Dijon a rendu sa décision ce vendredi concernant les petites crèches de la mairie de Paray : pour lui, il s’agit bien de symboles religieux et donc d’une atteinte à la laïcité.

En 2016, c’est une crèche en feutrine, créée à Bethléem par des personnes handicapées qui avait été installée dans le hall de la mairie. Sur décision du tribunal administratif, elle avait été retirée… après Noël. Photo d’archives Le JSL

Symbole de paix ou atteinte à la laïcité

Le 28 mai dernier, le tribunal administratif de Dijon se penchait sur le fond. Lors de l’audience , l’avocat de la mairie avait argumenté sur la situation particulière de Paray-le-Monial, qui accueille près de 300 000 visiteurs et pèlerins chaque année, sur la promotion que la petite crèche apportait à une exposition sur les crèches du monde proposée en parallèle à Paray en 2016 et sur le fait que ces petites crèches constituaient un symbole de paix et non pas un signe religieux.

 En 2017, c’est une crèche en nacre offerte par le maire de Bethléem lors de la signature du pacte de jumelage qui était exposée. Photo d’archives Le JSL En 2017, c’est une crèche en nacre offerte par le maire de Bethléem lors de la signature du pacte de jumelage qui était exposée. Photo d’archives Le JSL

Les propos du maire retenus comme arguments contraires

Ce vendredi, le tribunal administratif de Dijon a rendu sa décision en suivant les conclusions du rapporteur public. Il a considéré que, tant les propos du maire rapportés par le Journal de Saône-et-Loire que l’éditorial publié dans le journal municipal et intitulé « Une crèche de Noël à l’hôtel de ville » et affirmant notamment que Noël est « avant tout une fête chrétienne avec la naissance de Jésus, fils de Dieu » ou que « la France est chrétienne », révélaient l’intention du maire d’inscrire la crèche dans l’iconographie religieuse et, par là, son caractère religieux.

Le tribunal a aussi retenu, s’agissant de l’année 2017, le fait que la représentation de la crèche (gravée sur une assiette ouvragée) était surmontée des deux premiers vers, en langue anglaise, d’un des plus célèbres cantiques de la religion catholique, de telle sorte que la crèche ne pouvait, dès lors, que renvoyer à l’iconographie chrétienne. Bien au-delà du simple aspect traditionnel des fêtes de fin d’année.

Application stricte de la jurisprudence

Le TA de Dijon a fait application directe de la jurisprudence et a considéré que ces deux crèches n’étaient pas conformes aux exigences du principe de neutralité des personnes publiques. Il a donc annulé les deux décisions du maire d’installer ces crèches, en 2016 et 2017. Une décision évidemment symbolique mais qui sonne comme un désaveu à Jean-Marc Nesme.

Du fait de la décision, les frais de justice seront à la charge de la commune.

 En décembre 2018, la mairie de Paray a de nouveau exposé une crèche… qui n’est pas directement concernée par la décision rendue ce vendredi. Photo archives JSL En décembre 2018, la mairie de Paray a de nouveau exposé une crèche… qui n’est pas directement concernée par la décision rendue ce vendredi. Photo archives JSL

À noter qu’en décembre 2018, la mairie de Paray avait, là encore, décidé d’exposer une crèche dans le hall de l’hôtel de ville. Dans l’attente d’une décision du TA sur le fond des affaires précédentes, qui vient donc de tomber.