CONTRE LA PEINE DE MORT

Arabie saoudite : arrêté depuis ses 13 ans, Murtaja Qureiris, majeur, risque désormais la peine capitale.

Après quatre ans de détention préventive, le plus jeune prisonnier politique d’Arabie saoudite risque la peine de mort. Issu d’une famille chiite, il a participé à 10 et 13 ans à des manifestations pour les droits de l’homme.

9 juin 2019

L’Arabie saoudite va-t-elle exécuter son plus jeune prisonnier politique, sans doute le plus jeune au monde ? C’est la crainte d’Amnesty international. Murtaja Qureiris a eu 18 ans vendredi et cette majorité ouvre en théorie la porte à la peine capitale, sanction requise contre lui en août dernier.

Les torts de ce garçon, détenu depuis 2014 ? Deux événements font de lui, aux yeux de la justice saoudienne, un opposant membre d’une organisation terroriste. À 10 ans, en 2011, il se trouvait parmi d’autres petits Saoudiens à bicyclette qui accompagnent une manifestation d’Arabes chiites. CNN a retrouvé des images de la scène, on le voit sur son vélo au centre d’un groupe de garçons. Un peu plus tard, il tourne le dos à son père, qui dans un mégaphone demande « des droits » pour le peuple chiite.

Puis à 13 ans, il assistait aux funérailles de son frère Ali Qureiris, tué en 2011 dans une manifestation au cours de laquelle des cocktails Molotov avaient été lancés sur un poste de police. Le père des deux garçons a été emprisonné lui aussi, pour s’être opposé au régime saoudien.

Arrêté en 2014 par la police des frontières alors que la famille se rendait à Bahreïn, l’adolescent de 13 ans aurait été placé à l’isolement pendant un mois dans un centre de détention pour mineurs dans la ville de Dammam, selon Amnesty International . Là, il aurait subi des coups, des brimades, de multiples tentatives d’intimidation. Les geôliers qui l’interrogeaient lui auraient également promis de le libérer s’il avouait les charges qui pesaient sur lui.

Selon CNN, il aurait au total passé quinze mois à l’isolement ces quatre dernières années. Sans jamais voir d’avocat avant sa première apparition devant un tribunal, spécialisé dans les dossiers de terrorisme, en août 2018. Depuis, alors que la peine de mort a été requise, il attend la suite de son procès, assure Amnesty. Qui appelle l’opinion à réagir.