Le député Jocelyn Dessigny a organisé 4 réunions publiques pour tenter de défendre la leader du Rassemblement National, Marine Le Pen. La normalisation du parti d’extrême droite est mise en échec.
Condamné·es pour détournement de fonds publics
Après la condamnation le 31 mars 2025 de Marine Le Pen et 23 autres personnes du parti Front National rebaptisé Rassemblement National, les membres de ce parti se sont offusqués et ont crié au déni de démocratie, à une décision politique de « juges rouges » et à l’innocence de leur leader. Malgré l’accumulation de preuves, Marine Le Pen a nié les faits et c’est précisément cette absence de reconnaissance qui ont conduit les juges à décider de son inéligibilité immédiate.
Selon un article de France24 du 31 mars : « Pour justifier la peine d’inéligibilité immédiate, la présidente Bénédicte de Perthuis a déclaré que le tribunal avait « pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l’ordre public, en l’espèce le fait que soit candidate à l’élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance » (…) jugeant « nécessaire » d’ordonner l’exécution provisoire (immédiate) « pour éviter un trouble irréparable à l’ordre public ». »1
Victimes du système ?
Mais la tromperie et le détournement d’argent public n’émeuvent pas ceux qui hier se présentaient « tête haute et mains propres » et c’est ainsi que le député Jocelyn Dessigny a organisé en avril 2025 dans le Sud de l’Aisne 4 réunions publiques pour défendre la soi-disant innocence de son égérie.
Réunions de la honte qui ne visaient pas tant à construire une défense qu’à alimenter une colère sourde en se présentant en victimes du système. Chacune de ces réunions a regroupé une vingtaine de personnes, les intervenants compris, petites réunions de famille en somme. Lors de la dernière réunion étaient présents 3 députés (Jocelyn Dessigny, Nicolas Dragon et José Beaurain) et le maire de Villers-Cotterêts, Franck Briffaut.
Ces réunions ont été suivies par des journalistes et en particulier Mediapart 2 qui nous rapporte les propos tenus lors de la réunion de Charly-sur-Marne et Le Démocrate de l’Aisne 3 qui était présent à la réunion de Villers-Cotterêts. On pouvait y entendre une parole libérée, les propos décomplexés d’une pensée raciste, misogyne et fasciste que l’on croyait d’un autre temps.
Quelques bons mots de l’extrême-droite
Petit florilège de bons mots du Maire de Villers-Cotterêts rapportés par le Démocrate de l’Aisne : « s’ils veulent vendre des bracelets, il fallait être bijoutiers et non juges » (il fait référence au bracelet électronique que doit porter Marine Le Pen en adaptation de deux ans de prison ferme), « il ne faut pas confondre élevage et éducation » (à propos des mineurs délinquants). Par la même occasion, Franck Briffaut a tenu à défendre Le Pen père « injustement condamné pour des propos que tout le monde dit aujourd’hui ». Il a eu plaisir à rapporter aussi cette anecdote personnelle, un outrage à la juge lors d’un procès pour violences : « j’ai tout ce qu’il faut sur moi pour vous violer, ce n’est pas pour ça que je vais le faire. » On savait que Monsieur Briffaut aimait les métaphores naturelles ou médicales (la défense de l’organisme contre un corps étranger ou encore la lutte contre les nuisibles), on peut y ajouter quelques blagues qui révèlent tristement sa pensée.
Les discussions de la réunion de Charly-sur-Marne relatées dans l’article de Mediapart ne sont pas d’un meilleur niveau. Le député Dessigny est évasif dans ses réponses et lorsqu’il est à court d’idée, le public enchaîne sur le mode agressif : « on est pourris par la gauche », « on est presque dans un régime soviétique, avec des médias de gauche, des juges à gauche, du wokisme partout, on nous interdit tout. » et « si le RN ne fait pas ce qu’ils promettent, moi je vais dans la rue et je leur mets un coup de fusil. »
Maîtres en imposture
Les élus RN sont champions de l’imposture, ils en appellent à la démocratie, à la justice et au peuple mais dans leurs programmes (au pluriel car ils sont changeants) et leurs votes, ils montrent un tout autre visage, anti-démocratique et défenseur des puissants.
La LDH a déposé une plainte en justice contre les propos du député Dessigny : https://site.ldh-france.org/soissonnais/une-plainte-en-justice-contre-le-depute-dessigny/
La LDH qui a été à plusieurs reprises l’objet des attaques de ces élus, dénonce des propos de déni de justice et de manipulation. L’extrême-droite est une menace pour la liberté, le droit et la démocratie.
1https://www.france24.com/fr/france/20250331-tribunal-condamnation-marine-le-pen-principaux-points-du-jugement-rassemblement-national
2 article de Mediapart le 25 avril 2025 https://www.mediapart.fr/journal/politique/250425/apres-la-condamnation-de-marine-le-pen-les-electeurs-rn-mettent-la-pression-sur-le-parti
3 article du Démocrate de l’Aisne no 3835 du vendredi 02 mai 2025. https://democrate-aisne.fr/