Fresque de Stains – Non à la censure des œuvres artistiques – Soutien à Azzedine Taïbi
Le maire de Stains a inauguré le 18 juin dernier une fresque, réalisée par des artistes stanois, rendant hommage à George Floyd et Adama Traoré et par-delà au combat de toutes celles et tous ceux qui luttent « contre le racisme et les violences policières » (ces mots étant inscrits sur la fresque). Il n’en fallut pas plus pour provoquer la colère d’un syndicat de policiers qui a cru bon de demander que cette fresque « provocatrice » soit effacée au motif que, selon eux, le racisme et les violences policières n’existeraient pas au sein de la police. Une appréciation toute en nuances…
Si cela s’était arrêté là, nous n’aurions pas besoin de réagir, mais le Préfe de Seine-Saint-Denis a cru bon de mettre en demeure l’édile de la ville pour qu’il fasse modifier l’œuvre et enlever le mot « policières » de la fresque.
Quel habitant de Seine-Saint-Denis oserait aujourd’hui dire que ce département n’est pas victime de stigmatisation, de discriminations et de violences ? Certaines interventions des forces de police participent de ces abus et de ces violences. Si besoin, la disproportion des contrôles durant le confinement et les violences qu’une partie a entraînées sont là une foi encore pour le prouver.
On peut utilement se reporter à l’enquête diligentée par le Conseil départemental 93 pour le Baromètre des discriminations (rapport publié le 10 juin 2020) qui relève : « Plus de 80% des répondant.e.s déclarent que la couleur de peau, la religion, le quartier d’habitation sont des facteurs principaux de discrimination. (…) La police et la justice sont les services publics cités en premiers dans lesquels des discriminations seraient à l’œuvre. Ainsi 81% des répondant.e.s pensent qu’en Seine-Saint-Denis des personnes sont discriminées par la police et la justice. Un avis partagé par près de 9 jeunes sur 10 (88%) ».
La Ligue des droits de l’Homme regrette que cette œuvre de Street art ait été vandalisée le week-end dernier et se félicite qu’elle ait immédiatement été restaurée par ses auteurs.
Elle apporte tout son soutien au maire de Stains, notamment face aux menaces dont il fait l’objet, et rappelle qu’en démocratie, les autorités publiques, à quelque niveau que ce soit, n’ont pas à intervenir pour juger une œuvre d’art et plus encore pour la faire modifier car c’est alors un acte de censure.
On peut comprendre qu’il y ait débat, c’est même sain et il n’est pas question de stigmatiser toute une profession, mais il serait temps de regarder les réalités en face et de comprendre que pour que la police soit respectée, il faut que les auteurs de violences soient sanctionnés.
Saint-Denis, le 11 juillet 2020
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