POUR UNE VRAIE PROTECTION DES POPULATIONS, NON AUX « COW-BOYS », STOP AUX « AUTO-TAMPONNEUSES » !

Communiqué de la section de Saint-Denis Plaine Commune et de la fédération 93 de la LDH

Il y a tout juste un mois, le 13 mars dernier, Wanys a rejoint la longue liste des victimes mortelles d’une
course-poursuite avec un véhicule de police.
Certes, un refus d’obtempérer n’est pas une bonne idée, mais ça ne mérite pas d’être puni de mort !
Trop de jeunes de notre territoire sont morts ou ont été gravement blessés, comme le jeune Ibrahim,
passager de Wanys, dans des poursuites avec des véhicules de police. La confrontation violente systématique
qui est entretenue dans les interventions de la police, notamment dans le cas des refus d’obtempérer, porte
une responsabilité particulière dans ce drame, au-delà des responsabilités pénales à établir. Et, s’il était
besoin de le rappeler, non, le territoire de la Seine-Saint-Denis n’a pas vocation à être considéré comme un
« circuit d’auto-tamponneuses ».
Quel que soit le résultat des enquêtes en cours sur la collision qui a conduit Wanys à la mort et Ibrahim à
l’hôpital avec un bassin et une cheville fracturés, lorsqu’on visionne les vidéos très largement diffusées par
les media, on ne peut que conclure que la communication des autorités a été hélas une nouvelle fois hâtive,
en soutien devenu réflexe de ce qui constitue à tout le moins une grave erreur d’appréciation des agents
impliqués dans la course-poursuite, puis une volonté de dissimuler le cours des évènements.
La façon dont les policiers ont tiré sur le trottoir le corps d’Ibrahim renversé montre aussi que la
préoccupation n’était pas de porter les premiers secours à un blessé. Son placement en garde à vue, sans
égard pour son état, auquel il a été mis fin avant terme tant cela était éhonté, pose évidemment la question
de la volonté de faire pression sur une victime qui était aussi un témoin. La diffusion publique dans un second
temps des noms des gardés à vue après la nuit où le commissariat de La Courneuve a été visé par des tirs de
mortiers d’artifice notamment s’inscrit dans une “guerre de la communication”, non sans lien avec les
réseaux d’extrême-droite. Des mesures devraient être prises par les pouvoirs publics pour éviter ce type de
dérive ; la responsabilité de l’employeur public ne peut être de protéger ses agents à n’importe quel prix et,
pour garantir une conduite équilibrée des enquêtes judiciaires, la préfecture de police comme le ministère
de l’Intérieur devraient se distancier clairement d’instrumentalisations visant à relativiser les faits ou lancer
des contre-feux médiatiques.
La population de ce département et sa jeunesse ont droit à une police républicaine, soucieuse de protéger
tous.tes les citoyen.ne.s, de faire respecter la loi bien sûr, mais pas en jouant aux « cow-boys ». La façon
dont la police intervient dans l’espace public dans nos villes depuis plusieurs années devrait à elle-seule
interroger. Combien d’habitant-e-s sont saturés d’entendre des sirènes hurlantes à toute heure du jour ou
de la nuit, y compris quand elles sont totalement inutiles, voire des appels par haut-parleurs depuis les
véhicules de police appelant à dégager le passage ?
La Fédération LDH de Seine- Denis et la Section de St Denis Plaine-Commune, renouvellent leurs sincères
condoléances à la famille de Wanys et à ses proches. Elles saluent le calme et la dignité de cette famille
endeuillée, ainsi que des personnes qui ont pris part à la marche blanche du jeudi 21 mars, jour où Wanys
aurait dû fêter ses 19 ans.
Elles demandent que tous les éclaircissements soient apportés sur cet événement dramatique. Rappelant
que les instructions qui autorisent a priori la course-poursuite sont dangereuses et doivent être abrogées,
elles demandent une évolution des modes d’intervention des forces de police, une formation renforcée des
agents et la réforme de la loi de 2017 sur l’usage des armes.
Saint-Denis le 15 avril 2024