Catégorie : Presse

Eric Brunet diffuse une chanson d’extrême droite sur RMC

Les Inrocks

http://www.lesinrocks.com/2013/07/16/actualite/eric-brunet-diffuse-une-chanson-dextreme-droite-sur-rmc-11409515/

16/07/2013 | 15h29
Eric Brunet (capture d’écran)

Le mardi 4 juin dernier, Eric Brunet a diffusé dans son émission sur RMC une chanson d’un ponte nationaliste associant l’immigration au déficit de la sécurité sociale.

« Y’a bon ! Y’a bon la sécu, patron ! Y’a bon la sécu, là dis donc ! » C’est l’étrange chanson qui a retenti dans l’émission Carrément Brunet diffusée le mardi 4 juin dernier sur l’antenne de RMC. Avec un accent caricatural africain, elle associe sans équivoque l’immigration au déficit de la sécurité sociale.

Le titre utilisé pour évoquer le déficit de la Sécurité sociale n’est pas inconnu des auditeurs d’extrême droite puisqu’il est l’œuvre de Docteur Merlin, Christophe Lespagnon, de son véritable nom.

Docteur Merlin a été membre du GRECE dans les années 70 puis du FN dans les années 80 avant de suivre Bruno Mégret lors de la scission de 1998. Considéré comme l’un des pontes de la chanson nationaliste, Docteur Merlin pousse la chansonnette depuis trois décennies dans les manifestations de l’extrême droite. Son titre La soirée va finir où il chante sur un ton nostalgique que les « étrangers qui viennent de loin, on en a besoin pas besoin », est un classique des fins de banquets de la famille nationaliste.

Sa discographie reflète ses opinions païennes et identitaires. Docteur Merlin a d’ailleurs mis en chansons différents auteurs de la mouvance identitaires tels que Guillaume Faye ou le néo-païen Pierre Vial. Mais également des chansons d’auteurs nationalistes pur souche tels que Robert Brasillach.

Vraisemblablement embarrassée par la diffusion de cette chanson d’extrême droite, RMC a supprimé la séquence de son podcast. C’est le blog d’extrême droite Fdesouche qui a révélé le passage audio sur son site.

Interrogée par les Inrocks, la productrice de l’émission, Camille Dahan, se montre gênée aux entournures :

« Nous avons en effet utilisé en illustration sonore une chanson du Docteur Merlin intitulée Y’a bon la sécu patron. Je peux vous confirmer que cette diffusion était une erreur de la réalisation. Et en aucun cas, nous n’avons voulu offenser qui que ce soit, ni faire passer une quelconque idée nationaliste en diffusant 15 secondes de cette chanson. »

La productrice de l’émission tient à ajouter que « l’émission Carrément Brunet est une émission démocratique où toutes les voix peuvent s’exprimer, mais qui ne cautionne pas le racisme, l’antisémitisme ou les amalgames douteux ».

MAJ : Suite à nos questions, Eric Brunet a décidé de s’excuser de la diffusion de cette chanson dans son émission du jour (juste après son édito).

le 16 juillet 2013 à 15h29

Sur le tarmac, l’impossible justice équitable

Mediapart

Plusieurs associations de défense des droits des étrangers, des syndicats d’avocats et de magistrats s’adressent à Christiane Taubira pour lui demander de refuser la délocalisation prévue pour la rentrée des audiences de juges des libertés et de la détention à Roissy, à proximité de la zone d’attente, et au centre de rétention du Mesnil-Amelot.


Lettre ouverte à Madame le Garde des Sceaux à propos de la délocalisation des audiences des juges des libertés et de la détention pour les étrangers

Paris, le 18 juillet 2013

Madame la Garde des sceaux, ministre de la justice,

Plusieurs ministres de l’intérieur ont successivement tenté d’obtenir la « délocalisation » dans la zone aéroportuaire de Roissy-Charles-de-Gaulle des audiences des juges des libertés et de la détention du tribunal de Bobigny chargés de statuer sur les demandes de maintien en zone d’attente des étrangers auxquels l’entrée sur notre territoire est refusée.

Il semble que Manuel Valls y soit parvenu puisqu’est annoncée pour décembre l’ouverture d’une salle d’audience construite à grands frais au bord des pistes de cet aéroport et jouxtant la « ZAPI 3 » où ces étrangers sont enfermés.

Est également annoncée l’ouverture, dès septembre, d’une salle d’audience située sur le site du centre de rétention du Mesnil-Amelot où les juges des libertés et de la détention du tribunal de Meaux statueraient sur les demandes de prolongation de la rétention des étrangers que l’administration se dispose à éloigner de notre territoire.

Vous ne pouvez, bien entendu, ignorer ni ces décisions ni les intenses préparatifs, incombant à votre administration, auxquels donne lieu l’organisation de cette justice d’exception applicable à des étrangers tenus pour indésirables.

Vous le pouvez d’autant moins que par un courrier en date du 17 mai –toujours sans réponse à ce jour malgré plusieurs interventions auprès de votre cabinet– nous sollicitions un entretien pour vous dire notre inquiétude de voir aboutir ces projets porteurs de graves dérives pour le fonctionnement de la justice.

Vous le pouvez d’autant moins que, depuis, une pétition demandant la fermeture de la salle d’audience de Roissy, avant même son inauguration, a déjà recueilli près de quatre mille signatures.

Vous le pouvez d’autant moins que le Conseil national des barreaux a adopté à l’unanimité, le 6 juillet, une motion par laquelle il demande lui aussi fermement l’abandon de ce projet, auquel il manifeste sa plus ferme opposition.

Vous le pouvez d’autant moins que par un courrier du 20 juin, dont vous avez été destinataire en copie, madame la présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme a fait valoir auprès du ministre de l’intérieur que ces projets étaient notamment de nature à porter de graves atteintes au principe du procès équitable et lui a fait connaître son souhait que le gouvernement ne mette pas en place ces salles d’audience.

En dépit de ces alertes et de nos sollicitations vous n’avez jugé utile ni de nous recevoir ni de vous exprimer.

Ministre de la justice, vous êtes garante des conditions dans lesquelles la justice est rendue dans notre pays et de leur conformité aux principes fondamentaux que tous les justiciables –nantis ou précaires, français ou étrangers– peuvent légitimement revendiquer.

C’est donc très solennellement que nous voulons vous redire :

  • que le transfert d’audiences spécialisées au sein d’une « zone d’attente » gérée par le ministère de l’intérieur, dans laquelle ses services retiennent les personnes appelées à comparaître à la demande de cette même administration, ou pour le tribunal de grande instance de Meaux sur le site de rétention du Mesnil-Amelot, sont de nature à porter gravement atteinte à l’indépendance de la justice et à son impartialité ;
  • que la publicité des débats, dont vous savez qu’elle compte au nombre des exigences du procès équitable, ne sera pas assurée, compte tenu notamment de l’éloignement de ces annexes et de leur isolement, particulièrement difficiles d’accès pour les non-initiés et très mal desservies par les transports en commun.
  • enfin que l’exercice des droits de la défense sera également gravement compromis, compte tenu des pertes de temps et des frais de déplacement qui seront imposés aux avocats, dont un grand nombre intervient au titre de l’aide juridictionnelle, avec une rétribution dérisoire.

A l’évidence, il ne serait pas responsable d’éluder plus longtemps ces objections de principe : les préoccupations gestionnaires du ministère de l’intérieur ne permettent évidemment pas de les évacuer et elles ne peuvent être traitées au niveau des comités de pilotage installés à Bobigny et Meaux, exclusivement chargés de décider des conditions matérielles et administratives de fonctionnement de ces annexes judiciaires.

Nous ne pouvons nous résigner à penser que le silence assourdissant du ministre de la justice et les atermoiements de son cabinet seront la seule réponse à l’appel qu’avec d’éminentes autorités et de nombreux citoyens nous vous adressons publiquement.

La décision d’ouvrir ces salles d’audience délocalisées, exclusivement dédiées à l’examen –en catimini et dans un environnement policier– du sort d’étrangers en situation de grande précarité juridique et psychologique, doit être réexaminée et il n’est pas douteux que cet examen conduise à son abandon, tant la justice qui serait ainsi rendue vous apparaîtra indigne au regard des standards européens et internationaux les plus fondamentaux.

Nous ne désespérons donc pas de vous rencontrer ou de vous entendre très rapidement et, dans cette attente, nous vous prions de croire, madame la Garde des sceaux, à l’assurance de notre haute considération.

Organisations signataires :

Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE)

Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé)

Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s (GISTI)

La Cimade

Ligue des droits de l’homme (LDH)

Syndicat des avocats de France (SAF)

Syndicat de la magistrature (SM)

Union syndicale des magistrats administratifs (USMA)

Culture ou communication, il faut choisir

MEDIAPART

 

Chère Aurélie Filippetti,
Ce qui agite aujourd’hui le cénacle des professionnels de cette profession que l’on nomme (avec ironie ?) spectacle vivant, c’est la grave question des nominations à la tête des théâtres publics.

Or, disons-le, l’essentiel n’est pas là ! Nous ne nous joindrons pas à la meute qui hurle pour défendre telle ou telle chapelle, tel ou tel segment de la corporation, tel ou tel copinage en faveur de patrons rivés à leur pouvoir loin des grands idéaux de la Décentralisation théâtrale, telle ou telle rancœur au détour d’une carrière qui a peu à voir avec les vrais enjeux de l’art et de la culture. Non, nous ne nous joindrons pas à cette meute qui vous attaque sur de mauvaises bases, ce n’est pas, à nos yeux, le combat à mener. Mais si la parité est un sujet important, il doit alors s’appliquer à l’ensemble des corps de métier et faire l’objet d’une politique globale de ce gouvernement. Et il ne faudrait pas l’utiliser, en ce qui concerne la culture, pour masquer les enjeux fondamentaux.
Ce qu’il faut absolument éviter, c’est de confondre l’échange artistique avec une quelconque gestion. Nous avons subi pendant cinq ans un gouvernement ultralibéral sous la pire influence nord-américaine, qui s’est acharné à détruire tous les outils de la pensée et de la transmission dans tous les domaines, de l’éducation à la psychiatrie en passant par le service public de l’art, et nous avons clairement voté contre cette politique. Nous attendons maintenant un geste symbolique fort. Nous attendons d’un gouvernement de gauche qu’il remette les valeurs à leur place, qu’il installe au cœur de son action une vraie réflexion sur le sens de ce qu’on appelle la culture dans notre société.

Il y a urgence !
Or, rien de significatif ne se passe de ce côté-là et, parallèlement, le budget de cet historique ministère (dont la philosophe Marie-José Mondzain fait à juste titre remarquer qu’il est scandaleux d’y accoler le mot «communication») est en baisse, alors que les moyens nécessaires pour soutenir les outils de la connaissance et de la transmission sont dérisoires au regard des dépenses faites dans d’autres domaines, et, surtout, qu’il s’agit d’un investissement ridicule par rapport aux bénéfices réels qu’il apporte, en termes de résistance à la déshumanisation néolibérale.
Ce qui importe avant tout en la matière, c’est bien sûr la manière de faire, de répartir les énergies, beaucoup plus que la somme d’argent injectée. Reste que c’est un signe désastreux de diminuer aujourd’hui le budget de la culture en France sous prétexte de crise, alors que, précisément, ce qu’on appelle culture (l’esprit critique, la transmission des savoirs, la rencontre de l’autre, le débat), est évidemment ce dont nous avons le plus besoin dans un moment où les forces du chiffre et de la quantité sont en passe de déshumaniser le monde. Venant d’un gouvernement de gauche, ce geste symbolique qui ne change rien aux finances du pays, est extrêmement négatif. On peut aisément l’interpréter comme un acte de soumission aux forces ultralibérales qui visent la destruction dans le monde de tous les systèmes de solidarité et autres outils de la transmission de l’art et des connaissances.
Et si, au même moment, on encourage les investissements du privé (qui en attend bien sûr des retours), on peut se dire que la dynamique en marche est bel et bien d’inspiration néolibérale. Or il s’agit d’un combat entre deux conceptions de l’humain et du monde. Et pour me résumer en revenant sur l’intitulé du ministère, je dirais : «culture ou communication, il faut choisir».
Pour donner du courage à ceux qui œuvrent dans l’ombre avec peu de moyens (et devraient absolument être soutenus par un gouvernement qui se dit de gauche), il eût été judicieux au moins de ne pas toucher à ce budget, quitte à le répartir autrement. Et il est crucial par ailleurs de développer depuis ce ministère une parole publique, politique, sur l’importance fondamentale des outils symboliques dans le processus de construction des êtres humains.
Si un gouvernement de gauche ne le fait pas, qui le fera, chère Aurélie ? Catherine Trautmann a agi en son temps, en inventant une Charte des missions de services publics, qu’elle tenta de faire appliquer pour rappeler à leurs devoirs les utilisateurs de fonds publics. Elle l’a payé, cher. Oui, c’est un combat, toujours risqué face aux pesanteurs et autres égoïsmes, mais c’est cette ligne qu’il faut reprendre, et amplifier. Si nous voulons servir à quelque chose, dans la guerre qui fait rage entre le monde du chiffre et celui du symbole, il n’y a pas d’autre voie. Nous attendons de votre part, chère Aurélie, un geste fort. Un signe courageux qui rendra à ce ministère le sens qu’il doit avoir.
Dans cet espoir, très cordialement à vous.
Nicolas Roméas

www.horschamp.org

La DGSE a le « droit » d’espionner ton Wi-Fi, ton GSM et ton GPS aussi…

http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2013/07/11/la-dgse-a-le-droit-despionner-ton-wi-fi-ton-gsm-et-ton-gps-aussi/

 

La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, les services spéciaux français) ne serait pas, en l’état, en mesure de collecter « systématiquement les signaux électromagnétiques émis par les ordinateurs ou les téléphones en France« .

Une chose est de stocker « tous les mots de passe » qu’elle a pu intercepter sur les « réseaux grand public« , comme je l’avais écrit en 2010 (voir Frenchelon: la DGSE est en « 1ère division »), une autre est de pouvoir espionner « la totalité de nos communications« , en France, comme l’écrivait Le Monde, la semaine passée, avec ses « Révélations sur le Big Brother français« .

 

 

Désespérant François Hollande !

 

Mediapart

16 juillet 2013 |

« Ils persévèrent, ils exagèrent, ils ne sont pas de notre monde. » Il y a quelque chose de désespérant dans l’équipée actuelle de François Hollande et de son gouvernement, qui fait penser au vers célèbre de Paul Eluard, extrait du poème La Victoire de Guernica. Non pas qu’ils déçoivent : cela fait si longtemps – dès le premier jour, en fait, de leur accession au pouvoir – qu’ils mettent en œuvre des réformes allant radicalement à rebours des espoirs que les électeurs de gauche ont manifestés lors de la dernière élection présidentielle que même les plus naïfs savent maintenant sur ce point à quoi s’en tenir.

Mais pour une raison encore plus profonde : parce que le chef de l’État ne semble pas même se rendre compte de la catastrophe vers laquelle il conduit le pays ; parce que le conservatisme qui marque la politique économique se marie à beaucoup de maladresse ou d’incompétence. Cela suscite donc plus que de l’indignation ; presque de la sidération. La prestation télévisée de François Hollande, le 14 juillet, est une bonne illustration du trouble qu’inspire sa politique et des mille et une questions qu’elle soulève. Mais comment peuvent-ils conduire une politique à ce point contraire aux intérêts de ceux qui ont voté pour eux ? Et comment de surcroît peuvent-ils s’y prendre aussi mal ?

Des déceptions, il y en a eu tellement, depuis la dernière alternance, qu’on ne se risque plus guère à les compter. Mis à part le mariage pour tous, il n’y a même eu que cela. Des déceptions, des reniements, des valses-hésitations, des retournements de veste à n’en plus finir… De la politique d’austérité budgétaire et salariale jusqu’à l’oubli de la révolution fiscale, en passant par la trahison des ouvriers de Florange, les 20 milliards d’euros de cadeaux offerts sans contrepartie aux entreprises sous forme de crédit d’impôt ou encore la réforme du marché du travail avec à la clef la mise à bas du droit du licenciement et, dernier exemple en date, la sinistre pantalonnade sur la taxation des transactions financières, le gouvernement socialiste a poursuivi exactement la même politique économique et sociale que celle mise en œuvre par Nicolas Sarkozy. Avec la crise, on espérait un nouveau Roosevelt ; on a eu un petit Raymond Barre…

Pour un gouvernement de gauche, semblable basculement n’est, certes, pas sans précédent. Déjà, par le passé, de 1988 à 1993, Pierre Bérégovoy avait affiché des orientations aussi droitières – de son temps, on ne disait pas encore sociales-libérales. Et au fil de son action, de 1997 à 2002, Lionel Jospin avait versé progressivement dans les mêmes ornières. Mais dans un cas comme dans l’autre, les socialistes ont toujours cherché à dialoguer avec leur camp. Comme pour s’excuser de la politique de « désindexation compétitive » – traduisons : de franche austérité salariale – qu’il conduisait, poussant les salaires vers le bas et le chômage vers le haut, Pierre Bérégovoy essayait perpétuellement de convaincre l’opinion que « l’inflation était un impôt sur les pauvres ». Et Lionel Jospin, tout en conduisant des privatisations à marche forcée, a toujours pris soin de dialoguer avec le « peuple de gauche » pour essayer de le convaincre qu’il n’avait en fait jamais rompu avec un réformisme de transformation sociale.

Mais François Hollande, lui, avec qui dialogue-t-il ? Sans forcer le trait, on serait enclin à répondre, car c’est la stricte vérité : avec personne d’autre que les insipides Claire Chazal et Laurent Delahousse, deux des journalistes les plus complaisants en activité sur TF1 et France 2 – preuve accablante qu’il n’y a pas la moindre différence entre le service public et le secteur privé, tendance béton. Ou plutôt, enfermé dans sa bulle, il se parle à lui-même, sans jamais s’adresser véritablement au pays qui le regarde et moins encore au peuple de gauche auquel il doit son élection.

Car c’est le plus frappant de cette intervention télévisée : de la situation réelle du pays, François Hollande n’a quasiment pas parlé. Comme s’il ne la connaissait pas. Comme si cette réalité, enfermé maintenant qu’il est dans le Palais de l’Élysée, était trop éloignée de lui. Des quelque 10 millions de pauvres que connaît la France, des 5,3 millions de demandeurs d’emplois, il n’a donc quasiment pas été question. Non plus que de la chute historique du pouvoir d’achat, qui frappe des millions de foyers modestes.

Plutôt que de regarder en face la crise sociale qui ronge le pays et qui continue de se propager, François Hollande a donc préféré être dans le déni et annoncer la bonne nouvelle qu’il est l’un des rares à percevoir : « La reprise, elle est là. » Foin du nombre de demandeurs d’emplois qui bat chaque mois de nouveaux records et atteint des niveaux historiques, foin de l’économie qui est pour l’instant officiellement toujours en récession, le chef de l’État a pris une posture et un ton proprement incompréhensibles.

Du bon usage du carton ondulé

Terrible césure ! On sent que l’un de ces inspecteurs des finances qui peuplent les couloirs de Bercy, à moins que ce ne soit un ancien associé gérant de la banque Rothschild reconverti en conseiller de l’Élysée, a savamment glissé avant l’émission à l’oreille du chef de l’État qu’un obscur indicateur, celui de la production industrielle, avait connu quelques frémissements ces derniers jours, et que le chef de l’État a tout bonnement répété ce qu’on lui avait dit, sans mesurer le décalage entre son optimisme forcé et la réalité des souffrances sociales du pays. Et encore, par chance, ces mêmes conseillers de l’ombre, qui ont aussi l’oreille de la finance et du CAC 40, n’ont pas eu l’idée saugrenue de rappeler à leur patron que le carton ondulé, celui-là même dont on fait les emballages, était un formidable indicateur avancé comme en conviennent tous les conjoncturistes, et qu’il était précisément sur une pente ascendante. Car sans doute y aurait-on eu droit. Ce 14 juillet, François Hollande n’avait sans doute pas le cœur de parler au peuple. Mais parler carton ondulé, pourquoi pas : c’était bien dans son tempérament du moment…

Le décalage ! Sans doute n’y a-t-il effectivement pas de meilleure formule pour résumer ce qu’a dit le chef de l’État et ce qu’éprouve une bonne part de ses électeurs. Tout à son raisonnement, François Hollande a donc poursuivi son propos en suggérant qu’il allait mettre en chantier de nouvelles hausses d’impôt. Mais a-t-il lui-même bien mesuré la portée de ce qu’il disait ?

Non pas que le 14 juillet soit un mauvais jour pour parler impôt, tout au contraire. Car en ce jour anniversaire de la prise de la Bastille, le chef de l’État aurait pu évidemment trouver là une magnifique occasion de renouer avec les accents de sa campagne, et d’inviter à une nouvelle révolution – la fameuse « révolution fiscale » dont il a tant parlé avant l’élection présidentielle. Il aurait pu inviter à renverser nos Bastilles d’aujourd’hui, et engager une nouvelle Nuit du 4-Août, pour abolir nos privilèges actuels.

Et pourtant, non ! Rien de tout cela… Sur un air bonhomme, jouant en apparence sur le registre du simple bon sens, François Hollande s’est juste borné à suggérer que le gouvernement pourrait continuer en 2014 à relever les impôts. Il l’a dit sans vraiment le dire, sur le ton de la fausse évidence : « Dans l’idéal, le moins possible », a-t-il juste admis, signifiant par là que la fiscalité allait être relevée, même s’il n’y consentirait qu’à contrecœur.

Ah ! Le brave homme… « Dans l’idéal, le moins possible » : la formule dit bien ce qu’elle veut dire. Elle suggère que François Hollande a le cœur qui se serre à l’idée de relever les impôts de tous les Français et que, par « idéal », il préférerait ne pas en venir à pareille extrémité mais que du fait de la crise des finances publiques, il y sera malheureusement contraint.

Dans cette posture, il y a pourtant beaucoup d’hypocrisie. Car si les socialistes ont plaidé durant de longues années en faveur d’une « révolution fiscale », c’était précisément pour alléger le fardeau fiscal des plus pauvres et alourdir un peu celui des plus riches. Telle était l’ambition en particulier de la réforme visant à fusionner l’impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée (CSG), de sorte que l’impôt sur le revenu cesse d’être dégressif pour les contribuables les plus fortunés. Telle était aussi l’ambition du projet de rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), sous sa mouture initiale, c’est-à-dire avant que Nicolas Sarkozy ne le vide largement de sa substance.

Or, on sait ce qu’il est advenu de ce projet de « révolution fiscale » : il n’a jamais vu le jour. Promise, la nouvelle Nuit du 4-Août n’est jamais survenue (on retrouvera ici toutes nos enquêtes sur le sujet). Et même la célèbre taxe à 75 % a été totalement émasculée puisque ce ne sont plus les cadres dirigeants des grands groupes du CAC 40 qui la payent, mais les groupes eux-mêmes, qui s’en moquent totalement. Quant à la promesse sur l’ISF, elle n’a jamais été honorée même si ce reniement est passé inaperçu : à preuve, le seuil de déclenchement de l’ISF est resté au niveau où Nicolas Sarkozy l’avait relevé soit 1,3 million d’euros de patrimoine taxable. Et même certaines des « niches fiscales » les plus scandaleuses, celles qui profitent par exemple aux grandes fortunes dans les DOM-TOM, n’ont pas été remises en cause, contrairement aux engagements socialistes.

Une terre d’accueil accommodante pour les ultra-riches

Et le résultat de tout cela n’a naturellement rien de mystérieux : puisque les socialistes ont eux-mêmes renoncé à reconstruire un impôt citoyen progressif, les inégalités sont restées ce qu’elles étaient. Ou plus précisément, elles ont continué de se creuser. Avec, en bas de l’échelle des revenus, des pauvres qui deviennent toujours plus pauvres – toutes les études de l’Insee en attestent ; et en haut de l’échelle, des riches qui deviennent toujours plus riches –, ce dont témoigne aussi l’Insee qui pointe depuis plusieurs années un creusement des inégalités « par le haut ».

Le dernier classement des grandes fortunes françaises, établi par le magazine Challenges, est à cet égard très révélateur. Malgré la crise, la France, avec à sa tête un exécutif socialiste, est plus que jamais une terre d’accueil accommodante pour les ultra-riches. Pas un paradis fiscal, mais presque ! Que l’on observe en effet ces chiffres vertigineux (on peut les consulter ici): la fortune totale des 500 Français les plus riches a progressé de presque 25 % en un an, pour atteindre 330 milliards d’euros. Le magazine note qu’en « une décennie, ce chiffre a plus que quadruplé, alors que le produit intérieur brut (PIB), lui, n’a fait que doubler ». Et pour les dix plus grosses fortunes, les évolutions sont encore plus stupéfiantes, comme le raconte Challenges : « Ce Top-10 a une autre particularité : ses membres s’y enrichissent à un rythme beaucoup plus soutenu que les autres. En 1996, nos dix super-riches pesaient 20 milliards d’euros et 25 % de la valeur totale des « 500 ». Aujourd’hui, après s’être encore enrichi de près de 30 milliards en douze mois, le Top-10 pèse 135 milliards, soit 40 % du total ! »

C’est donc à cette aune-là que l’on peut mesurer la grave responsabilité prise par François Hollande de ne pas engager de « révolution fiscale » ni de véritable rétablissement de l’ISF. Et c’est à cette aune-là qu’il faut aussi décrypter le propos présidentiel sur les inévitables hausses fiscales à venir. Car, en vérité, le propos est moins bonhomme qu’il n’y paraît. Faute d’une fiscalité redevenue progressive, ce sont en effet d’abord les revenus modestes ou moyens qui seront davantage taxés, certes « dans l’idéal, le moins possible », mais taxés tout de même, au mépris des règles de l’équité fiscale.

On ignore pour l’instant le montant exact des hausses d’impôt auxquelles le gouvernement travaille. Se voulant rassurant, ce dernier se plaît surtout à souligner que, pour 2013, il a fait le choix de ne pas compenser les pertes de recettes fiscales générées par la récession – de l’ordre de 13 milliards d’euros selon la Cour des comptes – par des mesures d’austérité complémentaires. Mais pour 2014, le gouvernement a clairement fait comprendre qu’il poursuivrait et même sans doute amplifierait sa politique budgétaire et fiscale d’austérité. Concrètement, les économies budgétaires devraient atteindre 14 milliards d’euros au cours de chacune des deux années 2014 et 2015. Quant aux prélèvements fiscaux et sociaux qui ont progressé de 22 milliards d’euros en 2012 et de 33 milliards d’euros en 2013 (notamment du fait de la mesure fiscale très inégalitaire de gel du barème d’imposition), ils devraient encore être majorés pour la seule année 2014 de 6 milliards d’euros. Et si l’on ajoute à ce chiffre les mesures de compensation que Bercy envisage pour prendre le relais de dispositions fiscales qui arrivent à échéance, le total des recettes nouvelles qui pourraient voir le jour en 2014, pour le budget de l’État ou celui de la Sécurité sociale, pourrait atteindre de nouveau la somme considérable de 12 milliards d’euros.

« Dans l’idéal », ce devait être « le moins possible », mais en pratique, ce sera tout de même une somme gigantesque. Et qui plus est, une somme qui sera donc, en l’absence de véritable réforme fiscale, à la charge des contribuables les moins avantagés. Pour une part, on est d’ailleurs fixé : alors que François Hollande avait dénoncé le projet de Nicolas Sarkozy de recourir à la TVA pour financer son « choc de compétitivité » en faveur des entreprises, il a engagé la même réforme, sous des modalités à peine modifiées. Le gouvernement socialiste a dès à présent planifié une hausse de l’impôt le plus injuste du système fiscal français, pour un montant de 6,6 milliards de francs, sous la forme notamment d’un relèvement de 19,6 % à 20 % du taux supérieur et de 7 % à 10 % du taux intermédiaire, tandis que le taux réduit baisserait de 5,5 % à 5 %.

Au nombre des hausses de prélèvements, on sait aussi que le quotient familial sera abaissé de 2 000 à 1 500 euros pour un gain de 1 milliard d’euros, ou encore que les cotisations aux régimes complémentaires de retraite seront aussi majorées. Mais au-delà, que se passera-t-il ? Dans le cadre de la réforme des retraites qui verra le jour à l’automne, le gouvernement envisagera-t-il aussi une majoration des cotisations de retraite, pour les régimes de base, en sus de l’augmentation de la durée d’activité qui ne fait maintenant plus aucun doute ?

Quoi qu’il en soit, le gouvernement semble prisonnier d’une terrible logique, depuis qu’il a renoncé à reconstruire une fiscalité plus juste. Une logique que résume l’adage fiscal bien connu : « Pourquoi taxer les riches ? Taxons les pauvres ; ils sont beaucoup plus nombreux. »

Et à l’évidence, il ne s’agit pas d’une embardée. Car toute la politique économique semble ne faire aucun cas de la situation sociale difficile dans laquelle se trouve une bonne partie du pays, et de l’effondrement du pouvoir d’achat que connaissent nombre de ménages. Car en plus des hausses d’impôts qui viennent, la puissance publique ne cesse de donner son feu vert à des hausses spectaculaires des tarifs des services publics, qu’il s’agisse de la SNCF, d’EDF ou de GDF, et prépare même maintenant les esprits à une baisse tout aussi spectaculaire du taux de rendement du placement préféré des Français, le livret A.

Et tout cela est annoncé d’un air badin, presque enjoué. Comme si tout cela était dans l’ordre normal des choses. Comme si nul, dans les sommets du pouvoir, n’était en mesure de sentir la colère sociale qui couve. De quoi donner effectivement raison à Paul Eluard : « Ils persévèrent ; ils exagèrent… »

Gens du voyage: les élus socialistes dégainent leur proposition de loi

 

Mediapart

16 juillet 2013 |

Hasard du calendrier, le groupe socialiste avait prévu de longue date la tenue d’un colloque intitulé « Gens du voyage : quelles perspectives » afin de présenter la proposition de loi (PPL) du député Dominique Raimbourg visant à abroger la loi du 3 janvier 1969 relative au « régime applicable aux personnes circulant en France sans domicile ni résidence fixe ».

Cette journée, organisée le 17 juillet à l’Assemblée nationale, ouverte par la ministre du logement Cécile Duflot et clôturée par le ministre de l’intérieur Manuel Valls, se voulait « consensuelle », indique l’élu SRC de Loire-Atlantique. Mais la polémique lancée par Christian Estrosi (UMP), appelant à « mater » les personnes occupant illégalement des terrains, suscite un malaise du côté des organisateurs qui s’inquiètent d’un « contexte explosif ». Les journalistes ont été prévenus tardivement, et le rapport du préfet Hubert Derache, qui doit servir de base aux débats, a été remis en toute discrétion au premier ministre le 12 juillet, sans qu’aucune communication soit prévue.

C’est que la majorité socialiste ne veut pas apparaître « laxiste » sur ce sujet hautement sensible, qui mobilise les maires et les collectivités territoriales à moins d’un an des élections municipales. Les différends surviennent généralement lors de la période estivale quand les déplacements sont plus nombreux. Malgré la loi du 5 juillet 2000 qui a fixé des règles, à peine la moitié des 44 000 places d’aires d’accueil qui auraient dû être réalisées le sont une décennie plus tard. Le retard est encore plus marqué pour les aires de grand passage (AGP), censées pouvoir loger temporairement jusqu’à 120 caravanes.

« Notre proposition de loi est équilibrée », assure son auteur, qui liste les quatre axes de son texte : l’alignement du statut des gens du voyage sur le droit commun (suppression du titre de circulation, de la municipalité de rattachement et du quota de 3 % limitant le nombre de gens du voyage par ville), la possibilité pour les préfets de consigner dans le budget des communes en infraction le montant nécessaire à la construction d’un lieu d’accueil, le rattachement aux schémas départementaux des aires prévues pour les « grands passages » et la possibilité pour les préfets d’évacuer les campements illégaux dans les 24 heures suivant l’installation sans que le juge soit saisi lorsque des aires existent dans un rayon de 20 kilomètres. « On ne peut pas proposer de saisir l’argent des communes sans protéger les maires qui respectent la loi », affirme-t-il, en référence à la troisième et à la quatrième mesure. « Nous assumons cet aspect répressif », ajoute-t-il, reconnaissant que ce texte a été élaboré « en concertation avec Manuel Valls ». À l’origine, la PPL du groupe socialiste ne contenait pas cette facilité d’expulsion. Elle s’en tenait, par un article unique, à abroger la loi de 1969 afin de « mettre fin au traitement discriminatoire des gens du voyage ».

Des gens du voyage sur le bord de la rocade de Bordeaux le 17 août 2010.Des gens du voyage sur le bord de la rocade de Bordeaux le 17 août 2010.© Reuters

Le rapport technique que l’ancien préfet de Mayotte vient de remettre à Jean-Marc Ayrault, supposé servir de base à la loi, ne prévoit d’ailleurs pas cette disposition, signe qu’elle correspond à un ajustement politique. Commandé en février 2013, il a été rédigé avant le déclenchement des hostilités par le député-maire de Nice. Se plaçant dans l’optique de la « longue marche » des gens du voyage « vers l’égalité républicaine », il se fixe comme objectif de tirer les conclusions législatives de la décision du Conseil constitutionnel du 5 octobre 2012 qui a supprimé le carnet de circulation en vigueur depuis 1912.

Dans une introduction qui apparaît rétrospectivement décalée, l’auteur estime que le sujet n’est « pas clivant politiquement ». Mais son propos n’en est pas moins d’actualité. « Les préjugés culturels restent encore très forts entre la communauté des “gadjé” et celle des voyageurs », qui, regrette-t-il, « ont trop longtemps été considérés comme des Français entièrement à part et non comme des Français à part entière ». « Seule une politique volontariste des pouvoirs publics (État, collectivités territoriales et opérateurs publics) est de nature à aplanir les difficultés et à mettre fin au rejet dont sont victimes les membres de cette communauté, partie intégrante de notre ensemble national », estime-t-il.

Les gens du voyage, dont le nombre est estimé à 350 000 personnes, dont 60 000 à 70 000 « voyageurs » permanents, sont français depuis le XVe siècle pour les premiers d’entre eux et attachés à l’itinérance, rappelle ce rapport, à la différence des Roms, environ 20 000 en France, principalement de nationalité roumaine et bulgare, sédentaires dans leur pays d’origine, qui ne migrent que pour fuir les discriminations dans l’espoir d’une vie meilleure.

«Le “laissez faire faire” au voisin conduit nécessairement à une impasse»

Pour Hubert Derache, comme pour Dominique Raimbourg, la priorité est de supprimer toute forme de discrimination subsistant à l’égard des gens du voyage. Le Conseil constitutionnel avait supprimé le carnet de circulation, réservé aux itinérants sans ressources, qui devait être visé tous les trois mois, et dont l’absence était passible de prison.

Les sages avaient considéré que ce document impliquait un traitement différencié des personnes selon leurs moyens et qu’il portait une atteinte disproportionnée à l’exercice de la liberté d’aller et venir. Mais ils n’avaient pas invalidé le livret de circulation délivré aux personnes logeant de façon permanente dans un habitat ou un abri mobile et justifiant de ressources régulières au motif qu’il permettait «l’identification et la recherche de ceux qui ne peuvent être trouvés à un domicile». Le préfet et l’élu se proposent d’aller plus loin en abrogeant ce livret pour ne laisser subsister que le document demandé aux forains pour des raisons professionnelles. En parallèle, ils insistent sur la nécessité d’encourager la délivrance des pièces d’identité.

Le système de la commune de rattachement et du seuil de 3% visant à limiter la présence des gens du voyage dans une ville induisent eux aussi des restrictions de droits, non seulement civiques puisque les personnes concernées ne peuvent s’inscrire sur les listes électorales qu’après trois années d’installation contre six mois, mais aussi de liberté de circulation, dans la mesure où les requérants doivent justifier d’«attaches» sur place et recueillir l’avis favorable du maire et l’accord du préfet. Le droit commun serait désormais privilégié: les gens du voyage devraient pouvoir demander une domiciliation dans les communes de leur choix.

Dans son rapport, le préfet rappelle l’insuffisance du nombre d’aires d’accueil. «Le “laissez faire faire” au voisin outre son caractère inqualifiable conduit nécessairement à une impasse», note-t-il, tout en regrettant que les gens du voyage, quand ils se voient opposer un refus, optent pour le «rapport de force» avec les autorités locales. Comme le prévoit la proposition de loi socialiste, Hubert Derache propose de créer une «procédure de consignation» sur les fonds communaux ou intercommunaux préfets lorsque les aires d’accueil ne sont pas réalisées et de confier à l’État la responsabilité de déterminer les implantations des aires de grand passage dans le cadre du schéma départemental. Le préfet envisage même la régularisation foncière des familles propriétaires sur des terrains privés en situation irrégulière dès lors qu’aucune des parties concernées ne s’y oppose.

De manière consensuelle, il souhaite associer plus systématiquement les associations de gens du voyage dans la définition des cahiers des charges et de mettre en place des chartes d’accueil visant à responsabiliser les personnes accueillies pour éviter les «dégradations des aires encore trop fréquentes». Observant que pour des raisons économiques et de scolarisation de plus en plus de personnes de cette communauté se sédentarisent, il rappelle la nécessité de mettre en place des «parcours résidentiels» démarrant du terrain familial jusqu’au logement de droit commun en passant par les étapes intermédiaires.

La proposition de loi, selon le député, devrait être déposée à l’Assemblée nationale «à la fin du mois ou début septembre» avant un examen à la rentrée. Alors que Christian Estrosi vient de diffuser un «guide pratique» à l’attention des maires pour expulser les campements de fortune, la tonalité des débats lors du colloque s’annonce moins agressive, dans la mesure où les élus de l’opposition invités, notamment le sénateur Pierre Hérisson et Didier Quentin, connaissent dans leur complexité les enjeux liés aux conditions de vie des gens du voyage.

Le Front national, plusieurs visages, un seul discours : la haine de l’autre

Communiqué LDH

Paris, le 5 juillet 2013

Le Front national, plusieurs visages, un seul discours : la haine de l’autre

 

La Ligue des droits de l’Homme condamne vigoureusement les scandaleux propos tenus à l’encontre des Roms, à Nice, par le président d’honneur du Front national, ayant qualifié leur présence « d’urticante et d’odorante ».

Cette déclaration indigne confirme la réalité de la pensée de ce parti d’extrême droite, qui demeure fondée sur le racisme, la xénophobie et la haine des étrangers.

Un parti qui porte de tels discours doit être combattu avec la plus grande fermeté, sans être dupe des opérations de séduction fallacieuses engagées par ses autres dirigeants.

La Ligue des droits de l’Homme appelle à la plus grande vigilance et à dénoncer les alliances ou convergences envisagées avec ce mouvement anti-républicain, notamment en vue des prochaines élections municipales.

La Ligue des droits de l’Homme examine par ailleurs la procédure judiciaire la plus appropriée pour faire sanctionner à nouveau Jean-Marie Le Pen.

La FIDH et la LDH déposent plainte pour atteinte aux données personnelles

http://wp.me/p21cdX-1hW

FRANCE Droite ou gauche : les Roms sont toujours aussi maltraités

Courrier International

François Hollande avait promis d’améliorer la situation des Roms en France. Un an après son élection, force est de constater que le traitement qui leur est réservé est toujours aussi sévère, écrit le correspondant à Paris du New York Times.

http://www.courrierinternational.com/article/2013/07/11/droite-ou-gauche-les-roms-sont-toujours-aussi-maltraites

Des Roms évincés de leur camp attendent au tribunal administratif de Lyon, avant leur audience destinée à leur retrouver éventuellement un logement, le 3 avril 2013 - AFP
Des Roms évincés de leur camp attendent au tribunal administratif de Lyon, avant leur audience destinée à leur retrouver éventuellement un logement, le 3 avril 2013 – AFP

Au cours du seul mois de mai, la police française a démantelé des camps roms à Saint-Denis, près de Paris, et à l’ouest de Nice, le long du Var. A Lyon, 200 Roms ont été installés temporairement dans un gymnase après l’incendie criminel de l’usine désaffectée qu’ils squattaient, et la mort de deux femmes et d’un enfant de 12 ans [mercredi 10 juillet, une cinquantaine de Roms ont été évacués d’un squat de Lyon et quelques jours auparavant, le maire de Nice, Christian Estrosi, appelait les maires de France à la révolte contre les Roms « délinquants » qui occupent illégalement certains terrains].

Le gouvernement socialiste du président François Hollande est arrivé au pouvoir il y a un an avec la promesse d’un meilleur traitement des Roms, ou tsiganes, avec la fin des camps de fortune et le relogement et l’intégration des personnes déplacées. Mais comme face à d’autres promesses, tel le retour à la croissance, la réalité se révèle un bien piètre partenaire politique.

Malgré ses critiques envers le gouvernement de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, jugé peu respectueux des libertés individuelles et enclin à flirter avec l’extrême droite hostile à l’immigration, le gouvernement Hollande n’a guère infléchi la politique française à l’égard des Roms. Son ministre de l’Intérieur Manuel Valls, salué pour son efficacité et sa fermeté, a expulsé à ce jour au moins autant de Roms étrangers que son prédécesseur et continue d’ordonner aux services de police de démanteler bidonvilles et camps illégaux sans offrir de solution de relogement à la plupart des familles.

Une situation complexe et tragique

Or le 1er janvier prochain, les règles vont changer : les ressortissants de Roumanie et de Bulgarie, membres de l’Union européenne depuis sept ans, bénéficieront de la même liberté de circulation et d’accès à l’emploi que les autres Etats de l’UE. Mais cela ne leur vaudra pas un meilleur accueil – la plupart des clandestins issus de la communauté rom viennent de ces deux pays d’Europe de l’Est. Brandie comme un épouvantail par les partis nationalistes et anti-immigration de droite et d’extrême droite dans toute l’Europe, cette ouverture des frontières fait craindre un afflux massif de travailleurs et de délinquants qui prendraient leurs emplois aux populations locales et vivraient aux dépens de généreux systèmes d’aide sociale.

« Sur le papier, les choses sont différentes en France, mais en pratique, c’est pareil, déplore Dezideriu Gergely, directeur à Budapest du Centre européen pour les droits des Roms (ERRC). Nous nous attendions à un changement de ton, à une lutte contre l’exclusion sociale et les problèmes économiques, et pas à ce qu’on se contente toujours de déplacer le problème. »

La complexité et la dimension tragique de la situation sautent aux yeux à Paris, à la gare du Nord, l’une des plates-formes de transport les plus fréquentées de France. Devant la partie la plus ancienne de la gare, près de la troisième porte vitrée à partir de la gauche, de jeunes Roms font les cent pas. Petits et minces, portant souvent des vêtements très colorés, pantalon vert ou écharpe rose, ces hommes sont des prostitués qui attendent une passe ou un rendez-vous.

Certains n’ont pas plus de 14 ans, même s’ils disent le contraire. D’autres ont 16 ans et sont mariés, voire ont des enfants. Ils viennent de la région de Craiova, dans le sud de la Roumanie. Ils attendent le client dans cette gare pour gagner leur vie, en général une centaine d’euros par jour, disent-ils.

Ruset, qui dit avoir 19 ans, a quitté la Roumanie alors qu’il était encore enfant. Lui et ses amis, dont Bogdan, 17 ans, et Gutsa, même âge, marié et bientôt papa, « font leur business » à la gare et vivent dans un camp installé dans un bois près de la gare RER Noisy-Champs, à l’est de Paris. Tous refusent que leur nom de famille soit cité.

« La France est terrible avec nous », assène Ruset tout en guettant l’arrivée éventuelle de la police, qu’il dit « super raciste, tout le temps à nous harceler ». « J’aurais préféré rester en Roumanie, mais il n’y a pas moyen de trouver du travail là-bas. La France, j’aimais bien au début, mais aujourd’hui les choses sont très dures », explique-t-il, comme nombre des 20 000 Roms étrangers installés en France.

Malgré l’évolution prochaine de la réglementation, les expulsions sont en augmentation dans l’Hexagone. En 2012, année électorale, 12 841 ressortissants romains et bulgares, roms dans leur immense majorité, ont été expulsés, contre 10 841 en 2011, soit une progression de 18,4 %. En 2010, 9 529 personnes avaient fait l’objet de ce type de procédure.

Le gouvernement Sarkozy offrait le billet d’avion et 300 euros par adulte et 100 euros par enfant pour favoriser les « retours volontaires », système jugé pervers et dépensier par l’équipe de François Hollande. L’Etat continue toutefois de donner 50 euros par adulte et 30 par enfant, a précisé Manuel Valls, tout en soulignant que la France préférait financer en Roumanie « 80 microprojets » destinés à « l’amélioration des conditions de vie ».

Guillaume Landarchet dirige « Hors la rue », une organisation parisienne qui travaille avec des mineurs étrangers en difficulté, dont de jeunes Roms. « Valls reproduit exactement la même stratégie que Sarkozy, dénonce-t-il. Nous n’avons pas vu de vraie différence avec le gouvernement précédent. »

La délinquance associée aux Roms

Pour Robert A. Kushen, le président du Centre européen pour les droits des Roms, il est particulièrement étrange que l’Etat français poursuive les expulsions alors que s’annonce tout prochainement un changement de la réglementation migratoire. Alors que la Roumanie et la Bulgarie sont entrées dans l’UE en 2007, des restrictions particulières avaient été mises en place, imposant à leurs ressortissants qu’ils décrochent un permis de travail dans les trois mois après leur arrivée en France [et dans d’autres pays de l’UE] et les cantonnant à certains secteurs d’activité. Le gouvernement Hollande a certes supprimé la taxe qui était imposée aux employeurs des Roms, mais dans une France en récession où le chômage est élevé, difficile de trouver du travail.

Le monde politique braque par ailleurs les projecteurs sur la délinquance (pickpockets et vols de smartphones) associée aux Roms. Cet hiver, le Louvre a fermé une journée pour dénoncer les agissements de bandes très agressives envers les visiteurs comme le personnel, et composées surtout de jeunes garçons [le Louvre est gratuit pour les Européens de moins de 26 ans]. Le site Internet du musée a ajouté une page « Vigilance ! » sur les pickpockets.

Le flou juridique à l’égard de la Roumanie et de la Bulgarie a fait du tort aux Roms, estime Alexandre Le Clève, ancien directeur de « Hors La Rue » et membre de « Romeurope », un collectif qui œuvre dans six pays à l’amélioration de l’état sanitaire et des conditions de vie des tsiganes. « Paradoxalement, leur situation s’est dégradée depuis l’entrée de la Roumanie dans l’UE. Les Roms ont perdu certains droits, comme l’aide médicale publique, dont ils bénéficiaient quand ils étaient encore des ressortissants hors-UE. »

Le nouveau dispositif juridique européen « va mettre en relief toutes les contradictions de ce gouvernement », prédit Alexandre Le Clève. Aux Etats-Unis, « on parle de régularisation des immigrés. Ici, rien. »

Soutenir Médiapart et la liberté de la presse..

Communiqué de presse du Syndicat de la Magistrature ici, publié le 5 juillet 2013,:

Liberté de la presse

Le Syndicat de la magistrature a pris connaissance de la décision de la cour d’appel de Versailles et de l’obligation faite à Médiapart de retirer de son site « toute publication de tout ou partie de la retranscription des enregistrements illicites réalisés au domicile de Liliane Bettencourt ».

Il tient à rappeler que la liberté de la presse est une garantie fondamentale dans une société démocratique, et que cette liberté est essentielle pour que la presse puisse jouer son rôle de « lanceur d’alerte ».

Si un équilibre doit être trouvé entre cette liberté et la protection d’autres intérêts comme le respect de la vie privée, il ne doit pas conduire à porter une atteinte démesurée à un média qui a fait preuve depuis sa création de sérieux et d’indépendance.

A l’heure où les dérives de certains Etats conduisent à une mise sous écoute généralisée et où les scandales politico financiers se multiplient, le Syndicat de la magistrature rappelle qu’il est indispensable de protéger ceux qui prennent le risque de nous alerter.