Suite aux propos de Didier Quentin…

Lors du dernier conseil municipal de Royan, Didier Quentin s’en est pris aux gens du voyage installés sur le parking des Jardins du Monde.

Le journal Sud-Ouest s’en est fait l’écho (retrouvez l’article ICI) ainsi que la radio Demoiselle FM (retrouvez des extraits de l’interview de Didier Quentin ICI).

La Ligue des Droits de l’Homme de Royan et du Pays royannais a adressé à la presse la mise au point suivante :

Communiqué de presse

2000… 2002… 2012…  Assez de paroles : des actes !

Suite aux propos tenus lors du conseil municipal de Royan du 26 mars, par le député maire Didier Quentin, la Ligue des droits de l’homme de Royan et du pays royannais, visiblement accusée de défendre les causes indéfendables, tient à rappeler et préciser plusieurs points.

Nous réagirons simplement en rappelant que la commune de Royan est dans l’illégalité depuis 2002, date à laquelle elle devait disposer d’une aire d’accueil pour les gens du voyage itinérants, comme ceux actuellement installés sur le parking des Jardins du Monde de Royan.

Petit rappel : la loi de 1990 a  instauré la création d’aires d’accueil pour répondre aux questions d’hébergement des gens du voyage, qui, au même titre que n’importe quel français, attendent que les pouvoirs publics se préoccupent des conditions de leur logement.

Une loi de 2000 a renforcé l’obligation faite aux communes de plus de 5000 habitants de disposer d’une aire d’accueil, inscrite dans le schéma départemental d’accueil des gens du voyage, dans les deux années suivant l’adoption de la loi… (le délai ayant même été repoussé jusqu’à 2008 pour les communes faisant montre de leurs bonnes intentions).

2000… 2012… Royan est la seule commune de plus de 5000 habitants du pays royannais (1) à  ne pas s’être conformée à ses obligations, obligations par ailleurs revues à la hausse par le dernier schéma départemental qui porte la capacité de l’aire à aménager de 20 à 32 places (voire 40 places), compte tenu des besoins manifestes.

La construction d’une aire d’accueil serait enfin en voie d’aboutir, nous dit-on.. à moins d’un énième rebondissement (en 2009, le projet n’a pu se finaliser car la mairie de Royan a refusé le permis de construire sur le terrain acheté par la Communauté d’agglomération).

Le législateur a été conciliant car aucune pénalité n’est due par les communes qui ne respectent pas la loi. En revanche, les aides que l’État pouvait accorder ne sont plus disponibles aujourd’hui en raison du dépassement de délai. Le contribuable en sera sans doute ravi !

Nous ne pouvons qu’approuver la recommandation du député Didier Quentin, dans son rapport de mars 2011 de « rendre plus aisée et systématique l’utilisation par les préfets de leur pouvoir de substitution, lorsque les communes et les EPCI ne respectent pas leurs obligations en matière de création et d’aménagement d’aires permanentes d’accueil dans les délais prescrits ».

Rappel : Depuis le 1er janvier 2009, le préfet dispose du pouvoir de se substituer aux communes qui ne remplissent pas leurs obligations.

Les voyageurs dont parle M Quentin se sont installés sur le parking des Jardins du Monde le 26 février, après avoir passé un mois à Touvent. Ils sont donc sur Royan depuis deux mois et non pas trois comme l’affirme M le Maire.

Ces voyageurs viennent régulièrement sur le pays royannais pour leur activité d’artisan ambulant (foires, marchés, entretien de bâtiment) ; ils ont le statut d’auto-entrepreneur et sont régulièrement enregistrés à ce titre à la chambre des métiers de La Rochelle ou de Poitiers. A moins de qualifier d’emblée tout auto-entrepreneur de « voleur », que peut signifier le propos de M Quentin ?

A plusieurs reprises, ces voyageurs ont demandé à être reçu en mairie pour obtenir des conteneurs (pour les ordures ménagères) et pour payer la consommation d’eau et d’électricité (et non de gaz auquel ils ne sont pas raccordés). Ils n’ont jamais été reçus !

M le Maire évoque leur refus de s’installer à Saujon où une aire d’accueil leur aurait été proposée. Il existe certes une aire à Saujon mais elle affiche complet. Il existe également un terrain pour recevoir des groupes de voyageurs mais celle-ci n’est ouverte que du 1er juin au 30 sept. La CARA a fait en sorte de nettoyer ce terrain pour l’ouvrir au plus tôt… ce qui est fait depuis aujourd’hui seulement ! Il aurait donc paru difficile à ces voyageurs de s’y installer avant !

La mairie leur aurait également proposé de s’installer à la Puisade où tous ceux qui s’y sont un jour rendus savent qu’il ne s’agit pas d’une aire aménagée, le maire l’ayant lui même qualifiée de « honte ».

Nous déplorons des propos trop aisément généralisés et pour le moins stupéfiants de la part d’un élu de la République accusant les voyageurs de frauder et de voler.

Nous appelons une nouvelle fois à la mesure des propos de nature à attiser des tensions et des préjugés déjà bien ancrés dans certains discours. Nous ne pouvons qu’espérer que ces paroles aient dépassé la pensée de celui qui les a exprimées.

On pourrait aisément, à l’inverse, user de termes tout aussi indélicats, grossiers et à la limite de l’insulte, s’agissant des engagements ou des responsabilités des autorités locales.

Nous ne qualifierons donc pas de menteur le maire qui se réclame adhérent de l’APGV mais n’en a pas renouvelé l’adhésion depuis deux ans.

Le député dit ne pas être contre les gens du voyage car il a effectué des rapports parlementaires dont celui d’une commission qu’il a présidé (rapport rendu public en mars 2011). Nous partageons en partie les préconisations de ce rapport et nous aurions aimé qu’il soit suivi de propositions de loi s’agissant notamment de la fin de la discrimination intolérable concernant le droit de vote des voyageurs (qui doivent justifier de trois ans de résidence fixe pour être inscrit sur les listes électorales ; ce qu’aucun autre français ne se voit imposer) ou leurs contrôles disproportionnés (titres de circulation). Force est de constater qu’à ce jour, M Quentin n’a déposé aucune proposition de loi en ce sens.

La carence de l’offre permettant l’accueil des familles génère des tensions contre productives. Il est urgent d’abandonner les postures caricaturantes et les injures pour s’engager enfin sur la voie de la résolution des questions posées par l’accueil des gens du voyage.

(1)     deux autres aires d’accueil existent depuis plusieurs années sur Saujon (8 places, 16 caravanes) et Saint Georges de Didonne (12 places, 24 caravanes)

On n'a rien vu venir !

On n’a rien vu venir, roman à 7 voix illustré par Aurore Petit et préfacé par Stéphane Hessel.


En cette période de campagne présidentielle française, découvrez ON N’A RIEN VU VENIR, un roman étonnant et instructif pour les jeunes lecteurs de 10 ans et plus, écrit à 7 voix et préfacé par Stéphane Hessel lui-même.

À travers le regard de 7 familles, il décrit l’arrivée au pouvoir du « Parti de la Liberté » et les mesures radicales qui s’ensuivent.
7 auteur, 7 chapitres, 7 facettes de la politique extrémiste d’un parti qui s’est fait discrètement sa place et pour qui la plupart ont voté, parce que ce qu’il disait avait l’air si bien… Un texte qui montre, avec des mots adaptés à son public, les dégâts que peut produire la propagande démagogique, lorsqu’« on n’a rien vu venir ».

Les migrations, une question de droits

Voici le texte de l’intervention de Dominique Guibert, secrétaire général de la LDH, lors des Rencontres du livre et du citoyen à Royan :

« Dans ces deux jours de débats, nous allons faire des rencontres, partager des histoires, rencontrer l’histoire, revendiquer l’universel, confronter le particulier. On pourrait dire fréquenter l’autre, accueillir les autres. Mais un tel programme ne peut se contenter d’évoquer leur essence sans se préoccuper de leur existence.

Vous le savez, la situation faite aux migrants et plus largement le sort des étrangers est l’un des fils rouges du travail de la Ligue des droits de l’Homme à tous ses niveaux. Au jour le jour, nos équipes locales auprès des sans papiers, des familles d’enfants scolarisés, auprès des Roms font valoir que les droits sont universels.

Derrière ces dossiers, ces lettres, ces démarches, ces données administratives et judiciaires, il y a une politique. Il y a des lois. Celles qui, depuis tant d’années, font de la vie de tant d’êtres humains une succession d’épreuves et d’angoisses.

Ces lois, elles disent successivement vouloir « maîtriser » l’immigration, Puis elles disent lutter contre une « immigration subie », enfin organiser une « immigration choisie ». Elles ont en commun une certaine conception  de l’« identité nationale », qui rend toujours plus difficile l’entrée des étrangers sur le territoire français, qu’ils viennent travailler, étudier ou tout simplement vivre en famille. Il s’agit de mener avec rigueur une « politique du chiffre » qui, produit son lot quotidien de drames, d’injustices et d’inhumanité.

Drames, inhumanité : ce n’est pas une exagération de « droitsdel’hommistes » cherchant à jouer sur l’émotion. La vie des migrants, c’est la précarité mais c’est aussi ces regards, ces façons de mettre en cause leur altérité.

Ce sont ces enfants laissés seuls, ici dans un camp de Roms après que les adultes ont été embarqués, là dans un appartement où personne ne se demande comment ils subviendront à leurs besoins. Et ces autres, parfois des bébés, enfermés dans des centres de rétention, des enfants que l’on embarque ensuite de force avec leurs parents dans des avions qui les renvoient vers la misère et l’inconnu.

C’est l’humiliation des contrôles au facies, des expertises osseuses, et même parfois ces examens pileux et génitaux, visant à démontrer qu’un enfant est plus âgé qu’il n’y paraît, afin de pouvoir le bouter de France. C’est l’expulsion des étrangers malades vers des pays où chacun sait qu’ils ne pourront être soignés.

C’est pour les cas les plus graves, ces femmes et ces hommes renvoyés vers le danger voir la mort, parce que leur pays figure sur la liste des pays sûrs, qui permet à l’OFPRA une gestion à minima des demandes d’asile.

Si l’on ne veut pas se complaire dans la si habituelle euphémisation des temps d’aujourd’hui, il fallait bien parler de ces choses qui fâchent. Dire ce qui se cache derrière la politique d’immigration, celle qui tend vers une certaine xénophobie d’Etat. Le tableau est noir. Prenons conscience de ce double symbole. : D’un côté des « gated communities » qui interdisent qu’on y rentre si l’on est étranger, et de l’autre des lieux d’enfermement, qui interdisent aux étrangers d’en sortir. La migration est une réalité parce que le droit de circulation est un droit de l’Homme, garanti par les textes internationaux. Il vaut le coup que l’on se batte pour lui.

Mais les femmes et les hommes « contre » agissent. L’engagement des « délinquants de la solidarité », dans le Réseau Education sans frontières, à la Ligue des droits de l’Homme ou dans d’autres organisations associatives ou syndicales, non seulement apporte aide et solidarité, mais pose dans les faits que ce n’est pas la nécessité qui fait loi, mais que ce sont les droits qui sont la loi. Le mouvement de grève des travailleurs sans papiers, avec un fort soutien syndical et associatif pour la régularisation de leur situation, pose dans les faits la nécessité de lutter contre une surexploitation contre laquelle il se révolte. Ensemble ces actions citoyennes montrent que les habitants de France profiteraient d’un changement profond de politique, qui prendrait au sérieux l’universalité des droits.

Car le statut des étrangers, dans une société démocratique est emblématique de l’état des droits. Aucune considération politique ou économique ne saurait  justifier la méconnaissance de droits universels indissociables du respect de la dignité humaine. Des droits aussi fondamentaux que le droit d’asile, le droit à la santé, au logement, à l’éducation, au respect du droit du travail ou encore de la vie privée et familiale ne peuvent être refusés à aucun être humain présent sur le territoire d’un Etat : l’égalité en dignité et en droits exclut toute discrimination fondée soit sur la nationalité soit sur la régularité du séjour.

A une époque marquée par l’accélération de la globalisation, c’est-à-dire par la circulation, de moins en moins limitée par des frontières, des capitaux, des marchandises et des services, il est injustifié que des êtres humains – ou plus exactement une partie d’entre eux, ceux dont les pays sont catalogués « à risque migratoire » ‑ se voient assignés à résidence au risque de la misère et parfois de la terreur.

Il est à la fois injuste et, au regard des raisons multiples des migrations, absurdement inutile, de continuer à refuser le droit d’entrée sur le territoire et, plus largement, sur celui de l’Union européenne. Ces restrictions instituent l’arbitraire : séparation des familles, trafic de visas en tous genres, traitement indigne des étrangers lorsqu’ils présentent une demande de visa, imprévisibilité des décisions prises… Elles nourrissent en outre les réseaux, parfois mafieux, qui profitent des limitations apportées à l’entrée des étrangers pour s’enrichir, au risque de la mort de ceux qui y ont recours. Il y a une hypocrisie insupportable dans l’attitude des Etats qui affirment leur volonté de réprimer de plus en plus sévèrement les organisateurs de ces réseaux, alors que ceux-ci ne peuvent prospérer que grâce aux entraves mises par ces mêmes Etats à la liberté de circulation.

Liberté de circulation, liberté d’établissement, voyager, visiter, partir, revenir, s’établir dans le pays de son choix : ce sont des libertés essentielles auxquelles il est possible, comme à toutes les libertés, d’apporter des restrictions, mais qui ne doivent pas être sacrifiées aux politiques protectionnistes des Etats. En tout état de cause, le recours à une politique unilatérale de quotas, y compris professionnels, ne peut être une réponse acceptable, dès lors qu’elle peut conduire à priver les pays les plus pauvres de personnes formées dont ils ont besoin.

Si un Etat entend réglementer ce droit au séjour durable, c’est-à-dire conférer ou non la qualité de « résident » (au-delà du court séjour lié à l’exercice de la liberté de circulation), ce ne devrait être qu’en fonction de sa capacité de garantir concrètement l’exercice de leurs droits aux migrants, en apportant la preuve des difficultés qu’il invoquerait pour expliquer cette restriction et en instituant des mécanismes assurant la protection des droits universels (santé, éducation, vie familiale normale) contre l’arbitraire, l’égalité réelle d’accès au droit au recours et le caractère suspensif des recours étant ici d’une importance décisive.

En un mot, nous ne retrouverons le chemin de l’humanité commune qu’en refondant les politiques migratoires sur le respect de tous les droits partout et pour tous.

C’est pourquoi la Ligue des droits de l’Homme se bat pour l’abrogation des visas de court séjour, pour la dépénalisation du séjour irrégulier, pour la suppression effective de la « double peine », pour la suppression des zones d’attente et des centres de rétention, pour l’interdiction d’expulser des étrangers installés durablement en France ou en Europe, pour la généralisation du caractère suspensif des recours judiciaires et administratifs concernant le séjour des étrangers, pour le rétablissement du droit au travail pour les demandeurs d’asile, et pour la ratification de la Convention des Nations unies sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille.

En rappelant ces principes et en formulant ces revendications, la LDH poursuit l’œuvre qu’elle a entreprise depuis sa fondation : porter assistance à ceux qui sont victimes de l’injustice et de l’arbitraire, mais aussi restituer à l’humanité tout entière l’universalité et l’indivisibilité de ses droits. »

Dominique Guibert

Secrétaire général de la LDH

Un grand succès

Les premières rencontres du livre et du citoyen ont été un grand succès : plus de 600 personnes ont participé aux cinq tables rondes organisées pendant le week-end.

Quelques photos en vrac de ces deux jours (avant la mise en ligne sur ce site d’un compte-rendu plus détaillé) :

Dédicaces pendant les Rencontres

Programme des DÉDICACES à la grande librairie

samedi 25 février 2012

15 h / 18 h

Jeff Pourquié, Aurélien Ducoudray et Christophe Dabitch

15 h 30… Michel Agier

Nicolas Jounin

Emmanuel Terray

Lucy Tourette

Catherine de Wenden

16 h30… Shumona Sinha

Emmanuel Terray

Martine Laval

17 h 30… Frédérique Clémençon

Marie Cosnay

Abdelkader Djémaï

Khadi Hane

18 h 30… Moussa Konaté

dimanche 26 février 2012

11 h 30… Hubert Haddad

Eddy Harris

Moussa Konaté

Shumona Sinha

12 h 30… Eduardo Manet

Emmanuel Terray

14 h 30… Michel Agier

Jeff Pourquié

Aurélien Ducoudray

Christophe Dabitch

15 h 30… Hubert Haddad

16 h 30… Eduardo Manet

Abdelkader Djemaï

Khadi Hane

La BD, nouvelle arme politique

La Bande Dessinée, nouvelle arme politique…La preuve samedi et dimanche prochains à Royan, à l’occasion des 1ères rencontres du livre et du citoyen, manifestation organisée par la Ligue des Droits de l’Homme du Pays Royannais. Le monde du dessin sera invité à débattre autour du thème « peuples et migrations ».

Retrouvez l’interview d’Hervé Rolland (librairie « L’Odyssée de la BD » à Royan) sur le blog de Romain Asselin (journaliste à Demoiselle FM).

Les vidéos des Rencontres

SAMEDI

11 h « Les Amoureux au ban public »

film documentaire (2011) de Nicolas Ferran (1h10)

Nicolas Ferran fut à l’origine de ce mouvement des « Amoureux au ban public », qui, depuis 2007, accompagne les couples franco-étranger dans leur combat pour mener une vie familiale normale sur notre territoire.

14 h 30 Diaporama « Je me suis réfugié là »

Photographies de Sara Prestianni

16 h 35 « On bosse ici, on reste ici » (version provisoire)

film documentaire (2012) de Lucy Tourette (1h)

Version image de l’ouvrage éponyme sur la lutte des travailleurs sans papiers : le 15 avril 2008, trois cents travailleurs sans papiers se mettent en grève et occupent leurs entreprises, en région parisienne. Ils seront bientôt des milliers.

Projection suivie d’un débat avec Lucy Tourette

18 h 35 Diaporama « Je me suis réfugié là »

Photographies de Sara Prestianni

DIMANCHE

10 h 45 « Les Amoureux au ban public »

film documentaire (2011) de Nicolas Ferran (1h10)

Nicolas Ferran fut à l’origine de ce mouvement des « Amoureux au ban public », qui, depuis 2007, accompagne les couples franco-étranger dans leur combat pour mener une vie familiale normale sur notre territoire.

12 h 35 Diaporama « Je me suis réfugié là »

Photographies de Sara Prestianni

15 h 35 « Cimetière des vivants»

film documentaire (2012) de Audrey Hoc (50 mn)

production Traits d’Union Ekoispenak

Ce documentaire analyse cette absurde politique du chiffre, à travers l’exemple saisissant de Hendaye, zone frontalière. Des images inédites de centres de rétention, des témoignages d’avocats, de bénévoles et de retenus dévoilent ce que cachent les chiffres des expulsions.

Le programme des vidéoprojections en pdf

Les tables rondes des Rencontres

1ère Table-ronde

samedi 26 février 2012

14h30

« Peuples et migrations, l’état des lieux »

Animation par Dominique Guibert, secrétaire national de la LDH

LE THÈME…

Les temps sont durs ! En France comme ailleurs. La crise ! La mondialisation ! L’économie ! Tous ces mots qui hantent l’actualité et dont nous ne maîtrisons pas forcément le sens génèrent stress et inquiétudes. Nous en constatons les effets directs sur le nombre de chômeurs, sur la pauvreté grandissante, l’incertitude quant à notre avenir devient une constante, une obsession.

Alors l’immigration et ses flux sont mis en avant par le politique comme cause de tous nos maux. L’État prône une immigration «  choisie » plutôt que «  subie ». Une politique dure est mise en place, la liberté simple de circuler est discutée, les idées les plus nauséabondes surgissent et s’imposent dans le débat politique comme évidentes. Qu’en est-il exactement ?

Pourquoi quitter son pays ? Pourquoi venir en France ? Combien d’immigrants arrivent, passent, repartent ? D’où viennent-ils ? Quel est le poids et l’utilité des 30.000 expulsions annuelles ? L’importance de l’immigration sur notre économie ? Un débat pour remettre nos idées en place.

LES AUTEURS…

Michel Agier. Anthropologue, directeur de recherche à l’institut de recherche pour le développement et directeur d’études à l’EHESS. Ses recherches portent sur les relations entre la mondialisation humaine, les conditions et lieux de l’exil et la formation de nouveaux contextes urbains. Il a publié récemment

Gérer les indésirables (2008, Flammarion), Le couloir des exilés (édition du Croquant) et, avec Sara Prestianni, photographe, Je me suis réfugié là (éditions Donner lieu).

Lucy Tourette. Journaliste indépendante, a participé à l’enquête sur la grève des sans-papiers en 2008 et qui fait l’objet du livre paru aux éditions de la Découverte, On bosse ici, on reste ici, co écrit avec Nicolas Jounin, Pierre Barron et Anne Bory. Le 15 avril 2008, trois cents travailleurs sans papiers se mettent en grève et occupent leurs entreprises, en région parisienne. Ils seront bientôt des milliers.

Nicolas Jounin. Maître de conférence en sociologie à l’université Paris-VIII et chercheur au laboratoire URMIS, Unité de recherches Migrations et société. Il a publié Chantier interdit au public, enquête parmi les travailleurs du bâtiment (la Découverte, 2008) et a participé à l’ouvrage On bosse ici, on reste ici (2011, La Découverte).

Catherine de Wenden. Politologue et juriste, directrice de recherche au CNRS – Centre d’études et de recherches internationales de Sciences Po et docteur en science politique, elle est une spécialiste des migrations internationales. Elle y a consacré l’Atlas mondial des migrations (2009, Autrement) et plus récemment, La question migratoire au XXIe siècle. Migrants, réfugiés et relations internationales (Presses de Sciences Po, 2010).

Emmanuel Terray. Anthropologue, membre de la LDH nationale et co auteur de « Immigration : fantasmes et réalités ». A publié Combats avec Méduse, Éditions Galilée. Vient de publier : Penser à droite (éditions Galilée).

Dominique Guibert. Secrétaire national de la Ligue des droits de l’homme.

2è Table-ronde

samedi 26 février 2012

16h30

« Témoignage et engagement de l’écrit »

Animation par Martine Laval

LE THÈME…

A la lecture du titre surgissent à l’esprit Camus et Sartre, deux archétypes de l’engagement littéraire, l’un avec sa conscience universelle, l’autre avec ses mots qui collent à l’actualité la plus immédiate.

La révolte de Camus ! Quoi de plus noble comme réaction à l’absurdité du monde, à l’impasse de la vie. L’écrivain seul à l’instant de l’écriture sait pourtant qu’à terme ses interrogations, ses indignations, ses révoltes seront partagés avec le lecteur et pour le citer  « Je me révolte, donc nous sommes ».

Alors nos invités nous exprimeront le sens de leurs engagements et de leurs passions d’écrivains. En ce monde où les syndicats s’anémient, où les partis politique et associations manquent de militants ou s’engager  semble absurde voire ridicule, les écouter dopera  nos implications petites ou grandes dans le mic-mac intellectuel contemporain.

LES AUTEURS…

Marie Cosnay, écrivain, romancière et professeur de lettres en collège à Biarritz. A publié aux éditions Cheyne (La langue maternelle) , Verdier (Villa Chagrin). Plus récemment Entre chagrin et néant, retrace les auditions d’étrangers en situation irrégulière au tribunal de Bayonne. Marie Cosnay s’efforce, dans son texte, de rendre à ces personnes leur statut et de témoigner, de sa place de témoin chagriné, de sa place d’habitante frontalière, de ce qui, en son nom, en notre nom, se poursuit, en Europe et en France. Son dernier livre : Comment on expulse ?, édition du Croquant 2011, poursuit cette réflexion.

Frédérique Clémençon. Écrivain, romancière et professeur à Poitiers. Prix Robert Walser en 1998 pour son premier roman Une saleté chez Minuit. A publié depuis plusieurs romans dont Traques (2009) et Les petits (2011), chez l’Olivier. Dans ce dernier recueil de nouvelles, les injustices, les brimades et les souffrances de l’enfance sont un portrait cruel et lucide de notre société, comme Traques, roman polyphonique, nous confrontait à des individus traqués dans leur existence par leur histoire, leur famille ou leur origine.

Abdelkader Djemaï, écrivain algérien né en 1948 à Oran. Journaliste pendant 25 ans en Algérie avant de s’installer en France en 1993 où il anime dans toute la France et à l’étranger de nombreux ateliers d’écriture dans les établissements scolaires, centres culturels, les prisons etc. Il collabore également auprès du Centre National du Livre pour les ateliers d’écriture « L’Ami littéraire ». Il a notamment publié Saison de pierre, Mémoires de nègre, Un été des cendres, Camus à Oran, Sable rouge, 31 rue de l’Aigle, Camping, Dites-leur de me laisser passer, Le nez sur la vitre.

Martine Laval. Critique littéraire. Animatrice du blog «  lectures buissonnières ». Bien connue des lecteurs de Télérama qu’elle a quitté il y a peu. Auteure d’un court roman, puissant et terrible, 15 kilomètres trois, paru en 2011 chez Liana Lévi.

3è Table-ronde

dimanche 25 février 2012

10h30

« L’écrivain migrant et ses pays »

Animation par Danielle Schramm

LE THÈME…

Un tunisien, un américain, un malien, une indienne. Presque tous les continents seront représentés sur ce plateau ! Ils vivent ou séjournent régulièrement en France. Écrivent-ils et pensent-ils en français ? Comment s’enchaîne le processus de création ? Ils nous exprimeront ce choix et son influence sur leur écriture. Comment se situer entre deux cultures ?

La distance entre la langue d’origine et la langue d’adoption aide-elle à la création ? Peut-on parler d’exil littéraire ? Devient-on à l’usage écrivain français ? Nos quatre écrivains, acrobates de l’entre-deux cultures, nous exprimeront leurs joies, leurs peines, leurs enthousiasmes d’écrivains immigrés.

LES AUTEURS…

Hubert Haddad, d’origine franco-tunisienne, poète, nouvelliste, historien d’art, essayiste. Prix Renaudot et de la Francophonie pour  Palestine, son précédent roman. Dernier roman Opium Poppy, chez Zulma. L’histoire d’un enfant afghan à Paris réfugié, traqué et tiraillé entre l’admiration de son frère, l’amour de sa belle voisine. Un bel éclairage sur le drame des enfants soldats.

Eddy Harris, écrivain américain (Harlem, Jupiter et moi, Paris in noir et black, chez Liana Lévi). Cet homme éminemment libre, installé près d’Angoulême, nous interroge sur les raisons de l’exil, le sentiment d’appartenance, la condition des Noirs en Amérique et celle des Africains en France.

Moussa Konaté. D’abord enseignant au Mali , il abandonne son poste pour se consacrer à la littérature. Quelques dizaines d’années plus tard, on ne compte plus le nombre de ses romans, pièces de théâtre ou livres pour la jeunesse. En 1997, Moussa Konaté crée les éditions Le Figuier, devenant ainsi le premier écrivain éditeur du Mali. Auteur également d’une série policière (éditions Fayard et Seuil). Il réside aujourd’hui en Limousin où il a créé début 2006 la maison d’édition « Hivernage ». Il est également co directeur du festival Etonnants voyageurs de Bamako au Mali.

Shumona Sinha. Écrivain, poète, interprète d’origine indienne (Calcutta). Largement inspiré de son expérience personnelle, son premier roman  Assommons les pauvres (L’Olivier, 2011) est le récit d’un passage à l’acte violent, signe de l’insupportable brutalité du monde pour les déplacés, réfugiés et autres clandestins qui espèrent le salut en émigrant. Entre mensonges de survie et froide incrédulité administrative, les mots ne veulent plus rien dire pour la traductrice du malheur du monde.

Danielle Schramm. Critique littéraire (à Télérama notamment), traductrice de l’espagnol et du portugais (dont Suburbio chez Moisson Rouge et Le Don du mensonge chez Liana Levi, deux romans brésiliens). A traduit notamment Aller simple (Moisson rouge, réédition Actes sud) ou Nager sans se mouiller chez Actes Sud de Carlos Salem ou encore  « Pénélope » d’Emilio Rodrigué chez Rivages. Dernier roman traduit, celui de Carlos Salem (Actes Sud, 2011), Je suis toujours le Roi

4è Table-ronde

dimanche 25 février 2012

13h30

« Regards et images sur les migrants »

Animation par Dominique Guibert, secrétaire national de la LDH

LE THÈME…

Cette table ronde est la suite logique de la première.

Le migrant sert le discours politique, médiatique et économique.

Avec de sombres et inavouables pensées électoralistes, le plus souvent, le public est manipulé, notre vision est faussée : L’immigré prend nos emplois, facteur de chômage. L’immigré aggrave l’insécurité et d’ailleurs il remplit nos prisons. L’immigré menace notre cohésion nationale. Notre système social attire l’étranger. Etc. Pourquoi cette image négative persistante ?

Alors que l’immigration n’est pas un phénomène nouveau ou momentané mais un mouvement perpétuel et durable de population, la France n’existerait pas aujourd’hui sans l’immigration d’hier. Nos intervenants issus du monde de l’image décrypteront et démystifierons les codes d’instrumentalisation de nos esprits.

LES AUTEURS…

Michel Agier. Anthropologue, directeur de recherche à l’institut de recherche pour le développement et directeur d’études à l’EHESS. Ses recherches portent sur les relations entre la mondialisation humaine, les conditions et lieux de l’exil et la formation de nouveaux contextes urbains. Il a publié récemment Gérer les indésirables (2008, Flammarion), Le couloir des exilés (édition du Croquant) et, avec Sara Prestianni, photographe, Je me suis réfugié là (éditions Donner lieu).

Sara Prestianni. Photographe italienne, membre du réseau Migreurop qui compte 40 associations d’Europe, d’Afrique et du Moyen Orient ainsi qu’une trentaine de chercheurs et de militants. Migreurop étudie les impacts des politiques migratoires européennes dans l’espace européen et à l’extérieur, notamment la politique de sous-traitance de la gestion migratoire aux pays de transit des migrants. Coauteur avec Michel Agier de Je me suis réfugié là, éditions Donner lieu, 2011.

Christophe Dabitch est né en 1968. Il vit à Bordeaux. Après des études de lettres, il est devenu journaliste indépendant en presse écrite et télévision. Il est auteur de livres historiques et de carnets de voyages et scénariste de B.D. (Voyage aux pays des Serbes, illustré par David Prudhomme (Éditions Autrement), Les Capucins, géographie du ventre, ouvrage collectif sur un quartier populaire de Bordeaux (Éditions Le Cycliste), deux volumes de Abdallahi, dessin de Jean-Denis Pendanx (Futuropolis), Prix de la meilleure bande dessinée historique aux Rendez-Vous de l’Histoire de Blois). Il a coordonné la BD Immigrants (Futuropolis), collectif co édité avec l’association BD Boum. Sous la direction de Christophe Dabitch, l’ouvrage recueille 13 témoignages, mis en images par 13 auteurs de bande dessinée.

Aurélien Ducoudray est né en 1973 et vit dans un petit village de l’Indre. Il a touché à toutes les facettes du journalisme. Photographe de presse, journaliste rédacteur écrit, journaliste reporter de télévision, on lui doit de nombreux documentaires. Après Championzé (avec Eddy Vaccaro, Futuropolis, 2010) et La Faute aux chinois (avec François Ravard, Futuropolis, 2011), il travaille en ce moment sur différents projets, dont une autre biographie de boxeur avec Eddy Vaccaro sur Young Perez, et Bekame avec Jeff Pourquié (éditions Futuropolis).

Jeff Pourquié, né à Toulouse, 48 ans, vit en région parisienne. Dans son univers se croisent pêle-mêle bande dessinée, peinture, graphisme, illustration, scénographie, guitare jazz manouche. En 2010, il participe au collectif Immigrants, co édité par Futuropolis et le festival Bd Boum. En février 2011, il sort Bekame (éditions Futuropolis)

5è Table-ronde

dimanche 25 février 2012

15h30

« Littérature, espace de témoignages et d’engagements »

Animation par Marie Poinsot, rédactrice en chef d’Hommes et Migrations

LE THÈME…

Littérature et histoire de l’immigration vont de pair. Les écrivains  témoignent à travers leurs écrits de leur expérience migratoire. Leurs oeuvres nous entraînent sur leurs histoires personnelles, ponctuées par des expériences singulières, par leurs réflexions et leurs émotions.

Au-delà du témoignage individuel, ils restituent aussi les parcours  de ces hommes et de ces femmes qui ont accompagné leur exil. C’est ainsi tout un univers peuplé de faits réels et d’inventions qui se laisse découvrir. A travers leurs récits, les écrivains mettent leur engagement en mots et en phrases, ce qui résonne autrement que par des essais ou des textes plus didactiques. Ce balancement entre témoignages et engagements fait la force de cette littérature née dans la migration.

LES AUTEURS…

Abdelkader Djemaï, écrivain algérien né en 1948 à Oran. Journaliste pendant 25 ans en Algérie avant de s’installer en France en 1993 où il anime dans toute la France et à l’étranger de nombreux ateliers d’écriture dans les établissements scolaires, centres culturels, les prisons etc. Il collabore également auprès du Centre National du Livre pour les ateliers d’écriture « L’Ami littéraire ». Il a notamment publié Saison de pierre, Mémoires de nègre, Un été des cendres, Camus à Oran, Sable rouge, 31 rue de l’Aigle, Camping, Dites-leur de me laisser passer, Le nez sur la vitre.

Edouardo Manet, né au début des années trente à Cuba, est un écrivain et réalisateur devenu français en 1979. La passion de l’écriture l’emporte à l’âge de 15 ans. Puis le théâtre, le cinéma et… la politique. Il est longtemps le compagnon de route des révolutionnaires cubains, qu’il suit dans les situations les plus improbables, du lycée de La Havane jusqu’à New-York, des théâtres militants aux chambres du Ritz. En 1968 il découvre la France (sa langue, le théâtre, la musique) qui devient sa terre d’exil et de liberté. C’est un auteur prolixe qui a abondamment traité à travers ses œuvres des thèmes de l’exil, notamment dans La sagesse du singe, Rhapsodie cubaine.

Khadi Hane, née en 1962 à Dakar, elle entreprend des études en physique-chimie à l’université Cheikh Anta Diop. Elle convainc son père de l’aider à poursuivre ses études en France, à Limoges puis à Nanterre. Elle se spécialise en 1992 en commerce international à l’Association Polytechnique à Paris. Ses études achevées, elle voyage entre Dakar et Paris, incapable de faire un choix entre ces deux cultures qui forgent son identité. La jeune femme retourne alors au Sénégal et parvient à se faire éditer. En 1998 sort ainsi son premier roman Sous le regard des étoiles, dans lequel l’auteur traite du problème de l’immigration, du rejet de la terre d’accueil, du déracinement… Elle a publié des nouvelles : Sous le regard des étoiles, Les violons de la haine, Ma sale peau noire, Le Collier de paille, Il y en a trop dans les rues de Paris, Un samedi sur la terre, et Des fourmis dans la bouche, son premier roman en 2011.