GRAND DEBAT NATIONAL : DE LA DEMOCRATIE ET DE LA CITOYENNETE EN CHAROLAIS-BRIONNAIS

 

La ligue des Droits de l ‘Homme ayant pour objet, depuis 1898, de faire prévaloir ce qui est juste en regard des droits de l’Homme tels qu’ils sont définis par les Déclarations Universelles des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et de 1948, notre section de Paray-le-Monial tient à apporter sa contribution au Grand Débat National .

Dès son origine, le mouvement des Gilets Jaunes a mis en cause à la fois des taxes sur les carburants jugées insupportables pour les ménages à revenus faibles et une absence totale de confiance à l’égard des élus, ciblant ainsi le dysfonctionnement de deux fondements de la démocratie : le consentement de l’impôt (art 13) et le respect des élus en qualité de représentants des citoyens (art 6). Compte tenu de la durée de leur mouvement et du soutien apporté par une majorité de Français, notre section a décidé de prendre en compte prioritairement ces critiques et de cibler sa réflexion sur la vie institutionnelle et démocratique et sur la vie citoyenne de notre pays.

Le maire de Paray-le-Monial ayant organisé un Grand Débat le 7 février, nous nous sommes posés la question de notre participation. Après réflexion, nous y avons renoncé compte tenu de l’impossibilité jusque-là de pouvoir échanger avec lui sur une base de respect, une lettre insultante ayant été la seule réponse obtenue à notre demande -polie, argumentée et publiée- de suppression, sur un terrain municipal, d u « Parcours homosexualité » organisé par la Communauté de l’Emmanuel à des fins homophobes. Trois militants de la LDH étaient néanmoins présents à titre personnel : ils sont intervenus et ont pu témoigner qu’aucun sujet fâcheux concernant les pratiques démocratiques n’avait été abordé comme si la censure était devenue à Paray-le-Monial un réflexe quasi pavlovien.

C’est dans ce contexte que les militants de la section de Paray-le-Monial ont élaboré des propositions visant à faire progresser, dans le CHarolais-Brionnais, le fonctionnement de la démocratie et de la citoyenneté :

1-Pour améliorer la qualité des élus, nous proposons qu’ils ne dépassent pas 70 ans, que le cumul des mandats soit limité et qu’un système contractuel soit mis en place pour que les citoyens puissent contrôler par eux-mêmes que leurs engagements ont été tenus. L’élu doit avant tout faire prévaloir l’intérêt public sur ceux des lobbys, groupes industriels, réseaux de copinage et sur un éventuel plan de carrière. A mi-mandat, une consultation de la population doit faire le bilan de son action…avec possibilité de révocation en cas de non respect des engagements et des principes et valeurs républicains.
En ce qui concerne le fonctionnement démocratique, nous pensons que les prises de décisions devraient se faire après consultation systématique d’experts de la société civile, issus des syndicats, associations, ONG, associations caritatives, philosophiques et culturelles : ce sont les compétences de tous qui doivent être mobilisées pour faire avancer les dossiers. Il s’agit pour les élus de se mettre à l’écoute des citoyens et faire des transactions entre les différents points de vue.
Pour faciliter cette démocratie participative, nous proposons des changements de pratiques électorales dans le sens de plus de justice, d’efficacité et d’économies: un cumul des mandats limité à un seul pour celui de maire ; une dose de proportionnelle pour les élections locales seulement ; la suppression du Sénat (ou son évolution par une élection plus démocratique) ; la fusion des communes limitrophes ; la prévalence des communautés de communes et le calcul du nombre des élus proportionnellement au nombre d’habitants ; la prise en compte du vote blanc ; nous proposons aussi de tirer au sort des citoyens pour les associer avec des experts associatifs et syndiqués dans la constitutions de groupes de travail ; des réunions de quartiers avec cahiers de doléances à l’appui devraient être organisées systématiquement et la possibilité d’une consultation citoyenne devrait être mise en œuvre si la demande réunit un tiers ou plus des citoyens.

2-Pour renouer les liens avec les citoyens, nous exigeons la transparence des politiques conduites, gestion des biens municipaux, aliénations, acquisitions, ainsi qu’une conformité entre la parole et les actes. Afin qu’il n’y ait aucun doute sur l’utilisation de l’argent public, l’établissement puis la gestion du budget et la distribution de subventions devraient se faire sous le contrôle des citoyens. Pour cela, l’information doit passer par une diffusion des réunions de Conseils en direct sur You Tube, et par le partage moitié-moitié des bulletins municipaux, départementaux et régionaux avec l’opposition politique, les syndicats et les associations. Les journaux locaux devraient s’inscrire systématiquement dans cette bipolarité, sans privilégier un camp ou l’autre. Pour conclure, il apparaît primordial de faire des propositions, de la contestation et du débat une norme constructive permanente et non un objet de polémique et de basses vengeances.

3-En ce qui concerne le développement de la citoyenneté, la section LDH de Paray-le-Monial considère que la laïcité doit s’affirmer de plus en plus comme le principe fondamental de la République : en combinant la liberté des cultes et la séparation des églises et de l’Etat, elle rassemble les Français par delà leurs différences confessionnelles et est respectée en tant que telle depuis plus d’un siècle. Par contre, des défaillances existent, en particulier à Paray-le-Monial et à Chauffailles. Pour y remédier, nous considérons que la loi de 1905 doit être maintenue et respectée, faute de quoi, les associations laïques devront se pourvoir en justice comme l’a fait la Ligue des Droits de l’Homme dans l’affaire de la crèche de Paray-le-Monial.

Compte tenu de la progression des intégrismes religieux et des droits afférents à une population athée et agnostique majoritaire dans notre pays, nous proposons de renforcer la laïcité par différentes mesures : la suppression de la fonction de chanoine de Latran ; le non financement par les communes des écoles privées ; le contrôle strict des écoles sous contrat afin qu’elles ne deviennent pas, sous couvert de l’enseignement religieux, des lieux de diffusion des idéologies anti républicaines et intégristes ; la mise à disposition dans les communes, d’une salle municipale pour les obsèques civiles ; la célébration par le maire des baptêmes républicains ; l’adoption d’un calendrier scolaire laïque ; l’ajout de nouveaux jours fériés (fête de la musique…).

La section de Paray insiste sur le rôle capital de l’éducation à la citoyenneté à l’école et dans les associations pour mettre en pratique les valeurs d’accueil, de respect, de tolérance, d’entraide, de solidarité, de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité. Considérant la prolifération de tags, insultes et harcèlement sur les réseaux sociaux et dans la rue, la profanation des cimetières, l’accroissement des discriminations (antisémitisme, racisme), comme une atteinte très grave à la cohésion nationale, elle appelle à une mobilisation générale contre ces fléaux à l’école mais aussi dans le comportement exemplaire des élus : le respect de l ‘opposition, les différences politiques reconnues comme légitimes et non stigmatisées. Quant aux citoyens, ils doivent s’engager quotidiennement, partout où ils sont pour réagir, protester, s’interposer et éduquer face aux manques de respect et aux agressions.

Enfin, la section condamne le démantèlement des services publics et demande qu’ils soient valorisés en particulier en milieu rural afin de faire respecter l’Etat par l’aide et le soutien qu ‘il procure aux citoyens à égalité de droits.

Section de la Ligue des droits de l’Homme de Paray-le-Monial