PAS UN JOUR SANS NOUS! APPEL A LA MOBILISATION (11 DECEMBRE 2018)

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Pas un jour sans nous

Appel à la mobilisation initiée et coordonnée par le Forum civique européen, dont la LDH est membre
 

Le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’Homme était adoptée

En cette journée, les États membres de l’ONU reconnaissaient l’universalité et l’indivisibilité des Droits de l’Homme. Ils reconnaissaient que les libertés d’expression et de réunion, les droits de faire grève, de quitter son pays et de migrer, de vivre en paix… ainsi que l’accès effectif à l’éducation, la santé, au logement, au travail, … étaient les droits de tou-te-s.

Depuis lors, à travers le monde, faisant des promesses de la Déclaration universelle des droits de l’Homme une réalité quotidienne, une grande variété de mouvements civils et sociaux, d’associations, d’ONG, de défenseurs des Droits de l’Homme, de philanthropistes… travaillent, militent, prodiguent assistance, soins et services à des centaines de millions de personnes.

En même temps, dans de nombreux pays et régions du monde, durant ces 70 ans, des défenseurs des droits ont souffert et souffrent toujours de l’oppression et de persécutions. Nombre d’entre eux ont sacrifié et sacrifient aujourd’hui encore leur liberté et leur vie pour leur engagement.

70 ans après, dans l’UE, les défenseurs des droits et les citoyens engagés doivent faire face à une pression toujours plus grande

En Europe, nous observons aujourd’hui que les droits sont de plus en plus menacés au nom de l’austérité, empêchant les acteurs civiques de jouer pleinement leur rôle. Les politiques actuelles limitent le soutien public à ceux qui sont le plus dans le besoin privant de fait de nombreuses personnes d’accéder aux droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux.

Dans certains pays, les organisations et mouvements civiques critiques des autorités et des politiques publiques du jour, ou encore investiguant les conflits d’intérêts, font face à des campagnes de diffamation les accusant d’être des agents de l’étranger, des menaces à la sécurité… Nous voyons se développer des tendances inquiétantes de criminalisation d’actes de solidarité et humanitaires envers les demandeurs d’asile. Organisations et militants affrontent des poursuites judiciaires pour violations de « soi-disant » secrets professionnels qui sont en fait des atteintes aux droits. Les restrictions de l’espace civique prennent des formes variées, et les gouvernements autoritaires (certains se disant libéraux) sont en la matière de plus en plus inventifs.

Il est frappant de voir à quel point tous les droits (économiques, sociaux, politiques et civiques) sont menacés dans l’Europe d’aujourd’hui. Rappelons avec force que les droits sont indivisibles et universels (pour tous, partout), autant quand ils progressent que lorsqu’ils sont attaqués !

Le 10 décembre 2018, montrons la valeur qu’apportent à l’effectivité des droits dans la société l’action des organisations et mouvements civiques !

Chaque jour, nos organisations contribuent, de manière décisive et concrète, à rendre nos sociétés plus démocratiques, égalitaires et solidaires, et ce pour tous.

Nous le faisons tout en étant confrontés à une réduction de l’espace civique et des ressources, à une concurrence sociale et intergénérationnelle croissante dont l’effet est de mettre les gens en compétition pour bénéficier de leur accès aux droits, générer des tensions à l’encontre des migrants, ou encore créer des divisions entre les pauvres et les précaires.

Que ce soit dans nos actions de service ou de plaidoyer, nous contribuons à rendre nos sociétés inclusives et donc plus démocratiques.

Lorsque notre rôle, pourtant essentiel, est ignoré, nié ou menacé, c’est l’espace démocratique dans son ensemble qui se réduit.

Nos sociétés ne pourront réaliser les promesses de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme comme celles des Traités de l’UE qu’avec la participation d’une société civile dynamique et reconnue, organisée à tous les niveaux, capable d’agir et répondant à tous les besoins.

C’est ce message que nous souhaitons exprimer de manière forte et visible le 10 décembre, tant l’enjeu est important pour nos sociétés.

Appel à l’action le 10 décembre 2018: “PAS UN JOUR SANS NOUS”

Nous appelons tous les acteurs de la société civile, organisations et mouvements, tous les citoyen.ne.s, qui soutiennent la lutte pour les droits et la justice, l’égalité et la solidarité, les libertés et la démocratie, qui souhaitent faire de notre planète un meilleur endroit pour les générations d’aujourd’hui et de demain, à nous rejoindre pour cet événement “Pas un jour sans nous”, une journée symbolique mais visible à travers l’Europe.

Que ce soit dans de grandes villes ou petites communautés, sur votre lieu de travail habituel ou réunis dans les espaces publics, en larges ou en petits groupes, devant les institutions ou avec les médias, en ligne ou sur le terrain…

En brandissant des affiches ou des bannières, en distribuant des dépliants aux personnes que nous rencontrons ou assistons, en prenant des photos et des vidéos et en les partageant avec la communauté MEGA.

Ne pas arrêter notre travail mais montrer et affirmer toute sa valeur !

Comment participer ?
Cette journée d’action est organisée dans le cadre de la campagne MEGA – Make Europe Great for All (Faire l’Europe pour tous) – initiée et coordonnée par le Forum Civique Européen.

Pour participer à cette journée, veuillez remplir le formulaire qui offre différents types d’actions ainsi que la possibilité de partager vos propres suggestions d’actions pour la journée avec tous ceux qui veulent y participer.

L’équipe coordinatrice sera en contact avec vous pour planifier les actions, fournir le matériel visuel et d’autres informations pertinentes.

L’ESCLAVAGE, UNE HISTOIRE A ETUDIER(2 DEC 2018)

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QUAND L’EXTREME DROITE IDENTITAIRE ASSURE LE SPECTACLE A LA MANIF DES GILETS JAUNES….ET OCCUPE LE TERRAIN MEDIATIQUE… (27/11/2018)

 

 

Dimanche, aux Champs-Elysées, sous le regard certes désapprobateur mais passif des Gilets aunes, des groupes identitaires ont mis en scène avec le brio et le savoir-faire qui est le leur, l’édification de barricades, la destruction de mobilier public, l’allumage de feux, la confrontation avec la police, assurant des heures de spectacles sur BFM TV et autres. Parmi les groupes d’extrême-droite, les identitaires catholiques brandissaient un drapeau tricolore affublé du Sacré-Coeur, comme ils l’avaient déjà fait lors des manifestations du 22 novembre. Ces militants de la Manif Pour tous étaient représentés au plus haut niveau sur le terrain, par Marion MARECHAL (selon ses déclarations), et sur les plateaux de télévision par François-Xavier BELLAMY, adjoint au maire de Versailles, invité de l’Emission Politique (La Suite) sur France 2 le 22 novembre, au Grand Matin de Sud Radio, au Figaro le 23 et à Paris Direct sur France 24 le 26. On a ainsi pu entendre ce chantre de la Manif Pour Tous puis de Sens commun et maintenant de LR dans un nouveau registre: Alors qu’en juin 2014, il prêchait à Paray-le-Monial, au Forum Zachée, la reconquête catholique de la France, la nécessité d’aller au « martyre dans les banlieues » (contre les musulmans), l’édification d’un pouvoir fort, le rejet de la démocratie réduite à la promotion des idées « à la mode », le voilà subitement reconverti à la défense inconditionnelle …des gilets jaunes…et de …l’écologie!! Mais quand la grande bourgeoisie souverainiste versaillaise fait dans le populisme, l’exigence philosophique fait place à la caricature et au manichéisme: Réduisant le discours de Hulot -« d’un côté une angoisse et de l’autre côté des leçons de morale »-, F.X. Bellamy oppose sans vergogne d’une part les « gens », « ceux qui travaillent », la France des territoires, les classes moyennes auxquels il s’identifie et d’autre part la France urbaine et l’Etat ..matraqué à travers l’absence de réformes, d’alternative et le mépris des élites pour le peuple; il esquive les questions gênantes sur l’augmentation des mutuelles et des taxes par les Sénateurs LR, se réfère à la nature pour s’opposer à la PMA pour tous (tes) et à l’immigration et se maintient dans un discours exclusivement critique, sans propositions précises. Car l’essentiel, ce n’est pas la politique, c’est l’instrumentalisation politique de la crise sociale par rapport à deux fondamentaux de la Manif Pour Tous, à savoir, depuis 2009, l’identification de la MPT au peuple d’une France profonde détentrice des racines chrétiennes et depuis 2012, l’idée de « la montée en puissance de ses engagements politiques anti-libéraux à travers un « cadrage populiste » qui considère … que « quand l’injustice devient loi… la rébellion devient devoir »*. Convaincue de représenter la voix de la France profonde identitaire, la MPT surfe sur un mouvement dont certaines dérives xénophobes, antisémites, antimusulmanes, homophobes et la dénonciation des migrants peuvent apparaître comme symptomatiques d’une France nationaliste aux racines chrétiennes identitaires affirmées, telle que l’avait décrite Dominique Rey, le chef de la MPT, au Figaro en septembre 2015**. Ainsi assiste-t-on à un épisode qui témoigne d’un opportunisme certain et d’une remarquable permanence. Trois ans après, dans le même Figaro du 23 novembre 2018, Guillaume Tabart titre: « Bellamy, la carte de la jeunesse, mais aussi la carte des idées » et annonce que le chantre de la Manif Pour Tous serait pressenti par Wauquier pour être tête de liste aux Européennes…Elle en a fait du chemin, la MPT… et elles sont loin, les revendications anti-fiscales des Gilets jaunes! Quant aux idées nationalistes, anti-libérales, populistes et la dévotion à la nature de Bellamy, il suffit de se référer aux fondements de l’extrême-droite des années trente pour constater qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Depuis 2014, FX Bellamy n’a pas changé, c’est la droite de Wauquier qui a investi le champ des identitaires.

* LDH Paraylemonial, 17 décembre 2017: « La citadelle assiégée: La crèche, Wauquier, Nesmes et les autres ».

**LDH Paraylemonial, 25 oct 2015, « L’Extrême-droite catholique de Paray-le-Monial entre le sabre et le goupillon »

FACE AUX ATTAQUES, RENFORCONS A LA SOLIDARITE A L’EGARD DES MNA DE SAONE-ET-LOIRE ! (13/10/2018)

 

 

Après un an de prise en charge d’une douzaine de Mineurs Non Accompagnés (MNA), LA SECTION DE LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME DE PARAY-LE-MONIAL DENONCE LE ZELE ANTI MIGRANTS DU CONSEIL DEPARTEMENTAL DE SAONE-ET-LOIRE ET DE L’ASE :

 

1-LA POLITIQUE DE LA PORTE FERMEE : Depuis le début de l’été, l’ASE n’accueille qu’irrégulièrement les mineurs étrangers et les laisse à la rue contrairement aux obligations que lui impose l’article L223-2 du Code de l’Action Sociale et des Familles.

 

2- DES INTERROGATOIRES, GARDES A VUE ET PROCEDURES JURIDIQUES CONTRE LES MINEURS AFRICAINS, LA JUGE DES ENFANTS ET LA SECTION LDH DE PARAY : Le 31 juillet et le 8 septembre, DEUX APPELS ont été interjetés par le président du CD à l’encontre des mesures éducatives prises par la juge des enfants en faveur de deux mineurs. A noter que les deux jeunes, reconnus mineurs dans un premier temps en Saône-et-Loire avaient été déplacés dans le département de la Marne où une seconde évaluation les a reconnus majeurs…d’où leur recours auprès de la juge des enfants.

 

– Le 31 juillet et le 13 septembre, TROIS MNA MALIENS ONT ETE GARDES A VUE pour des anomalies  découvertes sur leur carte d’identité nationale mais qui ne concernaient pas leurs données d’état civil. A noter en effet que ces cartes fournissent les mêmes informations que leurs actes de naissance et cartes d’identité consulaires non mis en cause par la police voire confirmés ultérieurement par le Consulat du Mali (acte de naissance légalisé). Les conditions des gardes à vue telles que les mineurs nous les ont décrites insistent sur des pratiques d’intimidation (réveil brutal à 6 heures du matin, garde à vue prolongée jusqu’à 8 heures du soir pour le premier ; privation de nourriture pour le second), de déstabilisation (répétition incessantes des mêmes questions) et de stigmatisation (accusations de mensonges, de trafic de faux-papiers, mépris affiché). Nous avons constaté nous-mêmes ultérieurement leur désarroi profond accompagné de perte de sommeil et d’appétit et finalement, leur départ, une semaine après, alors que la minorité de l’un d’eux avait été confirmée.

 

-Le 13 septembre, Germaine LEMETAYER, PRESIDENTE DE LA SECTION LDH DE PARAY-LE-MONIAL A ETE INTERROGEE PAR LA POLICE DES FRONTIERES DE CHENOVE sur des soupçons de « aide à l’entrée, à la circulation et au séjour irrégulier d’un étranger en France, de complicité de faux et usage de faux document administratif, de complicité d’obtention indue de document administratif et de complicité d’escroquerie au préjudice d’un organisme de prestation sociale ». Les questions ont porté sur les conditions d’aide à deux des trois mineurs maliens en vue de se procurer leurs papiers d’identité. Nous avons expliqué que la Ligue des Droits de l’Homme accompagne et aide les MNA dans leurs démarches administratives en conformité avec la loi Asile et Immigration mais qu’il n’est pas dans ses fonctions de faire des expertises.

L’interrogatoire a mis en relief des présupposés décrivant ces jeunes comme des trafiquants de faux-papiers riches et menant grand train, excellents acteurs qui nous font la comédie et nous mentent…Nous avons fait  remarquer que l’un d’eux a été habillé en janvier au vestiaire du Secours Populaire et qu’il avait travaillé un mois chez Emmaus. Ajoutons qu’ils ont contribué à repeindre pendant des mois les deux FJT de Chalon et de Paray pour 10 euros par semaine, qu’ils ont été nourris par l’ASE avec des aliments périmés et que la section -qui n’a pas de subventions- les a ultérieurement logés, nourris, soignés et habillés et qu’elle continue à la faire pour pallier à l’incurie de l’ASE. Aucune suite judiciaire n’a été donnée à ce jour  à cet interrogatoire.

 

LA SECTION DE PARAY-LE-MONIAL EXPRIME SA COLERE CONTRE LES MESURES D’INTIMIDATION VIOLENTES EXERCEES PONCTUELLEMENT CONTRE DES MINEURS AFRICAINS ET ELLE PROTESTE VIGOUREUSEMENT CONTRE LE CIBLAGE DE SA PRESIDENTE SOUPCONNEE  DE DELINQUANCE SOLIDAIRE. Elle déplore de ce fait la mise en cause du principe constitutionnel de fraternité elle-même inscrite dans la longue tradition de solidarité de la Ligue des Droits de l’Homme en faveur des migrants. Elle rappelle que sa primauté a été reconnue le 6 juillet par le Conseil Constitutionnel qui a abrogé le délit de solidarité : « Il découle du principe de fraternité la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national ». A cet égard, le soutien appuyé procuré à la section de Paray par le président de la LDH, Malik Salemkour lors du dernier Comité Central, encourage ses militants à poursuite leur solidarité. Compte tenu de besoins croissants, ils renforceront même leur aide aux MNA en s’alliant avec d’autres associations du département. Ils le feront parce qu’ils considèrent les mineurs africains particulièrement vulnérables du fait d’une histoire personnelle marquée par l’exclusion familiale et de ce fait, proies faciles d’une extrême-droite haineuse contre des étrangers à la fois jeunes, noirs et musulmans. Depuis 2014, la section de Paray a dénoncé, entre autres, la xénophobie et le caractère antimusulman des identitaires catholiques de Paray-le-Monial (Manif Pour Tous). A travers l’adjoint au maire de Paray devenu président du Conseil départemental, une politique d’exclusion sournoise sous couvert d’arme juridique ciblée contre des mineurs, une juge et la LDH est promue aujourd’hui par les instances dirigeantes du département. Mais les militants poursuivront aussi leur solidarité parce qu’ils ont appris à apprécier ces jeunes à travers un accueil et une expérience humaine qui constituent, depuis quatre ans, le meilleur de son engagement, expérience qu’elle partage avec les éducateurs, familles d’accueil bénévoles, maîtres d’apprentissage, entraîneurs sportifs et associations qui les connaissent.

 

Nous invitons donc les citoyens à s’engager avec nous dans l’accueil fraternel  et la défense des droits des mineurs non accompagnés.

 

Section de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme

0385534205.

 

 

Rosaire aux Frontières

PARAY, VILLE D’ESCLAVAGE (12 mai 2018)

 

Hier, au Centre de culture et de Congrès, à l’invitation de la Ligue des Droits de l’Homme, Olivier Brisson, co-fondateur du Comité contre l’esclavage moderne a fait le bilan des activités de cette association. Il a montré l’évolution croissante des cas de travail gratuit effectué sous emprise, d’abord limité à des familles de diplomates moyen-orientaux, mais s’étendant à de grandes entreprises et à des familles françaises. Si les femmes étrangères ont été les premières victimes, les hommes représentent maintenant 30% des cas. L’association est intervenue pour faire évoluer la législation française, elle traite les signalements, engage des procédures judiciaires contre les esclavagistes et aide les victimes à intégrer une vie normale. Doté de plusieurs employés et de subventions d’Etat, le CCEM a ainsi libéré 700 personnes depuis sa fondation. Pour terminer, le cas des mineurs africains non accompagnés de Paray-le-Monial, a été identifié, à travers les observations de la LDH, comme un cas typique d’esclavage moderne. Si la LDH et la Cimade ont pu les libérer en octobre 2017 du travail gratuit et de l’emprise auxquels ils étaient soumis depuis février, par contre le maintien dans son emploi du directeur du FJT semble significatif d’un dysfonctionnement administratif, voire judiciaire. La question a été posé aussi de la disparition des fonds publics qui leur étaient affectés et de l’évaluation des revenus de 7 mois de travail à la tâche effectué par deux équipes d’une dizaine de jeunes chacune, à raison de 3 à 6 heures par jour. La section a donné des nouvelles des MNA de Paray, qui, dispersés dans toute la France, continuent à entretenir avec elle des relations privilégiées. L’aide qu’elle continue à leur fournir sur les fonds propres de quelques militants permet de légaliser progressivement leur situation. Pour elle, il s’agit là d’une réparation par rapport aux maltraitances subies à Paray et d’aide à la reprise de confiance à l’égard de la France. Le public présent -composé pour l’essentiel de militants motivés- est intervenu pour faire savoir que le cas parodien n’était pas isolé. Ainsi certains CAOMI fondés pour accueillir les jeunes de Calais auraient-ils présenté les mêmes dérives. Pour conclure, nous avons remercié Olivier Brisson, militant hors pair de la cause des personnes réduites en esclavage, pour une conférence riche montrant l’efficacité de la mobilisation conjointe du droit, de la justice et de la fraternité…pour libérer, et réintroduire dans leurs droits et une vie normale des victimes qui comptent parmi les plus vulnérables. Ainsi à Paray-le-Monial, la commémoration des 170 ans de l’abolition de l’esclavage s’est-elle conjuguée au présent, cas significatif, parmi d’autres, de la grave crise morale et politique qui affecte notre ville.

11 MAI 2018: CONFERENCE AU CCC DE PARAY-LE-MONIAL: « L’ESCLAVAGE MODERNE ET LES MIGRANTS »

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ANNE-MARIE JAVOUHEY, ABOLITIONNISTE OU ESCLAVAGISTE? (7/5/2018)

Sur son site  « Les routes de l’esclavage », l’organisateur de commémorations Philippe Pichot hisse Anne-Marie Javouhey au rang des plus grands abolitionnistes, entre l’abbé Grégoire et Victor Schoelcher en la créditant de l’émancipation de « plusieurs centaines de Noirs en 1838 » (Forêt mémoire Anne-Marie Javouhey). Si personne n’a jamais contesté les convictions émancipatrices et l’action des seconds, par contre, la promotion zélée de la religieuse par les courants traditionnels catholiques suscite depuis le XIXème siècle la surprise des historiens. Il en résulte que le cas de sa plantation de Mana constituée en Guyane a alimenté une littérature catholique considérable autour de la figure héroïsée de la religieuse, présentée comme bienfaitrice et ardente émancipatrice des Noirs résistant aux persécutions de son évêque et des planteurs, bref tous ingrédients promoteurs de sainteté et annonciateurs d’une procédure de canonisation. De fait ce sont les historiens spécialistes de la colonisation au XIXème siècle et plus particulièrement de la Guyane qui ont abordé la question de la plantation de Mana à partir de sources abondantes et sans ambiguïté. Citons parmi eux, Philippe Delisle et son « Histoire religieuse des Antilles et la Guyane française. Des chrétientés sous les tropiques? (1815-1911) » et la thèse de Denis Lamaison: « Prospérité et barbarie: système économique et violence dans deux colonies françaises au XIXème siècle (la Guyane et l’île de la Réunion) ».

Quels sont les faits ?

A partir des années 1816,  la Congrégation des Soeurs de Saint Joseph de Cluny créée par A.M. Javouhey s’installe à l’île Bourbon, au Sénégal, en Guadeloupe, en Martinique puis en Guyane pour créer des pensionnats réservés aux filles de colons, activité alors très lucrative pour une communauté jeune qui a besoin de fonds pour s’établir. En 1828, en Guyane, elle élargit ses activités par la mise en valeur d’une région non encore colonisée, celle de Mana, avec 57 cultivateurs blancs venus de France sous contrat et l’aide conséquente de l’administration française. Mais ce premier projet de colonisation de 15 hectares s’avère un échec à cause de l’intransigeance d’A.M. Javouhey -elle ne supporte que les hommes « vraiment pieux et craignant Dieu »- qui fait fuir les cultivateurs dès la fin de leur contrat. Dès lors elle les remplace par une trentaine d’esclaves  puis neuf autres qu’elle achète en 1832 à Cayenne….ainsi que par des affranchis récupérés suite à l’interdiction de la traite: Le 18 septembre 1835, elle signe avec le gouvernement une convention très avantageuse pour elle selon laquelle, en vertu de la loi du 4 mars 1831 qui renforce les sanctions contre la traite, 477 Africains saisis sur les bateaux de contrebande seront confiés progressivement à la Congrégation de Cluny.  Déclarés libres par la loi, ils seront néanmoins soumis à une période de probation de 7 années qu’A.M. Javouhey va prolonger pendant deux ans estimant qu’ils ne se sont pas amendés suffisamment. Ce sont ainsi neuf années qui sont mises à profit pour mettre en valeur 100 hectares de terres mais aussi pour christianiser les Noirs, l’urgence n’étant pas, selon Philippe Delisle, de les libérer mais de « leur apprendre leurs devoirs envers Dieu et envers la société ». Pour accélérer la christianisation, la religieuse les maintient dans un état proche de la servitude, leur impose un programme de scolarisation et de moralisation accélérées par un ensemble de  pratiques coercitives très rigoureuses: une surveillance étroite, des contraintes voire la violence pour des broutilles -« la civilisation du fouet » selon Denis Lamaison en référence aux 15 coups de fouet infligés pour des vols légers-, la séparation des sexes (les filles sont quasiment séquestrées), les mariages arrangés et l’interdiction de contacts extérieurs. En mai 1838, leur période de probation terminée, 185 Noirs affranchis en 1831 sont déliés de toute contrainte. La même année, A.M. Javouhey libère aussi 32 esclaves lui appartenant en propre sur 57…tout en leur imposant 7 ans de travail obligatoire.

Pour conclure, les historiens témoignent de plusieurs faits: les centaines d’esclaves prétendument libérés en 1838 à Mana par Philippe Pichot se réduisent donc à 32, ce qui ne manque pas d’opportunisme et de symbolisme, en un temps où, du fait de l’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises,  les révoltes et les fuites d’esclaves se multiplient. Par contre, en ce qui concerne ses autres esclaves et ceux des autres établissements de la Congrégation à l’île Bourbon, à la Martinique et à la Guadeloupe et au Sénégal, l’esclavage est maintenu jusqu’en 1848.

Qu’en est-il des aspects idéologiques de l’abolitionnisme, c’est-à-dire de la prise de conscience, par A.M. Javouhey, des principes de 1789, de l’universalité de la liberté et de l’égalité? Selon Denis Lamaison « Pour elle, ces derniers (les Noirs) étaient moralement des enfants, à qui il fallait tout apprendre, et notamment à travailler. Elle déconsidéra ainsi tout le travail que fournissaient alors les 2500 Noirs libres qui vivaient dans les autres quartiers de la colonie, les décrivant en 1830 comme de « misérables paresseux » vivant seulement de pêche et de chasse ». En 1843, Marcel Barthe dresse un réquisitoire impressionnant contre la religieuse dans un texte romancé opposant une « reine Blanche »(A.-M. Javouhey) à une « reine Noire » imaginaire marronne…En 1848, hostile à la deuxième République, elle ne dit mot du décret d’abolition de 27 avril…exprimant par contre avec insistance ses craintes face aux révoltes potentielles, aux risques de cessation du travail et d’exigences de salaires: « Pour les esclaves, ne parlez pas argent » écrit-elle à leur supérieure de la communauté de la Guadeloupe le 2 mars 1848. Ainsi la religieuse de Cluny est-elle aux antipodes de la pensée de son voisin mâconnais, Lamartine qui, dans son discours à la Chambre des Députés du 23 avril 1835 faisait appel « à la toute-puissance de la conscience humaine que rien ne peut étouffer, qui se soulève chaque fois qu’on prononce le mot « esclave…il y a en l’homme, dit-il,[…] quelque chose de divin, de surhumain, qui crie en lui-même contre ces mensonges, contre ces sophismes qui ne lui laissent le repos que quand il a satisfait à ses aspirations de justice ». Le décret signé par Lamartine le 27 février 1848 libèrera, lui, près de 250000 esclaves.

Notre section a déjà dénoncé l’instrumentalisation, par les identitaires catholiques du cas de la religieuse de Cluny. L’exposition qui lui est consacrée en Saône-et-Loire en cette année-anniversaire de l’abolition de 1848 apparaît donc comme une imposture par rapport à Lamartine…et renforce nos analyses précédentes. Nous réaffirmons que si la reconquête catholique en Amérique du Sud, aux Antilles et en Afrique a besoin d’une sainte abolitionniste, les associations de commémorations de l’abolition de l’esclavage sur fonds publics n’ont pas à être détournées en faveur d’un prosélytisme quelconque selon les termes de la loi de 1901.

Terminons en mentionnant le soutien que nous a procuré l’historien Denis Lamaison le 7 janvier 2018 : « Vivant en Guyane depuis 10 ans, j’ai pu voir comment l’histoire de cette religieuse et de son établissement de Mana a souvent été réécrite que ce soit par des politiciens ou des catholiques. Il est même question aujourd’hui de la faire canoniser. J’ai pourtant démontré au cours de mes recherches qu’elle n’avait non seulement jamais milité pour l’abolition mais qu’elle avait été de surcroît propriétaire esclavagiste. Anne-Marie Javouhey n’est donc pas pour moi une figure de l’abolition et elle n’a donc rien à faire dans un parcours mémoriel. Je vous soutiens totalement dans votre action et celle de la LDH contre les instrumentalisations de l’histoire. » (Lien vers « Une autre histoire de Anne-Marie Javouhey » de Denis Lamaison : http://www.une-saison-en-guyane.com/article/histoire/une-autre-histoire-de-anne-marie-javouhey/ )

Voir ci-dessous, dans le même registre des manipulations de l’histoire, l’article complet publié sur notre site Facebook le 17 décembre 2017 En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/12/13/wauquiez-tour-en-haute-loire_5229280_3232.html#vfj7iWVhik4iumLH.99

 

 

LETTRE OUVERTE AU MAIRE DE PARAY-LE-MONAIL: POUR LA FRATERNITE AVEC LES MIGRANTS (28 avril 2018)

Aujourd’hui, 28 avril 2018, l’organisation, face à la basilique de Paray-le-Monial, d’une célébration du « Rosaire des Frontières » manifeste une fois de plus la xénophobie antimusulmane des identitaires catholiques de la ville. Impulsé par Civitas, ce Rosaire mobilise en effet les catholiques contre l’islamisation de l’Europe (voir l’article du Monde du 6/10:2017) . Il le fait en référence à un intégralisme visant au rétablissement d’un catholicisme qui ne laisse la place à aucun « accommodement », et en brandissant le fantasme zémourien de « la submersion de hordes (musulmanes) hostiles et conquérantes ». La Vierge est convoquée, comme au XVIIème siècle contre les protestants, dans une posture de guerrière défendant l’Europe catholique considérée comme « citadelle assiégée ».>

> > > Depuis sa fondation en avril 2014, notre section n’a eu de cesse de lancer des alertes contre les dérives identitaires des organisateurs de la Communauté de l’Emmanuel et de certains notables de la ville: celles de François-Xavier Bellamy lançant de Paray, le 3 juin 2014 (Forum Zachée) un appel à la reconquista et au martyre dans les banlieues; celles de Dominique Rey, évêque de Toulon-Fréjus et patron de la Communauté de l’Emmanuel défendant dans le Figaro -contre les musulmans exclusivement- les frontières de la France et suggérant le renforcement des catholiques pour préserver les racines identitaires (7 sept 2015); celles du Maire de Paray, Jean-Marc Nesme, qui ne respecte pas, à notre avis, la neutralité de l’Etat lorsqu’il transforme à Noël l’entrée de l’Hôtel de Ville en chapelle catholique; celles d’Hervé Thurin, directeur des FJT de Paray et de Chalon/Saône qui imposa pendant des mois, en 2017 et 2018, une forme d’esclavage moderne (travaux gratuits et maltraitances) à des mineurs africains isolés censés être musulmans (il y a eu un raté).>

> Nous, section de la Ligue des Droits de l’Homme, avons protesté contre la haine et les discriminations par des cercles de silence, des communiqués publiés sur internet, des lettres écrites au Président du Conseil Départemental, à la Directrice de l’ASE, au Défenseur des droits et au Procureur de la République La LDH a engagé une procédure lorsque la laïcité, c’est à dire la neutralité de l’Etat, n’était pas respectée par le Maire. La section a, avec d’autres associations, nourri, vêtu, fait soigner, réconforté les mineurs africains; elle a obtenu avec la Cimade, l’arrêt du travail gratuit; elle a hébergé l’un deux pendant plus de deux mois. Aujourd’hui, en opposition complète aux pratiques d’exclusion du Directeur du FJT « Surtout, ne leur donnez pas d’espoir », elle continue à les aider à faire valoir leurs droits.
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> Considérant que la ville de Paray-le-Monial inscrit son histoire dans celle de l’humanisme chrétien et non de l’intégralisme; que la basilique romane a été construite par des Bénédictins et que, en qualité de lieu de culte et de Monument historique, ce symbole puissant de l’humanisme appartient à tous les Français;
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> Considérant la fausseté des allégations d’identitaires agis par la peur de l’Autre qui est différent, le repli sur soi, la tentation du retour aux traditions et à des conceptions politiques autoritaires;
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> Considérant que l’universalité ainsi que les valeurs républicaines de tolérance et de fraternité inscrites dans nos lois fondamentales nous incitent au contraire à l’accueil, à la rencontre et à l’échange qui élargissent et enrichissent nos vies et notre identité;
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> Nous, section de Paray-le-Monial, exprimons notre très vive indignation face à l’imposture, aux délires fantasmatiques et au déni des principes républicains;
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> Nous réaffirmons notre attachement aux principes et aux valeurs de justice, de laïcité, de fraternité que la Ligue des Droits de l’Homme promeut depuis 120 ans, plus particulièrement avec les migrants qu’elle s’honore d’avoir toujours aidés;
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> Nous nous adressons donc par cette lettre ouverte au Maire de Paray-le-Monial pour protester contre l’infamie qu’il a infligée à sa ville en autorisant cette manifestation anti-migrants sur un espace public. Nous lui rappelons instamment sa mission de représentant de l’Etat, sensé faire respecter les valeurs républicaines.
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>Nous nous adressons enfin aux Parodiens pour qu’ils s’engagent de la manière qui leur convient pour restaurer l’image très fortement dégradée de notre ville. Chaque citoyen en étant dépositaire, la dignité humaine doit être défendue à travers une réflexion fondée sur une lucidité raisonnée et en réactivant le sentiment de fraternité.
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> LDH Paray-le-Monial.

Sur la photographie, le groupe de manifestants avec une banderole « Rosaire des frontières » devant la basilique dont la patronne est la Vierge.
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>https://www.rosaire-aux-frontieres.com/

QUEL ACCUEIL POUR LES MIGRANTS AU FOYERS DES TRAVAILLEURS? (Hervé Bachelard), JSL, 9 févier 2018.