8 novembre : soirée-débat : « Prison, vivre enfermé », salle Camille Pagé

Soirée-débat : « Prison, vivre enfermé », salle Camille Pagé   Affiche JNP 2016

Dans le cadre des Journées Nationales Prison. Coopération LDH Châtellerault-GDCP 86.

Conférencier : Christophe de la Condamine. 100 personnes. Très belle soirée avec des gens nouveaux et jeunes.

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Prison, vivre enfermé

Quelques  chiffres liés à l’enfermement suffisent à faire un sort aux idées reçues les plus largement répandues..

« Une justice trop laxiste » : passé sous la barre des cinquante mille en 2001, le nombre de détenus n’a cessé de progresser depuis.

« Des établissements « trois étoiles » »: la surpopulation et les matelas au sol relativisent les améliorations apportées de même que les insuffisances chroniques en matière de formation, de travail, d’accompagnement social et sanitaire..

« La prison peine dissuasive » : que reste-t-il de ses missions – outre punir – que sont : amender, protéger la société, favoriser la réinsertion ?  Les effets de l’incarcération  ont en contrepoint l’apparition ou l’aggravation de troubles mentaux, des addictions, les suicides en détention, la récidive à plus de 60 % des personnes sortant de prison sans aménagement de peine.

Dans cet univers de murs, de grilles, de règlements, de caméras et d’œilletons un détenu témoigne :  « Ici on fabrique ou bien des êtres qui ont appris à se comporter comme des loups au milieu des loups, ou le plus souvent, des personnes broyées, marquées, qui ont bien du mal à redevenir des hommes ou des femmes responsables ».

L’enfermement est vécu par le corps, l’espace, le temps. Par ces trois dimensions, c’est la vie qui est atteinte au plus profond d’elle-même.

Le corps enfermé : le choc carcéral envahit le corps et l’esprit dès les premiers jours. Physiquement et mentalement contraint on s’enferme sur soi. Comment attendre de la peine qu’elle permette à l’individu de changer, de reprendre sa destinée en mains ?

L’espace : le quotidien dans ce monde clos est fait de portes qui s’ouvrent et se ferment, soit sur la solitude, soit dans la promiscuité. Avec toujours le bout de l’horizon à quelques pas, dans un espace subit.  La santé, la vision et l’équilibre personnel souffrent de cette sensation d’enfermement.

Le temps : vivre enfermé, c’est perdre la maîtrise de son temps, c’est vivre un temps à la fois fractionné et étiré indéfiniment, dans l’attente  de la promenade, du parloir, d’une lettre, d’une comparution…

« Il n’y a rien qui montre qu’on vieillit en prison : on  rentre à 25 ans, on est libre à 40, mais on a toujours 25 ans dans sa tête. »

Comment, après un long enfermement, affronter les exigences du dehors, sans une préparation de la sortie et un accompagnement suffisants ? De même qu’une courte mais vraie peine accomplie à l’extérieur, peut donner un sens à la réparation et éviter une cassure familiale, professionnelle et sociale.