À Saint-Denis comme ailleurs, stopper l’escalade sécuritaire !

Durant la nuit du 15 au 16 mai, plusieurs personnes ont été blessées dans une situation dite de
« refus d’obtempérer » à Saint-Denis. Outre un agent de la police municipale, deux occupants
de la voiture ayant forcé le passage ont été blessés, dont un grièvement par un tir à la tête.
Alors que la nécessité ou la proportionnalité de l’usage d’armes à feu dans de telles situations
est souvent mise en question, le fait que ce soit un agent de police municipale qui se trouve ainsi
à même de tirer sur une personne au risque de la tuer doit faire réagir. Une telle dérive était
difficilement imaginable il y a quelques années, quand il était encore clair que la police
municipale avait une mission de tranquillité publique de proximité.
Ne manquons pas cette occasion de nous interroger collectivement sur l’inflation dangereuse
de missions de police judiciaire ou de maintien de l’ordre confiées aux agents de police
municipale, qui ne correspondent ni à leur formation ni à leur position hiérarchique, les
compétences de police du maire n’étant pas celles d’un commissaire ou d’un commandant de
gendarmerie. Ces derniers mois ont vu des errements graves d’agents de police municipale,
notamment en Seine-Saint-Denis, qui ne peuvent être disjoints de conditions d’emploi
inadaptées, contraires à la destination historique d’une police municipale.
Ce n’est pas parce que le débat public national est bloqué sur les enjeux de sécurité publique et
le rôle de la police ou de la gendarmerie, notamment du fait du raidissement du Gouvernement
dans une posture sécuritaire et l’escalade répressive des dernières semaines, que les élus
locaux et élues locales doivent s’exonérer d’une réflexion sur les missions attribuées à la police
municipale et les moyens donnés pour les remplir.
Nous avions avec d’autres alerté Mathieu Hanotin au début de son mandat des dangers que
recelaient l’armement lourd de la police municipale et plus largement, une conception de la
sécurité publique fondée sur l’affrontement et la crainte.
Aujourd’hui, la fédération de Seine-Saint-Denis et la section Saint-Denis Plaine Commune de la
Ligue des droits de l’Homme appellent solennellement le maire de Saint-Denis et l’ensemble
des villes qui ont armé leur police municipale à revenir sur une conception mortifère qui fait de
contrevenants des adversaires et met en danger aussi bien les habitants et habitantes que les
agents de police.
Saint-Denis le 18 mai 2023
Section LDH de Saint-Denis Plaine Commune / Fédération LDH 93