Évacuation du Campement de Saint-Denis

Voici le communiqué de la LDH et en complément la note d’observation de l’Observatoire des Pratiques Policières en Seine-Saint-Denis sur cette évacuation.

Des charges à la place de prises en charge
Communiqué de presse Ligue des droits de l’Homme Fédérations de Paris et de Seine Saint Denis
Retour sur le démantèlement du campement de personnes exilées de Saint Denis,
le mardi 17 novembre 2020


À 4h30, des dizainesde fourgons policiers arrivent sur place et nassent le campement. Très peu de gens ont dormi et tou.te.s attendent impatiemment de monter dans les autocars qui doivent les emmener dans des hébergements d’urgence pour bénéficier d’un peu de répit.
À 8h30, la situation est déjà très confuse. Les policiers semblent en totale improvisation et ne savent pas s’ils commencent par faire monter les hommes ou les familles dans les autocars. Très peu de bus sont partis et celles et ceux qui font la queue pour pouvoir y monter sont régulièrement gazés par les policiers.Les gazages continueront pendant plusieurs heures.
Vers 13h30, le matériel (couvertures, tentes, sacs de couchage) que les associations voulaient récupérer pour être lavé et redistribué est jeté par les services de nettoyage sous la protection des policiers. Ce sont des dizaines de milliers d’euros de matériel gâchés qui auraient dû/pu servir à celles et ceux qui passeront l’hiver à la rue.
À 14h30, soit 10 heures après le début de la nasse policière, entre 700 et 1000 personnes attendent toujours. Depuis l’arrivée de la police, ces personnes n’ont eu accès ni à de l’eau ni à de la nourriture.
Alors que le dernier autobus est parti, les CRS resserrent la nasse, poussent tout le monde en dehors des lieux du campement et forment un cortège sur l’avenue du président Wilson. D’autre part, on peut relever qu’aucune brigade fluviale de police n’était présente alors que l’opération se déroulait à proximité du canal et que des noyades et des chutes se sont déjà produites auparavant.
Tout le monde marche sans information. A aucun moment la police n’a informé les centaines de personnes qui attendaient de monter dans les bus qu’il n’y avait plus de place d’hébergement possible.
Alors que le cortège est totalement encerclé par les CRS, les sommations demandant la dispersion se multiplient, malgré toutes les issues bloquées. Comment se disperser dans cette situation ? Nous n’aurons jamais la réponse, et très rapidement les charges policières et grenades lacrymogènes se succèdent.
Le plan est simple, faire courir tout le monde dans toutes les directions pour éviter les regroupements trop visibles de personnes exilées.
Ce sont donc entre 700 et 1000 hommes qui ont passé la nuit en errance après la destruction de leurs tentes, sacs de couchage et couvertures.
Ces pratiques policières sont odieuses, les ordres qui les fondent sont indignes, il est totalement inhumain de condamner des gens à passer la nuit dans le froid sans rien pour se réchauffer.
De très nombreux.ses bénévoles et soutiens présent.e.s sur place ont saisi l’IGPN suite à ces événements.
Nous demandons la mise à l’abri immédiate de tous ceux qui n’en ont pas bénéficié hier et l’arrêt immédiat des violences et du harcèlement policier envers les personnes exilées.


LDH, Fédérations de Paris et de Saint-Denis
Le 19 novembre 2020