Communiqué de presse sur la situation des plus fragiles

Alors que la chasse aux squatteurs est devenue un sport national (exclusion des squatteurs du site de Talensac à Nantes, de la Grande Ourse à Angers et du collectif Géronimo sur St Nazaire), rappelons à nos élus que : 80 % de demandes sont non pourvues après appel au 115 dans les grandes villes1 , que 300 000 personnes sont sans domicile en France2 ; qu’en 2019, 659 personnes sont décédées suite à un passage à la rue3 ; qu’il y a eu une augmentation de 8,5 % des allocataires du RSA4 ; que 8 millions de personnes sollicitent régulièrement l’aide alimentaire 5.

Face à ces quelques réalités, malgré les vœux du Président de la République à assurer « une pensée pour tous nos compatriotes vivant dans la précarité, parfois la pauvreté, pour qui la crise que nous traversons rend le quotidien plus difficile encore », dans les faits, les associations sont toujours en attente de mesures structurelles pour répondre durablement aux urgences sociales et endiguer la vague de pauvreté.

Les ouvertures temporaires d’un nombre important de places d’urgence ne suffisent pas à résoudre l’augmentation du nombre de personnes sans domicile. La saturation du parc d’hébergement, la baisse des constructions et des attributions de logements sociaux, la multiplication des expulsions de squats et bidonvilles …  Avec la fin de la campagne hivernale prévue au 31 mars, les associations craignent la remise à la rue de nombreux ménages hébergés cet hiver sans autre solution.

Les mesures d’aides financières ponctuelles pour les ménages modestes ne permettent pas de compenser la montée du chômage, l’envol des demandes de RSA, l’explosion des besoins en aide alimentaire et le risque d’une forte reprise des expulsions locatives à partir d’avril 2021. Sans parler de l’inaccessibilité des minima sociaux aux jeunes de moins de 21 ans qui, s’ils n’ont pas de soutien familial, se trouvent sans aucune ressource.

La volonté présidentielle exprimée en 2017 de ne plus voir d’hommes et de femmes dans la rue est en contradiction avec les économies réalisées sur les APL, la réforme prévue de l’assurance chômage, la fragilisation du logement social et le plan de relance, dont à peine 3 % des montants concerne les personnes les plus défavorisées » (https://www.collectif-associations-unies.org/wp-content/uploads/2021/01/CP-CAU-1801-vfff_compressed.pdf)

La Ligue des Droits de l’Homme, membre du collectif Associations Unies, regroupant 39 associations et fédérations, s’associe aux 16 propositions pour sortir rapidement par le haut de cette crise majeure. La section de St-Nazaire soutient totalement ces 16 propositions (https://www.collectif-associations-unies.org/wp-content/uploads/2020/11/CAU_DP_PropositionCAU_201124.pdf)

La section de St Nazaire tient aussi à rappeler à nos élus locaux que cette crise nécessite aussi un renforcement des mesures de solidarité aux plus fragiles et qu’aucune expulsion de squat ne doit pouvoir se faire sans solution de logement ou d’hébergement, et qu’elle regrette que le maire de St Nazaire et son adjointe aux solidarités ne veuillent pas d’un tiers lieu autogéré, tout cela au nom d’une lecture pour le moins spécieuse des enjeux et valeurs des membres du collectif Géronimo.

Saint-Nazaire, le 28 janvier 2021

1 Enquête auprès des 115        2 Chiffres de la Fondation Abbé Pierre        3 Chiffres du Collectif des morts de la rue

4 Chiffres de la DREES, 23/12/2020       5 Ministère des solidarités et de la santé, 8/09/2020