Catégorie : Presse

Département 47 : Cantons, place aux dames

Le Département va compter 42 élus en 2015. Il n’y aura plus 40 mais 21 cantons, représentés chacun par un binôme femme/homme.

En mars 2015, ils ne seront plus 40 mais 42 conseillers généraux à siéger dans l’hémicycle de l’Hôtel Saint-Jacques à Agen. La parité s’invite à la table de la démocratie. Actuellement, il y a 7 femmes et 33 hommes.

En mars 2015, ils ne seront plus 40 mais 42 conseillers généraux à siéger dans l’hémicycle de l’Hôtel Saint-Jacques à Agen. La parité s’invite à la table de la démocratie. Actuellement, il y a 7 femmes et 33 hommes. (archives émilie Drouinaud « sud ouest »)

Au plus tard en mars 2014, le visage du Département aura changé. Certes, il n’aura ni grandi ni rétréci, mais ses frontières intérieures auront bougé. Constitué de 40 pièces, son puzzle des cantons ne comptera plus que 21 éléments. Mais, paradoxalement, le nombre de conseillers généraux, appellation à laquelle il conviendra d’ajouter le qualificatif « de proximité », aura plus que doublé, et passera de 40 à 42 représentants. Ainsi le veut la nouvelle loi gouvernant le Code des collectivités territoriales. Nouveauté importante, cette même loi du 17 mai 2013 oblige à la parité. Jusqu’alors, seulement 10 à 20 % de femmes siégeaient au sein des conseils généraux de l’Hexagone. En Lot-et-Garonne, pour 40 postes, elles ne sont actuellement que sept (1). Cette même loi fait suite à celle voulue plus tôt, en 2010, par Nicolas Sarkozy, loi qui avait rayé de la carte les conseillers généraux et créé les conseillers territoriaux cohabitant, sous le même habit, avec les conseillers régionaux…

Rappelons pour la petite histoire que deux-tiers de l’actuel découpage cantonal remonte à 1802, décidé donc sous Napoléon. En deux siècles, le monde a quelque peu évolué.

Bassins de vie conservés

La date précise de promulgation du décret de ce nouveau découpage territorial n’est pas connue. Mais tout sera officiel avant mars 2014, soit un an avant les prochaines élections cantonales. Entamé au printemps dernier, le processus est placé sous la responsabilité du préfet. Le principal critère repose sur la base démographique.

Les bassins de vie doivent être préservés tout comme est prise en compte la continuité des territoires, mais aussi les cartes intercommunales ou encore les périmètres des anciens cantons. Ce qui sous-entend, entre autre, que des cantons seront regroupés.

Ainsi, Agen devrait en perdre un, et passer de cinq à quatre. A priori, Marmande et Villeneuve-sur-Lot conserveront leurs deux cantons respectifs. Et comme les communes de moins de 3 500 habitants ne peuvent dépendre de deux cantons… Sur un plan démographique, chaque nouveau canton comptera plus ou moins 20 % de 15 767 habitants. Dès lors, la marge de manœuvre du redécoupage est faible. Mais cela n’empêchera en rien certains de parler de « charcutage ». C’est de bonne guerre. Sauf qu’au final, c’est le Conseil d’État qui tranchera.

En juin, un premier projet de découpage a été transmis au ministère de l’Intérieur après que le préfet a consulté les parlementaires, les acteurs socio-économiques, l’amicale des maires, les principaux élus, les présidents de groupes politiques, et évidemment le président du Conseil général.

Session à Saint-Jacques

Courant septembre, le ministère de l’Intérieur doit transmettre le dossier au préfet. Denis Conus viendra le présenter aux conseillers généraux. « Nous consacrerons une session spéciale à l’étude du projet. La décision, qui n’est qu’un avis, sera sanctionnée d’un vote », affirme Pierre Camani, le président du Département.

Le Conseil général dispose de six semaines pour émettre son avis. Le dossier sera ensuite transmis, pour avis avant publication, au Conseil d’État. Suivront les décrets d’application paraphés par le ministère de l’Intérieur. Des décrets qui pourraient être espacés dans le temps, selon les avancées des cartes des 101 départements français.

(1) Bernadette Dreux (Duras), Marie-Christine Kidger (Cancon), Michèle Lafoz (Fumel), Claire Pasut (Sainte-Livrade), Catherine Pitoux (Agen Nord-Est), Régine Povéda (Meilhan-sur-Garonne), et Marie-Françoise Salles (Beauville).

Landes : des militants anti-chasse aspergés de purin et expulsés

Sept militants anti-chasse ont été escortés jusque dans le Gers sur ordre préfectoral. Chez les chasseurs l’exaspération monte

D’un côté, les deux militants anti-chasse surveillés par un gendarme ; de l’autre, les chasseurs lancés dans une discussion animée avec d’autres gendarmes. 

D’un côté, les deux militants anti-chasse surveillés par un gendarme ; de l’autre, les chasseurs lancés dans une discussion animée avec d’autres gendarmes. (photo nicolas le lièvre)

Dans les campagnes du cœur du département, cela fait quelques jours déjà qu’on est sur le qui-vive, qu’on sait que des militants du Cabs (Commitee Against Bird Slaughter) sont dans le coin. Ils ne s’en cachent d’ailleurs pas. Le site allemand Komitee.de annonce leur présence depuis le 28 août et jusqu’au 8 septembre. En outre, des véhicules qualifiés de suspects ont été repérés à plusieurs reprises.

Jusqu’à présent, la dizaine de militants présents s’était contentée de repérages. Quand ils constataient la présence de matoles, ils relevaient les coordonnées GPS et allaient porter plainte dans une gendarmerie pour chasse illégale. Ils se gardaient bien de pénétrer dans des propriétés privées et de dégrader quoi que ce soit.

Depuis deux jours, les choses se sont accélérées. Mardi après-midi, un commando a pénétré dans une chasse de Souprosse. Il y a détruit une vingtaine de matoles et libéré cinq appelants.

Hier, deux militants ont tenté de réitérer à Campagne, en bordure de la route d’Aurice, chez Léon et Marie-Jo Candau. Cette dernière est la secrétaire de l’Union landaise des chasses traditionnelles. En tant que telle, elle est régulièrement visée. « Ils sont venus trois fois l’année dernière et cette année encore », peste Léon. Mais, du coup, les Candau sont attentifs.

Un peu avant 13 heures, les deux militants anti-chasse sont aperçus dans les maïs. Le temps de sonner le rappel des voisins et amis, ils sont rapidement encerclés puis aspergés d’un peu de purin.

Comme ils ont eu le temps de prévenir leurs camarades par téléphone et que parallèlement les chasseurs ont appelé les gendarmes, ces derniers ne tardent pas à débouler.

  • Le ton des discussions est vif

La scène vaut d’être vue. En bordure de champ, en plein soleil, les deux militants flanqués d’un gendarme ; de l’autre côté du fossé, sur la route à l’ombre, les chasseurs, dont le président Jean-Jacques Lagüe, et une bonne dizaine de gendarmes.

Le ton des discussions est vif. « Vous pouvez pas les mettre dehors ? » lance un chasseur aux militaires. « Un jour, vous allez voir ce qu’il va arriver. »

Les gendarmes expliquent leur neutralité et jouent l’apaisement. Tout le monde attend que le préfet des Landes fasse connaître sa décision. Elle tombe vers 15 h 30. C’est une mise en demeure de quitter le département. Elle s’applique aux deux de Campagne mais aussi à deux autres militants interceptés un peu plus tard à Lamothe et trois autres qui avaient été invités à se présenter à la brigade de gendarmerie de Saint-Sever. En fin d’après-midi, et sous bonne escorte, les sept militants ont été conduits dans le Gers, la destination qu’ils ont choisie.

« Ils vont sortir par une route et revenir par une autre », prévoyaient les chasseurs avant leur départ. « Mais s’ils reviennent, ça va mal se passer. »

Peut-être. Mais légalement, les militants italiens et allemands pour la plupart ne risquent pas grand-chose d’autre qu’une nouvelle mise en demeure de quitter le département. « Ils vont forcément revenir, pronostiquait un chasseur. Ils ont des billets d’avion en date du 8. »

EVENEMENTS LDH FEDERATION DE GIRONDE 10 au 27 septembre à Bordeaux…

EVENEMENTS LDH FEDERATION DE GIRONDE


Mardi 10 septembre à 18h00 : réunion du groupe de travail sur le colloque 2013 (Université de Bordeaux 2, dept sociologie, Place de la Victoire à Bordeaux)


Mardi 10 septembre à 20h00
: réunion de la section LDH de Bordeaux (Athénée Joseph Wresinski, Place Saint Christoly à Bordeaux) 

Dimanche 22 septembre de 11h00 à 18h00 : Cap Associations, forum des associations de la ville de Bordeaux (Stand LDH Bordeaux – Hangar 14, quai des Chartrons à Bordeaux)
http://www.bordeaux.fr/pgFicheEvt.psml?_nfpb=true&_pageLabel=pgFicheEvt&classofcontent=evenement&id=46118
Lundi 23 septembre à 19h00 : réunion du comité fédéral LDH Gironde (24 place du Palais à Bordeaux) 

Vendredi 27 septembre de 18h30 à 19h30 : Emission mensuelle « En toutes libertés », en direct sur RIG, Aqui FM et Plage FM

 

EVENEMENTS AVEC PARTENARIAT LDH33

Mercredi 11 septembre à 18h00 : réunion de la Coordination Santé Solidarité Gironde 

 

Mercredi 11 septembre à 18h30 : réunion du Collectif Audit Citoyen de la dette 33 (Bourse du travail, cours Aristide Briand, salle 105 au 1er étage) 

Mardi 17 septembre à 20h30 : projection-débat en faveur de la libération de Georges Ibrahim Abdallah, autour du film « Après la guerre, c’est toujours la guerre » (ATTENTION : RESERVEZ VOS PLACES A L’AVANCE)
http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=2228&mode=film

EVENEMENTS POUR INFORMATION

 

Vendredi 6 septembre à 20h30 : projection débat sur Aimé Césaire (cinéma Utopia, Place Camille Jullian à Bordeaux) dans le cadre du centenaire d’Aimé CESAIRE ; cette projection débat sera suivie le samedi 14 septembre d’un colloque qui se tiendra à l’Athénée municipal Joseph Wresinski, place Saint Christoly à Bordeaux, de 9h00 à 18h00

http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=2223&mode=film

Mardi 10 septembre à 11h00 : manifestation intersyndicale pour les retraites (départ Place de la Bourse à Bordeaux)

 

Vendredi 20 septembre à 20h30 : toujours à l’Utopia, projection débat sur le cas Pinochet au Chili

http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=2238&mode=film

La section CIBP présente une projection-débat le jeudi 12 septembre à Cap-Cinéma. Périgueux.

La section LDH de Périgueux organise un débat sur la pensée écologiste. Mardi 17 septembre 2013.

 

 

La section LDH de Périgueux vous invite à une soirée-débat

le mardi 17 septembre 2013 à 18 h 30

Maison des associations 12 cours Fénelon 24000 Périgueux

 

 

« Une pensée écologiste: pour un hédonisme altruiste. »

 

L’écologie est une idée neuve produite par la seconde moitié du 20ème siècle. Sa jeunesse explique sa foisonnante diversité.

Gérard CHAROLLOIS, magistrat de l’ordre judiciaire, fut successivement vice président du RASSEMBLEMENT DES OPPOSANTS à LA CHASSE, mouvement présidé par Théodore MONOD, puis président de la SEPANSO DORDOGNE, durant 15 ans, actuellement président du mouvement CONVENTION VIE ET NATURE. Il exposera pour nous une pensée écologiste dite « biocentriste » mettant au centre des valeurs, la vie.

Pour lui l’éthique écologiste repose sur le respect du vivant, notion qui doit être expliquée en sa portée et en ses conséquences pratiques pour une société nouvelle.

La « crise » actuelle n’a rien de conjoncturel pour lui. C’est le signe d’une nécessaire mutation, l’appel à une rupture historique remettant en question les dogmes économiques et les vieilles idéologies fondées sur Thanatos.

L’écologie est un hédonisme, c’est-à-dire la recherche du maximum de bien-être pour chaque individu. Altruiste, en ce sens qu’il intègre l’autre dans cette recherche et le reconnaît comme ayant un intérêt équivalent au bien-être.

N’est-ce pas également ce que voulaient ceux qui ont écrit la Déclaration Universelle des droits de l’Homme en 1948 ?

Nous en débattrons après avoir entendu Gérard Charollois.

entrée libre et gratuite

Nombre de places limité à 50 participants

 

Section LDH Périgueux Maison des associations 12 cours Fénelon 24000 Périgueux

Tel :06 83 68 57 23

ldh24perigueux@yahoo.fr

 

 

Armes chimiques en Syrie: ce qui s’est passé le 21 août

 

Mediapart

27 août 2013

Les inspecteurs de l’ONU qui se sont rendus lundi à Moadamiyeh, une des localités de la Ghouta touchée par l’attaque du mercredi 21 août, vont devoir établir l’utilisation d’armes chimiques responsables d’un massacre de masse. Ils ont été au préalable accueillis par un barrage de tirs. Les bombardements ont d’ailleurs repris sur cette localité dès leur départ.

Depuis mercredi, les opposants au régime syrien, combattants et diverses ONG présentes sur place ont établi de premiers bilans accablants. Selon le réseau de médecins syriens de l’UOSSM, plus de 1.300 personnes sont mortes en raison de l’utilisation de gaz toxiques, dont 67% de femmes et enfants. Les structures médicales de la Ghouta ont pris en charge 9.838 personnes dont 3.041 cas graves.

Médecins sans frontières (MSF), qui appuie plusieurs hôpitaux dans cette zone, a aussi recensé les décès de 355 patients « présentant des symptômes neurotoxiques ». «Les symptômes qui nous ont été rapportés, le schéma épidémiologique de cet événement – caractérisé par l’afflux massif de patients dans un laps de temps très court, la provenance des patients et la contamination des secouristes et du personnel ayant fourni les premiers soins – suggèrent fortement l’exposition massive à un agent neurotoxique», a précisé MSF dans un communiqué publié samedi.

Dès vendredi, l’ONG Violations Documentation Center in Syria (VDC), qui travaille sur place avec un réseau de militants et avocats, publiait un rapport extrêmement précis sur les attaques de la nuit de mardi à mercredi (rapport à lire ici). Les équipes de VDC basées dans la Ghouta-est, se sont rendues dans plus de 80% des points médicaux et ont pu recueillir très rapidement des témoignages sur le désastre humanitaire de la Ghouta.

Selon ces témoignages, une dizaine de roquettes chargées d’agents toxiques se sont abattues sur les localités de Zamalka et Ein Tarma, dans la Ghouta-est, et sur la localité de Mouadamiyé dans la Ghouta-ouest. Mais c’est la totalité de la Ghouta qui s’est trouvé plongée dans l’horreur de cette nuit chimique : dès les premiers bombardements, les victimes ont été dirigées sur l’ensemble des centres médicaux de la banlieue, contribuant ainsi à la contamination de toute la zone. Une zone déjà largement sinistrée : fief de l’insurrection, la Ghouta est assiégée et bombardée sans relâche depuis des semaines par les troupes du régime syrien et les soins ont été délivrés dans des hôpitaux de fortune.

Ni les médecins, ni les équipes paramédicales et les volontaires, ni les militants qui sont allés recueillir les informations n’ont été épargnés.  « Faute de masques suffisants et de tenues de protection, la plupart des soignants ont été contaminés en procédant à l’évacuation et en apportant assistance », rapporte l’ONG. Dans le point médical de Khawlaani, les médecins ont dû utiliser comme traitement de l’atropine pour animal, fournie par un vétérinaire, leur stock d’atropine étant épuisé depuis deux mois. Ailleurs, comme à Hamourieh, il n’y avait tout simplement plus aucun antidote à administrer.

Victimes à l'hôpital de Kafr Batna.Victimes à l’hôpital de Kafr Batna.© Violation documentation center

L’ONG confirme aussi la nature civile des cibles : à Zamalka, un missile est tombé sur la rue Tawfik à côté de la mosquée, une zone très peuplée. Si la Ghouta-est et la Ghouta-ouest sont les bastions de l’insurrection et la base opérationnelle de l’armée syrienne libre (ASL), les cibles atteintes par les missiles étaient loin des zones de combats et des positions militaires de l’ASL. « Ils n’ont pas visé l’Armée syrienne libre mais des positions civiles, assure al-Attar, le chef du conseil unifié de Damas et sa région (commandement militaire de l’ASL), joint par Skype samedi. Deux kilomètres séparaient nos positions des places civiles visées. »

En frappant la population, le régime cherchait-il à la punir de son soutien à l’ASL ? Ou bien ce bombardement répondait-il à des objectifs militaires pour déloger l’ASL ? Les deux à la fois. « Le régime a recouru à l’arme chimique pour infliger des pertes à l’ASL, estime l’opposant Imad Eddin Rachid, en lien avec le commandement de l’ASL de Damas, mais en procédant de nuit, comme il l’a fait, sur des civils, il s’agissait surtout de la détourner du combat en l’obligeant à quitter son poste pour faire face à la crise humanitaire et venir au secours des populations civiles»,

Selon le rapport établi par la Coalition qui a reconstitué la chronologie de la nuit de mardi à mercredi, les attaques ont été menées par la Brigade 155 du régime, sous la responsabilité du général Tahir Hamid Khalil, directeur de l’agence balistique des missiles de l’armée. Elles ont été étalées sur toute la nuit dans une volonté évidente « d’étouffer » la Ghouta et de ne laisser aucun répit aux habitants et aux secours.

Les premiers missiles sont ainsi tombés à 2h31 à l’est de Zamalka puis, dix minutes plus tard, à Ayn Tarma. Près de deux heures plus tard, 18 missiles visent à nouveau la Ghouta-est et c’est seulement à 5h41 que Moadamiyeh, dans la Ghouta-ouest, est frappée à son tour. Les centres médicaux de Daraya, qui jouxtent cette localité, reçoivent en effet les victimes à partir de 6 heures du matin, toujours selon le rapport de la Coalition. Les tirs de missiles portant des armes chimiques ont été accompagnés de bombardements conventionnels, missiles et tirs de mortiers, afin d’entraver les secours.

Une attaque chimique préparée de longue date

« Par cette stratégie de diversion, le régime cherchait à reprendre la Ghouta, poursuit Imad Eddin Rachid. Mais l’ASL n’est pas tombée dans le panneau et ce sont les services établis par l’administration civile des zones touchées qui ont pris en charge la catastrophe humanitaire. » Toutes les structures médicales de la Ghouta mises en place par les insurgés ont été mobilisées après l’attaque. Un tel scénario était envisagé depuis des semaines. L’attaque est intervenue alors que le réseau de médecins de la diaspora et, en particulier, l’UOSSM, était en train de préparer les médecins en leur procurant formation, protocole de traitement unifié, médicaments… « L’attaque de mercredi nous a pris de court », dit Ammar al-Chakr de l’UOSSM.

Néanmoins, cette organisation de la société civile a permis aux combattants de l’ASL de continuer à défendre leur position. Ainsi à Moadamiya, plus de 100 combattants loyalistes et des chabihas recrutés par le régime ont été tués par l’ASL alors qu’ils tentaient de réinvestir la localité touchée. Le lendemain de l’attaque, les combats continuaient sur la rue Bagdad, au centre de Damas. Et vendredi 23 août, la place des Abassides, haut lieu sécuritaire, essuyait des tirs des rebelles.

« Cette attaque n’est que le reflet de l’affaiblissement du régime : ses troupes sont fatiguées et de plus en plus inorganisées, reprend le chef du Conseil unifié de Damas et sa région. Après être entré à Qaboun (au nord de la Ghouta-est), le régime cherchait à montrer à ses partisans qu’il était en train de reprendre la main au moment où l’ASL avançait à nouveau à Qaboun. En réalité, depuis un an et demi, les lignes sont les mêmes : les forces d’Assad avancent puis sont contraintes de se retirer. Les pertes dans leurs rangs augmentent.»

Ne pouvant déployer ses forces terrestres pour reprendre le contrôle des territoires qu’il a perdus, le régime use de son artillerie et de son aviation pour écraser les foyers de la rébellion. A plusieurs reprises, entre douze et quinze fois, selon l’opposition, des missiles chargés d’agents neurotoxiques ont été utilisés pour réinvestir des positions de l’ASL. L’attaque chimique de mercredi s’inscrit donc dans cette logique militaire et souligne toutes ses limites : la Ghouta assiégée et pilonnée demeure une forteresse de l’insurrection.

« Cette attaque à l’arme chimique était prévisible, analyse un fin connaisseur du dossier, elle marque l’échec de la stratégie d’encerclement de la Ghouta orientale pour éradiquer la résistance dans ces zones. La résistance ne faiblit pas et elle est parvenue à reconstruire ses réseaux d’approvisionnements. »

De fait, l’insurrection occupe toujours les mêmes positions à Damas contrairement à ce que voudrait faire croire la médiatisation qui souligne les victoires militaires du régime et les revers de l’opposition. La réalité de cette résistance a été en effet occultée par la bataille de Homs et par la montée en puissance, dans le nord du pays, de l’Armée islamique d’Irak et du Levant, des jihadistes affiliés à al-Qaida, impliquée dans des affrontements contre les kurdes et des enlèvements d’activistes et de journalistes.

Or, non seulement l’ASL ne faiblit pas, mais elle semblait sur le point d’étendre ses positions dans la capitale. Selon nos informations, les combattants rebelles étaient engagés dans une contre-offensive qui leur aurait permis de continuer à défendre la Ghouta-est et de progresser dans le centre de Damas, à partir de la place des Abassides et de la rue Bagdad, vers ses quartiers nord, coupant ainsi la ville en deux.

« L’attaque de mercredi est intervenue à un moment où les combattants avançaient sur Faiyat, afin de rejoindre le quartier de Rouqneddine (nord-ouest), précise Imad Eddin Rachid. S’ils y étaient parvenus, cela leur aurait permis de constituer un nouvel axe, partant de la place des Abassides, jusqu’au nord-ouest à Rouknnedine, et de faire le lien avec leurs forces qui se trouvent déjà sur l’axe nord-est à Berzé, Qaboun et Jobar, à la limite de la Ghouta-est. Les rebelles auraient ainsi constitué une poche à l’intérieur de Damas et encerclé les forces de Assad, à l’intérieur et par la banlieue. »

Les éléments de l’armée loyaliste qui défendent la banlieue est à partir du périphérique sud ou du boulevard Hafez al-Assad se seraient ainsi retrouvés coincés entre la banlieue est et les quartiers intérieurs tenus par les rebelles. Les quartiers nord comptent aussi des centres sécuritaires qui auraient été à la portée de main des opérations des rebelles. « Prendre le contrôle des quartiers nord de la ville, c’était aussi avancer sur l’axe nord, la route internationale d’Alep, coupant Damas de tout le nord, d’Homs et Alep », ajoute un membre du mouvement révolutionnaire.

Les rebelles n’ont guère les moyens de prendre la place des Abbassides. Cette forteresse sécuritaire fait fonction de verrou au centre: les immeubles ont été investis par les services de renseignement, son stade a été transformé en camp militaire, sans oublier les deux centres sécuritaires, établis à quelques centaines de mètres, dans la rue Bagdad.

Forcer la négociation d’une transition politique

La nuit de l’attaque, les insurgés étaient parvenus à se positionner à 50 mètres des forces loyalistes, les encerclant sur les deux tiers de la place. Le régime ne semble guère pouvoir compter à Damas sur le soutien de ses supplétifs libanais, les hommes du Hezbollah. Présents aux abords de la place des Abassides mais surtout déployés au sud de la banlieue est, à Qazzaz, Dwela, Jaramanah et surtout Saydda Zeinab –le sanctuaire chiite de Damas–, les combattants de la formation chiite ont enregistré des pertes importantes dans la nuit de mercredi. Les combattants de l’ASL se seraient même emparés de l’hôpital Khomeïni de Saydda Zeinab, dimanche 25 août. La formation chiite ne peut non plus se permettre de quitter le front de Qousseir et de Homs, repris difficilement aux rebelles, en juin et qui constitue un axe vital pour le régime et le Hezbollah.

La progression de l’insurrection à Damas est à mettre au compte d’une meilleure organisation. La contre-offensive de la rébellion, enrayée par l’attaque chimique, aurait été préparée depuis quarante jours. Elle a mobilisé l’ensemble des brigades de la capitale. Les combats dans le périmètre de Sayda Zeinab ont été menés par des brigades de Jobar et des réfugiés du Golan, tandis que la progression sur l’axe nord était le fait de commandos de l’ASL. A la différence du Nord, la coordination à Damas est plus avancée et ce sont des factions islamo-nationalistes qui sont à la pointe du combat à l’instar de la Brigade Liwa al-Islam. Le Front al-Nusra n’y est ainsi que marginal.

« Il y a une nette amélioration des capacités opérationnelles de l’ASL depuis six mois grâce à l’implication d’officiers dissidents qui ont pris la direction des opérations des brigades, affirme Imad Eddin Rachid. L’ASL peut aussi compter sur une équipe d’ingénieurs pour préparer les opérations, et dispose d’un service de renseignements car l’armée d’Assad est de plus en plus infiltrée. » L’ASL dispose en effet de complicités au sein de l’armée auprès d’officiers sunnites dissidents restées en poste quand elle ne monnaye pas des informations auprès d’officiers corrompus. C’est à partir de ses informateurs, que la coalition a pu établir la chronologie de l’attaque. Selon ces sources, le convoi de missiles destinés à l’attaque de mercredi a été acheminé sur le site militaire d’Al-Qutayfah, au nord-est de Damas, le 10 août, soit dix jours avant leur lancement.

Le 8 août, le président Assad aurait réchappé à une tentative d’attentat alors qu’il se rendait à la mosquée Ibn al-Malek pour la prière de l’Aïd, la fête de Ramadan : l’un des convois a été la cible d’une attaque menée par la brigade Liwa Tahrir al-Azmé, qui agit sous le commandement de Liwa al-Islam, la principale force de combat de l’ASL de la capitale.

C’est pour rassurer ses troupes, que le président s’est rendu quelques jours plus tard aux abords de la banlieue de Daraya, sans y pénétrer. Contrairement à ses déclarations triomphalistes, le régime ne parvient pas à reprendre cette localité de la banlieue ouest de Damas, qui est pourtant encerclée et bombardée depuis un an et en dépit de sa proximité des zones militaires –les services de renseignement de l’armée de l’air, l’aéroport militaire. Les militants de Daraya démontent la propagande sur la visite du Président Assad dans cette banlieue, toujours contrôlée par l’insurrection:

 

Dans ces conditions, la Ghouta de Damas, qui a une longue histoire de résistance – elle fut notamment la base de l’insurrection nationaliste contre l’occupation française du temps du mandat – constitue un défi de taille pour le régime d’Assad. Elle est une porte d’entrée pour une offensive générale sur la capitale qui serait appuyée, par le front sud, dans la province de Déraa, à la frontière avec la Jordanie.

Les militaires syriens formés en Jordanie sous supervision saoudienne et américaine ne jouent aucun rôle dans les combats et les dernières opérations de la capitale. « Il s’agit d’annonces sans fondement destinées à la presse », tranche al-Attar du Conseil révolutionnaire unifié, qui à l’instar d’autres sources remet en cause l’engagement de ces forces sur le terrain. Pour ces combattants comme pour ceux de Damas, ce travail militaire reste tributaire des sources d’approvisionnement en armes. Or, il n’est pas sûr que le massacre de la Ghouta pousse les Occidentaux et les pays du Golfe à armer plus les mouvements d’insurrection. Les pays amis de la Syrie restent en effet attachés à une solution politique.

Les éventuelles frappes militaires que prépareraient plusieurs pays occidentaux viseraient ainsi à forcer la négociation d’une transition politique. « Les frappes sont envisagées non pas pour renverser le régime de Bachar al-Assad mais pour aller à Genève II, et à la solution politique concoctée par les puissances», confie un opposant de la coalition syrienne.

L’alarme d’Edgar Morin

Mediapart

25 août 2013 |

Il y a un an tout juste, paraissait aux Editions de l’Aube un petit livre de dialogue entre François Hollande et Edgar Morin, fruit d’une conversation entre le politique et le philosophe avant l’élection du premier à la présidence de la République. Le préfaçant une fois élu, François Hollande en résumait ainsi l’enjeu : rien moins que « le pouvoir du politique ». « On ne peut rétablir confiance et espérance que si l’on indique une voie nouvelle, lui lançait Edgar Morin : pas seulement la promesse de sortir de la crise, mais aussi de changer de logique dominante ».

lire la suite :

http://wp.me/p21cdX-1jA

Manuel Valls, le conformiste…

http://wp.me/p21cdX-1jx

http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-marliere

La chasse aux Rroms s’arrête à Douarnenez

 

Mediapart

 

22 août 2013 |

Sur la ligne C du RER, à Paris et dans sa banlieue, il arrive qu’un train nommé NORA croise une rame baptisée ROMI. L’inconscient de la SNCF existe : ne voilà-t-il pas une sorte de clin d’œil ferroviaire concernant les boucs émissaires que s’est toujours trouvée la France ? Sous l’occupation, l’historien Pierre Nora fut menacé d’être raflé. Aujourd’hui, les Rroms sont expulsés avec un zèle farouche. Il ne manque plus, sur le RER C, qu’une “mission” – intitulé officiel de la désignation des rames ! – ALLA (chute de “h” : pas plus de quatre lettres), pour incorporer les discriminations à l’encontre des citoyens musulmans. Et, pourquoi pas, une SOLA (Sola Scriptura : « par l’écriture seule », l’un des principes de la religion réformée), histoire de rappeler les dragonnades dont furent victimes, en notre étrange pays, les protestants…

Revenons aux Rroms, pour lesquels il en cuit cet été. Au mois de juillet, c’était le maire UDI de Cholet, Gilles Bourdouleix, qui grommelait, lors d’une altercation avec les gens du voyage : « Hitler n’en a peut-être pas tué assez. » Cette semaine, c’est la une infâme de Valeurs Actuelles, hérissée de stéréotypes et d’amalgames, fondée sur un sondage jetant de l’huile sur le feu et manipulé de surcroît, pour rendre encore plus acrimonieuses les réponses phobiques sollicitées.

Dans un tel contexte de chasse à l’homme, rapporté quasiment jour après jour dans Mediapart par Carine Fouteau, une bouffée salutaire refoulera les miasmes, du 23 au 31 août : le festival de Douarnenez, vétéran des rassemblements conviviaux et conscientisés, où la militance et la culture changent un instant l’air du temps, comme un petit vent frais breton…

Thème de cette 36e édition : “Rroms, tsiganes et voyageurs”. Avec une citation du linguiste Marcel Courthiade pour résumer l’esprit des lieux : « Les Rroms sont un cas d’école de tous les problèmes liées au fait d’être autre. » Douarnenez, parmi une foison de débats, d’expositions, de livres, de musiques, d’animations pour les enfants, ou de repas à la bonne franquette, c’est d’abord un festival de cinéma. Virgine Pouchard, co-programmatrice, en pince pour Papusza (2013), fiction inédite au somptueux noir et blanc, avec des sous-titres français tout juste réalisés par l’Institut polonais de Paris. Ce long métrage, de Joanna Kos-Krauze et Krzysztof Krauze, évoque le destin d’une poétesse polono-rrom, issue d’une famille de harpistes itinérants, Bronisława Wajs, dite Papusza (“Poupette”, 1908-1987) : « En osant transcrire ses poèmes par écrit, en défiant les lois de sa société, notamment sur la place réservée aux femmes, elle finit exclue de sa communauté », rappelle Virginie Pouchard.

Parmi les nombreux documentaires présentés, Virginie Pouchard souligne l’importance du Bateau en carton (2010) de José Vira, qui découvre, à Massy-Palaiseau, une communauté de Rroms vivant dans des conditions pires que celles des Portugais au siècle dernier, quand le réalisateur était logé là, avec ses parents. D’où un regard qui “désethnicise” la question, filmant des immigrés “ordinaires” et non une population spécifique stigmatisée comme telle.

Citons aussi, dans le programme d’une richesse impressionnante (à lire sous l’onglet “Prolonger”), Derrière le mur – improvisations filmées (2008), de la sociolinguiste et cinéaste Cécile Canut, qui avait signé dans Mediapart un billet de blog sur “l’ethnicisation négative” de la France. À la périphérie de la ville bulgare de Sliven, naguère réputée comme pépinière de musiciens, un mur coince désormais dans un ghetto la population jugée indésirable pour sa bougeotte. Oui, un mur, à l’instar de celui de Kosice, en Slovaquie, davantage sous le feu des projecteurs dans la mesure où la cité se retrouve cette année “capitale européenne de la culture”, rappelle Virginie Pouchard.

« Une identité forcément marquée par la défiance »

Le festival de Douarnenez, c’est aussi, selon son directeur depuis trois ans, Éric Premel, « une Agora frondeuse, avec 300 personnes tous les soirs, des activistes, des historiens, des artistes, questionnés ou interrompus par le public, sans langue de bois. Les gens lâchent leur téloche pour discuter entre eux ou s’enfermer dans le noir avec tout le genre humain sur le grand écran. Dans un partage facilité par cette ville rebelle de toujours, les riches et les pauvres, les cultivés et les pas éduqués explorent la complexité, la confrontation, le recul critique. C’est la meilleure façon d’éviter les amalgames. Nous essayons d’enlever les palissades mentales qui, trop souvent, séparent les citoyens chacun dans leur couloir de militance. Ils découvrent ici les problématiques semblables du couloir voisin : les chocs, les blessures, les rapports à la mémoire… »

Éric Premel ajoute : « Les festivals sont devenus des lieux d’excellence artistique ou de paillettes. Nous, avec nos 15 000 entrées payantes, nous refusons de nous arrêter au culturel et à l’esthétique. Nous voulons provoquer la pensée critique, fût-elle gênante. L’an dernier, le militant basque Gabriel Mouesca est venu raconter comment la France l’a détenu 16 ans tout en refusant de le juger, ce qui valut à Paris une condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg. Ce n’est pas forcément ce que tout le monde veut entendre. »

Le prédécesseur d’Éric Premel, Erwan Moalic, qui co-dirigea le festival de Douarnenez de 1978 à 2010, se souvient de la 6e édition, en 1983, qui abordait déjà la question des Rroms et autres tsiganes. L’approche était peut-être plus folklorique et moins politique, mais la gauche récemment au pouvoir avait alors envoyé des représentants curieux et bienveillants : « Aujourd’hui, c’est plus distancié… »

À part Alain Régnier, préfet naguère collaborateur de Dominique de Villepin et devenu délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement des personnes sans abri ou mal logées (DIHAL), l’exécutif boude Douarnenez. L’un des participants aux débats, Régis Laurent (abonné à Mediapart), est médiateur du Finistère auprès des gens du voyage. Chaque département a le sien, ce qui fait de la Bretagne la seule région ayant établi ainsi de possibles garde-fous, dans un contexte où tout peut arriver.

Le service anthropométique mesure un romanichel...Le service anthropométique mesure un romanichel…

Régis Laurent, sociologue ayant consacré sa thèse aux pentecôtistes tsiganes (« je ne suis pas sensible à la religion, mais je voulais comprendre »), ne décolère pas en pensant au discours de Grenoble (30 juillet 2010) de Nicolas Sarkozy : « Il a empoisonné l’opinion publique. Ce fut le premier homme d’État à déblatérer, au sommet, des horreurs et des absurdités ouvrant la porte à toute la connerie de l’humanité. Il a libéré la pire des paroles. Le problème, de latent, est devenu hystérique. Ce fut une régression après les progrès timides de la loi Besson de juillet 2000, sous Lionel Jospin, concernant “les gens du voyage”. Ce terme administratif reflète la loi de 1912 ayant créé le carnet anthropométrique des nomades, puis la loi de 1969 euphémisant ce cadre juridique français visant une population spécifique sur une base ethnique. Face à cette persécution permanente légalisée, les gens du voyage ont construit une identité forcément marquée par la défiance, d’où une forme d’agressivité qui peut choquer chez eux, au premier abord, quand on ne les connaît pas. Le festival de Douarnenez me semble apte à permettre cet aperçu sur la législation, avec également des données historiques, anthropologiques, artistiques, sur ces populations diverses, démunies, vulnérables, sans relais politique. J’espère y trouver – et je vais tenter d’y répercuter – un discours à contre-courant de ce qui se dit et s’écrit dans les médias ; je ne parle pas de Mediapart, bien entendu !… »

À lire, sous l’onglet “Prolonger”, le dossier de presse riche et complet de ce 36e festival de cinéma de Douarnenez (23 au 31 août 2013).

La boîte noire :Comme l’explique le tout premier lien de l’article à ceux qui pourraient s’étonner du redoublement de la consonne “r” au début de Rrom : « Le mot vient du rromani, c’est-à-dire la langue du peuple rrom. En rromani, il prend deux “r” et se distingue donc du “r” simple, qui existe aussi. En phonologie, on appelle cela une opposition. Par exemple “rani” veut dire “dame”, alors que “rrani” veut dire “branche”. Depuis les débuts de la littérature rrom dans l’Union soviétique des années 1920, ce son particulier était transcrit en double “r”, transcription reprise dans l’alphabet du rromani adopté en 1990 par l’Union rromani internationale. » Bref, un acquis du socialisme réel…

Auch : contraints de dormir dans la voiture avec leurs enfants de 3 et 2 ans

La préfecture refuse autorisation de travail et statut de réfugiés politiques à une famille d’Arméniens. Mais s’ils rentrent chez eux, ils s’attendent à être exécutés

La famille Markosyan a garé sa voiture sur la place de la cathédrale, à côté du commissariat, « par sécurité ».

La famille Markosyan a garé sa voiture sur la place de la cathédrale, à côté du commissariat, « par sécurité ». (Photo Michel Amat)

Mardi soir dernier, Elena, trois ans et Artur, deux ans, ont mangé une banane en lieu et place du dîner. Et si le biberon de lait était chaud, c’est uniquement parce que les fonctionnaires du commissariat ont accepté de prêter le micro-ondes de l’hôtel de police quelques minutes. Car depuis deux nuits, Elena, son petit frère et leurs parents Ruzanna et Avetis Markosyan n’ont plus d’autre choix que de dormir dans leur voiture.

Une situation dramatique à laquelle Avetis s’était habitué depuis plusieurs mois, mais qui devient intenable avec deux enfants en bas âge. Si les Markosyan se retrouvent ainsi à la rue, c’est que leur demande de statut de réfugiés politiques leur a été refusée. En Aveyron pourtant, la sœur d’Avetis a obtenu les précieux papiers qui reconnaissent qu’elle est en danger dans son pays d’origine. Le jeune père de famille ne comprend pas : « Nous avions le même dossier ».

S’il a quitté l’Arménie en 2011, avec sa mère, son frère, sa sœur, sa petite fille et sa jeune épouse enceinte, c’est qu’Avetis et sa famille n’étaient plus en sécurité.

« Mon père était un opposant au président Serge Sarkisyan. Nous avons subi des violences et des menaces, ma femme a fait deux fausses couches à cause des coups qu’elle a reçus lors de descentes chez nous. Un jour, mon père a été arrêté et conduit au commissariat pour y être interrogé. Le président voulait savoir où se trouvaient les rotatives qui servaient à imprimer le journal d’opposition dans lequel travaillait mon père. Il n’est pas ressorti vivant ».

Après le décès de son père, « l’assassinat », insiste Avetis, l’ultimatum est sans appel : « Soit on quittait le pays, soit ils tuaient toute ma famille ».

Les Markosyan s’envolent donc précipitamment pour la France en juillet 2011. Ruzanna est enceinte jusqu’aux yeux. Elle accouche d’ailleurs le jour même où elle pose les pieds sur le sol français. Le petit Artur est donc français. Mais pour sa grande sœur et ses parents, commence un long parcours du combattant pour obtenir titres de séjour et statut de réfugiés politiques.

En début d’année, Ruzanna, qui était infirmière en Arménie, mais qui faute de papiers ne peut faire valider son diplôme en France, parvient néanmoins à décrocher un emploi d’aide-soignante chez les Petites Sœurs des pauvres à Auch. « Elle s’est très bien adaptée dans notre établissement, tant avec ses collègues qu’avec les pensionnaires. Elle a fait beaucoup d’efforts pour apprendre à parler correctement le français », certifie la mère supérieure.

Également directrice de l’établissement des Petites Sœurs des pauvres, elle atteste dans un courrier du 22 mars dernier qu’elle lui réserve un contrat à durée indéterminée pour la rentrée.

Las, en juin, la préfecture lui refuse l’autorisation de travail. Empêchée de travailler et donc de gagner un salaire, Ruzanna et ses deux petits ne peuvent plus être hébergés dans des centres d’accueil, encore moins louer un appartement. Et faute de papiers, elle ne peut pas toucher le chômage en dépit de l’emploi qu’elle a exercé chez les Petites Sœurs des pauvres.

« C’est insoluble », se désole son mari, maçon de métier, qui lui non plus ne peut pas travailler. « La préfecture nous a intimé de quitter le territoire. Nous avons déposé un recours devant le tribunal administratif de Pau qui, à ce jour, n’a pas été jugé ».

En attendant, sans argent, ni toit, leur voiture est donc leur seul refuge. Et les colis alimentaires des associations locales, leur seul moyen de survivre. « Heureusement que c’est l’été, car nous mangeons froid puisque nous n’avons rien pour faire chauffer ou cuire les aliments », ironise tristement Ruzanna.