Lettre des parents d’élèves des écoles publiques de La Roche-sur-Yon aux autorités et aux médias locaux. La Roche-sur-Yon, le 06/01/2020
Madame, Monsieur,
Nous, parents d’élèves des écoles publiques de La Roche-sur-Yon, souhaitons manifester notre inquiétude quant à la grande précarité d’enfants étrangers dans les écoles de notre ville.
Les démarches administratives pour demander un titre de séjour sont complexes et longues. Dans ce laps de temps, des familles n’ont aucune solution de logement, pas le droit de travailler et pas de droits sociaux. Certaines se débrouillent avec l’aide aux demandeurs d’asile (environ 300 euros mensuels, comprenant 6 euros par jours pour se loger), d’autres encore plus en difficultés n’ont aucune ressource.
Certain-es de nos concitoyen-nes hébergent bénévolement des personnes pour leur éviter la rue. Sans eux, une cinquantaine de familles en plus serait sans domicile fixe à La Roche-sur-Yon. Le 115 (service d’accueil d’urgence) ne peut leur offrir que trois nuits par mois, dans des chambres d’hôtel parfois sans cuisine ou en dehors de La Roche-sur-Yon. Les nuitées sont proposées pour le jour même, les transports ne sont pas organisés. Ceux qui refusent ne sont plus considérés en situation d’urgence et leur possibilité de trouver un logement stable devient quasiment impossible. Pour ces familles, le logement est une inquiétude quotidienne, avec des perspectives à très court terme. Heureusement, les enfants de ces personnes ont le droit d’être scolarisés. Mais dans un contexte où les parents vivent en permanence avec la peur de la rue et déménagent si souvent, comment envisager une quelconque continuité pédagogique ?
L’absentéisme des élèves, lié au problème de logement des familles est important. En effet, l’inscription dans une nouvelle école pour trois ou quatre jours est compliquée, surtout pour des gens ne parlant pas bien français. Lorsque la proposition de logement est prolongée de quelques nuits, les parents en sont informés au dernier moment. Même le dispositif de l’UPE2A, belle initiative pour faciliter l’apprentissage du français aux enfants étrangers, est mis à mal par ces trop nombreux déménagements.
La stabilité du groupe classe est un facteur déterminant pour les professeurs-es des écoles. Lorsque des enfants quittent ou arrivent à l’école en cours de trimestre, c’est l’ensemble de la classe qui est impactée. Les projets pédagogiques incluent bien souvent des travaux de groupes ou en binômes qui s’étalent sur plusieurs semaines. Les sorties pédagogiques se préparent ensemble, avec l’enthousiasme insufflé par l’équipe enseignante. C’est déstabilisant pour tout le monde de constater l’absence dans le bus d’un enfant le matin du départ. Nos enfants se construisent aussi à travers les liens qu’ils tissent entre eux à l’école. Chaque changement d’école brutal et non désiré est un déchirement, pour ces enfants en précarité, mais également pour les nôtres, à qui nous devons expliquer que ces absences et ces départs sont liés à la façon dont nous accueillons les étrangers. Ce n’est sans doute pas par hasard que la déclaration internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la France, fait du logement et de la scolarité des droits. Les autorités françaises se mettent donc dans l’illégalité chaque fois qu’un enfant dort dehors.
Les enfants, quelle que soit leur origine, sont une grande richesse pour notre ville. La Roche-sur-Yon se présente comme une ville active, dynamique, souhaitant attirer et accueillir les familles pour enrichir son territoire. Pour cela, de nombreux projets ont été mis en œuvre par la municipalité. Nous demandons aux autorités compétentes de bien vouloir envisager l’accueil et le logement de ces enfants et de leur famille comme un projet prioritaire, et de permettre l’ouverture d’hébergements d’urgence afin de sécuriser ces enfants, bien trop petits pour devoir souffrir de choix politiques.
Les parents d’élèves des écoles publiques de La Roche-sur-Yon