Migrants de Calais : que deviennent les promesses du ministre ?
En octobre 2016, à l’occasion d’une visite dans un Centre d‘accueil et d’orientation dans les Pyrénées Atlantiques, qui accueillait des migrants de Calais, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, devenu depuis Premier ministre se voulait rassurant quant au devenir des demandeurs d’asile.
« Je ne souhaite pas qu’à partir des CAO on procède à des opérations de dublinage ». « Ceux qui sont dans les CAO ont vocation à être accompagnés vers l’asile dès lors qu’ils relèvent de ce dispositif », estimant que « 85 % de ceux qui se trouvaient à Calais relevaient du statut de réfugié en France ».
Trois mois plus tard force est de constater qu’en Vendée, cette consigne du ministre n’est pas totalement respectée selon les informations que nous recueillons, il apparait que l’administration préfectorale joue des subtilités procédurales que lui offre la réglementation pour effectuer un tri parmi les dossiers des migrants et écarter de la demande d’asile en France ceux et celles qui ont été préalablement enregistrés dans un autre pays européen, ce que le ministre dénomme Dublinage.
Le principe de base pour permettre un démantèlement pacifique de la « jungle de Calais » était l’engagement du gouvernement à assurer à chaque personne qui acceptait de quitter ce bidonville de bénéficier d’un hébergement en centre d’accueil et d’orientation, structure temporaire permettant de faire un point de situation individuelle.
Ensuite, si nécessaire, d’intégrer un centre d’accueil de demandeur d’asile pour toute la durée de la procédure de demande d’asile en attendant que l’Office Français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) statue.
Le ministre de l’Intérieur considérant lui-même que 85 % des situations relevaient du statut de réfugié en France et ce avant même un passage à l’OFPRA. L’espérance des migrants était au rendez vous.
Aujourd’hui nous ne pouvons que déplorer une pratique administrative qui fait fi des déclarations publiques d’un ministre de l’Intérieur et remet en cause l’indispensable confiance que les demandeurs d’asile, les réfugiés, les bénévoles, les associations, les citoyens, sont en droit d’attendre des autorités.
Revenir sur la parole donnée présage de mauvais jours !
La Ligue des droits de l’Homme restera vigilante dans le cadre de l’action du collectif de soutien aux Calaisiens en CAO pour clarifier ce qui apparait comme un reniement des engagements.