Hommage de la LDH prononcé par Germaine Lemétayer, Présidente de la section de Paray en présence de Franck Charlier, Conseiller Régional, de William Robin, trésorier de la section et d’Hélène Thomas, militante.
« Avant de commencer cet hommage à Pierre Moreau dans ce lieu, nous allons poser un acte fort de protestation contre l’infamie qui fut faite à sa mémoire le 7 mai 2021 par le maire de Paray, Jean-Marc Nesme et Christiane Mathos, représentant l’association « Les routes de l’abolition de l’esclavage » de Philippe Pichot. Nous allons recouvrir d’un voile noir la plaque déposée par eux sous celle des Billet, décideurs et acteurs des persécutions des protestants de Paray. Nous allons recouvrir d’un voile noir l’infamie mémorielle qui prolonge celle que les jésuites ont fait de l’histoire de Paray. Nous allons recouvrir d’un voile noir, la honte faite aux Parodiens dans le mépris public affiché par des élus identitaires pour lesquels l’histoire falsifiée ne sert que de support à des causes politiques. Pierre Moreau, que ce voile retourne la honte contre eux et gloire à toi, le fils du cordonnier parodien qui compte parmi les grands antiesclavagistes et abolitionnistes de notre pays.Nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer à travers ta pensée et ton oeuvre, l’abolition de l’esclavage. C’est que cette grande cause n’a pas encore trouvé toute sa mesure en France, il fallu attendre la loi du 21 mai 2001 pour que Christiane Taubira fasse de l’esclavage un crime contre l’humanité et le 10 mai 2014 pour que tu sois honoré, pour la première fois par une manifestation publique, ici même à Paray. Ce qui fait la grandeur de cette abolition, ce sont d’abord ses implications humanitaires, la libération par le décret du 27 avril 1848 de 250000 esclaves rachetés à leurs propriétaires par l’Etat aux Antilles, en Guyane, au Sénégal et à la Réunion, c’est aussi le fait que ce concept rassemble en un, les trois fondements de notre devise républicaine, la liberté, l’égalité et la fraternité. Or Pierre Moreau est né, lui, en temps où la société d’Ancien Régime était, de droit, inégalitaire entre hommes et femmes, inégalitaire entre les trois ordres, noblesse, clergé et tiers état, inégalitaire socialement entre riches et pauvres. Quant à la liberté, elle était très limitée, la plus fondamentale, celle de la conscience, qui induit le droit de choisir sa religion par exemple, est juste amorcée avec l’édit de Nantes qui donne un droit de cité limité aux protestants depuis 1598, mais pas encore à l’égard des juifs. Dans un tel état de fait, au temps de Pierre Moreau, la simple idée de l’abolition de l’esclavage reste impensable pour le commun des mortels.Pourtant à Paray, comme à Amsterdam quelques années après comme dans l’Angleterre de Cromwell et à German Town en Amérique, l’idée s’est imposée à quelques groupes d’hommes. Comment expliquer, dans ces lieux, chez ces hommes, en leur temps, la maturation des concepts de liberté et d’égalité en droit ? La liberté ? Au milieu du XVIIe siècle, à Paray, catholiques et protestants ont décidé de mettre en œuvre la liberté de conscience en laissant à chacun la possibilité d’accepter ou de refuser la chrétienté commune, de conclure des alliances ou non entre familles de religions différentes, ils ont laissé aux femmes la liberté de refuser certains mariages décidés par les hommes ou le couvent forcé, ils ont décidé de l’égalité entre les communautés des deux religions alors que la loi créait une inégalité croissante entre elles, ils ont réalisé, à l’école, l’égalité entre garçons et filles et chez le notaire, l’égalité dans les contrats d’affaires, entre tous les partenaires.A Amsterdam, Pierre Moreau découvrira la liberté de culte dans les faits sinon de droit, la liberté d’expression pour la foule d’écrivains persécutés réfugiés de toute l’Europe ; au Brésil, il découvre une grande liberté de mariage entre européens, indiens et africains, la tolérance religieuse pour les juifs, l’interdiction de l’esclavage des indiens. Tous ces frontières transgressées vont le conduire à des prises de position inédites contre l’esclavage et la colonisation, à les écrire dans son récit de voyage en encourant des risques que personne ne prenait à ce moment.C’est cela que nous somme fiers d’honorer aujourd’hui, la courage d’un précurseur audacieux voire téméraire qui plus d’un siècle après ouvrira la voie à d’autres, ici même, dans le Charolais-Brionnais, et à Paray-le-Monial, d’autres qui vont écrire et œuvrer, dans plusieurs cas, pour participer à ce combat de la liberté et de l’égalité en droit en faveur des esclaves. A partir de l’an prochain, la section ajoutera à la tienne d’autres commémorations qui seront autant d’hommages qui te seront rendus, à toi et à la communauté irénique de Paray qui avez été les premiers, à travers la double cause de l’antiesclavagisme et de l’anticolonialisme, à porter l’humanisme à un tel niveau. »
PRESSE | presidente 23 juin 2022 | Commentaires fermés sur COMMEMORATION DE L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE A PARAY-LE-MONIAL, LE 21 MAI 2022
Une quarantaine de personnes étaient présentes à l’avant-première de La Brigade organisée par le cinéma le Majestic de Digoin, les Amis du Cada et la section de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) de Paray. Après la lecture d’un communiqué commun sur l’accueil de migrants, les spectateurs ont pu voir trois brefs extraits du film « La Traversée » en voie de réalisation par deux militants de la LDH Paray, William Robin et Germaine Lemétayer ainsi que par Laurent Dumeusois. Il s’agit d’interviews de jeunes africains pris en charge depuis 2017 par la LDH Paray relatant leur traversée du Sahara et de la Méditerranée. Après ce moment d’émotion, la Brigade a réjoui tout le public! La séance s’est terminée par des échanges autour d’un thé gourmand, les Amis du Cada proposant un grand choix de gâteaux aux saveurs multiples. Merci à Régis Faure et William Robin pour ce bel après-midi au cinéma.
Texte du communiqué commun: « Nous, Amis du CADA de Digoin et membres de la section de la Ligue des Droits de l’Homme de Paray-le-Monial, avons eu l’occasion de rencontrer des personnes ayant quitté leur pays sous la contrainte, ce qui nous a permis de tisser des liens de fraternité avec elles.Avec seulement 13% d’immigrés dans sa population, la France se situe au 20ème rang des pays occidentaux. Durant les 7 dernières années, l’immigration n’a augmenté la popu française que de 1%. Avec ces chiffres convergents de l’OCDE et d’Eurostat, nous sommes très loin de la submersion, d’un tsunami et d’un envahissement de notre pays.Dans de telles circonstances, quand l’immigration envahit le débat public, quand de nouvelles vagues de migrants ukrainiens arrivent dans l’Union Européenne, nous tenons à réaffirmer hautement notre attachement à la tradition d’accueil des demandeurs d’asiles et des mineurs non accompagnés étrangers en France.Comme nous l’avons constaté par expérience, notre pays s’enrichit à assurer la formation professionnelle de mineurs ou d’adultes. Au bout de quelques années, ils occupent des emplois dans les métiers en tension du bâtiment et de l’agro-alimentaire. La France a tout à gagner avec une immigration de couples et de jeunes qui fondent des foyers et boostent sa démographie et son potentiel économique. Enfin, ces étrangers qui apportent partout leur diversité culturelle tout en s’intégrant à notre pays s’inscrivent dans une identité française faite elle-même de diversité. Car c’est bien de la rencontre des imaginaires, des savoir-faire et des cultures que l’innovation économique, artistique et culturelle se développe et que la fraternité, fondement de notre devise républicaine, trouve son plus beau terrain d’expression. Accueillir les migrants, c’est faire vivre l’esprit de la République, c’est faire vivre notre identité. »
MIGRANTS | presidente 22 mars 2022 | Commentaires fermés sur « LA BRIGADE » AU MAJESTIC DE DIGOIN (20/3/2022)
Depuis 2017, la section de la Ligue des droits de l’Homme sait que le maire de Paray-le-Monial préfére les commémorations catholiques avec des associations catholiques (Les Amis des Antilles, Les Routes de l’Abolition de l’Esclavage) promotrices de messes pour des abolitionnistes en grande partie agnostiques, athées, protestants et francs-maçons en 1789. Ainsi le 10 mai 2017, Jean-Marc Nesme a-t-il déjà officié au prieuré avec Christiane Mathos, après une messe à la basilique. Mais cette année où l’on fête les 400 ans de Pierre Moreau, on atteint un sommet avec une invitation du maire devant la maison des Billet et une pose de plaque, non pas dans la rue Baudron où est né Pierre Moreau, mais à l’entrée la rue Billet, au-dessous de la plaque, associant ainsi les deux noms de manière tout à fait arbitraire, volontaire et assumée. Or ce détournement du lieu de naissance dans une rue évoquant une famille très catholique elle-aussi n’est pas anodin: en effet historiquement, Antoine Billet, provincial des jésuites lyonnais, très engagé dans le courant rigoriste (les « radicalisés » d’aujourd’hui) fut l’ organisateur et l’exécuteur, avec l’évêque d’Autun, des persécutions violentes contre la communauté protestante de Pierre Moreau, persécutions inductrices d’exclusion des personnes et d’accaparement de leurs biens. Quelle délicate attention!Les protestations de Germaine Lemétayer au Conseil Municipal du 31 mars n’ont bien évidemment obtenu aucune réponse, le maire se contentant de se targuer de connaissances historiques … (il est vrai qu’il possède le livre de référence sur « Les protestants de Paray-le-Monial… » et sait parfaitement à quoi s’en tenir sur la question).A Paray-le-Monial, le devoir de mémoire à l’égard d’un protestant et de la communauté parodienne du XVIIème siècle reste donc un sujet extrêmement sensible qui provoque encore des réactions haineuses, nous le constatons à travers cette indignité. Pour comprendre ces invraisemblances, ces commémorations symboliquement désastreuses diligentées par Philippe Pichot, Christiane Mathos et Jean-Marc Nesme, il faut mentionner une autre pierre d’achoppement: la communauté de l’Emmanuel ayant entrepris la promotion d’Anne-Marie Javouhey…comme abolitionniste de l’esclavage (en vue d’une canonisation), « Les amis des Antilles » et les « Routes des abolitions de l’Esclavage » la privilégient comme première abolitionniste de la région. Or la congrégation qu’elle a créée en 1807, les Soeurs de Saint Joseph de Cluny, s’est développée à La Réunion, au Sénégal, en Guyane et à La Martinique dans le cadre de la colonisation et avec l’argent et le travail de l’esclavage jusqu’en 1848 lorsque la 2ème république vote son abolition. Attachée à la monarchie, la religieuse elle-même n’a évidemment jamais revendiqué l’abolition de l’esclavage défendue par les Républicains. Dans ces conditions, en Saône-et-Loire, les « vrais » abolitionnistes ne servent que de faire-valoir et de caution à une opération que nous considérons comme frauduleuse. Mais nous constatons maintenant qu’avec le soutien de l’évêque d’Autun qui dira une messe pour les abolitionnistes à Digoin le 9 mai, cette catholicisation de la cause abolitionniste s’officialise, ce qui justifie rétrospectivement les protestations de la Ligue des Droits de l’Homme et pose la question des subventions publiques aux associations qui promeuvent l’emprise du religieux sur une cause publique, nationale et intrinsèquement laïque. Nul doute qu’une hiérarchie est déjà établie entre les abolitionnistes qui seront désignés catholiques et les autres, mécréants et protestants comme Pierre Moreau auxquels on réservera comme le 7mai 2021 une commémoration bâclée et infâmante.La section de la Ligue des Droits de l’Homme exprime sa colère face à de tels dévoiements: les mascarades folkoriques et commerciales de Madame Mathos et de Monsieur Pichot qui certes, créent de l’animation, certes font le buzz et leur valent d’importantes subventions publiques ne servent qu’ à instrumentaliser la grande cause qu’est l’abolition de l’esclavage à des fins de prosélytisme catholique via la « Nouvelle Evangélisation » de l’Emmanuel.Dans une ville comme Paray où l’esclavage moderne a sévi contre de jeunes mineurs africains en 2017 et 2018 sans qu’aucune mesure n’ait été prise à l’encontre du responsable, Hervé Thurin, cette cause reste fortement entachée d’indignité, du côté du Conseil Départemental (André Accary) et de la Mairie (Jean-Marc Nesme) par le profond mépris qu’ils ont alors manifesté à l’égard de ces jeunes réduits à l’état de main-d’oeuvre gratuite et de source de profit. Rappelons que c’est l’intervention conjuguée de la Ligue des Droits de l’Homme et de la Cimade qui a mis fin au scandale.La pose d’une plaque dans la rue Billet et la commémoration du 7 mai constituent de fait une violation du devoir de mémoire. Nous publierons incessamment une biographie des frères Billet, montrant aux parodiens que cette pose est une infamie semblable à ce que serait une plaque à la mémoire de Jean Moulin dans une éventuelle rue Pétain…Nous interviendrons pour que cette plaque soit déscellée le plus vite possible et placée dans la rue Baudron.La Ligue des Droits de l’Homme aura à coeur, les 18 et 19 septembre, lors de la commémoration des 400 ans de Pierre Moreau, de rétablir la dignité de la mémoire de Pierre Moreau et d’ici là, de prendre toutes les mesures possible pour « réparer » cette nouvelle atteinte à sa mémoire après 350 ans de mise au placard. Section de la Ligue des Droits de l’Homme de Paray-le-Monial
COMMEMORATIONS, EXTREME-DROITE, PIERRE MOREAU, PRESSE | presidente 12 mai 2021 | Commentaires fermés sur VIOLATION DU DEVOIR DE MEMOIRE A L’ENCONTRE DE PIERRE MOREAU: JEAN-MARC NESME ET CHRISTIANE MATHOS TORPILLENT LA COMMEMORATION (12/5/2021)
Suite à des propos publics d’une extrême violence tenus sur Facebook et ressortissant de la haine raciale, Marc Mouillaud, le maire de Bourg-le-Comte, a été sommé fin septembre par le Conseil municipal de sa commune de démissionner. N’ayant pas pris la mesure des choses, il a envoyé à ses concitoyens une lettre qui minimise les faits, les justifie en convoquant tous les préjugés et les mensonges de l’extrême-droite contre les migrants et…s’en est pris aux conseillers municipaux accusés de manquer d’empathie à son égard!! En qualité de représentant de l’Etat dans sa commune, Monsieur Mouillaud doit savoir que nul n’est sensé ignorer la loi, et qu’il risque de se trouver sous le coup de l’article 1er de la loi de 1972 qui définit la haine raciale comme visant certaines personnes ou groupes de personnes « à raison de leur origine ou leur appartenance ou non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » et qu’il encourt une peine lourde ( plus un an d’emprisonnement et/ou 45 000 euros d’amende).Ce sont les partis fascistes qui sont fondés sur la haine, l’appel à la violence voire au meurtre contre une partie de la populaion que l’on veut exclure, le tout en référence à un nationalisme exacerbé, intolérant, renforcé d’un sentiment de supériorité. On se souvient de la France de Vichy, de ses lois antisémites…et des faits qui suivirent. Or notre République défend des valeurs et des principes qui leur sont opposés. Monsieur Mouillaud est un élu de cette république qui affiche la liberté, l’égalité et la fraternité sur les frontons des mairies. Compte tenu de la gravité des propos tenus, la Ligue des Droits de l’Homme va saisir le Parquet.
Aujourd’hui, la section de la Ligue des Droits de l’Homme de Paray-le-Monial a voulu être présente pour rendre hommage à l’un des siens : Daniel Wilmotte, en fut en effet l’un des cofondateurs en juillet 2014. Malgré l’âge, la distance puis la maladie, c’est là qu’il a choisi de militer jusqu’à la fin de sa vie comme secrétaire, c’est là qu’il a choisi de se battre pour des valeurs et des principes républicains universels qu’il considérait comme essentiels : toutes les valeurs, tous les principes : avec lui la section a porté haut le combat contre l’homophobie, le sexisme, la xénophobie et en faveur d’une laïcité pourvoyeuse de vivre ensemble qui lui a valu d’être honorée en 2017 par l’Observatoire de la laïcité. Mais parmi toutes les causes défendues, c’est sans doute celle des 15 mineurs africains pris en charge qui lui tenait le plus à coeur. Fils d’émigrée italienne, il s’est engagé avec une grande générosité pour leur assurer un hébergement alors qu’ils étaient à la rue, leur procurer des papiers afin de légaliser leur présence en France et partager avec eux des moments d’échanges, des repas, des gâteaux. Aujourd’hui, après trois ans, tous sont sur la bonne voie, 14 sont en apprentissage et ils sont présents avec moi, aujourd’hui par le coeur et la pensée, Aly, Habib, Omar, Amara, Moussa et les autres pour rendre cet hommage à une personne qui a contribué rien moins qu’à changer le cours de leur vie.
Daniel, ta gaîté, ta bonne humeur, ta convivialité, ton regard optimiste sur l’être humain, ont procuré à notre section la chaleur et le réconfort indispensables à un militantisme de combat âpre et dévoreur d’énergie. Tu nous manqueras beaucoup, beaucoup…Mais nous saurons nous souvenir de toi et faire vivre l’héritage que tu nous laisses. Ton nom restera attaché à l’histoire de cette section comme celui, selon l’expression de Victor Bash, l’un des premiers présidents de la LDH, d’une « vigie de la République » attentif au respect de tous les droits et en particulier par les pouvoirs publics dont tu ne manquais pas l’occasion de rappeler la mission ; mais aussi celui d’un humaniste ancré dans ses convictions, sachant accorder la parole et les actes, un humaniste sans faille, un de ceux, rares, qui sont l’honneur de ce pays et que la Ligue des Droits de l’Homme est fière de compter dans ses rangs.
Germaine
Lemétayer
Présidente LDH Paray.
Sur la photographie: Claudette Granger, Mamma Boumya, Odette Burtin, Germaine Lemétayer, Marguerite-Marie Wilmotte, Daniel Wilmotte.
Face au Covid, les POLITIQUES se saisissent des
erreurs de jugement, des mensonges, de l’arrêt des activités économiques et
sociales, pour mettre en cause « la gestion calamiteuse du gouvernement »,
justifier leurs propres positions nationalistes et prophétiser le malheur. Selon
Christian VANNESTE (14/4) « Tous les
indicateurs de notre pays sont dans le rouge, déficits du budget, de notre
balance commerciale, dette … qu’il faudra payer alors que le chômage a moins
diminué en France que dans la plupart des pays européens, et que notre
industrie s’est effondrée ». Bruno
GOLLNISCH, pointe (18/3) non sans satisfaction et ironie, le « repli
nationaliste » (sic), de Macron qui « annonce à grands sons de
trompe que l’on ferme les frontières de l’Union européenne ou de l’espace
Schengen aux ressortissants extra-européens ». Par contre, avec le recours
au Mécanisme Européen de Stabilité, Jean-Frédéric POISSON dénonce, le 28 mars-3
avril, une « perte de souveraineté nationale » et annonce des
mesures d’austérité « qui plongeraient la France dans une
situation comparable à celle de la Grèce ». Le 26
avril, François-Xavier BELLAMY revient aux fondamentaux identitaires avec des
accents tragico-pessimistes pour mettre en cause l’héritage des Lumières à
travers une dénonciation de l’idée de progrès -« L’histoire n’est
pas le récit d’un progrès continuel »-, pointer la prétendue fragilité
de notre démocratie : « l’incroyable fragilité de l’Etat, (le)
dénuement de la puissance publique…. la vulnérabilité du monde occidental »
et conclure : « Je suis inquiet de ce que serait notre capacité de
réaction si nous étions réellement en guerre ». Dans ce registre, Bruno
RETAILLEAU est plus explicite le 9 avril dans un article au Figaro :
« Notre État est omniprésent et pourtant il est impotent. Cette crise
sonne la défaite du progressisme avec sa croyance au progrès perpétuel, à
l’émancipation individuelle, à l’abolition des frontières et des nations. Il
faudra renoncer à la croyance que l’on peut construire le bien commun par
l’addition des droits individuels et réintroduire notre nation souveraine dans
le cours de l’Histoire». Ainsi le « bien commun » évoqué ne
s’inscrit-il pas dans l’universalité des droits de l’Homme, mais se réfère-t-il
au corpus d’une philosophie d’origine thomiste : fondé contre la modernité politique à la fin
du XIXème siècle par Léon XIII, utilisé pendant la Manif Pour Tous par
l’archevêque de Paris, le « bien commun » est servi par une justice
issue de la volonté de Dieu, supérieure à celle des hommes (Céline Béraud et
Philippe Portier dans « Métamorphoses catholiques » p. 70). Ainsi s’agit -il d’une attaque ouverte contre
la république laïque et d’une référence implicite aux « racines
chrétiennes» qui font prévaloir les valeurs religieuses sur les droits de
l’Homme et dont les identitaires réclament l’inscription dans les constitutions
européenne et française.
Les thématiques sociétales abordées se focalisent sur la multiplication des sites pornographiques gratuits, le report du bac en septembre pour les élèves des écoles hors contrat et le report de l’ouverture des églises au-delà du 11 mai. La pornographie inspire Tugdual DERVILLE qui s’émeut le 17 mars : « Toute crise attire les profiteurs. En voilà qui n’hésitent pas à surfer sur l’isolement, le désœuvrement et le mal-être pour diffuser leur pourriture, accrocher de nouveaux clients et leur inoculer leur porno-virus. Profiter du Covid 19 pour mettre la drogue de l’âme en promo ! ». Le 3 avril, concernant le report du bac, Jean-Frédéric Poisson considère que c’est « un nouveau coup de rabot donné à la Liberté, l’Égalité, et la Fraternité, donné par ceux qui pourtant nous bassinent avec les « valeurs de la République ». Le 21 avril, Valérie BOYER dépose une uestion écrite au Ministre de l’Education nationale et affirme qu’il y a une « rupture d’égalité quand les élèves des établissements hc ne sont pas admis au bac sur dossier ». Enfin, le report de l’ouverture des églises suscite de très nombreuses protestations et une riposte médiatique et politique d’ampleur. Le 30 avril, Philippe GOSSELIN affirme que les chrétiens sont traités en « parias » tandis que Jean-Fréréric POISSON commente : « Les croyants ne seraient pas capables de respecter gestes sanitaires pendant les offices religieux ? Discrimination ». Le 1er mai, François-Xavier BELLAMI signe une tribune dans le Figaro avec 73 parlementaires contre ce qu’il considère contre « une atteinte sans précédent…à la liberté de culte ». Renchérissant sur cette thématique, Jean-Frédéric POISSON dépose le 5 mai un référé auprès du Conseil d’Etat au nom du Parti Chrétien-Démocrate. On constate dans ce domaine que si le moralisme et les droits de l’homme sont convoqués pour légitimer leurs exigences, les identitaires ont largement recours à la traditionnelle posture victimaire relative à une prétendue christianophobie.
Mais les sujets qui
déclenchent le plus de protestations sont ceux qui ont un lien direct ou
indirect avec le « grand remplacement » d’Eric Zemmour, à la fois
« guerre des races et guerre de religion ». Les
mesures dérogatoires prises le 15 avril pour prolonger le délai légal de l’IVG,
les recours concernant les cas des enfants nés par GPA à l’étranger, les
violences des banlieues (12-19 avril), et la libération de prisonniers donnent
lieu à des postures ouvertement racistes, islamophobes, homophobes et
antiféministes. Ainsi Jean-Frédéric POISSON déplore-t-il, le 2 mars : « Au cœur du
champ de bataille, les « pro-mort » sans scrupule continuent leur
travail de sape contre la Vie et l’enfant à naître »
tandis que Tugdual DERVILLE menace, le 2 avril : « Inciter à
« avorter confinée » et mobiliser les soignants pour ce type d’acte,
alors qu’à 9 semaines d’aménorrhée, le risque d’hémorragie à la suite d’une IVG
« médicamenteuse » est réel » . Bernard ANTONY, quant à
lui, n’hésite pas à dénoncer un génocide à la fois culturel, moral, politique
et démographique (16/4) « Se développant sur les deux axes de
l’avortement (élimination de deux cent mille enfants à naître chaque année) et
de l’immigration (plus de deux cent mille entrées chaque année), notre pays
subit le processus d’un génocide par substitution. » Entre le 12 et le
19 avril, les violences des banlieues de Bordeaux et du Havre, celles de
Mantes-la-Jolie, La Courneuve, Grigny…suscitent une volée de réactions en
relation avec le Covid, l’immigration et la libération, entre le 16 mars et le 7
mai de 5000 prisonniers en fin de peine. Le 21 avril, Valérie BOYER ose le
premier amalgame : « Émeutes dans des banlieues,
rodéos, incendies, violences contre les forces de l’ordre, hashtags
insultants… la République ne doit pas céder, l’autorité doit être retrouvée.
Qu’en sera-t-il avec des délinquants désormais libres ? ». Avec Bernard ANTONY, second
amalgame : « Le coronavirus cache de plus en plus le corano-virus
islamiste qui s’est propagé par les effets de la tsunamigration et de
l’islamigration » (16/4). Le 10 mai, Christian Vanneste accuse le
gouvernement de favoriser les étrangers ou les Français d’origine étrangère aux
dépens des Français « de race blanche, de culture grecque et latine et
de religion chrétienne. ». Le président de la république « s’est
livré à un bavardage présidentiel dont on retiendra surtout que sa
préoccupation essentielle se porte sur les « jeunes », pas tous, non,
mais ceux, binationaux… ». Il assure que le « blanc » ne
peut faire plus de cent kilomètres mais
les étrangers et les migrants ne seront pas soumis à cette règle et pourront en
faire plus « pour aller chercher leur carte afin de percevoir leur
allocation de demandeurs d’asile ».
Mais le 20 mars, Jean-Frédéric
POISSON manie le racisme et l’exclusion en associant les délinquants à
l’ensemble de la population des banlieues stigmatisée globalement tout en
évitant les marqueurs religieux explicites : «Les « territoires
perdus de la République » à l’épreuve de la responsabilité civique :
résultat 0 pointé ! L’ensauvagement est bien là », thématique reprise
et accentuée par Bruno RETAILLEAU, le 8 avril : « dans certains
territoires,… la sécession identitaire s’affirme désormais dans la sécession
sanitaire ». Enfin, le 24 avril, François-Xavier BELLAMY réfute
toute circonstance atténuante au confinement dans des appartements de
banlieues surpeuplées : « Soir après soir, des délinquants
attaquent les policiers à coup de cocktails incendiaires ; mais il faudrait les
comprendre parce que le confinement est trop dur ? Monsieur Castaner n’est pas
psychologue de comptoir, il est ministre de l’Intérieur ».
En ce qui concerne les RELIGIEUX, nous constatons que le Covid a un double impact, à la fois dévotionnel et politique. D’abord ressurgit l’idéologie du péché et de la peur avec l’évocation alarmiste de «la mise en péril de nos modèles économiques sociaux sanitaires », « l’échec de la mondialisation », « un monde apeuré, épuisé et sceptique » (D. Rey), « des heures les plus difficiles de l’ histoire de la France», les « infidélités de la France » qui a construit une société « comme si Dieu n’existait pas», avec des atteintes aux solidarités et à la dignité humaine de la naissance à la mort, au mariage, la promotion de la toute-puissance de la liberté individuelle (M Aillet, 19/4). Benoît Guédas va jusqu’à évoquer Auchwitz ( 19/4)… Le report de l’ouverture des églises après le 2 juin suscite la réaction violente de Dominique Rey qui n’a pas assez de mots, sur Facebook, le 29 avril, pour mettre en cause un traitement discriminatoire, injuste, ségrégationniste, une offense aux chrétiens, une mise en cause de la liberté religieuse garantie par la constitution « on les bride, on les bride !» et qui termine par un appel à la protestation contre le gouvernement. A noter que cette campagne n’a pas été suivie par la Conférence des évêques, ce qui a valu à son président un article furieux de Bernard ANTONY intitulé : « Le suave collaborationnisme du président des évêques de France ». Le 27 avril, Jacques BOMPART accuse le gouvernement de traiter de façon différente les cultes favorisant le culte musulman au détriment du culte catholique. Il oppose les églises de France qui « doivent être fermées », la verbalisation « des prêtres célébrant, même en privé » qui « commence à fleurir dans les périodiques locaux » et les consignes qui « circulent au sein de la police pour recommander le relâchement des contrôles pendant le ramadan et la bienveillance pour les réunions de voisins fêtant la rupture du jeûne chaque soir. ». Il met en cause le président de la Conférence des évêques lors de sa réunion avec le Président de la République : « Cette différence de traitement n’a malheureusement pas été contestée par le président de la Conférence des évêques de France lors de sa réunion avec le Président de la République. ».
Notons
les références appuyées de certains à la France pétainiste voire à la
Shoah…expression d’une communication dévoyée visant à se dédouaner des
affinités de fait qu’ils entretiennent avec le nationalisme, la puissance de
l’Etat, la promotion de la famille catholique, le racisme, voire l’exclusion
d’une partie de la population de l’Etat français pendant la seconde guerre
mondiale.
Ces
constats conduisent les identitaires à relancer la thématique de reconquête
catholique de la France par une consécration de notre pays au Sacré-Cœur :
Marc Aillet intervient à Bayonne le 19
avril, sur Facebook, dans une référence à la promotion du culte par les
jésuites en 1689 à Paray-le-Monial, mais sans préciser qu’il s’agit alors d’une
arme spirituelle de reconquête militaire de l’Europe du Nord contre les
protestants (après l’avoir été contre ceux de Paray). Derrière cette promotion, le fantasme
identitaire, par les guerres de religions, d’une France catholique, toute
catholique. Pour conclure, nous constatons sur les réseaux sociaux, une
contestation d’ampleur des identitaires catholiques. S’inscrivant dans une mise
en cause souvent violente du gouvernement, du régime démocratique, de la
diversité française, de la laïcité, de l’UE et de la mondialisation, ils se
saisissent d’une crise qui semble leur donner raison pour jouer sur les peurs,
amalgamer, victimiser, et réaffirmer un nationalisme centré sur un pouvoir
politique fort et la famille catholique aux valeurs traditionnelles. Par
contre, avec le « bien commun » lié à la justice divine, la « sécession
identitaire », « les territoires perdus de la république »
attribués aux banlieues et la consécration de la France au Sacré-Coeur, les
identitaires accentuent leur radicalisation pour s’aventurer de plus en
plus ouvertement en dehors de la République solidaire, indivisible et laïque et
pour accentuer les postures de haine et d’exclusion d’une population musulmane violemment
stigmatisée dans une terminologie inspirée du « choc des civilisations ».
Section de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme
A LA UNE, EXTREME-DROITE, IDENTITAIRES | presidente 30 mai 2020 | Commentaires fermés sur QUELS BENEFICES POLITIQUES LES IDENTITAIRES CATHOLIQUES TIRENT-ILS DE LA CRISE DU COVID ? (30/05/2020)
Le 23 mai quelques membres de la section de Paray-le-Monial de la Ligue
des Droits de l’Homme ont commémoré l’abolition de l’esclavage à
travers un hommage au Parodien Pierre MOREAU. Confinement oblige, cette
manifestation -qui n’a pas été rendue publique- s’est limitée cette
année à un rappel de sa biographie, à la lecture de deux de ses textes
contre l’esclavage et à une minute de silence. En un temps où ces
commémorations sont contestées (statues renversées de Victor
Schoelcher), nous avons la chance d’avoir, à Paray-le-Monial, un
abolitionniste exceptionnel à plusieurs titres: 1- par la double
condamnation qu’il fit de l’esclavage et de la colonisation alors que
deux siècles plus tard, nombre d’abolitionnistes les ont dissociées d’où
les contestations actuelles 2- par l’association qu’il opéra avec la
liberté de conscience, l’égalité des droits face à l’école, une
solidarité universelle 3-par la précocité de cette prise de conscience:
il est le plus ancien des abolitionnistes de Bourgogne -Franche-Comté
4-par l’ostracisme dont il fut victime pendant 3 siècles à cause de son
appartenance à la communauté protestante de Paray-le-Monial: c’est la
présidente de la section de la Ligue des Droits de l’Homme de Paray qui a
découvert Pierre Moreau et le commémore avec la section depuis 2014
dans le respect de sa mémoire et dans la dignité; ce sont les militants
de la LDH paray qui, depuis, chaque année, organisent plusieurs
manifestations en hommage à l’irénisme qui l’a inspiré et à sa
communauté qui a partagé ses idées: recueillement devant la rue où il
est né, en 1621, visite guidée de la ville protestante, conférence sur
l’un des thèmes choisi dans son oeuvre. Nous regrettons tout de même
avec incompréhension et colère que le déni dont il fut victime persiste
encore à travers le déni de l’histoire de cette communauté, objet de
conflits parfois violents, de commémorations-bidons et de tentatives de
récupération par des associations catholiques non laïques. Cette
instrumentalisation de l’abolition de l’esclavage est d’autant plus
scandaleuse que l’histoire fait progresser les connaissances et permet
maintenant de faire le tri entre les mystificateurs et les
abolitionnistes authentiques.
Ci-dessous, les deux textes lus: extraits de son livre: Histoire des derniers troubles du Brésil
La servitude
« La nourriture même leur était déniée et on ne leur départissait
seulement que quelques pièces de terre dans lesquelles, pendant le temps
limité pour leur repos (car on les relevait de douze heures en douze
heures), ils semaient des pois, des fèves et du mil pour blé de Turquie
et faisaient échange de leur grappe (boisson qu’ils font avec de l’eau
qu’ils jettent sur la gaine des cannes de sucre brisées, lorsqu’elles
sont hors du pressoir) avec de la racine et farine de Manioque qui leur
sert de pain que les esclaves du Labrador, qui se mêlent d’en faire et
vivent de cette sorte, leur fournissaient, et étant malades, ils en
avaient moins de soin que de bêtes. Que si quelqu’un tuait l’esclave qui
n’était pas le sien, il en était quitte en payant au maître ce qu’il
était estimé et n’y avait que l’action civile pour ce regard ; étant
morts, la cérémonie était de leur faire lier le corps par trois ou
quatre endroits à une perche et deux de leurs camarades les troussaient
sur leurs épaules et les allaient jeter dans la ou en quelque rivière.
Il leur était impossible de se dégager d’une si détestable servitude, vu
que s’ils pensaient s’échapper, au lieu de trouver du refuge, reconnus à
la marque de leurs maître qu’ils leurs imprimaient en divers endroits
de leurs corps avec un fer chaud, ils y étaient ramenés et traités comme
il a été dit…. Il est vrai que les Hollandais n’exerçaient pas cette
sorte de barbarie… » p. 41
la violence contre les esclaves:
« J’appréhende quasi d’exprimer la façon inhumaine et pitoyable dont on
use envers ces malheureux captifs puisqu’elle va au-delà de la
compassion et excite le frémissement. Ils étaient tellement géhennés au
travail assidu qu’on leur marquait, qu’encore qu’il excédait leurs
forces, si quelqu’un manquait à point nommé à faire ce qui était
prescript, on le liait et garrottait en présence de tous les autres
esclaves qu’on faisait assembler : le facteur commandait au plus fort et
vigoureux d’entre eux de le frapper et donner deux à trois cents coups
de corde sans discontinuer, depuis la plante des pieds jusques sur la
tête, de sorte que le sang ruisselait de toute part et que la peau toute
déchirée de coups était frottée de vinaigre et de sel sans qu’ils
osassent crier ni se plaindre, à peine d’en recevoir le double ;
quelquefois selon la grandeur de la faute, ce châtiment ou plutôt
bourrellement était redoublé par deux ou trois jours consécutifs ; de là
on les serrait en un lieu obscur enchaînés et le lendemain plus souples
qu’un gant on les remettait à la besogne ou plutôt que de manquer, ils
se tuaient de peine, tous nus comme le bêtes ; leurs corps fondant en
sueur enduraient patiemment l’ardeur des fourneaux qui purifiaient le
sucre sans oser se retirer ni cesser de remuer avec des pelles et grands
bâtons le sirop; de sorte que pour divertir les flammes et les
étincelles de feu qui s’attachaient à leur peau et la grillaient, ils
n’avaient autre liberté que celle de se trémousser » p.
40-41COMMEMORATION
Identifié en France le 24 janvier, le COVID 19 a donné lieu à une première série de mesures nationales le 29 février (interdiction des manifestations de plus de 5000 personnes) prises avant que le décret du 14 mars n’impose le confinement et que le Parlement ne décrète le 23 mars, l’état d’urgence sanitaire. Dès lors le combat contre la pandémie est engagé par les services publics, l’Etat, les Conseils régionaux et départementaux, les mairies. Avec plus de 20000 morts le 21 avril dont les trois-quarts sont âgés de plus de 75 ans, l’endémie mobilise plus particulièrement les hôpitaux et les Ehpad. Mais dans les communes, l’application du confinement place au premier plan le rôle des élus et en particulier celui des maires. Parmi les pouvoirs de police et de sécurité civile, leur revient en effet statutairement celui de la santé publique. En milieu rural, lorsque l’habitat est dispersé, le confinement a bouleversé les habitudes, isolé davantage les populations, rendu le ravitaillement plus compliqué. La question de l’aide aux personnes âgées et aux familles avec enfants déscolarisés y est donc plus cruciale qu’ailleurs. Ainsi se pose la question des mesures prises à leur égard pour les informer et les aider, dans une démarche solidaire, à respecter les “gestes barrière” et l’isolement.
Pour répondre à cette question, la section de Paray de la Ligue des Droits de l’Homme a mené une enquête dans le cadre de 27 communes de la Communauté de Communes Grand Charolais, celles dotées de sites internet tenus à jour ou contactées par téléphone.
Pour faire le bilan de la solidarité effective, nous avons retenu quatre critères évalués au début de la pandémie sur une durée d’un mois, entre le 5 mars et le 5 avril: la réactivité des maires à l’endémie; le type de communication privilégiée avec la population; l’efficacité des mesures prises en faveur des personnes âgées et des familles; l’innovation dans le discours et les pratiques.
– EN CE QUI CONCERNE LA REACTIVITE DES MAIRES, la grande majorité (22/27) a attendu la publication du décret du 14 mars pour afficher les premières informations entre le 16 et le 21 mars: fermeture de la mairie, des services municipaux et publics; communication du numéro de téléphone de la mairie avec horaires; publication de la dérogation pour les déplacements; mesures d’aide aux personnes âgées, aux familles (gardes d’enfants) et aux entreprises. Par contre, une minorité (5) a anticipé les mesures gouvernementales: Saint-Bonnet-de-Joux le 29 février et Lugny-les-Charolles le 7 mars avec des informations complètes sur le coronavirus; Molinet le 12 mars avec les gestes barrière, le Covid et la fermeture de l’école; Digoin, le 13 mars, avec l’annonce de la fermeture des services municipaux et un protocole d’aide aux personnes âgées; Saint Yan le 13 mars avec l’annonce de la fermeture des services municipaux (site modifié par la suite). Seule Paray intervient de manière décalée : si le panneau municipal du centre-ville diffuse bien dès le 17 mars une incitation au confinement relayée dans le même temps par le JSL, il faut attendre le 30 mars, pour voir afficher, sur le site internet de la mairie, l’opération “Sérénité Seniors”.
-QUANT A LA COMMUNICATION AVEC LEURS CONCITOYENS, nous constatons d’importants efforts pour atteindre tous les citoyens: si le site internet officiel de la mairie est privilégié par 14 d’entre eux, Facebook est utilisé par les maires de Digoin, Changy, La Motte Saint Jean, Le Rousset-Marizy et Saint-Bonnet-de-Joux, l’affichage sur écran au centre-ville et le JSL par Paray et treize videos d’informations municipales à Digoin. Le choix de Facebook accélère, partage et permet de mesurer la diffusion de l’information : A Digoin, par exemple, 82 partages sont constatés le 13 mars, 100, le 19 mars; à Saint-Bonnet de Joux, 10 partages le 17 mars; à Changy, 104 vues et 16 partages le 17 mars… Mais compte tenu du caractère encore sélectif de l’informatique, certains maires mettent en oeuvre d’autres moyens pour atteindre toute la population: envoi de lettres à Palinges (2 ) et Lugny-les-Charolles, publication et distribution du bulletin communal, Reflets de Digoin, le 27 mars, appels téléphoniques à toutes les personnes âgées à Beaubery, Colombier-en-Brionnais, Changy (2/ semaine), Suin, Le Rousset-Marizy, Poisson, Digoin (1500 personnes) nécessitant parfois le recours à des bénévoles pour organiser les appels. Les mairies des 9 communes contactées par téléphone nous ont communiqué le nombre de 307 personnes contactées.
-SI L’ON CONSIDERE L’EFFICACITE DES MESURES PRISES, on constate que la prise en charge des séniors s’impose presque partout comme une priorité et une urgence. Spécifiée dans le décret du 14 mars, elle donne lieu à une communication de la règlementation du confinement, des gestes barrière et de l’aide aux courses ainsi qu’à une transmission de l’autorisation de déplacement, la communication du numéro de téléphone du maire et celle du médecin de garde. Le nombre de personnes est défini par connaissances et téléphone prenant en compte les besoins de tous les seniors. Le maire de Palinges leur envoie une lettre présentant les gestes de barrière sous forme de croquis. A Digoin, le 13 mars est annoncé un protocole d’aide à l’approvisionnement. A cet égard, compte tenu de la raréfaction des commerces ruraux, nous constatons la variété des solutions trouvées ainsi que l’implication particulièrement zélée de plusieurs élus comme le montrent le message du 20 mars du maire de Saint-Bonnet -de Joux et le bilan effectué le 29 mars, par celui de Lugny-les-Charolles :
« Pour répondre à l’urgence de la situation liée au COVID-19 la municipalité de Saint Bonnet de Joux propose aux personnes âgées, isolées (non suivies par l’amdr et l ‘assad) la possibilité de se faire livrer leurs courses alimentaires à domicile. Les commerçants locaux participants sont la Boulangerie Rollet et Super U. Ce service municipal vous propose de passer commande en appelant la mairie au 0385247387 aux heures d’ouverture, de 9h à 12h et de14h à 17h, les lundi mercredi et vendredi. La livraison à domicile se fera les mardi jeudi et samedi de chaque semaine tant que le confinement sera effectif. Nous avons déjà répertorié certaines personnes sur la commune mais si vous n’avez pas été contacté n’hésitez pas appeler la mairie ou en MP. La livraison sera assurée par des élus et des bénévoles de Saint Bonnet comme Manon Burlet. »
“Après avoir vérifié que certaines parmi elles sont suivies soit par leur famille soit par leur voisinage, pour les autres un suivi particulier est en place soit par un membre de la municipalité, Conseil Municipal, ou commission d’action sociale. Elles peuvent être aidées via le dépôt de pain 3 fois par semaine, la mise en place du portage de repas intercommunal, l’impression des attestations dérogatoires de déplacement, et par des visites de courtoisie et/ou l’envoi de message SMS ou tout autre besoin….Pour information, après 12 jours de confinement, entre 8 et 10 personnes sont assistées au quotidien via la Municipalité et autant sont assistées par la famille ou le voisinage soit au total entre 15 et 20 personnes isolées soit pour une population de 350 habitants, entre 5 et 6% de personnes suivies. »
Mais Facebook incitant à la solidarité, les particuliers s’en mêlent, et le 17 mars, l’un d’eux, à Changy publie la proposition suivante partagée 16 fois :
« Si des personnes de Changy non véhiculées sont confinées chez elles et qu’elles présentent des besoins de ravitaillement de produits de premières nécessités et ou médicaments …Je me rends à Charolles pour raisons professionnelles tous les jours, je me propose de vous les livrer devant votre porte avec grand plaisir ! Jérôme DURET 0658432675 »
Autre solution proposée, les livraisons à domicile de producteurs locaux: à Poisson, le maire communique les coordonnées d’un boulanger, d’un maraîcher, d’un producteur de volailles et d’une poissonnerie pour prendre commande et livrer ; à Vendenesse-les-Charolles, c’est l’association le Pré d’Union Charolais formée de 7 éleveurs désirant constituer un circuit court de produits de qualité, qui propose la vente de viande, fromages, légumes, pain et journaux dans son magasin ainsi que des livraisons à domicile 6 jours sur 7. Enfin, à Saint-Bonnet-de-Joux, la mairie annonce les producteurs locaux présents au marché et fait la promotion du circuit court:
“En soutien à nos producteurs, transformateurs et commerçants locaux la municipalité a choisi de communiquer pour que notre économie locale puisse surmonter cette période de crise. Vous pouvez passer commande auprès d’eux et récupérer vos commandes sur le marché ou être livrés à domicile (selon les commerçants). J’espère que l’élan de solidarité né de cette crise ne sera pas un feu de paille et que les consommateurs maintiendront leur soutien aux commerçants de proximité. »
Globalement, toutes les personnes âgées nécessitant d’être aidées dans le Grand charolais sont donc repérées, suivies et aidées à leur convenance. A Paray, en l’absence de recensement des besoins des seniors de plus de 70 ans, et le caractère tardif de l’intervention de l’ASSAD, le 30 mars sur le site de la mairie et le 3 avril sur le JSL, seulement une cinquantaine de personnes seraient aidées, c’est-à-dire une très petite minorité par rapport aux 1500 personnes âgées de plus de 75 ans (au recensement de 2016). Cette absence de considération des mesures prévues par le décret du 14 mars pose la question de l’indifférence du maire de Paray pour informer et aider des seniors qui pourtant lui procurent des revenus fiscaux conséquents. En tout état de cause, pour eux, la solution, c’est la débrouille : paiement au prix fort d’associations pour faire leurs courses, recours forcé aux voisins ou à la famille, prises de risques dans les grandes surfaces : subissant la file d’attente, la limite de l’entrée à une seule personne et des caddies non nettoyés, elles se contraignent à prendre des sacs et à entrer seules après avoir fait la queue. Dès lors beaucoup de Parodiens assistent à des scènes pitoyables de très vieilles personnes à la démarche et aux gestes peu sûrs alors que les règles de confinement limitent les réflexes d’aide des caissiers et des clients. Il en résulte que cette situation a suscité des initiatives individuelles telle celle de Clémence Dumas affichée sur le JSL le 4 avril. Mais de tels faits signent plutôt, à Paray, l’incurie de l’Etat à travers le refus du maire d’organiser un recensement sérieux des seniors comme le lui ont demandé par lettre, les quatre nouveaux conseillers municipaux de l’opposition.
EN CE QUI CONCERNE LES FAMILLES, plusieurs maires (Vitry, Saint Yan, Palinges, Champlecy) proposent une aide pour les démarches administratives en ligne et la mise en place du télétravail pour le personnel municipal (Saint-Bonnet-de-Joux). La gestion des ordures ménagères par le grand Charolais et le maintien ou pas des marchés ont donné lieu à des communications fréquentes. Charolles, Digoin, Saint Bonnet de Joux et Palinges ont obtenu des dérogations pour rétablir le leur tandis que Paray tergiverse, fermant le marché le 17 mars (JSL), le rouvrant le 20 (JSL) pour le fermer à nouveau ensuite.
Sur le plan de la santé, les gestes barrières et les règles du confinement ont été bien diffusés dès le début de la crise. Digoin a fourni de nombreuses informations sur ce sujet: Ouverture de la nouvelle Maison des Solidarités où les médecins reçoivent les malades du Covid (23 mars); mise en place d’une téléconsultation (24 mars) ; fabrication de masques par l’entreprise Le Laboureur (23 mars). Enfin le 31 mars, le maire annonce les mesures de protection prises par le centre Leclerc afin de sécuriser les clients. A Changy, la mairie diffuse aux particuliers par internet les informations concernant le Covid (5 avril) :
“Depuis quelques jours, les informations liées notamment à l’épidémie COVID-19, sont transmises directement sur les boites mails des habitants de CHANGY, qui ont transmis leurs coordonnées. Si vous ne recevez rien, envoyez un mail à: commune-de-changy@orange.fr vous serez ajoutés à la liste de diffusion. Bon dimanche, bon courage, et surtout prenez soin de vous ».
Un appel à la collecte des masques est lancé par la députée sur le site de Saint-Bonnet de- Joux le 20 mars tandis que le maire propose un numéro de téléphone pour le soutien psychologique dès le 24 mars :
« En cette période extrêmement difficile nous avons aussi mis en place un soutien psychologique par téléphone. La procédure est toujours la même : appel à la mairie au 03 85 24 73 87, vous laissez vos noms et numéros de téléphone et une psychologue vous rappellera rapidement. N’hésitez pas à porter à notre connaissance des personnes que vous jugez fragiles qui ont de mal à supporter le confinement. Courage à tous » ;
A Paray, le 23 mars, l’Espace socio-culturel informe les adultes de l’existence d’une cellule de soutien psychologique de Sevrey et à Digoin, le 30 mars, le maire communique un numéro de téléphone dans le même sens.
LA GARDE DES ENFANTS des soignants est organisée par Le Grand Charolais à l’école de Bellevue où sont regroupés ceux de Charolles et de Paray. Une crèche reste ouverte à Colombier-en-Brionnais. Les programmes scolaires de France 4 sont affichés à Saint-Bonnet-de-Joux (19 mars). Une trentaine de jeux de société sont proposés par la bibliothèque de la même commune le 21 mars :
« Que ce confinement soit pour vous l’occasion de vous retrouver en famille autour d’un bon jeu de société. A plus tard… Courage et surtout « RESTEZ CHEZ VOUS »
Des animations sont organisées à Paray où l’Espace Socio-culturel propose tous les jours en ligne à partir du 23 mars des activités diverses : recettes, jeux, fabrication d’objets, films. A Digoin, les enfants sont incités par le maire à faire des dessins aux soignants, tandis que l’Espace Jeunesse de Digoin lance le 27 mars dix défis en quinze jours avec jonglage, dessin, danse, mime, déguisement, videos explicatives à l’appui.
LES PRATIQUES INNOVANTES : La gravité de la situation sanitaire de la France et l’incertitude sur ses conséquences locales ont créé un stress, parfois une anxiété dont certains élus sont conscients et auxquelles ils ont répondu non seulement par une information sérieuse et la mise en oeuvre rapide d’une aide effective mais aussi par des prises de paroles d’un nouveau type qui se caractérisent par:
-L’abandon du langage administratif neutre et informatif pour prendre le ton à la fois protecteur et incitatif du “bon père de famille” tel le maire de Changy le 17 mars:
« En cette période de confinement obligatoire, restez à votre domicile, pas de visite de voisinage ni de famille, uniquement des contacts téléphoniques ou par mail. Prenez des nouvelles régulièrement de vos voisins ou voisines, seuls ou âgés, par téléphone ou par mail. Ne sortez de chez vous que s’il y a une réelle nécessité. Soyez prudent, il en va de la santé de toutes et tous. Courage à toutes et à tous dans cette période inédite qui s’annonce. ».
-La répétition de paroles d’encouragement pour suivre les mesures de confinement comme à Changy et Saint-Bonnet-de-Joux.
-Des paroles de remerciement à l’égard des soignants comme à Digoin et à Vitry-en-Charolais :
« La municipalité remercie très chaleureusement le personnel soignant, (hôpitaux EHPAD) qui sauvent des vies et tous les personnels mobilisés qui prennent soin de nous, de nos malades, de nos personnes agées et qui nous permettent de continuer à vivre dans cette période difficile. »
-Le renforcement du lien social par la disponibilité du maire qui communique son numéro de téléphone personnel, est présent sur le site de la mairie, prend des décisions rapidement.
Nous avons montré que presque tous les maires du Grand Charolais pris en considération dans cette enquête ont manifesté cette empathie à l’égard, en particulier, des personnes âgées qu’ils ont informées et aidées avec la préoccupation de ne laisser personne au bord de la route. A cet égard, le cas du maire de Digoin qui préside le Grand Charolais est exemplaire: à travers treize videos, il diffuse des informations précises sur l’évolution de la contagion, les services médicaux, municipaux et publics disponibles, l’adaptation des commerces à la pandémie, il rappelle les consignes à suivre, remercie les fonctionnaires, les personnels du Grand Charolais, les caissières… il prend des initiatives pour réunir le personnel médical, ouvrir la Maison des Solidarités, demander la réouverture du bureau de Poste, il organise le recensement des personnes âgées, achète des masques à une entreprise locale, prend en compte les difficultés du confinement pour les familles pour leur ccnseiller de renforcer leurs relations, se faire aider psychologiquement en cas de besoin. Bref, il coche toutes les cases …pour établir un lien social très actif fondé sur la proximité, la grande variété du champ d’informations investi, et une empathie non dissimulée.
POUR CONCLURE, tout en reconnaissant ses limites, nous voulons exprimer la satisfaction qu’a ressentie la Section de Paray de la Ligue des Droits de l’Homme en réalisant cette enquête. Elle est en mesure d’attester l’engagement sérieux et parfois exceptionnel des maires du Grand Charolais pour mettre en place l’état d’urgence sanitaire à travers le renforcement du lien social. Ainsi cette situation dramatique a-t-elle permis de faire émerger ou de renforcer la fraternité qui est au coeur de notre pacte républicain. Nous les félicitons d’avoir investi leur fonction et d’avoir parfois dépassé ses limites au service de tous, et, à notre tour, nous voulons les remercier et leur souhaiter bon courage pour la suite.
Section de la Ligue des Droits de l’Homme de Paray-le-Monial
MERCI AUX PERSONNELS DE L’HOPITAL, DES EHPAD ET SERVICES INFIRMIERS DE PARAY-LE-MONIAL, TOUS AU FRONT DU COMBAT!
MERCI AUX CAISSIERES, POSTIERS, EBOUEURS, MANUTENTIONNAIRES, AIDES A DOMICILE, BOULANGERS… QUI CONTINUENT A TRAVAILLER EN PRENANT DES RISQUES!
Les élus municipaux de l’opposition
Avenir Citoyen
CGT Multipro
PCF Charolais-Brionnais
LDH Paray le Monial
Nous vous invitons à adresser directement des mots d’encouragement, dessins d’enfants …aux personnels de l’hôpital de Paray à l’adresse suivante: secretariat.direction@ch-paray.fr
Hier soir, retransmission sur FRANCE 3 du documentaire « Apparaître à Paray » de Jean-Louis André. Se terminant sur le mot « mythe » associé au Sacré-Coeur, le film témoigne de l’impact de mon doctorat d’Histoire: « Les protestants de Paray-le-Monial de la cohabitation à la diaspora (1598-1750) ». Le recadrage du contexte historique d’une cité bi-confessionnelle vouée à l’irénisme et aux paix de religion mais attaquée, à la fin du XVIIème siècle, par des jésuites rigoristes promoteurs d’une politique de reconquête catholique de l’Europe reste ainsi fidèle à l’histoire de la ville… En ce sens, le documentaire marque un progrès par rapport au récit fictif et aux thèses révisionnistes de l’Histoire véhiculés depuis 3 siècles par des générations de jésuites.
Autre point positif, les déclarations du maire de Paray-le-Monial, Jean-Marc Nesmes, promoteur d’une république catholique telle que l’envisagent les identitaires catholiques d’extrême-droite, en substance, selon lui, aucune civilisation ne peut exister sans une prévalence religieuse avec à la clé, le refus du droit à l’adoption pour les couples homosexuels et des attaques tonitruantes contre la Ligue des Droits de l’Homme qui a porté en justice l’affaire de la crèche de la mairie. Positives aussi les déclarations de Frigide Barjot, témoin de première main, qui atteste l’enracinement de la Manif Pour Tous à Paray, dans la communauté de l’Emmanuel (le film montre aussi son emprise économique à travers une entreprise catholique). Positifs enfin le décryptage des glissements sémantiques (« Défense de la bioéthique » à la place de « Lutte contre l’avortement ») et la récupération de l’écologie pour défendre une contraception « naturelle ». Ainsi apparaît avec clarté et justesse le contexte politique actuel à Paray-le-Monial.
Par contre, sur le plan de l’histoire religieuse, l’auteur du documentaire n’a pas osé affronter le récit fictif la fabrication d’une sainte. Seul le mot « mythe » ouvre une timide fenêtre et tend la main aux Parodiens qui eux seuls ont le pouvoir de se réapproprier une histoire et une identité beaucoup plus valorisantes que le mythe d »un « sacré-coeur » prétendu aimant et dévolu aux guerres de religion. Molière a montré, dans son « Tartuffe », la puissance de l’imposture et du mensonge lorsqu’ils sont fondés sur des passions, en l’occurrence, à Paray, celle du pouvoir politique. Il nous faudra beaucoup de courage pour les affronter, rejeter l’obscurantisme et le fondamentalisme religieux qui prévalent dans l’image de la ville et réinvestir un humanisme convivial, rassembleur et tolérant à l’égard de toutes les différences.
Pour en savoir plus sur les cathos de Paray, lire « Catholicisme et identité, Regards croisés sur le catholicisme français contemporain (1980-2017) », sous la direction de Bruno Dumons et Frédéric Gugelot, Paris, 2017. Germaine Lemétayer (interrogée dans le documentaire en qualité de présidente de la section LDH Paray)
Apparaître à Paray : un documentaire consacré aux fêtes du Sacré-Cœur
A l’occasion des fêtes du Sacré-Cœur qui se déroulent au mois de juin, plusieurs milliers de pèlerins convergent à Paray-le-Monial. La plupart d’entre eux vient juste chercher une forme d’apaisement et de communion dans cette ville où Jésus serait apparu au XVII siècle.
Par Nathalie Guigon Publié le 23/05/2018 à 18:34 Mis à jour le 06/04/2020 à 10:40
En plongeant dans la foule des fidèles, on ne tarde pas à s’apercevoir que ce grand rassemblement, prolongé en été par les « sessions » organisées par la Communauté de l’Emmanuel, est porteur d’un sens non seulement religieux mais politique.
Cette dimension identitaire est ambiguë, complexe, multiple, voire contradictoire, mais inséparable de l’histoire même du Sacré-Cœur.
Dans les pas d’un pèlerin modéré, au-delà du phénomène Paray, nous apprenons, durant trois jours pas comme les autres, à connaitre les ressorts d’une« catho-pride » qui sous-tend désormais notre paysage social et culturel.
Extrait documentaire Apparaître à Paray
Apparaître à Paray
Un film de Jean-Louis André
Une coproduction France 3 Bourgogne Franche-Comté et Armoni prod
Rediffusé lundi 6 avril 2020 à 22h45
sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté