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COMMUNIQUE A DESTINATION DU PREFET DE SAONE ET LOIRE ! (23/1/2019)

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Au nom des associations, collectifs ou personnes suivantes :
 ABAR (association bressane d’aide aux réfugiés)
 ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) Chalon sur Saône.
 ADRS = association pour le développement de la recherche en symbiogénie
 Amnesty International groupe du Creusot.
 Asti de Chalon sur Saône.
 ATD-Quart-Monde Chalon et Grand Chalon Asti
 « Accueil et Insertion » de la paroisse St Philibert en Tournugeois
 CCFD-Terre Solidaire équipe de Chalon sur Saône
 CCADH Collectif Creusot Autun des Droits de l’Homme
 Cent pour un toit. Macon.
 CIMADE 71
 Collectif Chalon solidarité migrants
 Collectif JEM (Jeunes étrangers Mineurs). Mâcon.
 Collectif Monnier de Mâcon
 Femmes Solidaires comité Le Creusot
 Jackie Plesse, responsable diocésain du service catholique de la pastorale des migrants.
 Les amis du CADA – Digoin.
 Section de la Ligue des Droits de l’Homme de l’Autunois Morvan
 Section de la LDH de Chalon
 Section de la LDH du Creusot
 Section de la LDH du bassin minier
 Section de la LDH de Mâcon
 Section de la LDH de Paray le Monial
 SolidR’coop du Creusot
 Solidarité Saint Joseph Le Creusot
 RESF BASSIN MINIER
 RESF Mâcon-Cluny
1 être humain = 1 être humain.
Nous, associations, qui accompagnons chaque jour des personnes migrantes dans le département de Saône et Loire, nous constatons chaque jour que le Préfet et les services qui sont sous sa responsabilité, notamment la DDCS (Direction Départementale de la Cohésion Sociale) laissent à la rue et refusent de mettre à l’abri des personnes migrantes ainsi que des personnes françaises !
Nous sommes choqués, qu’en ce temps où le froid nous saisit quand nous sortons dans la rue pour aller faire nos courses ou aller au travail, le Préfet puisse laisser dormir dehors des personnes : des enfants et leurs parents, des célibataires, des jeunes mineurs étrangers, des personnes françaises en difficultés sociales.
Or pour nous, 1 être humain = 1 être humain.
Il n’y a pas de différence entre nous. Quand nous écoutons ceux qui ont vécu ou qui vivent encore à la rue, le FROID est plus dur à supporter que la FAIM. Ne pas manger est déjà une atteinte à la vie de la personne, mais le froid vient vous envelopper et vous affaiblir profondément.
Aussi, nous demandons au Préfet de Saône et Loire de mettre à l’abri :
 Toute personne arrivant dans notre pays et étant en situation de précarité.
 Tous les jeunes mineurs étrangers (MNA) en lien avec le Conseil départemental (qui a la charge de la mise à l’abri de ces jeunes.)
 Les personnes vulnérables françaises, européennes ou étrangères qui demandent un hébergement.
 Le renoncement à toute mise à la rue des personnes déboutées de leur demande d’asile durant tout cet hiver 2018-19.
Nous appelons le Préfet à entendre cet appel et à comprendre qu’un être humain vaut un autre être humain. Un préfet n’est pas différent d’un migrant face au froid et à la rue. Et il n’est pas plus supportable de voir une personne française qu’une personne étrangère laissée à la rue.
Nous demandons au Préfet de débloquer les moyens nécessaires pour que toute personne puisse être mise à l’abri et accompagnée socialement. Nous demandons que cette mise à l’abri ne soit pas liée aux seules températures. N’oublions pas le coût lié aux problèmes de santé des personnes qui vivent à la rue. Elles doivent se retrouver régulièrement aux urgences des hôpitaux !
Ce n’est pas aux citoyen-ne-s d’assumer la défaillance de l’Etat.
Nous pensons que notre Préfet pourrait être fier, au nom de la France, de ne laisser aucune personne à la rue cet hiver déjà bien commencé.
1 En 2015, la loi asile votée par le Parlement autorise le préfet à mettre à la rue toute personne déboutée de sa demande d’asile, quels que soient leur âge (enfant ou adulte), leur situation de santé, les violences qu’ils risquent de vivre dans leur pays d’origine.
2 A – 4 degrés obligation de mettre toutes personnes qui le demandent à l’abri, mais à 0 degré possibilité de mettre
dehors.
3. 191 morts durant l’hiver 2017 (janvier, février, novembre, décembre) source « infographie, morts à cause de la rue », des chiffres sous-estimés.

FACE AUX ATTAQUES, RENFORCONS A LA SOLIDARITE A L’EGARD DES MNA DE SAONE-ET-LOIRE ! (13/10/2018)

 

 

Après un an de prise en charge d’une douzaine de Mineurs Non Accompagnés (MNA), LA SECTION DE LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME DE PARAY-LE-MONIAL DENONCE LE ZELE ANTI MIGRANTS DU CONSEIL DEPARTEMENTAL DE SAONE-ET-LOIRE ET DE L’ASE :

 

1-LA POLITIQUE DE LA PORTE FERMEE : Depuis le début de l’été, l’ASE n’accueille qu’irrégulièrement les mineurs étrangers et les laisse à la rue contrairement aux obligations que lui impose l’article L223-2 du Code de l’Action Sociale et des Familles.

 

2- DES INTERROGATOIRES, GARDES A VUE ET PROCEDURES JURIDIQUES CONTRE LES MINEURS AFRICAINS, LA JUGE DES ENFANTS ET LA SECTION LDH DE PARAY : Le 31 juillet et le 8 septembre, DEUX APPELS ont été interjetés par le président du CD à l’encontre des mesures éducatives prises par la juge des enfants en faveur de deux mineurs. A noter que les deux jeunes, reconnus mineurs dans un premier temps en Saône-et-Loire avaient été déplacés dans le département de la Marne où une seconde évaluation les a reconnus majeurs…d’où leur recours auprès de la juge des enfants.

 

– Le 31 juillet et le 13 septembre, TROIS MNA MALIENS ONT ETE GARDES A VUE pour des anomalies  découvertes sur leur carte d’identité nationale mais qui ne concernaient pas leurs données d’état civil. A noter en effet que ces cartes fournissent les mêmes informations que leurs actes de naissance et cartes d’identité consulaires non mis en cause par la police voire confirmés ultérieurement par le Consulat du Mali (acte de naissance légalisé). Les conditions des gardes à vue telles que les mineurs nous les ont décrites insistent sur des pratiques d’intimidation (réveil brutal à 6 heures du matin, garde à vue prolongée jusqu’à 8 heures du soir pour le premier ; privation de nourriture pour le second), de déstabilisation (répétition incessantes des mêmes questions) et de stigmatisation (accusations de mensonges, de trafic de faux-papiers, mépris affiché). Nous avons constaté nous-mêmes ultérieurement leur désarroi profond accompagné de perte de sommeil et d’appétit et finalement, leur départ, une semaine après, alors que la minorité de l’un d’eux avait été confirmée.

 

-Le 13 septembre, Germaine LEMETAYER, PRESIDENTE DE LA SECTION LDH DE PARAY-LE-MONIAL A ETE INTERROGEE PAR LA POLICE DES FRONTIERES DE CHENOVE sur des soupçons de « aide à l’entrée, à la circulation et au séjour irrégulier d’un étranger en France, de complicité de faux et usage de faux document administratif, de complicité d’obtention indue de document administratif et de complicité d’escroquerie au préjudice d’un organisme de prestation sociale ». Les questions ont porté sur les conditions d’aide à deux des trois mineurs maliens en vue de se procurer leurs papiers d’identité. Nous avons expliqué que la Ligue des Droits de l’Homme accompagne et aide les MNA dans leurs démarches administratives en conformité avec la loi Asile et Immigration mais qu’il n’est pas dans ses fonctions de faire des expertises.

L’interrogatoire a mis en relief des présupposés décrivant ces jeunes comme des trafiquants de faux-papiers riches et menant grand train, excellents acteurs qui nous font la comédie et nous mentent…Nous avons fait  remarquer que l’un d’eux a été habillé en janvier au vestiaire du Secours Populaire et qu’il avait travaillé un mois chez Emmaus. Ajoutons qu’ils ont contribué à repeindre pendant des mois les deux FJT de Chalon et de Paray pour 10 euros par semaine, qu’ils ont été nourris par l’ASE avec des aliments périmés et que la section -qui n’a pas de subventions- les a ultérieurement logés, nourris, soignés et habillés et qu’elle continue à la faire pour pallier à l’incurie de l’ASE. Aucune suite judiciaire n’a été donnée à ce jour  à cet interrogatoire.

 

LA SECTION DE PARAY-LE-MONIAL EXPRIME SA COLERE CONTRE LES MESURES D’INTIMIDATION VIOLENTES EXERCEES PONCTUELLEMENT CONTRE DES MINEURS AFRICAINS ET ELLE PROTESTE VIGOUREUSEMENT CONTRE LE CIBLAGE DE SA PRESIDENTE SOUPCONNEE  DE DELINQUANCE SOLIDAIRE. Elle déplore de ce fait la mise en cause du principe constitutionnel de fraternité elle-même inscrite dans la longue tradition de solidarité de la Ligue des Droits de l’Homme en faveur des migrants. Elle rappelle que sa primauté a été reconnue le 6 juillet par le Conseil Constitutionnel qui a abrogé le délit de solidarité : « Il découle du principe de fraternité la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national ». A cet égard, le soutien appuyé procuré à la section de Paray par le président de la LDH, Malik Salemkour lors du dernier Comité Central, encourage ses militants à poursuite leur solidarité. Compte tenu de besoins croissants, ils renforceront même leur aide aux MNA en s’alliant avec d’autres associations du département. Ils le feront parce qu’ils considèrent les mineurs africains particulièrement vulnérables du fait d’une histoire personnelle marquée par l’exclusion familiale et de ce fait, proies faciles d’une extrême-droite haineuse contre des étrangers à la fois jeunes, noirs et musulmans. Depuis 2014, la section de Paray a dénoncé, entre autres, la xénophobie et le caractère antimusulman des identitaires catholiques de Paray-le-Monial (Manif Pour Tous). A travers l’adjoint au maire de Paray devenu président du Conseil départemental, une politique d’exclusion sournoise sous couvert d’arme juridique ciblée contre des mineurs, une juge et la LDH est promue aujourd’hui par les instances dirigeantes du département. Mais les militants poursuivront aussi leur solidarité parce qu’ils ont appris à apprécier ces jeunes à travers un accueil et une expérience humaine qui constituent, depuis quatre ans, le meilleur de son engagement, expérience qu’elle partage avec les éducateurs, familles d’accueil bénévoles, maîtres d’apprentissage, entraîneurs sportifs et associations qui les connaissent.

 

Nous invitons donc les citoyens à s’engager avec nous dans l’accueil fraternel  et la défense des droits des mineurs non accompagnés.

 

Section de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme

0385534205.

 

 

CERCLE DE SILENCE EN SOLIDARITE AVEC MES MINEURS ISOLES (10 février 2018)

Cercle de silence en solidarité avec les mineurs étrangers isolés(10 février 2018)

Cercle de silence en solidarité avec les mineurs étrangers isolés(10 février 2018)

La Section de Paray de la Ligue des Droits de l’Homme remercie les participants au cercle organisé ce samedi devant l’hôtel de ville pour soutenir la cause des migrants mineurs. « Nous faisons ce cercle en solidarité avec les 50000 mineurs non accompagnés présents en France et en particulier avec la dizaine que nous avons rencontrés à Paray-le-Monial et qui nous ont fait prendre conscience du fait que certains droits fondamentaux n’étaient pas respectés partout sur le territoire de la République : droit d’être nourris, vêtus et soignés convenablement. Or la loi de 2007 concernant les mineurs leur donne les mêmes droits à la protection qu’aux mineurs français. Nous sommes réunis aujourd’hui pour exiger que ces droits soient respectés à Paray-le-Monial comme ailleurs. Nous sommes réunis aussi pour dire à ces mineurs, que nous, citoyens français porteurs des valeurs de la République, nous continuerons à les défendre et à les prendre en charge, ici, à Paray-le-Monial, pour pallier les effets d’une incurie persistante mais aussi pour mettre en oeuvre leurs recours jusqu’à ce que la justice se prononce sur leur minorité ».

SIX MINEURS ETRANGERS AFFAMES AU FOYER DES JEUNES TRAVAILLEURS DE PARAY-LE-MONIAL.

SIX MINEURS ETRANGERS AFFAMES AU FOYER DES JEUNES TRAVAILLEURS DE PARAY-LE-MONIAL. Pour la seconde fois, la section LDH de Paray intervient auprès du Président du CD, responsable de ces jeunes, mais aussi auprès du Défenseur des Droits, de la directrice de l’Aide Sociale à l’Enfance, et cette fois auprès du Procureur de la République pour signaler des pratiques illégales constatées au FJT de Paray-le-Monial. En effet, ayant constaté, le 15 janvier, que 6 mineurs refusaient de consommer les produits presque tous périmés procurés le 12 par Monsieur Hervé Thurin, directeur du FJT, et que certains étaient affamés, la section les a d’abord nourris, puis a fait l’inventaire d’ aliments particulièrement dangereux pour la santé (prod. chocolatés à base de produits laitiers et viande) lorsqu’on les consomme dans des délais de 1 jour à 3 mois et demi tel que c’était le cas. Par ailleurs le 18, lorsqu’un jeune s’en est plaint à lui, Monsieur Thurin lui a tenu des propos du ressort de l’exclusion ainsi que des menaces de rétorsion. La section LDH LANCE DONC UNE ALERTE SUR DES PRATIQUES ET DES PROPOS QUI METTENT EN DANGER LA SANTE ET COMPROMETTENT SECURITE de ces jeunes. Elle exige QUE DES MESURES ADMINISTRATIVES ET DES SANCTIONS soient prises. Elle publie par ailleurs les deux lettres écrites au Président du CD, la première ayant été suivie d’effet, puisque le travail gratuit a cessé aux deux FJT de Paray et de Chalon. Elle appelle enfin la population de Paray-le-Monial à ouvrir des yeux, par delà les belles paroles et les postures charitables, pour prendre conscience du fait qu’il ne fait pas bon vivre à Paray-le-Monial pour les populations les plus vulnérables: SDF l’été et jeunes mineurs étrangers. SOUTENONS LA LDH ET CES JEUNES MINEURS POUR RENDRE A CES JEUNES ET A NOTRE VILLE UN PEU DE DIGNITE.

Ci-dessous, le texte des deux lettres.

 

Madame Germaine LEMETAYER                                                                                                                                 Paray-le-Monial, le 18/01/2018
Membre du Comité Central et Présidente de la Section
de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme

Objet : Prise en charge des six mineurs non accompagnés au FJT de Paray-le-Monial

A Monsieur le Président du Conseil Départemental,

Copie à Monsieur le Procureur de la République,

A Monsieur le Défenseur des Droits

Et à Madame la Directrice de l’ASE

Monsieur le Président,

Sollicités par Monsieur Roger Wucher, nous avons contacté le lundi 15 janvier, un jeune Guinéen de 17 ans pris en charge par l’ASE et présent au Foyer des Jeunes Travailleurs de Paray-le-Monial depuis le 17 août 2017. Suite à l’évaluation de la DAMIE du 24 septembre 2017, il s’est vu notifier le 15 janvier par courrier de Monsieur Gueugneau, de l’Aide Sociale à l’Enfance, que sa minorité n’était pas reconnue et qu’il devait quitter le FJT le 22 janvier. Contestant les faits mais reconnaissant que son acte de naissance n’était pas tout à fait conforme aux exigences françaises, il nous a demandé de l’aide pour faire un recours face à la juge des enfants du TA de Mâcon.

Or, le 15 au soir, pendant les entretiens que nous avons eus avec lui pour préciser sa situation, nous nous sommes rendu compte qu’il était affamé. Lui demandant des explications sur les conditions de prise en charge du Conseil Général, il nous a répondu qu’il était hébergé avec trois de ses camarades dans un petit appartement, et que chacun disposait de 15 euros par semaine pour faire des courses sous le contrôle vigilant de Monsieur Thurin, dépositaire de l’autorité de tutelle du Président du CD. Il nous a précisé aussi que depuis le 4 janvier, Monsieur Thurin avait remplacé les courses par un sac de nourriture apportée le 12 janvier, mais que les six jeunes refusaient de la consommer à cause des dates de péremption dépassées. Le lendemain, nous avons pu vérifier nous-mêmes que pour l’essentiel, les aliments comportaient de nombreux produits chocolatés très sucrés, un seul paquet de nouilles, un poulet, du canard, du cerf… effectivement tous périmés (de quelque jours à 3 mois et demi) sauf des nugguets de poulet datés du 12 janvier. Nous avons aussi constaté qu’aucun paquet n’était ouvert, que le poulet n’était pas consommé à l’exception d’une cuisse qu’un jeune a reconnu avoir mangée poussé par la faim. Enfin, nous avons dressé un inventaire des aliments et de leur date de péremption. Suite à ce constat, dans l’urgence, la section LDH de Paray (qui ne reçoit pas de subventions) leur a fait porter, le 15 au soir, des sandwichs et quelques aliments de dépannage ; puis elle a fait des courses avec eux le lendemain pour qu’ils puissent manger correctement en attendant la prochaine visite de Monsieur Thurin annoncée pour le 15, puis pour le 16 et enfin pour le 17 janvier…afin de contrôler s’il persistait dans son attitude.

Le 17, Monsieur Thurin ayant emmené les six jeunes faire les courses au magasin ALDI s’est fait prendre à parti violemment par l’un des jeunes qui l’a accusé de les avoir laissés « 12 jours sans rien acheter » et de leur avoir donné de la nourriture « pourrie qui sentait mauvais ». Il a ajouté qu’il ne voulait plus rester à Paray et qu’il demandait son transfert à Mâcon. Monsieur Thurin lui a alors répondu « qu’il y a des gens qui mouraient de faim…tandis que lui jetait la nourriture…que celui qui se plaint peut partir là où il veut ». Lui confisquant son sac, il l’a alors menacé en lui disant que « s’il restait, il lui créerait des problèmes ». Pendant l’échange, les clients se sont assemblés et ont manifesté leur soutien aux jeunes, l’un d’eux disant qu’il ne faut pas manger de la nourriture périmée. Ce récit nous a été fait le jeudi 18 janvier à 15 heures par les 6 mineurs présents.

Pour notre part, face au mépris de Monsieur Thurin et à la gestion douteuse de l’argent public destiné aux MNA, nous tenons à rappeler deux faits :

1-Selon les articles 2 et 20 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, et l’article 27 de la Loi n° 2007-293 du 5 mars 2007, l’Etat français met en œuvre une politique de protection de l’enfance identique à l’égard de tous les enfants en situation de danger. Monsieur le Président du CD reçoit donc des dotations pour prendre en charge convenablement les MNA et les mineurs attestés. Au FJT de Chalon, ils reçoivent du même directeur 40 euros par semaine, le petit déjeuner et le repas de midi et ils ont tous été testés par le CIO alors à Paray-le-Monial, ils sont réduits à la portion congrue de 15 euros par semaine, des aliments en partie périmés et qu’aucun d’entre eux n’a été testé ni médicalisé malgré un cas de paludisme.

2-Le 9 octobre 2017, nous étions déjà intervenus par lettre recommandée auprès du président du CD et du Défenseur des Droits pour dénoncer des pratiques de travail gratuit imposées aux MNA et mineurs attestés depuis février aux FJT de Chalon et de Paray, sans aide médicale et sans scolarisation. Nous avions obtenu de l’ASE que Monsieur Thurin cesse ces pratiques. Or nous constatons que les mêmes jeunes dont certains ont travaillé gratuitement pour repeindre les garages et les chambres du FJT se voient maintenant proposer de la nourriture inadaptée et périmée. Nous constatons aussi un écart considérable entre leurs qualités personnelles qui font d’eux des personnes-ressources que nous sommes heureux d’aider, et le cynisme du directeur du foyer de Paray qui continue à mettre en œuvre des pratiques d’exploitation de ces jeunes sans rapport avec celles constatées dans les autres FJT du département…mais significatives de celles de l’esclavage moderne.

En conséquence, compte tenu de cette récidive à Paray-le-Monial, nous vous demandons, Monsieur le Président du Conseil Départemental, Monsieur le Procureur de la République et Monsieur le Défenseur des Droits en Saône-et-Loire, de prendre instamment les mesures administratives et les sanctions qui s’imposent. Nous communiquerons à la presse et rendrons publiques cette lettre et la précédente afin que les citoyens de ce département soient informés des suites que vous donnerez à cette affaire indigne de l’Etat français.

Veuillez agréer, Monsieur le Président du Conseil Départemental, l’expression de notre considération,

G. Lemétayer

PS : Compte tenu des menaces proférées contre l’un d’eux, nous avons décidé d’anonymer l’identité des deux jeunes évoqués dans cette lettre mais nous restons à votre disposition, avec leur accord, pour vous communiquer leur nom.

Madame Germaine LEMETAYER Paray-le-Monial, le 9/10/2017
Membre du Comité Central et Présidente de la Section
de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme

Madame Nicole VERCEY,
Présidente de la Cimade 71.

Objet : Situation des mineurs isolés étrangers logés à Paray-le-Monial et à Chalon/Saône.

A

Monsieur le Président du Conseil Départemental de Saône-et-Loire

Monsieur le Président,

Nous avons été contactés le 2 septembre par Monsieur Roger WUCHER, président de la CIMADE 71, au sujet de la présence au Foyer des Jeunes travailleurs de Paray-le-Monial de Moussa Ismaël SIDIBE, jeune Ivoirien se disant mineur âgé de 17 ans et arrivé en France le 27 février 2017. Il nous proposait en l’occurrence de rédiger une demande d’appel auprès du juge pour enfants afin de contester une partie du rapport d’évaluation réalisé par Damie 71 le 10 juillet 2017 et qui a servi de base pour statuer négativement la minorité de ce jeune.
Depuis cette date, compte tenu aussi des problèmes de santé non traités depuis le mois de février, et de l’absence totale de scolarisation assurée à ce jeune, il nous est apparu urgent d’agir, en relation avec Monsieur Wucher, sur les trois plans, médical, judiciaire et scolaire. Voilà le bilan d’un mois de travail :
-Examiné le 11 septembre, à l’hôpital de Paray-le-Monial, par le docteur Jean-Paul KISTERMAN, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, il ressort du rapport du médecin, la présence sur le corps de cicatrices afférentes à des coups de couteaux reçus en Libye…des troubles du sommeil, des angoisses, des peurs inconsidérées quand il entend des bruits ainsi que la nécessité pour lui de pouvoir «s’évader de toutes les mauvaises pensées qui le torturent actuellement ». Sont mentionnés aussi des épisodes de fièvre (contre lesquels il n’a été soigné par Monsieur Hervé Thurin, responsable du FJT de Chalon/Saône où il a résidé de février à septembre que par du Paracétamol, sans aucun avis médical). Depuis cette date, les examens médicaux se sont avérés négatifs et le traitement suivi lui permet de retrouver le sommeil et d’éviter les angoisses de jour.

-Suite à une demande de réexamen de ses papiers d’identité envoyée à la juge pour enfants du tribunal de Mâcon le 4 septembre, et un rendez-vous obtenu le 14 septembre, les explications données par Moussa Ismaël SIDIBE ont convaincu Madame la Juge de valider ses papiers d’identité et de lui reconnaître sa qualité de mineur isolé étranger. Elle nous a lu la lettre adressée au CD et nous a informés qu’elle la transmettait immédiatement. Depuis cette date, il est donc placé sous la protection du Conseil Départemental et plus précisément sous celle du Service d’Aide Sociale à l’Enfance. Or à ce jour, il n’a reçu aucune notification de ce service sinon celle de Monsieur Hervé Thurin, directeur des Foyers de Jeunes Travailleurs de Chalon/Saône et de Paray, qui lui a confirmé à 6 heures du matin, le 15 septembre, être informé du fait et a modifié financièrement sa situation au FJT : Au lieu de travailler tous les matins, 5 jours/7 comme il le fait depuis le mois de mars, pour faire d’abord le ménage, l’entretien des espaces verts puis la réfection des peintures des FJT de Chalon et de Paray en échange de l’hébergement, de la nourriture et de 10 euros par semaine (obtenus suite à l’intervention d’un résident outré), il bénéficie, depuis le 14 septembre, du même traitement que les autres mineurs étrangers présents au même foyer : à savoir, 50 euros par semaine et le logement, la nourriture étant à sa charge. Par contre, le travail de peinture est maintenu, aucun projet scolaire n’est à l’ordre du jour et, après avoir bénéficié, grâce à notre intervention, de la prise en charge de la PASS de Paray-le-Monial, il n’a reçu aucune garantie médicale (CMU) permettant de régler les derniers frais afférents à ses examens médicaux…

-Sur le plan scolaire, Moussa Ismaël SIDIBE -qui est francophone et s’exprime bien- a bénéficié, à partir du 29 mars, de 54 heures de « formation » intitulées « apprentissage du français » par une société privée nommée Savoirs plus à la suite desquelles il est passé de la note de 0,53/20 à celle de 4,4/20 sur un test ne comportant que des résolutions orthographiques et grammaticales. Pour notre part, nous avons obtenu du CIO de Montceau-les-Mines un rendez-vous au collège de Digoin, le 28 septembre avec Madame PAUGET, Conseillère d’Orientation et Madame MAURICE, Assistante Sociale. Pendant l’entretien, il a été convenu de lui faire passer des tests, de l’orienter et de le scolariser. Pendant nos échanges, nous avons eu la surprise d’apprendre de nos interlocutrices que ce jeune n’était pas connu -jusqu’à leur intervention- par les services d’Aide Sociale à l’Enfance du CD de Saône-et-Loire et donc qu’il n’avait pas d’existence légale.

Considérant que conformément aux articles 2 et 20 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, et de l’article 27 de la Loi n° 2007-293 du 5 mars 2007, l’Etat français met en œuvre une politique de protection de l’enfance identique à l’égard de tous les enfants en situation de danger, et qu ’elle est financée par un fonds national créé au sein de la Caisse Nationale des Allocations Familiales , nous nous permettons de nous étonner que des jeunes mineurs puissent repeindre gratuitement deux foyers de jeunes travailleurs sans couverture médicale et sans scolarisation (à quelques exceptions près sur ce second point), tout en restant fantomatiques pour l’administration concernée mais en impliquant des frais réglés par le Département (formation de Savoirs Plus, les sommes d’argent données aux jeunes et une école privée catholique pour deux d’entre eux). Ce traitement concernant apparemment tous les mineurs étrangers isolés logés aux FJT de Paray-le-Monial et de Chalon, alors que ceux de Montceau-les-Mines ont bénéficié dès leur arrivée d’une prise en charge par le CIO et d’une scolarisation, nous nous permettons de dénoncer un traitement qui nous apparaît doublement discriminatoire et nous vous demandons des explications sur les points suivants :

-les discriminations existant entre les jeunes mineurs isolés du département de Saône-et-Loire.

-le refus de Monsieur Thurin de faire appel, à la demande de Moussa Ismaël SIDIBE, du rapport d’évaluation de la DAMIE 71.

– l’absence de couverture sociale (CMU ou AME) et de scolarité depuis 7 mois.

– l’illégalité du travail gratuit imposé depuis 7 mois à des mineurs (11 présents à ce jour) au FJT de Paray-le-Monial.

– avant le 11 septembre, l’absence totale de secours médical apporté à un jeune ayant subi un traumatisme lors de sa traversée de la Lybie.

-la mise en garde répétée et insistante du directeur des FJT à l’encontre des « contacts extérieurs », étant avéré que la Ligue des Droits de l’Homme est le seul contact extérieur de Moussa Ismaël SIDIBE.

Compte tenu de la gravité des faits constatés, nous vous demandons donc instamment un rendez-vous dans l’urgence pour entendre les réponses que vous voudrez bien donner à ces questions. Il va de soi aussi qu’en vertu des droits reconnus aux mineurs isolés étrangers, nous attendons de vous une intervention immédiate pour faire cesser des telles pratiques et mettre en place un accueil digne de ce nom.

En l’absence de réponse de votre part dans le délai d’une semaine, nous nous réservons la possibilité de rendre ce courrier public et de saisir les autorités administratives et judiciaires sur ces graves dysfonctionnements.

Veuillez agréer, Monsieur le Président du Conseil Départemental, l’expression de notre considération,

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COMMUNIQUE SUR LE REFERE CONCERNANT LA CRECHE DE LA MAIRIE DE PARAY-LE-MONIAL (14/1/2018)

Communiqué: Hier, la section de la Ligue des Droits de l’Homme de Paray-le-Monial a pris acte de l’ordonnance publiée le 3 janvier par un juge du Tribunal administratif de Dijon. Suite à la requête du 20 décembre 2017 de la LDH pour demander le retrait d’un médaillon-crèche du hall de la mairie de la ville, cette ordonnance retoque la LDH sur la question de l’urgence. A noter que la justice est passée…dans des termes contraires à ceux de l’an dernier. La section attend cette année un jugement sur le fond portant sur la violation des principes de laïcité et de neutralité du service public.

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RECEPTION DU TROPHEE DECERNE PAR JEAN-LOIS BIANCO, PRESIDENT DE L’OBSERVATOIRE DE LA LAICITE (4/12/2017)

 

Photographies: D. Wilmotte

https://scontent-frt3-2.xx.fbcdn.net/v/t34.0-12/24891872_10215527046798080_1753822094_n.jpg?oh=5e922f8be34c93f6ee0239ab80e9924e&oe=5A29C1F2

 

 

Publié par Nathalie Koenders sur lundi 4 décembre 2017

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Lundi 4 décembre 2017, JEAN-LOUIS BIANCO, PRESIDENT DE L’OBSERVATOIRE DE LA LAICITE, A REMIS 12 TROPHEES AU LYCEE DES MARCS D’OR DE DIJON, A LA MUTUALITE SOCIALE AGRICOLE DE FRANCHE-COMTE, A L’ASSOCIATION MUT’ELLES, AU CHU DIJON-BOURGOGNE, A L’ASSOCIATION LAIQUE DE PONTARLIER, A LA SECTION DE LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME DE PARAY-LE-MONIAL…

Intervention de Germaine Lemétayer, présidente de la section de Paray-le-Monial:

« La section de Paray-le-Monial de la LDH étant là la fois la plus petite, la plus démunie et la plus récente des sections de Bourgogne-Franche-Comté, elle n’a aucune lettre de noblesse pour mériter ce trophée que vous nous faites l’honneur, Monsieur le Président, de nous décerner. Pourtant vous avez bien fait de nous choisir et nous vous en remercions. En effet, par delà ces contraintes, nous sommes engagés sans doute plus qu’aucune autre section, dans un combat permanent de défense de la laïcité. Notre territoire coïncidant avec  l’une des bases logistiques des identitaires catholiques de la Manif Pour tous, nous sommes confrontés  à  une politique pas toujours respectueuse de la loi de 1905, de l ‘article 2 déclarant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et de l’article 1 qui garantit la liberté de conscience et la liberté de culte et cela sans discrimination comme le précise l’article 1 de la Constitution de 1958 qui assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction ». Nos différentes actions tendent à ce que soit effective à Paray-le-Monial cette liberté de conscience et de culte pour tous sans distinctions.  A cet égard, mentionnons quelques-unes d’entre elles :

-Lettre à l’Amicale Laïque pour l’inciter à exiger du maire qu’il donne à disposition prioritairement, fin juin, le parc municipal du Moulin Liron à la fête des écoles publiques et non pas à la communauté de l’Emmanuel, pour le culte et ses sessions d’été. 

 -Tracts pour exiger de la communauté  qu ’elle cesse d’imposer ses chants religieux par hauts-parleurs pendant deux mois d’été aux habitants de Paray et aux touristes du port de plaisance et de la Voie Verte :  ce qui  constitue une forme de prosélytisme abusif ou de « prosélytisme excessif » selon le concept  de la Cour Européenne des Droits de l’Homme ( arrêt du 25 mai 1993, Kokkinakis c/Grèce)  et qui n’est donc pas respectueux de la laïcité.

– Communiqué pour dénoncer les inégalités de traitement de la liberté de culte entre les trois religions représentées à Paray : droit à une mosquée pour les musulmans non appliqué ; salle payante pour le culte des protestants ; gratuité pour la mise à disposition pendant 2 mois d’été du parc municipal du Moulin Liron et de bâtiments publics pour le culte des catholiques d’identité, gratuité aussi pour l’entrée au Musée municipal religieux du Hiéron (payant pour les Parodiens), subventions importantes pour les Scouts d’Europe et de France.

  -Communiqué contre les commémorations catholiques des abolitionnistes de l’esclavage le 10 mai,  dans le cadre républicain établi par le Comité National Pour l’Histoire et la Mémoire de l’Esclavage. Deux associations loi 1901, centrent ces commémorations sur deux messes  présentées  nominalement et individuellement en faveur des abolitionnistes protestants et francs-maçons du département de Saône-et-Loire. Les catholiques en étant dispensés, cette pratique peut s’apparenter à un rituel religieux de purification de l’histoire du même type que les « guérisons de généalogies » courantes dans  les communautés charismatiques et attestées à P le M.  Sur ce point, nos très vives protestations ont fait un peu progresser les choses puisque la messe unique annoncée en mai 2017 n’a pas été présentée de manière nominale.

-Et enfin, la procédure juridique en cours contre l’installation d’une crèche dans la mairie de Paray-le-Monial en décembre 2016.

Mais la défense de la laïcité n’est pas réduite à une confrontation dure avec la communauté de l’Emmanuel et la mairie,  nous nous investissons aussi, avec beaucoup plus de bonheur et de jouissance, dans  la reconstruction d’un vivre ensemble dont nous donnons l’exemple d’abord en enracinant  notre section qui est à l’image de la diversité de la France et de son unité autour des principes et valeurs de la république ;  nous le faisons aussi en militant avec  une grande diversité de partenaires, la CGT, la CFDT, les Femmes Solidaires, Rainbow, La Cimade, David et Jonathan, le Comité de la Jupe.. et en organisant des tables-rondes et conférences avec des intervenants religieux, laïcs  et athées pour défendre l’idée que le commun qui nous unit doit toujours prévaloir sur les différences ; et que c’est la construction de ce commun  qui doit nous permettre, par la culture et le débat, dans une démarche marquée par la prévalence de la raison, de l’esprit critique, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, de nous rassembler .  « Faire briller une intelligence collective » telle était la définition que Ferdinand Buisson, co-fondateur de la Ligue des droits de l’Homme, assignait à l’école publique. Nous la revendiquons pleinement aujourd’hui pour rendre aux Parodiens, à travers le rétablissement de la laïcité, leur dignité de citoyens.   »                     

REMISE DES TROPHEES DE LA LAICITE: LA SECTION LDH PARAY DESIGNEE POUR RECEVOIR LE TROPHEE DES ASSOCIATIONS

Remise des trophées de la laïcité

Anthony Favier, « Sacré Paray », Témoignage chrétien, 20.11.2017

http://temoignagechretien.fr/articles/sacre-paray

Sacré Paray

Anthony Favier20 Novembre 2017

Paray-le-Monial Reportage

Brian Burger (CC BY 2.0)

C’est une petite bourgade de Saône-et-Loire de 10 000 habitants, surplombée par une basilique. Mais, derrière la carte postale, la Communauté de l’Emmanuel étend son influence sur les bâtis, les corps et les âmes. Et si la contestation existe, elle a souvent du mal à se faire entendre.

Le 25 octobre dernier, j’ai participé, aux côtés de différents acteurs associatifs, à une conférence à Paray-le-Monial. Organisée par la Ligue des droits de l’homme, elle portait sur les discriminations de genre et à l’orientation sexuelle. Il s’agissait de réfléchir sur ce que la théologie, les sciences humaines et sociales, ainsi que le droit peuvent dire sur les « camps » (ou sessions) au contenu plus que douteux organisés dans la ville par la Communauté de l’Emmanuel. Ainsi, le stage « Optimum » cherche-t-il à reviriliser les hommes « victimes » du féminisme contemporain, tandis que la session « Courage » vise à imposer l’absence de vie affective et sexuelle aux personnes LGBT.

Il est rare que je fasse des conférences dans de petites villes, et c’est avec joie que j’ai accepté cette invitation. Quoi de plus enthousiasmant qu’une société qui cherche à comprendre les racines croisées du sexisme et de l’homophobie afin de se donner les moyens de lutter contre ?

Pourtant, à Paray-le-Monial, c’est une réalité tout autre qui se révèle. Ce soir-là, la petite salle municipale n’a guère besoin d’être convaincue de l’importance de la lutte contre l’homophobie et le sexisme. Même s’il est impossible de sonder le coeur de chacun, je découvre une société ouverte. L’assistance n’en fait pas le motif de guerres culturelles. Plusieurs personnes viennent me voir à la fin de la conférence pour me confier un témoignage sur une connaissance vivant positivement son homosexualité à Paray. La loi Taubira sur l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe a été révélatrice localement d’une homophobie fortement politisée. La situation est désormais plus apaisée. « Les gens se marient et sont heureux. Ici, sur ce point, on n’est pas différents des grandes villes. »

Mais cette soirée, soudain, prend un tour déroutant. Alors que, nous, conférenciers, sommes venus nous exprimer sur les discriminations, on nous questionne sur tout autre chose : « Dites-nous ce qu’on peut faire concrètement contre l’emprise de ces catholiques sur la ville ? Leurs idées ne nous représentent pas ! » Nous sommes interrogés sur la coupure qu’un mouvement majeur du catholicisme d’identité français est en train de créer entre une ville et sa population. Les citoyens – ceux et celles qui sont présents ce soir-là – ont le sentiment que leur ville se fait comme déposséder par les catholiques d’identité.

Dans cette cité bourguignonne, on reconnaît bien des maux de la société française contemporaine, au sein de laquelle le pacte social se délite. Les habitants ne parviennent plus à vivre un projet commun au-delà de leurs différences de convictions et de positions sociales. « Regardez d’où ils viennent : ils sont tous immatriculés ailleurs. On ne peut pas suivre pour les prix. Ils possèdent 35 % de la ville et on ne peut plus acheter ! » Mais, plus surprenant à Paray-le-Monial, un phénomène socio-économique connu se mêle à la problématique spécifique des catholiques d’identité.

Depuis son installation au milieu des années 1970, le groupe charismatique de la Communauté de l’Emmanuel a fait son trou dans cette ville située à mi-chemin entre Moulins et Mâcon. Loin des centres d’opinion, de la « grande presse », les forces progressistes et les lanceurs d’alerte sont peu nombreux. Cela d’autant plus qu’ici aussi on enregistre un fort déclin de l’industrie. La Ligue des droits de l’homme et une poignée de citoyens engagés tiennent courageusement les positions du camp républicain, laïc et humaniste. Mais ils ont peu de relais. La presse régionale a peut-être peur de perdre les annonces locales… Le tissu citoyen, excepté quelques militants syndicaux, est ténu. Et les politiques ? Ils semblent comme anesthésiés par l’argent qui afflue dans cette ville spécialisée dans le tourisme religieux. Dans l’assemblée, on relativise toutefois l’apport économique des charismatiques à la communauté locale. Peu de circuit court reposant sur l’agriculture paysanne locale et pas vraiment de retombées pour les petits commerces. Les contrats d’approvisionnement alimentaire sont signés avec de grands groupes. Économiquement, la Communauté vit en monde clos.

Mais le quotidien des habitants est touché. L’été, l’espace public est occupé par des personnes qui ne représentent plus le tissu social local dans sa diversité. Des traits communautaristes évidents sont visibles. Une auditrice s’emporte : « Je ne vais plus dans le centre-ville : marre qu’on me tracte sur la Vierge Marie et mes péchés ! » La ville du Sacré-Coeur serait-elle celle d’une laïcité non apaisée ? Tout porte à le croire, malgré les discours iréniques sur la bonne entente offerts par les édiles. Que des personnes, au nom de la liberté de conscience et d’opinion, aient des pratiques liturgiques émotionnelles et des dévotions aux accents encore doloristes, peu m’importe, c’est leur liberté absolue. Mais qu’elles instrumentalisent les fractures du territoire national, qu’elles participent au détricotage du pacte laïque et républicain dans les territoires est insupportable. Cela demande une réaction forte, sereine et collective.

ANTHONY FAVIER

Photo : Brian Burger (CC BY 2.0)

UNE VISITE A PARAY, Anthony Favier (27/10/2017)

 

Une visite à Paray

27 Octobre 2017 , Rédigé par Anthony_Favier Publié dans #Courage, #Paray-le-Monial

Le 25 octobre dernier, j’ai participé, aux côtés d’Anne Soupa, à une conférence à Paray-le-Monial. Organisée par la Ligue des Droits de l’homme, elle portait sur les discriminations de genre et à l’orientation sexuelle.

Nous voulions réfléchir avec les citoyens de la ville intéressés à ces questions sur ce que la théologie, les sciences humaines et sociales ainsi que le droit peuvent dire sur les « camps » au contenu plus que douteux organisés dans la ville. Le stage « Optimum » cherche en effet à re-viriliser les hommes victimes du féminisme contemporain et la session « Courage » à imposer l’absence de vie affective et sexuelle aux personnes LGBT (1).

Il est rare que je fasse des conférences dans des petites villes, malheureusement. Les centres LGBT se trouvent souvent dans les métropoles. C’est donc avec une certaine joie que j’ai accepté cette invitation. C’est une bonne chose que toute la société cherche à comprendre les racines croisées du sexisme et de l’homophobie pour se donner les moyens de lutter contre.

La réalité de ce que j’ai découvert m’a complètement dépassé et m’a poussé à écrire ces quelques lignes.

Crédit : Germaine Lemétayer (2017), Y. D. (2017).Crédit : Germaine Lemétayer (2017), Y. D. (2017).
Crédit : Germaine Lemétayer (2017), Y. D. (2017).
L’après mariage pour tous au sud de la Bourgogne
Ce soir-là, la petite salle municipale a finalement peu à être convaincue de l’importance de la lutte contre l’homophobie et le sexisme dans leur version catho 2.0. Dans les échanges, même s’il est impossible de sonder les cœurs de chacun, je découvre une société plutôt tolérante et ouverte. Loin d’être unanime sur des questions de bio-éthique plus complexes (PMA, GPA), l’assistance n’en fait pas le motif de guerres culturelles. Comme souvent dans ce genre de situations, plusieurs personnes viennent me voir à la fin de la conférence pour me confier un témoignage sur un neveu, une belle-soeur, un petit-fils vivant positivement son homosexualité à Paray ou à proximité.

La loi Taubira sur l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe avait été révélatrice localement d’une homophobie fortement politisée. « On aurait organisé ça il y a deux ans, trois cars de la Manif pour tous seraient venus et des exaltés vous auraient empêché de parler » me confie une personne à la fin de la conférence. Le plus dur de la crise est passé et la situation est plus apaisée désormais. « Les gens se marient et sont heureux, on n’est pas différents de la ville ici sur ce point ». Plus qu’ailleurs, on a un cœur aimant à Paray.

Une autre question déroute nous autres conférenciers venus nous exprimer sur les discriminations et ce que peut en dire la Bible ou le Magistère : « dîtes-nous ce qu’on peut faire concrètement contre l’emprise de ces catholiques sur la ville qu’on aime ? Leurs idées ne nous représentent pas ! » . Les débats nous déportent vers un autre terrain auquel nous n’étions pas vraiment préparés. Nous sommes en réalité interrogés sur la coupure qu’un mouvement majeur du catholicisme d’identité français est en train de créer entre une ville et sa population.

A. Favier (2017).
A. Favier (2017).
Des habitants dépossédés de leur ville ?
Dur ne de pas voir dans cette cité bourguignonne bien des maux de la société française contemporaine où le pacte social se délite. Les gens ne parviennent plus à vivre dans un projet commun malgré leurs différences de convictions et de positions sociales. J’avais déjà lu des récits sur des villes du littoral breton où « les Parisiens » délogeaient les locaux qui occupent des emplois de salariés du tertiaire ou de l’industrie. Je n’aurais pas pensé le retrouver avec autant de force dans cette petite ville. « Regardez d’où ils viennent : ils sont tous immatriculés dans le 69, le 92, le 78 et le 75. On ne peut pas suivre pour les prix. Ils possèdent 35 % de la ville et on ne peut plus acheter ! ». Plus surprenant à Paray-le-Monial, un phénomène socio-économique connu se mêle avec la problématique spécifique des catholiques d’identité.

Depuis son installation au milieu des années 1970, un groupe charismatique a fait son trou dans cette ville située entre Moulin et Mâcon. Loin des centres d’opinion, de la presse, les forces progressistes et les lanceurs d’alerte sont peu nombreux. De surcroît avec le déclin de l’industrie. La Ligue des Droits de l’homme, la CGT, le PCF et une poignée de citoyens engagés tiennent courageusement les positions du camp républicain, laïc et humaniste. Mais il y a peu de relais localement. La presse a-t-elle peur de perdre les annonces locales ? Le monde typique des militants français, des lycéens aux étudiants, en passant par les classes moyennes engagées ou les intellectuels, est ténu localement. Et les politiques ? Ils semblent comme anesthésiés par l’argent d’une ville qui, comme Lourdes, s’est spécialisée dans le tourisme religieux. Dans l’assemblée, on relativise vite dans les échanges l’apport économique des charismatiques à la communauté locale : « Rien n’est acheté sur place, tout vient de l’extérieur en gros camions. Ils ne mangent pas en ville, tout au plus, ils prennent un pot dans les cafés. C’est un monde fermé avec sa cantine et son bivouac de type militaire ».

Les langues se délient inexorablement durant mon séjour, comme si rien ne pouvait empêcher cette vague de s’abattre sur moi. Le sentiment de dépossession domine. Les cadres moyens de la ville « en font partie » : directeurs de structures sociales ou chefs d’entreprises locales. Ils privilégieraient l’emploi entre eux et flirteraient aux limites de ce que permet la laïcité. Un trentenaire en recherche d’emploi témoigne : « l’autre fois, je tombe sur une annonce d’emploi : on demandait comme compétence une bonne connaissance de la culture chrétienne, c’est quoi ce pré-requis ? » Le quotidien est même touché. L’été, l’espace public est occupé par des personnes qui ne représentent plus le tissu social local dans sa diversité. Des traits communautaristes évidents sont visibles. Une auditrice s’emporte : « je ne vais plus dans le centre-ville : marre qu’on me tracte sur la Vierge Marie et mes péchés ! ». La ville du Sacré-Coeur serait-elle celle d’une laïcité non apaisée ? Tout porte à le croire, malgré les discours iréniques visiblement tenus sur place et la bonne entente affichée par les édiles. « Les semaines d’été, je ne viens plus : ça chante tout le temps et ils bouchent les rues ! Les croyants d’une autre religion feraient un quart de ce qu’ils se permettent de faire sur un terrain municipal, les gendarmes les sortiraient » s’emporte un Parodien.

Les personnes qui fréquentent le sanctuaire sont souvent issus de la sociologie avantageuse du catholicisme français : les professions libérales, les officiers supérieurs, les cadres des activités rémunératrices de l’économie mondialisée. Ils vivent dans les grandes villes et profitent du TGV qui place Le Creusot à 1h20 de Paris. En deux heures, il est facile de gagner Paray depuis Paris… encore faut-il avoir les moyens de s’acheter les billets qui peuvent atteindre les 200 euros pour un aller-retour durant un week-end.

Jan Sokol, Wikicommons.Jan Sokol, Wikicommons.
Jan Sokol, Wikicommons.
Une cité oublieuse de son histoire ?
Paray a construit sa popularité autour de la dévotion au Sacré-Cœur. La genèse de ce culte est complexe. Les visions d’une mystique aux mortifications édifiantes au 17e siècle (2), la phrase plus ou moins apocryphe du Christ à cette voyante : « voilà ce cœur qui a tant aimé les hommes » et les jésuites ont fait le succès d »un pèlerinage qui s’est constitué autour d’un monastère des Visitandines. Cela s’est greffé sur un noyau historique plus ancien qui donne à la ville son plus beau monument : une basilique en style roman clunisien construite au Moyen-Age pour abriter les tombeaux des comtes de Châlons.

Avant de devenir le petit Lourdes de la Bourgogne, la ville a connu une relative prospérité proto-industrielle. A la veille de la Révolution, outre les importants revenus que génèrent les biens agricoles de l’abbaye, on trouve au bord de la rivière de la Bourbince des tanneries et des filatures. Elles exportent vers Lyon et Paris de nombreuses productions. Ce passé riche ne manque pas de donner au centre-ville de jolis édifices et un pittoresque de carte postale.

Je dois reconnaître que, jusqu’à présent, j’avais une connaissance fort sommaire de ces événements. En tant qu’historien contemporanéiste, je voyais surtout dans le culte du Sacré-Cœur la dévotion par excellence du catholicisme intransigeant. De la pieuse histoire de Louis XVI montant à l’échafaud en consacrant son royaume au cœur de Jésus à la construction de la basilique du Sacré-Coéur sur la colline de Montmartre à Paris après la guerre de 1870, en passant bien sûr par le symbole rouge des Chouans en Vendée, le culte, à mes yeux, s’est surtout constitué comme en emblème du conservatisme politique français. Ceci même malgré des tentatives plus spiritualisantes pour le faire vivre à l’époque contemporaine. Je pense par exemple à Madeleine-Sophie Barrat et aux « dames » du Sacré-Coeur.

Sous la conduite de Germaine Lemétayer, docteure en histoire et spécialiste de la ville à l’époque moderne (3), je découvre une tout autre récit. Paray-le-Monial, avant la révocation de l’édit de Nantes à la fin du règne de Louis XIV (1685), peut être tenu comme une bourgade « multi-culturelle » (si on assume l’anachronisme). Catholiques et protestants, malgré leurs différences confessionnelles, vivaient et collaboraient ensemble en relative harmonie. Les moines faisaient par exemple gérer leurs biens par des familles protestantes, alors que ces dernières prospéraient dans le négoce. Ils partageaient certains éléments de piété en commun qui combinent les influences d’Erasme, de François de Sales voire des Lumières plus tardivement.

On trouve même une dévotion au cœur de Jésus chez des visitandines d’origine protestante. Pas vraiment celle des monarchistes et des catholiques intransigeants nostalgiques du régime que la Révolution engloutira avec elle. Plutôt une piété simple sur le coeur de Jésus qui aime tous les humains… sans s’arrêter aux étiquettes confessionnelles. Le Sacré-Coeur, emblème de la reconquête chrétienne, contre les idées modernes, est en quelque sorte une interprétation restrictive et ultérieure.

Le parti dévot puis, ensuite, ceux qui ne supportent pas la présence des réformés, décortiqueront, morceau par morceau, et non sans acrimonie, cette expérience inédite. La tolérance reste, en effet, rare dans une société d’Ancien Régime où la liberté d’opinion et de conscience ne s’est pas encore nationalement organisée.

Dans les années 1660-1670 (à Paray), catholiques et protestants enclenchent une dynamique irénique aménagée sur une série d’innovations : la prévalence d’un théocentrisme ou d’un christocentrisme réduisant les différends théologiques à la question eucharistique, la suppression des marqueurs confessionnels de la presque totalité des testaments, la liberté de conscience concernant les dévotions particulières, la mixité confessionnelle (…), une éthique commune fondée sur la charité et, enfin, l’unanimitas, une union de cœur proche de l’amour d’amitié de François de Sales (…) Engageant (…) les bénédictins, le monastère de la Visitation, le pasteur, le notaire protestant, le notaire catholique (…) et la grande majorité des familles, cette expérience induit le ralliement des catholiques à un humanisme chrétien, qui, à Paray-le-Monial comme au Parlement de Bourgogne, rassemble les familles fidèles à la tradition salésienne et opposées à l’autoritarisme de certains évêques et aux nouvelles exigences belliqueuses (…) du rigorisme. »

Germaine Lemétayer, Les Protestants de Paray-le-Monial, 2016, p. 808
A. Favier (2017).
A. Favier (2017).
A vrai dire la ville possède quelques traces de cette histoire pour qui sait les lire comme Germaine : les restes d’un temple, des façades de maisons de familles réformées où sont inscrites des sentences pieuses, des petits éléments architecturaux et patrimoniaux.

Force est d’avouer que ce passé de tolérance n’est pas du tout valorisé. La mise en tourisme des sites ne prend pas en compte la profondeur de l’histoire de la ville. Le visiteur déambule surtout, sans mise à distance, dans une ville de pèlerinage catholique sans avoir accès aux autres éléments nécessaires à la compréhension du site. Un congressiste nous aborde avec sourire alors que nous devisons surement trop librement à son goût : « regardez la vidéo ! ». Il nous désigne alors un document pieux, réalisé à des fins d’édification, diffusé dans une vitrine d’un office religieux…

Le catholicisme d’identité conduit même à un révisionnisme de type historique. La ville est comme vidée de son identité, dans sa complexité, pour devenir, avec sa bimbeloterie et ses infrastructures de pèlerinage, une sorte de parc d’attraction des dévotions catholiques les plus caricaturalement sulpiciennes. Tout atteste de la force d’un projet politique ancien qui, sans vergogne, se déploie aujourd’hui sur la ville.

Paray, la base arrière d’une reconquête catholique identitaire ?
Visiter Paray-le-Monial, plus que renouer avec un passé chrétien, c’est se plonger dans le grand bain du catholicisme d’identité d’aujourd’hui. Sous cette catégorie, on désignera ici des militants qui, outre des pratiques « restitutionnistes » autour des dévotions et de la liturgie, ont ré-investi le terrain politique et idéologique (4). Particulièrement visibles au moment des polémiques sur le genre et l’opposition au Mariage pour tous, ces identitaires en religion développent désormais une mentalité de « forteresse assiégée » et s’organisent dans l’espace politique.

les catholiques d’identité qui à tort ou à raison se pensent comme minoritaires, ont développé une nouvelle forme de présence au monde. Ils ont de fait rompu radicalement avec la stratégie d’enfouissement de leurs aînés et cultivent volontiers leur visibilité. Souvent issus des milieux bourgeois, ils accordent une réelle importance aux signes religieux (…) Ils dénoncent une société sécularisée qui, selon eux, les ignore, voire les méprise (…) ces « catholiques virtuoses » ne sont pas seulement des pratiquants mais également des militants dont l’engagement s’est déployé dans l’espace public et le réinvestissement du politique. Ils sont présents dans les principaux champs d’intervention qui sont les leurs (bioéthique, famille, genre, culture, caritatif et humanitaire…) et recourent à un vaste répertoire d’actions (manifestations, pétitions, blogs, réseaux sociaux, lobbying parlementaire, savoir-faire événementiel).

Bruno Dumons et Frédéric Gugelot, Catholicisme et identité, 2017, p. 7
A Paray, il ne me semble pas qu’on soit dans une situation conjoncturelle mais bel et bien devant un phénomène structurant pour la société française. Il ne s’agit pas d’un simple lieu de pèlerinage d’une vieille chrétienté en décomposition qui aurait, çà et là, des accents nostalgiques. Nous sommes plutôt face au ré-armement d’un catholicisme intransigeant qui s’est doté d’une base arrière loin des grands centres et à l’abri des regards indiscrets.

La ville est un laboratoire. Une stratégie pastorale, dont il faudrait évaluer le degré de conscience chez ceux qui l’ont mis en place, est adoptée par les cadres locaux du mouvement. Elle consiste à édifier une société religieuses aux liens serrés entre des semblables. Ces derniers sont appelés à avoir des pratiques virtuoses tant dans le domaine de la piété que celui des mœurs. Ils tendent à se positionner comme différents dans un monde où ils deviennent minoritaires et dont ils ne supportent pas le caractère sécularisé, le nécessaire pluralisme que cela induit et son devenir multi-culturel.

Cela dépasse désormais la sphère des pratiques spirituelles pour accéder à celui de la vie politique. Le scénario que René Rémond esquissait à l’orée de l’an 2000 dans le Christianisme en accusation ou Mgr Dagens dans sa Lettre aux catholiques de 2009 semble s’accomplir de manière sinistre. En devenant minoritaire, le catholicisme français retomberait dans ses penchants qui le poussent à se constituer en contre-société. Il est à craindre qu’à Paray mitonne une bien amère potion anti-républicaine.

Durant la conférence, Anne Soupa prend ses distances avec le devenir identitaire du catholicisme français, rappelant que l’Evangile appelle à habiter le temps tel qu’il est et ne pas figer la foi dans une expression historiquement construite à une époque. Espérons qu’elle soit entendue. Que des personnes, au nom de la liberté de conscience et d’opinion, aient des pratiques liturgiques émotionnelles et des dévotions aux accents doloristes, peu m’importe, c’est leur liberté absolue. Mais qu’elles instrumentalisent les fractures de territoire national, qu’elles participent au détricotage du pacte laïque et républicain dans les territoires et qu’elles prétextent de l’histoire pour le faire, c’est insupportable. Cela demande une réaction forte, sereine et collective.

***

De cet événement, qui se poursuit avec l’action que continue de mener la Ligue des Droits de l’homme, je garderai deux choses :

La première c’est l’importance qu’il faut accorder aux sciences historiques. Ce sont elles qui nous protègent des appropriations abusives de mémoires, des simplifications identitaires et des maltraitances patrimoniales de notre passé commun.
La seconde c’est que, certes j’ai rencontré beaucoup de catholiques identitaires mais également de vrais humanistes. Ces derniers ne se font pas piéger dans le révisionnisme historique, ni la nostalgie mortifère ni le marketing lénifiant des religions de l’émotion.
Qu’il leur soit rendu modestement ici hommage. Ce sont eux.elles qui ont un coeur qui aime vraiment tous les hommes.

hommemodel.blogspot.co.uk via Pinterest.
hommemodel.blogspot.co.uk via Pinterest.
Notes :

(1) « la Ligue des Droits de l’homme, n’a eu de cesse de dénoncer les discriminations de genre, homophobie et anti-féminisme promues par les Parcours homosexualité et les Camps optimum organisés à Paray par la Communauté de l’Emmanuel », « Conférence-débat autour des discriminations de genre », Journal de Saône-et-Loire (version Charolais-Brionnais), 25 octobre 2017.

(2) Jacques DUBOIS, « Marguerite-Marie ALACOQUE, sainte (1647-1690) », Encyclopædia Universalis, site : universalis.fr, adresse URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/marguerite-marie-alacoque/ (page consultée le 29 octobre 2017).

(3) Germaine LEMETAYER, Les Protestants de Paray-le-Monial, de la cohabitation à la diaspora (1598-1750), Paris : Honoré Champion, 2016, 888 p.

(4) Bruno DUMONS et Frédéric GUGELOT (dir.), Catholicisme et identité, regards croisés sur le catholicisme français contemporain (1980-2017), Paris : Karthala, 2017, 331 p.

« A PARAY-LE-MONIAL, C’EST VIRIL ! » : DES ASSOCIATIONS CHRETIENNES ET LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME CONTRE LES DISCRIMINATIONS DE GENRE (25/10/2017)

Au Centre de Culture et de Congrès de Paray-le-Monial, le mercredi 25 octobre 2017 à 19 heures.

Avec la participation de:

Caroline AMBERGER, Journaliste-stagiaire à Protestinfo et militante de la section LDH de Paray-le-Monial.
Anne SOUPA, Présidente de l’association féministe catholique « Le Comité de la Jupe ».
Anthony FAVIER, Vice-Président de l’association LGBT catholique « David et Jonathan ».
Nadja DJERRAH, Responsable du Groupe de travail « Femmes, genre, égalité » à la LDH (sous réserve)

Daniel BOITIER, co-responsable du groupe de travail « Laïcité »
à la LDH, animateur du débat.

Depuis sa fondation, en avril 2014, la section de Paray-le-Monial n’a eu de cesse de dénoncer les discriminations de genre, homophobie et antiféminisme, promues par les « Parcours homosexualité » et les « Camps optimum » organisés à Paray par la Communauté de l’Emmanuel. Qu’il s’agisse de la « revirilisation » d’ hommes jugés trop « softies », de l’identité féminine réduite à la séduction et au maternage, ou encore de la conversion des homosexuels à la chasteté, l’idéologie de l’américain John Eldredge et de l’association Courage sera passée au crible par des spécialistes de la Bible, de la philosophie et du droit. Elle sera aussi associée aux perspectives politiques identitaires qu’elle promeut activement.
La section LDH paray vous invite à venir participer à un débat qui éclairera au grand jour les ressorts idéologiques influents de catholiques d’identité tout-puissants à Paray-le-Monial.
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