Catégorie : IDENTITAIRES

QUELS BENEFICES POLITIQUES LES IDENTITAIRES CATHOLIQUES TIRENT-ILS DE LA CRISE DU COVID ? (30/05/2020)

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Par les bouleversements politiques et sociaux qu’elle provoque dans des domaines où l’extrême-droite est particulièrement investie, la nation, les frontières, la famille, les femmes, les banlieues, l’Etat d’urgence sanitaire lié à l’endémie du Covid a particulièrement mobilisé les identitaires catholiques entre le 16 mars et le 11 mai 2020. Pour cerner leur impact dans le débat, la section de Paray-le-Monial de la LDH a consulté les blogs et sites des réseaux sociaux de 12 personnalités influentes toutes liées à l’Emmanuel-Manif Pour Tous. En ce qui concerne les politiques, ils appartiennent à différents partis : LR (Gosselin, Retailleau, Bellamy, Boyer), le Parti Chrétien- Démocrate (Poisson), le Front National (Gollnisch), la Ligue du Sud (Bompart) ou associations : le think thank La Droite libre (Vanneste), Alliance Vita (Derville), l’AGRIF (Antony). Le monde religieux est représenté par Dominique Rey et Marc Aillet, évêques de Toulon-Fréjus et de Bayonne ainsi que Benoît Guédas, recteur des Sanctuaires de Paray-le-Monial.

Face au Covid, les POLITIQUES se saisissent des erreurs de jugement, des mensonges, de l’arrêt des activités économiques et sociales, pour mettre en cause « la gestion calamiteuse du gouvernement », justifier leurs propres positions nationalistes et prophétiser le malheur. Selon Christian VANNESTE (14/4) « Tous les indicateurs de notre pays sont dans le rouge, déficits du budget, de notre balance commerciale, dette … qu’il faudra payer alors que le chômage a moins diminué en France que dans la plupart des pays européens, et que notre industrie s’est effondrée ». Bruno GOLLNISCH, pointe (18/3) non sans satisfaction et ironie, le « repli nationaliste » (sic), de Macron qui « annonce à grands sons de trompe que l’on ferme les frontières de l’Union européenne ou de l’espace Schengen aux ressortissants extra-européens ». Par contre, avec le recours au Mécanisme Européen de Stabilité, Jean-Frédéric POISSON dénonce, le 28 mars-3 avril, une « perte de souveraineté nationale » et annonce des mesures d’austérité « qui plongeraient la France dans une situation comparable à celle de la Grèce ». Le 26 avril, François-Xavier BELLAMY revient aux fondamentaux identitaires avec des accents tragico-pessimistes pour mettre en cause l’héritage des Lumières à travers une dénonciation de l’idée de progrès -« L’histoire n’est pas le récit d’un progrès continuel »-, pointer la prétendue fragilité de notre démocratie : « l’incroyable fragilité de l’Etat, (le) dénuement de la puissance publique…. la vulnérabilité du monde occidental » et conclure : « Je suis inquiet de ce que serait notre capacité de réaction si nous étions réellement en guerre ». Dans ce registre, Bruno RETAILLEAU est plus explicite le 9 avril dans un article au Figaro : « Notre État est omniprésent et pourtant il est impotent. Cette crise sonne la défaite du progressisme avec sa croyance au progrès perpétuel, à l’émancipation individuelle, à l’abolition des frontières et des nations. Il faudra renoncer à la croyance que l’on peut construire le bien commun par l’addition des droits individuels et réintroduire notre nation souveraine dans le cours de l’Histoire». Ainsi le « bien commun » évoqué ne s’inscrit-il pas dans l’universalité des droits de l’Homme, mais se réfère-t-il au corpus d’une philosophie d’origine thomiste :  fondé contre la modernité politique à la fin du XIXème siècle par Léon XIII, utilisé pendant la Manif Pour Tous par l’archevêque de Paris, le « bien commun » est servi par une justice issue de la volonté de Dieu, supérieure à celle des hommes (Céline Béraud et Philippe Portier dans « Métamorphoses catholiques » p. 70).  Ainsi s’agit -il d’une attaque ouverte contre la république laïque et d’une référence implicite aux « racines chrétiennes» qui font prévaloir les valeurs religieuses sur les droits de l’Homme et dont les identitaires réclament l’inscription dans les constitutions européenne et française.

Les thématiques sociétales abordées se focalisent sur la multiplication des sites pornographiques gratuits, le report du bac en septembre pour les élèves des écoles hors contrat et le report de l’ouverture des églises au-delà du 11 mai.  La pornographie inspire Tugdual DERVILLE qui s’émeut le 17 mars : « Toute crise attire les profiteurs. En voilà qui n’hésitent pas à surfer sur l’isolement, le désœuvrement et le mal-être pour diffuser leur pourriture, accrocher de nouveaux clients et leur inoculer leur porno-virus. Profiter du Covid 19 pour mettre la drogue de l’âme en promo ! ».  Le 3 avril, concernant le report du bac, Jean-Frédéric Poisson considère que c’est « un nouveau coup de rabot donné à la Liberté, l’Égalité, et la Fraternité, donné par ceux qui pourtant nous bassinent avec les « valeurs de la République ». Le 21 avril, Valérie BOYER dépose une uestion écrite au Ministre de l’Education nationale et affirme qu’il y a une « rupture d’égalité quand les élèves des établissements hc ne sont pas admis au bac sur dossier ».  Enfin, le report de l’ouverture des églises suscite de très nombreuses protestations et une riposte médiatique et politique d’ampleur. Le 30 avril, Philippe GOSSELIN affirme que les chrétiens sont traités en « parias » tandis que Jean-Fréréric POISSON commente : « Les croyants ne seraient pas capables de respecter gestes sanitaires pendant les offices religieux ? Discrimination ». Le 1er mai, François-Xavier BELLAMI signe une tribune dans le Figaro avec 73 parlementaires contre ce qu’il considère contre « une atteinte sans précédent…à la liberté de culte ».  Renchérissant sur cette thématique, Jean-Frédéric POISSON dépose le 5 mai un référé auprès du Conseil d’Etat au nom du Parti Chrétien-Démocrate. On constate dans ce domaine que si le moralisme et les droits de l’homme sont convoqués pour légitimer leurs exigences, les identitaires ont largement recours à la traditionnelle posture victimaire relative à une prétendue christianophobie.

Mais les sujets qui déclenchent le plus de protestations sont ceux qui ont un lien direct ou indirect avec le « grand remplacement » d’Eric Zemmour, à la fois « guerre des races et guerre de religion ». Les mesures dérogatoires prises le 15 avril pour prolonger le délai légal de l’IVG, les recours concernant les cas des enfants nés par GPA à l’étranger, les violences des banlieues (12-19 avril), et la libération de prisonniers donnent lieu à des postures ouvertement racistes, islamophobes, homophobes et antiféministes. Ainsi Jean-Frédéric POISSON déplore-t-il, le 2 mars : « Au cœur du champ de bataille, les « pro-mort » sans scrupule continuent leur travail de sape contre la Vie et l’enfant à naître » tandis que Tugdual DERVILLE menace, le 2 avril : « Inciter à « avorter confinée » et mobiliser les soignants pour ce type d’acte, alors qu’à 9 semaines d’aménorrhée, le risque d’hémorragie à la suite d’une IVG « médicamenteuse » est réel » . Bernard ANTONY, quant à lui, n’hésite pas à dénoncer un génocide à la fois culturel, moral, politique et démographique (16/4) « Se développant sur les deux axes de l’avortement (élimination de deux cent mille enfants à naître chaque année) et de l’immigration (plus de deux cent mille entrées chaque année), notre pays subit le processus d’un génocide par substitution. » Entre le 12 et le 19 avril, les violences des banlieues de Bordeaux et du Havre, celles de Mantes-la-Jolie, La Courneuve, Grigny…suscitent une volée de réactions en relation avec le Covid, l’immigration et la libération, entre le 16 mars et le 7 mai de 5000 prisonniers en fin de peine. Le 21 avril, Valérie BOYER ose le premier amalgame : « Émeutes dans des banlieues, rodéos, incendies, violences contre les forces de l’ordre, hashtags insultants… la République ne doit pas céder, l’autorité doit être retrouvée. Qu’en sera-t-il avec des délinquants désormais libres ? ». Avec Bernard ANTONY, second amalgame : « Le coronavirus cache de plus en plus le corano-virus islamiste qui s’est propagé par les effets de la tsunamigration et de l’islamigration » (16/4).  Le 10 mai, Christian Vanneste accuse le gouvernement de favoriser les étrangers ou les Français d’origine étrangère aux dépens des Français « de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. ». Le président de la république « s’est livré à un bavardage présidentiel dont on retiendra surtout que sa préoccupation essentielle se porte sur les « jeunes », pas tous, non, mais ceux, binationaux… ». Il assure que le « blanc » ne peut faire plus de cent  kilomètres mais les étrangers et les migrants ne seront pas soumis à cette règle et pourront en faire plus « pour aller chercher leur carte afin de percevoir leur allocation de demandeurs d’asile ».

Mais le 20 mars, Jean-Frédéric POISSON manie le racisme et l’exclusion en associant les délinquants à l’ensemble de la population des banlieues stigmatisée globalement tout en évitant les marqueurs religieux explicites : «Les « territoires perdus de la République » à l’épreuve de la responsabilité civique : résultat 0 pointé ! L’ensauvagement est bien là », thématique reprise et accentuée par Bruno RETAILLEAU, le 8 avril : « dans certains territoires,… la sécession identitaire s’affirme désormais dans la sécession sanitaire ». Enfin, le 24 avril, François-Xavier BELLAMY réfute toute circonstance atténuante au confinement dans des appartements de banlieues surpeuplées : « Soir après soir, des délinquants attaquent les policiers à coup de cocktails incendiaires ; mais il faudrait les comprendre parce que le confinement est trop dur ? Monsieur Castaner n’est pas psychologue de comptoir, il est ministre de l’Intérieur ».

En ce qui concerne les RELIGIEUX, nous constatons que le Covid a un double impact, à la fois dévotionnel et politique. D’abord ressurgit l’idéologie du péché et de la peur  avec l’évocation alarmiste de «la  mise en péril de nos modèles économiques sociaux sanitaires », « l’échec de la mondialisation »,  « un monde apeuré, épuisé et sceptique »  (D. Rey),   « des heures les plus difficiles de l’ histoire  de la France», les « infidélités de la France » qui a construit une société « comme si Dieu n’existait pas »,  avec des atteintes aux solidarités et à la dignité humaine de la naissance à la mort, au mariage, la promotion de la toute-puissance de la liberté individuelle (M Aillet, 19/4). Benoît Guédas va jusqu’à évoquer Auchwitz ( 19/4)… Le report de l’ouverture des églises après le 2 juin suscite la réaction violente de Dominique Rey qui n’a pas assez de mots, sur Facebook, le 29 avril, pour mettre en cause un traitement discriminatoire, injuste, ségrégationniste, une offense aux chrétiens, une mise en cause de la liberté religieuse garantie par la constitution « on les bride, on les bride ! » et qui termine par un appel à la protestation contre le gouvernement. A noter que cette campagne n’a pas été suivie par la Conférence des évêques, ce qui a valu à son président un article furieux de Bernard ANTONY intitulé : « Le suave collaborationnisme du président des évêques de France ». Le 27 avril, Jacques BOMPART accuse le gouvernement de traiter de façon différente les cultes favorisant le culte musulman au détriment du culte catholique. Il oppose les églises de France qui « doivent être fermées », la verbalisation « des prêtres célébrant, même en privé » qui « commence à fleurir dans les périodiques locaux » et les consignes qui « circulent au sein de la police pour recommander le relâchement des contrôles pendant le ramadan et la bienveillance pour les réunions de voisins fêtant la rupture du jeûne chaque soir. ». Il met en cause le président de la Conférence des évêques lors de sa réunion avec le Président de la République : « Cette différence de traitement n’a malheureusement pas été contestée par le président de la Conférence des évêques de France lors de sa réunion avec le Président de la République. ».

Notons les références appuyées de certains à la France pétainiste voire à la Shoah…expression d’une communication dévoyée visant à se dédouaner des affinités de fait qu’ils entretiennent avec le nationalisme, la puissance de l’Etat, la promotion de la famille catholique, le racisme, voire l’exclusion d’une partie de la population de l’Etat français pendant la seconde guerre mondiale.

Ces constats conduisent les identitaires à relancer la thématique de reconquête catholique de la France par une consécration de notre pays au Sacré-Cœur :  Marc Aillet intervient à Bayonne le 19 avril, sur Facebook, dans une référence à la promotion du culte par les jésuites en 1689 à Paray-le-Monial, mais sans préciser qu’il s’agit alors d’une arme spirituelle de reconquête militaire de l’Europe du Nord contre les protestants (après l’avoir été contre ceux de Paray).  Derrière cette promotion, le fantasme identitaire, par les guerres de religions, d’une France catholique, toute catholique. Pour conclure, nous constatons sur les réseaux sociaux, une contestation d’ampleur des identitaires catholiques. S’inscrivant dans une mise en cause souvent violente du gouvernement, du régime démocratique, de la diversité française, de la laïcité, de l’UE et de la mondialisation, ils se saisissent d’une crise qui semble leur donner raison pour jouer sur les peurs, amalgamer, victimiser, et réaffirmer un nationalisme centré sur un pouvoir politique fort et la famille catholique aux valeurs traditionnelles. Par contre, avec le « bien commun » lié à la justice divine, la « sécession identitaire », « les territoires perdus de la république » attribués aux banlieues et la consécration de la France au Sacré-Coeur, les identitaires accentuent leur radicalisation pour s’aventurer de plus en plus ouvertement en dehors de la République solidaire, indivisible et laïque et pour accentuer les postures de haine et d’exclusion d’une population musulmane violemment stigmatisée dans une terminologie inspirée du « choc des civilisations ».

Section de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme

MAIN-BASSE SUR LA VILLE (8/4/2020)

Hier soir, retransmission sur FRANCE 3  du documentaire « Apparaître à Paray  » de Jean-Louis André. Se terminant sur le mot « mythe » associé au Sacré-Coeur, le film témoigne de l’impact de mon doctorat d’Histoire: « Les protestants de Paray-le-Monial de la cohabitation à la diaspora (1598-1750) ». Le recadrage du contexte historique d’une cité bi-confessionnelle vouée à l’irénisme et aux paix de religion mais attaquée, à la fin du XVIIème siècle, par des jésuites rigoristes promoteurs d’une politique de reconquête catholique de l’Europe reste ainsi fidèle à l’histoire de la ville… En ce sens, le documentaire marque un progrès par rapport au récit fictif et aux thèses révisionnistes de l’Histoire véhiculés depuis 3 siècles par des générations de jésuites.
Autre point positif, les déclarations du maire de Paray-le-Monial, Jean-Marc Nesmes, promoteur d’une république catholique telle que l’envisagent les identitaires catholiques d’extrême-droite, en substance, selon lui, aucune civilisation ne peut exister sans une prévalence religieuse avec à la clé, le refus du droit à l’adoption pour les couples homosexuels et des attaques tonitruantes contre la Ligue des Droits de l’Homme qui a porté en justice l’affaire de la crèche de la mairie. Positives aussi les déclarations de Frigide Barjot, témoin de première main, qui atteste l’enracinement de la Manif Pour Tous à Paray, dans la communauté de l’Emmanuel (le film montre aussi son emprise économique à travers une entreprise catholique). Positifs enfin le décryptage des glissements sémantiques (« Défense de la bioéthique » à la place de « Lutte contre l’avortement ») et la récupération de l’écologie pour défendre une contraception « naturelle ». Ainsi apparaît avec clarté et justesse le contexte politique actuel à Paray-le-Monial.
Par contre, sur le plan de l’histoire religieuse, l’auteur du documentaire n’a pas osé affronter le récit fictif la fabrication d’une sainte. Seul le mot « mythe » ouvre une timide fenêtre et tend la main aux Parodiens qui eux seuls ont le pouvoir de se réapproprier une histoire et une identité beaucoup plus valorisantes que le mythe d »un « sacré-coeur » prétendu aimant et dévolu aux guerres de religion. Molière a montré, dans son « Tartuffe », la puissance de l’imposture et du mensonge lorsqu’ils sont fondés sur des passions, en l’occurrence, à Paray, celle du pouvoir politique. Il nous faudra beaucoup de courage pour les affronter, rejeter l’obscurantisme et le fondamentalisme religieux qui prévalent dans l’image de la ville et réinvestir un humanisme convivial, rassembleur et tolérant à l’égard de toutes les différences.
Pour en savoir plus sur les cathos de Paray, lire « Catholicisme et identité, Regards croisés sur le catholicisme français contemporain (1980-2017) », sous la direction de Bruno Dumons et Frédéric Gugelot, Paris, 2017. Germaine Lemétayer (interrogée dans le documentaire en qualité de présidente de la section LDH Paray)

Apparaître à Paray : un documentaire consacré aux fêtes du Sacré-Cœur

Apparaître à Paray, un documentaire de Jean-Louis André / © Armoni prod/France 3

A l’occasion des fêtes du Sacré-Cœur qui se déroulent au mois de juin, plusieurs milliers de pèlerins convergent à Paray-le-Monial. La plupart d’entre eux vient juste chercher une forme d’apaisement et de communion dans cette ville où Jésus serait apparu au XVII siècle.

Par Nathalie Guigon Publié le 23/05/2018 à 18:34 Mis à jour le 06/04/2020 à 10:40

En plongeant dans la foule des fidèles, on ne tarde pas à s’apercevoir que ce grand rassemblement, prolongé en été par les « sessions » organisées par la Communauté de l’Emmanuel, est porteur d’un sens non seulement religieux mais politique.

Cette dimension identitaire est ambiguë, complexe, multiple, voire contradictoire, mais inséparable de l’histoire même du Sacré-Cœur.

Apparaître à Paray, un documentaire de Jean-Louis André / © France 3/Armoni prod
Apparaître à Paray, un documentaire de Jean-Louis André / © France 3/Armoni prod

Dans les pas d’un pèlerin modéré, au-delà du phénomène Paray, nous apprenons, durant trois jours pas comme les autres, à connaitre les ressorts d’une« catho-pride » qui sous-tend désormais notre paysage social et culturel.

Extrait documentaire Apparaître à Paray

Apparaître à Paray

Un film de Jean-Louis André
Une coproduction France 3 Bourgogne Franche-Comté et Armoni prod

Rediffusé lundi 6 avril 2020 à 22h45
sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté

https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/emissions/les-documentaires-bourgogne/apparaitre-paray-documentaire-inedit-diffuse-lundi-4-juin-apres-soir-3-1480847.html?fbclid=IwAR0L2c5rgGmGiTDsRDhwtV4uHS2KyoIKmPsDZOtnAwWxuSvUw0uNBz0wkk8

 

 

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FIASCO DES OFFENSIVES JUDICIAIRES CONTRE LES MINEURS AFRICAINS. LA LDH PARAY PROTESTE CONTRE L’INSTRUMENTALISATION POLITIQUE DE LA JUSTICE. (2 février 2019)

 

1-Le 30 janvier 2019, le Tribunal de Grande Instance de Mâcon s’est dessaisi du cas de deux mineurs maliens au profit du Tribunal des Enfants. A l’origine, la contestation de leur carte d’identité malienne tandis que d’autres documents d’identité procurés par leur consulat et donnant les mêmes informations…n’étaient, eux, pas contestés.

2-Le 1er février, la Cour d’Appel de Dijon s’est trouvée dessaisie, une demi-heure avant l’audience, de l’appel interjeté par le Président du Conseil Départemental contre un jugement de la juge des enfants au sujet de la reconnaissance de minorité d’un ivoirien. Début janvier, A Accary avait procédé de même dans le cas similaire d’un autre ivoirien. Notons que ces contestations concernaient deux jeunes …qui avaient été reconnus mineurs par le département en 2017…puis majeurs dans un autre département où on les avait envoyés et enfin mineurs par la juge des enfants de Mâcon dans le cadre d’un recours. Comprenne qui peut la logique du département…qui conteste la juge…sur son propre jugement alors qu’entre temps, les jeunes avaient présenté à la juge des papiers qui confirmaient leur minorité.

Que retenir de ces lamentables péripéties judiciaires?

Leur coût? Six mois de stress pour ces jeunes souvent très effrayés par la police et la justice; d’importants frais afférents à la constitution des dossiers par les juges et les avocats et l’organisation d’une audience…

Quel bénéfice pour le Conseil Départemental? L’envoi aux mineurs d’un message d’exclusion. Une posture anti-migrante renforcée face à son électorat d’extrême-droite.

La section de la Ligue des droits de l’Homme de Paray-le-Monial se réjouit évidemment du fiasco de cette instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Elle proteste fermement contre la xénophobie manifestée en l’occurrence et contre le gâchis de l’argent public occasionné par des retraits de dernière minute. Ces faits pourraient évidemment alimenter la réflexion dans le débat public actuel sur le problème posé par des élus déconnectés de nos valeurs républicaines et de l’intérêt général ainsi que sur la question du gaspillage des fonds publics.

Concluons en souhaitant bon vent à ces jeunes appréciés de leurs maîtres d’apprentissage…Se formant dans des métiers en tension…ils n’ont pas coûté un centime à la France jusqu’à leur arrivée et paieront bientôt des impôts. Ils constituent, pour notre pays, une chance et non pas une charge.

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A PARAY-LE-MONIAL, LA CRECHE DE LA DISCORDE (23/12/2018)

 

Cette année, le maire de Paray récidive en installant une crèche dans le hall de la mairie au mépris de la loi de 1905 qui exclut les signes religieux dans les bâtiments publics. Donc pas de crèche, pas de croissant, pas d’étoile de David…dans nos mairies, nos préfectures, nos écoles publiques. Telle est notre culture du vivre ensemble qui nous unit autour des valeurs républicaines communes: elles garantissent la liberté de culte, acceptent les signes religieux dans l’espace public mais font prévaloir la neutralité de l’Etat dans les bâtiments publics. Dans ces conditions, il est quelque peu sidérant de constater que selon le JSL, le maire allègue, pour justifier sa crèche, les « fondements de notre civilisation » en l’occurrence, la civilisation chrétienne qu’il revendique haut et fort et donc, si l’on se réfère à la Nativité, l’accueil dans une étable, du couple de pauvres étrangers sans-logis.. qu’étaient Joseph et Marie.

Mais là où le bâts blesse, c’est que des Joseph, la ville en a vu défiler quelques dizaines dans ses rues depuis 2017, tous jeunes, pauvres, sans-logis et victimes de terribles processus d’exclusion qui les ont rejetés de leurs pays respectifs, Guinée, Côte d’Ivoire et Mali. Tous porteurs des stigmates d’un abandon familial qui les a propulsés à travers le désert puis la Méditerranée jusque chez nous. Or pour ces jeunes qui ont pris tant de risques parce qu’ils n’avaient plus rien à perdre, et qu’ils attendaient tout de la France, quelle sorte de crèche fut pour eux la ville de Paray, la ville du Sacré-Coeur et de la crèche du Maire ???? Quel accueil ont-il reçu des autorités de la ville, du département, et plus particulièrement du cercle du maire de Paray, comprenant le directeur des FJT de Paray et de Chalon mais aussi le président du Conseil Départemental???? Faut-il que la Section de la Ligue des Droits de l’Homme le rappelle? Chacun sait en effet qu’ils ont mis en oeuvre avec un acharnement sans pareil, un processus d’exclusion par le mépris (« vous n’êtes que des étrangers, des sans-papiers, ne l’oubliez pas, sans moi vous seriez à la rue »…), le travail à la tâche payé 10 euros par semaine, la distribution d’aliments périmés, le manque de vêtements d’hiver et de soins médicaux, des procédures juridiques contre les reconnaissances de minorité de la juge des enfants.. Et puis Ponce-Pilate (ami des précédents?) s’est mis dans la partie avec tambours et trompettes pour placer trois de ces jeunes en garde à vue pendant toute une journée et en interrogeant sur des soupçons divers et gravissimes la présidente de la LDH Paray pendant 3 heures et demie. Deux de ces jeunes ne se sont pas remis des conditions de cette garde-à-vue et ont fui à l’étranger alors que pour l’un d’eux, ses droits ont été reconnus.

Quel accueil ont-ils reçu à Paray, ces jeunes??? Chacun sait que c’est la Ligue des Droits de l’Homme et des associations amies qui leur ont procuré des vêtements, des soins médicaux, un logement, une pension complète pendant une partie de l’année, des papiers d’identité destinés à faire reconnaître leur minorité, des conseils, un soutien moral. C’est elle qui les a présentés devant la juge des enfants, leur a trouvé une formation pour faire un CV… les aide à s’installer et à gérer leur nouvelle vie d’apprenti..le tout sans un sou de subventions.

La LDH n’a pas de crèche sur son drapeau, mais elle a la fraternité qui lui suffit. Quant à la crèche du maire de Paray, elle est comme le Sacré-Coeur sur le drapeau de Civitas, comme l’arrêté municipal de 2017 contre les mendiants de la ville, l’emblème politique d’identitaires qui font prévaloir l’entre-soi sur le vivre-ensemble. A l’opposé du symbole de la crèche et de nos valeurs républicaines. Et Monsieur le Maire qui parle de civilisation…

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QUAND L’EXTREME DROITE IDENTITAIRE ASSURE LE SPECTACLE A LA MANIF DES GILETS JAUNES….ET OCCUPE LE TERRAIN MEDIATIQUE… (27/11/2018)

 

 

Dimanche, aux Champs-Elysées, sous le regard certes désapprobateur mais passif des Gilets aunes, des groupes identitaires ont mis en scène avec le brio et le savoir-faire qui est le leur, l’édification de barricades, la destruction de mobilier public, l’allumage de feux, la confrontation avec la police, assurant des heures de spectacles sur BFM TV et autres. Parmi les groupes d’extrême-droite, les identitaires catholiques brandissaient un drapeau tricolore affublé du Sacré-Coeur, comme ils l’avaient déjà fait lors des manifestations du 22 novembre. Ces militants de la Manif Pour tous étaient représentés au plus haut niveau sur le terrain, par Marion MARECHAL (selon ses déclarations), et sur les plateaux de télévision par François-Xavier BELLAMY, adjoint au maire de Versailles, invité de l’Emission Politique (La Suite) sur France 2 le 22 novembre, au Grand Matin de Sud Radio, au Figaro le 23 et à Paris Direct sur France 24 le 26. On a ainsi pu entendre ce chantre de la Manif Pour Tous puis de Sens commun et maintenant de LR dans un nouveau registre: Alors qu’en juin 2014, il prêchait à Paray-le-Monial, au Forum Zachée, la reconquête catholique de la France, la nécessité d’aller au « martyre dans les banlieues » (contre les musulmans), l’édification d’un pouvoir fort, le rejet de la démocratie réduite à la promotion des idées « à la mode », le voilà subitement reconverti à la défense inconditionnelle …des gilets jaunes…et de …l’écologie!! Mais quand la grande bourgeoisie souverainiste versaillaise fait dans le populisme, l’exigence philosophique fait place à la caricature et au manichéisme: Réduisant le discours de Hulot -« d’un côté une angoisse et de l’autre côté des leçons de morale »-, F.X. Bellamy oppose sans vergogne d’une part les « gens », « ceux qui travaillent », la France des territoires, les classes moyennes auxquels il s’identifie et d’autre part la France urbaine et l’Etat ..matraqué à travers l’absence de réformes, d’alternative et le mépris des élites pour le peuple; il esquive les questions gênantes sur l’augmentation des mutuelles et des taxes par les Sénateurs LR, se réfère à la nature pour s’opposer à la PMA pour tous (tes) et à l’immigration et se maintient dans un discours exclusivement critique, sans propositions précises. Car l’essentiel, ce n’est pas la politique, c’est l’instrumentalisation politique de la crise sociale par rapport à deux fondamentaux de la Manif Pour Tous, à savoir, depuis 2009, l’identification de la MPT au peuple d’une France profonde détentrice des racines chrétiennes et depuis 2012, l’idée de « la montée en puissance de ses engagements politiques anti-libéraux à travers un « cadrage populiste » qui considère … que « quand l’injustice devient loi… la rébellion devient devoir »*. Convaincue de représenter la voix de la France profonde identitaire, la MPT surfe sur un mouvement dont certaines dérives xénophobes, antisémites, antimusulmanes, homophobes et la dénonciation des migrants peuvent apparaître comme symptomatiques d’une France nationaliste aux racines chrétiennes identitaires affirmées, telle que l’avait décrite Dominique Rey, le chef de la MPT, au Figaro en septembre 2015**. Ainsi assiste-t-on à un épisode qui témoigne d’un opportunisme certain et d’une remarquable permanence. Trois ans après, dans le même Figaro du 23 novembre 2018, Guillaume Tabart titre: « Bellamy, la carte de la jeunesse, mais aussi la carte des idées » et annonce que le chantre de la Manif Pour Tous serait pressenti par Wauquier pour être tête de liste aux Européennes…Elle en a fait du chemin, la MPT… et elles sont loin, les revendications anti-fiscales des Gilets jaunes! Quant aux idées nationalistes, anti-libérales, populistes et la dévotion à la nature de Bellamy, il suffit de se référer aux fondements de l’extrême-droite des années trente pour constater qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Depuis 2014, FX Bellamy n’a pas changé, c’est la droite de Wauquier qui a investi le champ des identitaires.

* LDH Paraylemonial, 17 décembre 2017: « La citadelle assiégée: La crèche, Wauquier, Nesmes et les autres ».

**LDH Paraylemonial, 25 oct 2015, « L’Extrême-droite catholique de Paray-le-Monial entre le sabre et le goupillon »

Rosaire aux Frontières

ANNE-MARIE JAVOUHEY, ABOLITIONNISTE OU ESCLAVAGISTE? (7/5/2018)

Sur son site  « Les routes de l’esclavage », l’organisateur de commémorations Philippe Pichot hisse Anne-Marie Javouhey au rang des plus grands abolitionnistes, entre l’abbé Grégoire et Victor Schoelcher en la créditant de l’émancipation de « plusieurs centaines de Noirs en 1838 » (Forêt mémoire Anne-Marie Javouhey). Si personne n’a jamais contesté les convictions émancipatrices et l’action des seconds, par contre, la promotion zélée de la religieuse par les courants traditionnels catholiques suscite depuis le XIXème siècle la surprise des historiens. Il en résulte que le cas de sa plantation de Mana constituée en Guyane a alimenté une littérature catholique considérable autour de la figure héroïsée de la religieuse, présentée comme bienfaitrice et ardente émancipatrice des Noirs résistant aux persécutions de son évêque et des planteurs, bref tous ingrédients promoteurs de sainteté et annonciateurs d’une procédure de canonisation. De fait ce sont les historiens spécialistes de la colonisation au XIXème siècle et plus particulièrement de la Guyane qui ont abordé la question de la plantation de Mana à partir de sources abondantes et sans ambiguïté. Citons parmi eux, Philippe Delisle et son « Histoire religieuse des Antilles et la Guyane française. Des chrétientés sous les tropiques? (1815-1911) » et la thèse de Denis Lamaison: « Prospérité et barbarie: système économique et violence dans deux colonies françaises au XIXème siècle (la Guyane et l’île de la Réunion) ».

Quels sont les faits ?

A partir des années 1816,  la Congrégation des Soeurs de Saint Joseph de Cluny créée par A.M. Javouhey s’installe à l’île Bourbon, au Sénégal, en Guadeloupe, en Martinique puis en Guyane pour créer des pensionnats réservés aux filles de colons, activité alors très lucrative pour une communauté jeune qui a besoin de fonds pour s’établir. En 1828, en Guyane, elle élargit ses activités par la mise en valeur d’une région non encore colonisée, celle de Mana, avec 57 cultivateurs blancs venus de France sous contrat et l’aide conséquente de l’administration française. Mais ce premier projet de colonisation de 15 hectares s’avère un échec à cause de l’intransigeance d’A.M. Javouhey -elle ne supporte que les hommes « vraiment pieux et craignant Dieu »- qui fait fuir les cultivateurs dès la fin de leur contrat. Dès lors elle les remplace par une trentaine d’esclaves  puis neuf autres qu’elle achète en 1832 à Cayenne….ainsi que par des affranchis récupérés suite à l’interdiction de la traite: Le 18 septembre 1835, elle signe avec le gouvernement une convention très avantageuse pour elle selon laquelle, en vertu de la loi du 4 mars 1831 qui renforce les sanctions contre la traite, 477 Africains saisis sur les bateaux de contrebande seront confiés progressivement à la Congrégation de Cluny.  Déclarés libres par la loi, ils seront néanmoins soumis à une période de probation de 7 années qu’A.M. Javouhey va prolonger pendant deux ans estimant qu’ils ne se sont pas amendés suffisamment. Ce sont ainsi neuf années qui sont mises à profit pour mettre en valeur 100 hectares de terres mais aussi pour christianiser les Noirs, l’urgence n’étant pas, selon Philippe Delisle, de les libérer mais de « leur apprendre leurs devoirs envers Dieu et envers la société ». Pour accélérer la christianisation, la religieuse les maintient dans un état proche de la servitude, leur impose un programme de scolarisation et de moralisation accélérées par un ensemble de  pratiques coercitives très rigoureuses: une surveillance étroite, des contraintes voire la violence pour des broutilles -« la civilisation du fouet » selon Denis Lamaison en référence aux 15 coups de fouet infligés pour des vols légers-, la séparation des sexes (les filles sont quasiment séquestrées), les mariages arrangés et l’interdiction de contacts extérieurs. En mai 1838, leur période de probation terminée, 185 Noirs affranchis en 1831 sont déliés de toute contrainte. La même année, A.M. Javouhey libère aussi 32 esclaves lui appartenant en propre sur 57…tout en leur imposant 7 ans de travail obligatoire.

Pour conclure, les historiens témoignent de plusieurs faits: les centaines d’esclaves prétendument libérés en 1838 à Mana par Philippe Pichot se réduisent donc à 32, ce qui ne manque pas d’opportunisme et de symbolisme, en un temps où, du fait de l’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises,  les révoltes et les fuites d’esclaves se multiplient. Par contre, en ce qui concerne ses autres esclaves et ceux des autres établissements de la Congrégation à l’île Bourbon, à la Martinique et à la Guadeloupe et au Sénégal, l’esclavage est maintenu jusqu’en 1848.

Qu’en est-il des aspects idéologiques de l’abolitionnisme, c’est-à-dire de la prise de conscience, par A.M. Javouhey, des principes de 1789, de l’universalité de la liberté et de l’égalité? Selon Denis Lamaison « Pour elle, ces derniers (les Noirs) étaient moralement des enfants, à qui il fallait tout apprendre, et notamment à travailler. Elle déconsidéra ainsi tout le travail que fournissaient alors les 2500 Noirs libres qui vivaient dans les autres quartiers de la colonie, les décrivant en 1830 comme de « misérables paresseux » vivant seulement de pêche et de chasse ». En 1843, Marcel Barthe dresse un réquisitoire impressionnant contre la religieuse dans un texte romancé opposant une « reine Blanche »(A.-M. Javouhey) à une « reine Noire » imaginaire marronne…En 1848, hostile à la deuxième République, elle ne dit mot du décret d’abolition de 27 avril…exprimant par contre avec insistance ses craintes face aux révoltes potentielles, aux risques de cessation du travail et d’exigences de salaires: « Pour les esclaves, ne parlez pas argent » écrit-elle à leur supérieure de la communauté de la Guadeloupe le 2 mars 1848. Ainsi la religieuse de Cluny est-elle aux antipodes de la pensée de son voisin mâconnais, Lamartine qui, dans son discours à la Chambre des Députés du 23 avril 1835 faisait appel « à la toute-puissance de la conscience humaine que rien ne peut étouffer, qui se soulève chaque fois qu’on prononce le mot « esclave…il y a en l’homme, dit-il,[…] quelque chose de divin, de surhumain, qui crie en lui-même contre ces mensonges, contre ces sophismes qui ne lui laissent le repos que quand il a satisfait à ses aspirations de justice ». Le décret signé par Lamartine le 27 février 1848 libèrera, lui, près de 250000 esclaves.

Notre section a déjà dénoncé l’instrumentalisation, par les identitaires catholiques du cas de la religieuse de Cluny. L’exposition qui lui est consacrée en Saône-et-Loire en cette année-anniversaire de l’abolition de 1848 apparaît donc comme une imposture par rapport à Lamartine…et renforce nos analyses précédentes. Nous réaffirmons que si la reconquête catholique en Amérique du Sud, aux Antilles et en Afrique a besoin d’une sainte abolitionniste, les associations de commémorations de l’abolition de l’esclavage sur fonds publics n’ont pas à être détournées en faveur d’un prosélytisme quelconque selon les termes de la loi de 1901.

Terminons en mentionnant le soutien que nous a procuré l’historien Denis Lamaison le 7 janvier 2018 : « Vivant en Guyane depuis 10 ans, j’ai pu voir comment l’histoire de cette religieuse et de son établissement de Mana a souvent été réécrite que ce soit par des politiciens ou des catholiques. Il est même question aujourd’hui de la faire canoniser. J’ai pourtant démontré au cours de mes recherches qu’elle n’avait non seulement jamais milité pour l’abolition mais qu’elle avait été de surcroît propriétaire esclavagiste. Anne-Marie Javouhey n’est donc pas pour moi une figure de l’abolition et elle n’a donc rien à faire dans un parcours mémoriel. Je vous soutiens totalement dans votre action et celle de la LDH contre les instrumentalisations de l’histoire. » (Lien vers « Une autre histoire de Anne-Marie Javouhey » de Denis Lamaison : http://www.une-saison-en-guyane.com/article/histoire/une-autre-histoire-de-anne-marie-javouhey/ )

Voir ci-dessous, dans le même registre des manipulations de l’histoire, l’article complet publié sur notre site Facebook le 17 décembre 2017 En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/12/13/wauquiez-tour-en-haute-loire_5229280_3232.html#vfj7iWVhik4iumLH.99

 

 

LETTRE OUVERTE AU MAIRE DE PARAY-LE-MONAIL: POUR LA FRATERNITE AVEC LES MIGRANTS (28 avril 2018)

Aujourd’hui, 28 avril 2018, l’organisation, face à la basilique de Paray-le-Monial, d’une célébration du « Rosaire des Frontières » manifeste une fois de plus la xénophobie antimusulmane des identitaires catholiques de la ville. Impulsé par Civitas, ce Rosaire mobilise en effet les catholiques contre l’islamisation de l’Europe (voir l’article du Monde du 6/10:2017) . Il le fait en référence à un intégralisme visant au rétablissement d’un catholicisme qui ne laisse la place à aucun « accommodement », et en brandissant le fantasme zémourien de « la submersion de hordes (musulmanes) hostiles et conquérantes ». La Vierge est convoquée, comme au XVIIème siècle contre les protestants, dans une posture de guerrière défendant l’Europe catholique considérée comme « citadelle assiégée ».>

> > > Depuis sa fondation en avril 2014, notre section n’a eu de cesse de lancer des alertes contre les dérives identitaires des organisateurs de la Communauté de l’Emmanuel et de certains notables de la ville: celles de François-Xavier Bellamy lançant de Paray, le 3 juin 2014 (Forum Zachée) un appel à la reconquista et au martyre dans les banlieues; celles de Dominique Rey, évêque de Toulon-Fréjus et patron de la Communauté de l’Emmanuel défendant dans le Figaro -contre les musulmans exclusivement- les frontières de la France et suggérant le renforcement des catholiques pour préserver les racines identitaires (7 sept 2015); celles du Maire de Paray, Jean-Marc Nesme, qui ne respecte pas, à notre avis, la neutralité de l’Etat lorsqu’il transforme à Noël l’entrée de l’Hôtel de Ville en chapelle catholique; celles d’Hervé Thurin, directeur des FJT de Paray et de Chalon/Saône qui imposa pendant des mois, en 2017 et 2018, une forme d’esclavage moderne (travaux gratuits et maltraitances) à des mineurs africains isolés censés être musulmans (il y a eu un raté).>

> Nous, section de la Ligue des Droits de l’Homme, avons protesté contre la haine et les discriminations par des cercles de silence, des communiqués publiés sur internet, des lettres écrites au Président du Conseil Départemental, à la Directrice de l’ASE, au Défenseur des droits et au Procureur de la République La LDH a engagé une procédure lorsque la laïcité, c’est à dire la neutralité de l’Etat, n’était pas respectée par le Maire. La section a, avec d’autres associations, nourri, vêtu, fait soigner, réconforté les mineurs africains; elle a obtenu avec la Cimade, l’arrêt du travail gratuit; elle a hébergé l’un deux pendant plus de deux mois. Aujourd’hui, en opposition complète aux pratiques d’exclusion du Directeur du FJT « Surtout, ne leur donnez pas d’espoir », elle continue à les aider à faire valoir leurs droits.
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> Considérant que la ville de Paray-le-Monial inscrit son histoire dans celle de l’humanisme chrétien et non de l’intégralisme; que la basilique romane a été construite par des Bénédictins et que, en qualité de lieu de culte et de Monument historique, ce symbole puissant de l’humanisme appartient à tous les Français;
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> Considérant la fausseté des allégations d’identitaires agis par la peur de l’Autre qui est différent, le repli sur soi, la tentation du retour aux traditions et à des conceptions politiques autoritaires;
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> Considérant que l’universalité ainsi que les valeurs républicaines de tolérance et de fraternité inscrites dans nos lois fondamentales nous incitent au contraire à l’accueil, à la rencontre et à l’échange qui élargissent et enrichissent nos vies et notre identité;
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> Nous, section de Paray-le-Monial, exprimons notre très vive indignation face à l’imposture, aux délires fantasmatiques et au déni des principes républicains;
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> Nous réaffirmons notre attachement aux principes et aux valeurs de justice, de laïcité, de fraternité que la Ligue des Droits de l’Homme promeut depuis 120 ans, plus particulièrement avec les migrants qu’elle s’honore d’avoir toujours aidés;
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> Nous nous adressons donc par cette lettre ouverte au Maire de Paray-le-Monial pour protester contre l’infamie qu’il a infligée à sa ville en autorisant cette manifestation anti-migrants sur un espace public. Nous lui rappelons instamment sa mission de représentant de l’Etat, sensé faire respecter les valeurs républicaines.
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>Nous nous adressons enfin aux Parodiens pour qu’ils s’engagent de la manière qui leur convient pour restaurer l’image très fortement dégradée de notre ville. Chaque citoyen en étant dépositaire, la dignité humaine doit être défendue à travers une réflexion fondée sur une lucidité raisonnée et en réactivant le sentiment de fraternité.
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> LDH Paray-le-Monial.

Sur la photographie, le groupe de manifestants avec une banderole « Rosaire des frontières » devant la basilique dont la patronne est la Vierge.
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>https://www.rosaire-aux-frontieres.com/

COMMUNIQUE SUR LE REFERE CONCERNANT LA CRECHE DE LA MAIRIE DE PARAY-LE-MONIAL (14/1/2018)

Communiqué: Hier, la section de la Ligue des Droits de l’Homme de Paray-le-Monial a pris acte de l’ordonnance publiée le 3 janvier par un juge du Tribunal administratif de Dijon. Suite à la requête du 20 décembre 2017 de la LDH pour demander le retrait d’un médaillon-crèche du hall de la mairie de la ville, cette ordonnance retoque la LDH sur la question de l’urgence. A noter que la justice est passée…dans des termes contraires à ceux de l’an dernier. La section attend cette année un jugement sur le fond portant sur la violation des principes de laïcité et de neutralité du service public.

L’image contient peut-être : plein air

BATTAGE MEDIATIQUE LOCAL AUTOUR DU MEDAILLON-CRECHE EXPOSE DANS LE HALL DE LA MAIRIE DE PARAY-LE-MONIAL (DECEMBRE 2017)

Photographies: Germaine Lemétayer

Sollicitée par le JSL pour répondre aux « provocations » du maire, la section de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme n’entend pas entretenir le battage médiatique local et celui d’un réseau social d’extrême-droite. Elle note seulement l’instrumentalisation curieuse de personnes « handicapées  » de Bethléem, alors qu’en juillet, le même maire a fait appliquer à la rigueur un arrêté anti-mendicité qui excluait deux d’entr’eux de la ville. Rappelons aussi la très curieuse hospitalité offerte aux jeunes mineurs africains étrangers au Foyer des Jeunes Travailleurs de la ville, contre un travail forcé gratuit…Comprenne qui pourra. La LDH attend avec sérénité les décisions et le jugement sur le fond du tribunal administratif de Dijon.

 

http://www.lejsl.com/edition-charolais-brionnais/2017/12/14/comme-l-an-dernier-le-maire-de-paray-installe-une-creche-dans-sa-mairie

https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/paray-monial-creche-est-installee-mairie-deuxieme-fois-1385915.html

http://www.lejsl.com/edition-charolais-brionnais/2017/12/15/la-creche-de-paray-passera-t-elle-noel

http://www.lejsl.com/edition-charolais-brionnais/2017/12/16/une-creche-fruit-d-un-jumelage-avec-bethleem

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2017/12/cr%C3%A8che-de-no%C3%ABl-le-maire-de-paray-le-monial-brave-le-tribunal.html

http://www.vivre-a-chalon.com/lire_Creche-a-la-mairie-de-Paray-le-Monial-_-Reaction-de-la-Ligue-des-Droits-de-l_Homme,2302387ceac7f5b64e43016561d22e53bb5359f0.html

 

Crèche de Noël : le maire de Paray-le-Monial brave le tribunal