Si la justice dépendait des églises et de la royauté comme ce fut le cas sous l’Ancien Régime, les ligueurs auraient certainement à craindre pour leur liberté voire leur vie.
Il y a eu Sarkozy qui nous a traités plus d’une fois de « droits de l’hommiste », le procès aujourd’hui d’une LDH qui aurait basculé du côté des forces ennemies de la République (islamistes et éco-terroristes, violences sociales, etc.) a agité des Politiques de premier plan et bien sûr le Rassemblement National qui lui, propose directement notre dissolution.
Est-ce l’air du temps, est-ce un changement d’orientation ou est-ce une manœuvre de diversion ?
Rappelons que la LDH, même au risque de déranger les pouvoirs en place, a toujours considéré que les droits fondamentaux valent pour toutes et tous. Et cela vaut même pour des personnes dont la LDH n’approuve rien des idées ni des actes, comme ce fut le cas pour notre demande de procès équitable concernant les collaborateurs en 1945 ou pour les djihadistes d’aujourd’hui.
Certes, les positions de la LDH sur des sujets aussi complexes et sensibles que celui de l’islamisme ou de la défense des droits peuvent interpeller. Je comprends personnellement que des républicains laïcs mesurés, qui n’ont rien à voir avec des islamophobes, aient pu être troublés par certaines positions de la LDH comme celle dernièrement concernant l’imam radical Hassan Iquioussen. Nous ne sommes pas intervenus pour défendre de près ou de loin ses théories abjectes ainsi que ses propos antisémites inqualifiables. Nous avons agi au titre du droit au respect à sa vie familiale comme cela avait d’ailleurs été retenu par le tribunal administratif.
N’hésitons pas à rappeler que la LDH souhaite que toutes poursuites se fassent dans le respect du droit.
Nous ne nous sommes pas portés partie civile au procès des terroristes du vendredi 13 novembre 2015. Le procès, selon les parties civiles, les avocats de la défense et l’accusation a été un procès admirable. D’ailleurs, les prévenus n’ont pas fait appel des décisions judiciaires. Ce n’est pas parce que ce procès s’est déroulé de manière mesurée et a permis l’expression de tous qu’il ne s’est pas déroulé sous le sceau d’une justice d’exception. S’il s’était tenu face à une Cour d’Assises classique, aurait-il été moins bien mené ? Rien n’est moins sûr. Par ailleurs, le chef d’accusation d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste est redoutable et son manque de précision juridique peut vite déraper.
La force de la LDH ne repose pas uniquement sur ses combats et ses actions mais aussi sur la valeur républicaine et exemplaire de son sérieux. La LDH agace sérieusement les gouvernements socio-démocrates et libéraux qui, au nom de la lutte contre le terrorisme, mettent en cause les garanties sur les libertés publiques.
Nous sommes inquiets que chaque nouvel événement d’ampleur donne lieu à encore plus de renforcement de l’appareil sécuritaire d’Etat. La surveillance systématique de la population va augmenter suite à la loi récente sur les jeux olympiques en introduisant la possibilité de surveiller des millions de personnes à la recherche de « comportements anormaux » par des drones et des caméras dites « intelligentes ».
Ne nous trompons pas, le recul du gouvernement concernant la présentation d’une loi sur les étrangers et le droit d’asile n’est que provisoire. Il y a tout lieu de craindre que le nouveau projet de loi balayera d’un revers de main les quelques avancées du projet Dussopt Darmanin, entre autre le titre de séjour pour métiers en tension qui pourtant n’avait rien de révolutionnaire.
La LDH ne changera pas. Changer serait renoncer à assurer pleinement notre mission de défense des droits et libertés. Nous appelons les citoyennes et citoyens, les organisations attachées au respect de l’état de droit à se mobiliser face à des gouvernants qui paraissent de plus en plus fébriles et qui perdent le sens même de leurs responsabilités républicaines.
Jean-Luc BOERO, président de la section, le 27 avril 2023
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