Lorsque des mouvements d’extrême-droite radicaux cherchent à instaurer une politique de la peur par l’intimidation, la menace, l’usage de saluts nazis comme on l’a vu à St-Brévin et la recherche d’affrontements directs avec des antifascistes, la République est en danger.
Le maire de St-Brévin a reçu des menaces de mort, il a été victime d’un incendie à son domicile, probablement d’origine criminelle. Lui-même parle de terrorisme d’extrême-droite.
Il n’a eu que très peu de manifestations de soutien de l’Etat. Mme Borne, M. Darmanin et M. Macron étaient muets depuis le 22 mars, date de l’incendie de ses deux véhicules. Pourtant, Yannick Morez avait plusieurs fois alerté les autorités préfectorales, la gendarmerie, Olivier Véran et les ministères concernés.
Des militants du CBAS ont eux-mêmes déposé plainte pour des faits d’intimidation et d’injures comme ce fut le cas pour son président, Philippe Croze. Lors d’une visite sur site, le sous-préfet de St Nazaire n’en semblait pas informé.
Le MRAP et la LDH ont déposé plainte au regard de tracts appelant à la discrimination et à la haine.
Le 21 avril dernier, je ré alertais le Procureur de la République au regard des manifestations virulentes de l’ultra-droite et lui demandais où en était l’instruction de notre plainte, courrier uniquement transmis à la brigade de gendarmerie concernée.
Le CBAS avait rencontré le maire de St-Brévin avant la manifestation du 29 avril. Le maire en avait demandé l’interdiction au Préfet, demande qui ne fut pas suivie d’effets et pour lequel Yannick Morez n’a reçu une réponse définitive que la veille de la manifestation.
Dans un tel climat, il est humainement compréhensible de se retrouver contraint de démissionner.
Faut-il rappeler que le projet d’installation décidé par l’Etat au moment de la fermeture de la jungle de Calais a conduit à l’arrivée de migrants sur St-Brévin sans réelle concertation avec la population et les élus. C’est grâce à l’humanisme des membres du CBAS qui, depuis 2016, apportent soutien, animation et accompagnement des réfugiés, que les quelques 400 migrants déjà accueillis ont pu bénéficier d’un accueil de qualité en lien avec les quelques professionnels du CADA. Depuis 2016, il n’y a jamais eu de problématiques conflictuelles entre des réfugiés et la population brévinoise. Aucun acte de délinquance n’a été commis par ces réfugiés.
Prochainement, vous aurez l’occasion de lire un article dans la revue Droits et Libertés qui vous renseignera précisément sur l’admirable travail conduit par les militants bénévoles du CBAS.
La section LDH, comme vous le savez, s’est fortement impliquée pour trouver les réponses adaptées face aux réactions des quelques anti-CADA brévinois fagocités par la stratégie développée par le RN dans un premier temps puis par des mouvements d’extrême-droite radicaux.
Avec le CBAS, nous avons toujours tenté de trouver des réponses adaptées prenant en compte la réalité politique et sociale de St-Brévin et la nécessaire lutte contre les thèses anti immigrées et l’idéologie raciste et xénophobe.
Sachant la stratégie nationale de Reconquête et de l’ultra-droite face à l’implantation de lieux d’accueils de migrants en zones rurales, nous avons tout fait pour que la contre-manifestation du 25 février soit massive et présente un caractère national. Arié Alimi du Bureau National, le député européen Damien Carême, Pascal Brice, ancien directeur général de l’OFPRA étaient présents.
De plus, la politique de l’amalgame entre l’extrême-droite et l’extrême-gauche et l’inertie du ministre de l’intérieur et de ses services face aux dangers de l’ultra-droite nous a conduits à réagir. C’est ainsi que dans un communiqué de presse du 6 avril intitulé « Gérald Darmanin menace la Ligue des Droits de l’Homme » nous faisions référence à Isabelle Sommier, sociologue, qui dans une interview à Médiapart, le 05 avril, déclarait « qu’en matière de violence politique, l’ultra droite est plus menaçante ».
Comme Yannick MOREZ, nous sommes révoltés par la pseudo impuissance de l’Etat mais aussi par la politique de l’amalgame assumée au plus haut niveau de l’Etat entre quelques militants d’extrême-gauche ayant des pratiques violentes condamnables et les nervis de mouvements ouvertement néofascistes de l’ultra-droite.
L’instrumentalisation des thèmes du RN sur l’immigration banalisent cette idéologie raciste et xénophobe. C’est consternant !
Tout cela est bien le symptôme de nombreux maux qui rongent la démocratie française.
C’est politiquement stupide puisque la vraie bénéficiaire de cette course derrière les thèmes anti immigrés sera l’extrême-droite elle-même.
Jean-Luc Boero, président de la section,
Le 14 mai 2023
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