En deux temps, le ministre de l’Intérieur et la première ministre s’en sont pris à la LDH devant les Parlementaires.
Le ministre de l’Intérieur a mis en cause la participation de la LDH à des observatoires citoyens qui ont notamment documenté le dispositif de maintien de l’ordre sur la zone de Sainte-Soline dans le cadre des mobilisations contre les « mégabassines », les 24-26 mars 2023.
Au-delà de la confusion que le ministre opère sur la notion d’observateur indépendant, monsieur Darmanin exprime là une dérive inquiétante dans le cadre de sa fonction gouvernementale :
– parce qu’il tient des propos mensongers : la LDH n’avait pas appelé à manifester comme il l’affirme alors ;
– car il révèle sa détermination à piétiner le droit international qui protège le statut d’observateur.rice, et, avec lui, la liberté d’expression.
Ensuite, au Sénat, le ministre a été jusqu’à menacer de remettre en question les subventions publiques accordées à la LDH, en réponse au sénateur Les Républicains (LR) François Bonhomme, qui a appelé à « cesser de financer les associations » telles que la LDH. « Je ne connais pas la subvention donnée par l’Etat [à la LDH], mais ça mérite d’être regardé dans le cadre des actions qui ont pu être menées », a répondu Gérald Darmanin. Avant d’ajouter : « Beaucoup de collectivités locales aussi les financent, il n’y a pas que l’État. »
La première ministre s’en prend à la LDH soi-disant pour ses ambiguïtés face à l’Islamisme radical, laissant sous-entendre que la LDH serait noyautée par l’extrême-gauche. Elle n’apprécie pas non plus que la LDH ait récemment attaqué un arrêté interdisant le transport d’armes par destination à Sainte-Soline.
Patrick Baudouin lui a rappelé que le Conseil Constitutionnel, le 18 janvier 1995, a considéré qu’on ne pouvait pas interdire le port ou le transport d’objets pouvant être utilisés comme projectiles car il s’agit d’une formulation générale et imprécise qui entraîne des atteintes excessives à la liberté individuelle.
La LDH appelle et appellera toujours à manifester pacifiquement.
Les valeurs défendues par la LDH vont totalement à l’encontre de ce que véhicule l’Islamisme radical. Cependant, « nous défendons tous les droits, même les droits des terroristes à être jugés équitablement et non par des justices d’exception » (Patrick Baudouin- Le Monde du 14 avril 2023).
Gérald Darmanin insinue la possibilité que les associations comme la LDH qui remettent en cause les projets gouvernementaux ne puissent plus bénéficier de subventions.
D’abord, les subventions ne sont aucunement un droit. S’il fut longtemps le cas où les subventions servaient au fonctionnement associatif, aujourd’hui, les subventions les plus importantes délivrées aux associations le sont dans le cas d’appel à projet. La LDH, association d’éducation populaire, répond à des appels à projet qui dépendent d’autres ministères que du ministère de l’intérieur. Sur St Nazaire, nos seules subventions publiques sont celles de la ville de St Nazaire et à ce jour, elles ne sont pas remises en cause. Les seules fois où elles l’ont été le furent par le Rassemblement National, les équipes municipales en place ces dernières années ont toujours soutenu la LDH dans son action universaliste de défense des droits et libertés.
Pour autant, savoir qu’environ ¼ de nos ressources pourraient disparaitre introduit une résonnance angoissante pour l’ensemble des membres du Bureau National, les 17 salariés et bien évidemment le tissu associatif car après la LDH, quelles seront les prochaines cibles ?
Les subventions sont indispensables pour faire vivre les principes démocratiques. Supprimer ou diminuer ces subventions est l’un des moyens traditionnels utilisés par les régimes autoritaires pour affaiblir l’équilibre entre pouvoir et contrepouvoirs, sans lequel une démocratie est anéantie.
Les réactions de soutien à la LDH sont nombreuses. La presse, les syndicats, les associations, la défenseure des droits, les partis politiques s’en font l’écho.
Les nouveaux adhérents affluent en masse. Nous tenterons d’être à la hauteur de leurs attentes et veillerons à les accueillir correctement.
Face aux atteintes démocratiques, au climat social très tendu, à la remise en cause des valeurs, des subventions et des principes de droit au cœur de la LDH, la prochaine réunion de section, le jeudi 20 avril, sera uniquement consacrée à l’analyse de la situation, aux perspectives et aux actions à conduire.
Jean-Luc Boero, président de la section, le 15 avril 2023
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