Nous sommes pétris d’émotions et probablement traversés de sentiments divers face à la barbarie qui sévit depuis le 07 octobre 2023 en Israël, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.
Le risque d’une déflagration régionale voire mondiale vient vite à l’esprit et peut paralyser la pensée et surtout l’action pour la paix à conduire. Les crimes commis par le Hamas et l’armée israélienne donneront probablement lieu à instruction par la Cour Pénale Internationale.
Cependant, ces massacres s’inscrivent dans un temps long que l’on peut dater. En 1948, après la création de l’Etat israélien, la Nakba s’est traduite par le déplacement de près de 800 000 Palestiniens qui vivent toujours dans des camps. Nous ne pouvons ignorer ni la réalité actuelle ni la complexité de la situation.
Il n’y a pas de symétrie entre le droit des Israéliens à vivre en paix et des Palestiniens qui vivent dans un tombeau à ciel ouvert, celui de Gaza depuis trop de temps.
Aucunement les massacres commis les 7 et 8 octobre, ces crimes barbares, ces actes de terrorisme, ne peuvent conduire à une vengeance. La légitime défense n’est pas la vengeance. Il n’y a jamais eu une responsabilité collective d’un peuple ! Nous ne pouvons accepter que des crimes de guerre appellent aux crimes de guerre.
La société israélienne est multiple et nous ne pouvons la réduire au discours messianique, tenu par Netanyahou, du bien contre le mal qui conduit à la riposte indiscriminée israélienne, à la punition collective. Disons aussi fortement que le peuple palestinien n’est pas le Hamas ! La cause palestinienne n’est pas la cause du Hamas, qui est une organisation politique islamique.
Les armes ne remplaceront jamais la perspective politique. L’Europe est amnésique et la France, longtemps voix non-alignée, s’est dissoute dans un silence face aux droits des Palestiniens. L’effacement de la question palestinienne face à des accords économiques, stratégiques signe le ratage de la communauté internationale. La reconnaissance d’un Etat palestinien doit revenir au centre de notre diplomatie. C’est pour cela que nous revendiquons l’application de la résolution n° 242 du 22 novembre 1967.
Nous sommes aussi effrayés par le niveau des arguments politiques de certains ministres. Je dis : Il faut avoir une morale, un sens de la dignité, une vision historique et une égale compassion pour tous les morts civils. Tenter de tirer un avantage politique pour plaire à tel ou tel segment de la société est effrayant. Entendre des femmes et des hommes politiques dire qu’il faut supprimer les aides européennes aux palestiniens ou parler d’apologie d’acte de terrorisme pour criminaliser ceux qui soutiennent la juste cause palestinienne même si l’expression publique de certains peut être critiquée sont les formes de cette culture clientéliste politique ou d’alignement que nous refusons. Nous condamnons aussi fermement tous les actes antisémites et islamophobes. Tous les démocrates doivent agir avec une hauteur de vue, éviter cette approche communautaire et cette exportation d’une situation explosive.
Voir en France le gouvernement conduire une politique interne de deux poids deux mesures en allumant la tour Eiffel au couleur d’Israël et en interdisant toute manifestation pro palestinienne n’est pas digne de notre histoire et de l’équilibre entre des légitimités différentes que nous devons avoir. Il ne peut y avoir de justice sans une position équilibrée et juste. Il ne faut pas attiser des divisions qui minent notre démocratie puis venir discourir sur l’exportation du conflit !
Pour garder une espérance, pour agir, il nous faut mobiliser afin d’exiger de tout mettre en œuvre pour faire appliquer le droit humanitaire international.
Ce que ce droit exige, c’est :
– une libération immédiate sans condition de tous les otages civils détenus par le Hamas,
– un cessez le feu immédiat avec la fin des bombardements et du déplacement forcé des populations,
– la protection de toutes les personnes civiles quelle que soit leur nationalité,
– La mise en place immédiate d’un corridor humanitaire permettant d’acheminer de façon durable les produits de premières nécessités et les matériels médicaux,
– la levée complète du blocus de la bande de Gaza.
Un meeting initié par la LDH tenu le 26 octobre a réuni 600 personnes salle Olympe de Gouge à Paris XIème car il nous semble important d’élargir la mobilisation pour obtenir un cessez-le-feu immédiat.
La section a convié à une réunion le 02 novembre une cinquantaine d’associations, syndicats et partis politiques à une réunion en vue d’élargir la mobilisation pour faire pression sur notre gouvernement afin que le droit international s’applique.
Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St Nazaire Estuaire Presqu’île
Le 1er novembre 2023
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