Par cette rentrée si triste et endeuillée pour la LDH, je reprendrai à mon compte les propos prémonitoires d’Henri Leclerc lors du 100ème anniversaire de la LDH : « Ils sont toujours là, nos vieux adversaires. Nous les connaissons bien. Ils s’appellent l’arbitraire qui menace les libertés, l’intolérance qui détruit la fraternité, le racisme qui nie l’égalité, l’individualisme qui tue le citoyen. Elle est toujours présente, la misère, cette insulte à la dignité. Et devant nous, dressés, tous les pouvoirs dont on abuse. »
Plus de 2000 enfants dorment à la rue en ce début septembre, en Loire-Atlantique, le nombre d’enfants et de famille en attente d’aide éducative est pharaonique (plus de 300 placements et 800 mesures en milieu ouvert non-exécutés).
En Loire-Atlantique, plus de 1000 enfants handicapés sont sans solution adaptée, en attente d’inclusion scolaire.
Et sur St Nazaire, le CCAS a accueilli plus de 31 000 personnes en 2023 contre 26 800 en 2022.
Ainsi, je pourrais continuer jusqu’à la nausée la litanie de tous les indicateurs de l’accroissement de la misère et de la non-réponse à la dignité et la protection humaine.
On retrouve très régulièrement cette vertigineuse situation désespérante dans les résultats électoraux : vote populiste en hausse, montée de la xénophobie, rejet de l’autre, rejet des forces politiques sociaux-démocrates, montées des souverainistes, de la droite radicale et de l’extrême-droite
L’individualisme nourrit la haine de l’autre et les politiques publiques austéritaires et défaillantes creusent les inégalités et minent notre démocratie.
Nous étions ragaillardis de voir la gauche s’unir et proposer un programme politique de rupture d’avec le néolibéralisme sociétal et le capitalisme économique. Nous allions sortir du discours de division, de stigmatisation des pauvres et des étrangers pour refonder la fraternité et conforter nos libertés publiques.
Avec la tripartition de l’assemblée nationale et l’absence de majorité absolue ainsi que la pratique autocratique du pouvoir par notre Président conjuguée avec sa ferme intention de ne pas changer de cap économique ; l’atteinte à la pratique républicaine de nommer un Premier ministre issu de la coalition parlementaire disposant du plus grand nombre de député-es ; la lecture spécieuse des positions politiques de certains groupes parlementaires par le locataire de l’Elysée et surtout sa surdité au message des urnes où deux tiers des électeurs ont fait barrage à l’extrême-droite, nous en arrivons à ce que le Rassemblement National est faiseur de roi !
Et nous nous retrouvons dans une situation surréaliste après plus de 50 jours avec un gouvernement démissionnaire : ce sont les partis les moins bien élus dont LR qui n’a pas appelé au front républicain qui vont très probablement massivement former le prochain gouvernement !
La fonction présidentielle est salie. Les intransigeances politiciennes et l’absence de culture du compromis politique discréditent aussi une classe politique déjà bien peu reluisante aux yeux de nos concitoyens qui tous les jours vivent les dégâts de ce libéralisme débridé.
Rien ne garantit que le front républicain fonctionne en 2027 et pourtant, nous avons besoin de construire un pacte démocratique social et écologique pour lutter contre les maux et les défis de notre société.
Oui la LDH continuera inlassablement à chercher à rassembler pour une société plus juste et un Etat de droit au service de tous. La résolution votée au dernier congrès est plus que jamais d’actualité. Et n’oublions jamais le message laissé par Henri Leclerc !
Dressons-nous contre tous les pouvoirs abusifs qui menacent nos libertés et rongent nos droits.
Jean-Luc Boero, président de la section, le 07 septembre 2024
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