Saint-Nazaire, le 06 octobre 2022
Par lettre ouverte, vous indiquez que vous ne participerez pas à une table-ronde sur l’hébergement d’urgence au motif que le Collectif d’Urgence Sociale(CUS) n’y a pas sa place et que seules les associations de terrains bénéficiant de crédits publics peuvent y siéger. Et vous y écrivez que seules les autorités publiques sont légitimes pour décider des politiques publiques.
Il serait prétentieux de vous rappeler que nombre de politiques publiques ont émergé de la société civile. Coluche n’a pas créé les restos du cœur pour se faire de la publicité mais bien parce qu’il y avait une vraie carence des politiques publiques qui s’est traduite par la suite par des lois sur l’aide alimentaire. Lois bien souvent insuffisantes.
L’Abbé Pierre, en son temps, s’est indigné du sort réservé aux sans –logis. Avez-vous lu son appel à l’insurrection de la bonté ? Et c’est bien son action qui a conduit à des politiques publiques de construction de logements sociaux ! Que les gouvernements, depuis 2017, réduisent.
Pensez-vous sérieusement que les militants du CUS ont mené leur action avec autant de détermination, de temps et de sérieux pour uniquement occuper illégalement des maisons non-occupées appartenant à la ville ?
Ouvrez les yeux et regardez autour de vous : les sans-abris sont nombreux. Certes, une grande partie est invisible. Pour rappel, Saint Nazaire a un taux de 16% d’habitants vivant sous le seuil monétaire de pauvreté contre 14,6% en France (statistique de l‘INSEE).C’est grâce à l’action d’associations financées sur fonds publics mais aussi à l’énergie déployée par des centaines de bénévoles, d’argent provenant de dons, d’autofinancement que les sans-abris sont accueillis et hébergés.
L’Etat que vous représentez a fait appel en février 2022 dernier à la solidarité de tous-tes pour héberger des Ukrainiens…Et aujourd’hui refuser de vous mettre autour de la table avec des militants de la solidarité est scandaleux !
Faire le tri dans vos interlocuteurs pourrait se comprendre si ces militants ne vous reconnaissaient aucune légitimité et s’ils avaient pour projet de mener des actions illégales !
Les membres du CUS soutenus par 25 organisations dont la LDH n’ont pas envie de continuer à mettre juridiquement en difficulté le maire, eux-mêmes et surtout à faire vivre une insécurité à des hébergés.
La LDH a toujours soutenu un dialogue constructif et une démarche pour sortir de l’illégalité.
Votre lettre ouverte montre que vous n’êtes pas disposé à assurer pleinement une politique publique qui soit capable de répondre au sans-abrisme, car c’est bien de cela dont il est question.
Vous mettre autour de la table avec le CUS et d’autres associations aurait bien montré que vous reconnaissez les carences de l’Etat en matière d’hébergement d’urgence.
Alors maquiller votre décision par un argument sur l’illégalité est pour le moins surprenant, car tous les jours l’Etat ne répond pas à l’obligation républicaine du droit au logement pour tous !
L’’Etat est souvent dans l’illégalité sur les droits de l’homme !
Pour la section LDH de St Nazaire, Jean Luc BOERO- Président
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