Edito : Scepticisme démocratique ou démission du politique par nos élus

Le premier tour des élections régionales et départementales a conduit à un taux d’abstention record. On assiste, d’élection en élection, à l’émergence d’une césure démocratique. Le peuple ne se déplace plus vers les urnes. Peut-être que les crises sanitaires, sociales, environnementales, viennent réduire à néant le discours politique dont les effets ne se font pas voir dans le quotidien des citoyens. Peut-être est-ce cet abandon à long terme de ce qu’est une humanité solidaire, abandon de ce que doit être la régulation mondiale juste que déplore le peuple ?

Le politique s’est laissé progressivement aspirer à la fois par la technostructure ministérielle et le pouvoir des énarques dans notre pays. Les collectivités territoriales fonctionnent aussi sur les mêmes bases de gouvernance. Les cabinets des présidents de région ou de département sont constitués des mêmes personnages. Les hauts dirigeants de nos administrations sortent trop souvent des mêmes écoles.

Depuis des décennies, l’orthodoxie budgétaire a aussi conduit à raboter toute volonté politique vers la défense d’un modèle social égalitaire. L’absence d’une vision sociale et politique, écologique et solidaire européenne a encore réduit toute chance d’espoir vers une société moins fracturée. L’appétit coriace des ultralibéraux et des fonds de pension réduit à néant toute volonté d’une autre politique économique. La conduite de politiques sociales et économiques vers moins de services publics et vers une casse de notre modèle social viennent certainement en écho à cette désillusion et à cette désaffection pour la politique.

Si on rajoute la guerre des égos dans les appareils politiques, les scandales financiers et politiques, la collusion parfois louche entre affaires et politique, les liens « incestueux » pourrions-nous dire entre un secteur privé ultra financiarisé et nos anciens hommes politiques de premier plan, nos concitoyens sont parfois dubitatifs face aux politiques. C’est le règne des tous pourris ! Evidemment, c’est largement faux mais ce ne sont pas les exemples de Sarkozy ou DSK qui gagnent encore plus d ‘argent aujourd’hui qui permettent de redresser l’image..

Les politiques se sont bien souvent convertis au libéralisme et la conduite des affaires publiques est devenue progressivement et insidieusement celle des intérêts des plus nantis.

A cela s’ajoute l’absence d’une vraie représentation sociologique au parlement ou dans les assemblées départementales malgré des tentatives de plus grandes mixités hommes femmes. Notre démocratie est malade d’une absence de représentativité sociale.

La LDH s’est toujours voulue une fervente défenseuse d’une démocratie représentative et d’une démocratie participative. La captation par quelques élites de nos organes démocratiques est un vrai danger qui concoure à cette désaffection démocratique.

 Il faut réinvestir le champ du politique, il faut que les politiques aient le courage de faire de la politique à l’aune des défis humains, sociaux, écologiques, migratoires de demain. Pour cela, nous devrons probablement en passer par une révision profonde de notre constitution.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 26 juin 2021