Rappeler que le Rassemblement National n’est pas un parti comme les autres n’est malheureusement pas suffisant pour lui ôter sa carapace de respectabilité.
Lorsqu’Elisabeth Borne qualifie le RN d’« héritier de Pétain » et que c’est une idéologie dangereuse, nous pourrions dire qu’elle devrait mettre en actes son propos. Vouloir comme Gérald Darmanin s’associer avec LR sur un projet de loi d’immigration dont LR veut s’affranchir des traités et du droit européen en matière d’immigration est une pente plus que dangereuse.
Revendiquer des mesures anti immigrés draconiennes, assimiler toutes les formes de violences à un rejet de la République, jouer sur les incontestables craintes en lien avec les réseaux mafieux liés aux trafics de stupéfiants, renvoyer dos-à-dos extrême-droite et extrême gauche et s’en prendre une fois de plus à la liberté de parole et de la culture est inquiétant.
Vouloir attendre des gages de servilité d’une réalisatrice qui dénonce la manière dont le gouvernement a nié de façon choquante la protestation contre la réforme des retraites et parle d’un schéma de pouvoir dominateur vient bien renforcer notre crainte d’un refus de plus en plus probant de ce qui vient contester l’autorité des gouvernants.
Des Etats européens prônent de plus en plus des politiques autoritaires. L’Etat social est attaqué dans nombre de pays. Au nom d’une nécessaire sécurité, des relents nationalistes et xénophobes viennent en écho aux inquiétudes démultipliées des nombreuses crises que nous traversons.
Pour autant, les manifestations de solidarité avec les exclus, avec les migrants, avec les associations de défense des libertés publiques, avec le mouvement écologique et avec les humoristes sont réelles.
La LDH n’analyse pas la situation actuelle comme étant le fruit d’une convergence objective entre les thèses d’extrême-droite et le gouvernement. Pour autant, les politiques poursuivies par le gouvernement défendent les milieux financiers qui eux n’ont aucune difficulté à prospérer dans les Etats autoritaires.
De tout cela, il s’en dégage l’impératif de mobiliser et rassembler, d’agir sur le plan local comme sur le plan international, pour un monde plus solidaire.
Les propos d’Emmanuel Macron sur la « décivilisation » doivent encore plus renforcer notre détermination pour unir les progressistes contre ces thèses qui viennent glorifier un modèle unique et autoritaire de la République.
Nul n’est dupe que ces manœuvres de diversion n’ont d’autre but que de tenter d’étouffer le mouvement social et écologique qui a montré ces derniers mois sont incontestable vitalité.
Jean-Luc BOERO, président de la section, le 29 mai 2023