Depuis 1990, le 17 mai est officiellement journée internationale de lutte contre les LGBT-phobies. Celle-ci commémore la suppression par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) de l’homosexualité de la liste des maladies mentales.
Le 18 mai dernier, place Napoléon, un village associatif informait, écoutait et partageait les valeurs qui lui étaient propres, à savoir le même droit partout et pour tous. « Notre section participait pleinement à ce combat pour assurer l’égalité et l’effectivité des droits de chacune et de chacun, quelle que soit son orientation sexuelle. Nous poursuivions nos actions d’éducation populaire en intervenant en priorité auprès des jeunes, car c’est dès le plus jeune âge que les discriminations, insultes et violences les déstabilisent. Il s’agissait d’une action de prévention », expliquent Michelle Biret présidente et Michel Biret, trésorier de la ligue des droits de l’homme.
Mais si l’action se voulait pacifiste, l’intrusion de jeunes étudiants a modifié la donne. Ils sont passés en justice il y a quelques jours et la ligue des droits de l’homme (LDH) souhaite maintenant sortir du silence.
« L’intrusion de ces jeunes dans notre village nous montre la nécessité de notre engagement. C’est important de continuer à le maintenir même si certains nous disent : nous sommes racistes, en quoi ça vous dérange ? Nous avons toujours défendu le droit à l’expression et à des argumentations contraires aux nôtres, mais aucune cause ne justifie l’intimidation par la violence. Ces jeunes évoquent à plusieurs reprises leur pacifisme. Aussi parlons-nous, écoutons-nous, avançons-nous ensemble dans le respect des convictions de chacun et dans la recherche de la paix. Je suis prête à les rencontrer et argumenter avec eux. Ils ont le droit de défendre leurs valeurs s’ils demandent l’autorisation de manifester. Ils auraient pu faire une contre-manifestation, mais dans le respect de tout le monde ».
La LDH plus que jamais prône le vivre et grandir ensemble. Cinq ans après la loi ouvrant le mariage pour tous, les agressions LGBT-phobes restent courantes. Les dispositions prises par le gouvernement et l’action de la délégation interministérielle ne semblent pas avoir encore atteint leur objectif.
De nombreux champs pour l’égalité et l’effectivité des droits restent à conquérir. « Il est difficile de déposer plainte, première étape à la mise en œuvre de cette effectivité. Si les dispositifs mis en place étaient efficaces, les associations n’auraient plus à revendiquer et à lutter contre l’homophobie et la transphobie. Ce 18 mai illustre parfaitement le besoin de mobilisation pour informer le grand public de ce que vivent les personnes discriminées : être invisibles, insultés, exclus, attaqués ».
Pourtant les membres de la LDH gardent un souvenir d’un partenariat efficace, riche en échanges et témoignages. « Nous constatons que des opinions, fondées sur le rejet de l’autre, conduisent à des discours haineux, à des actes violents à l’encontre des personnes, pour faire peur, intimider et tenter d’imposer une seule vision de la société. Les victimes sont diverses : roms, femmes, étrangers, gens du voyage, SDF, juifs, gay, lesbiennes, trans, mais les messages, les actions, les exclusions émanent d’une même idéologie ».
Les années passées, les associations avaient bien sûr été victimes d’injures, mais cette année trois militants du village ont reçu des violences physiques. « Nous tenons à réaffirmer notre soutien aux associations qui oeuvrent contre toutes les formes de discrimination, et à remercier ceux qui nous ont soutenus à l’occasion du rassemblement place Napoléon ».