visite du jeudi 22 septembre 2011

compte-rendu de notre visite du 22 septembre au CRA2  du Mesnil-Amelot :

Je trouve ces locaux glacials et ils me mettent très mal à l’aise

L’accueil y est toutefois correct mais avec une fouille approfondie … peut-être à cause d’Y qui sonne de partout !!

On nous laisse libre du temps que nous voulons rester.

Je vois Fatima 24 ans qui doit passer le lendemain au TA de Melun

Elle est désemparée et comprend difficilement ce qui lui arrive ; ayant été arrêtée directement au commissariat de police, elle se sent sale et trouve les douches froides. Elle a continuellement froid « c’est la peur qui me donne froid »

Elle mange très peu car elle est allergique au lait et peu de choses lui conviennent. Elle est très seule car sa famille et ses amis sont à Orléans et dans le quartier des femmes elles ne sont que 2 « une vieille » de 45 ans avec laquelle elle communique peu. Elle aimerait lire mais n’a rien avec elle (pas de livres au CRA, dommage). Ses seules occupations sont de dormir grâce à un médicament que lui a donné un psychologue et  d’écrire des lettres au préfet dans lesquelles elle raconte sa vie

Elle ne se plaint pas du tout des policiers qui sont très gentils, il y en a un qui lui a apporté des chandails. Ils donnent l’impression de ne pas être fiers de leur rôle (est-ce la même chose du coté des hommes ?)

Le lendemain elle va sortir libre du tribunal, la seule qui ait été libérée ! arrivée courbée et terne, elle ressort droite et radieuse. Le juge a annulé la rétention, la suppression du délai pour quitter le territoire ; l’interdiction de retour mais il n’a pas annulé l’OQTF

Elle doit ensuite regagner Orléans car personne n’est avec elle ; elle n’a jamais pris le train ni le métro en France, si nous n’étions pas là ce serait une nouvelle épreuve !

Son histoire : Fatima est une jeune femme marocaine de 24 ans, victime de violences conjugales.

En 2009 elle s’est mariée au Maroc, en 2010 elle est venue en France avec son mari et un visa valable jusqu’en juillet 2011

Dès son arrivée, elle a été séquestrée pendant 9 mois avec esclavage domestique, confiscation de ses documents ; elle a subi des violence psychologiques et physiques. Son mari l’a ramenée au Maroc en avril 2011 en lui prenant son passeport et en voulant la faire divorcer.

Elle a pu récupérer son passeport et revenir en France avec son visa toujours valide. Depuis avril 2011 elle est hébergée par sa cousine.En juillet elle sollicite un renouvellement de sa carte de séjour

Le 17 août, notifié le 22 août : La Préfecture refuse le renouvellement de sont titre de séjour, avec une OQTF avec délai de départ volontaire de 30 jours et obligation de pointage hebdomadaire au commissariat.  Interdiction administrative de retour pour un durée de 6 mois

Le 19 septembre 2011  lorsque Fatima s’est présentée à une convocation du commissariat, on lui a notifié l’abrogation du délai de départ volontaire et un arrêté de placement en rétention.

« Arrestation déloyale » comme a dit son avocat au tribunal qui l’a par la suite libérée.