nos voisins les Roms : un peu histoire
Depuis leur départ de l’Inde entre le XIe et le XIVe siècle, les populations rroms ont connu une longue série de persécutions et de grandes vagues migratoires. Pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, des groupes rroms d’Europe centrale et du Sud-Est partent pour toutes les autres régions d’Europe. En 1860, l’esclavage des Roms est aboli dans les principautés roumaines. Ces changements politiques survenus à la fin du XIXe et au début du XXe siècle se reflètent dans l’intensification de la discrimination dans une région ayant jadis fait partie de l’empire austro-hongrois et par le traitement des Rroms comme un peuple à part dans la jeune Union soviétique.
La discrimination atteint son paroxysme durant la Seconde Guerre mondiale, avec le génocide orchestré par les nazis. On estime que 400 000 à 500 000 Rroms et Sintés ont été exterminés par le régime hitlérien. Lors du procès de Nuremberg, aucune mention n’est pourtant faite de ce génocide et aucune aide et réparation n’est accordée aux Rroms qui ont survécu aux camps d’extermination.
La migration des Rroms d’Europe de l’Est vers l’Europe de l’Ouest, puis vers les États-Unis, le Canada et l’Australie, débute dans le cadre des mouvements migratoires des travailleurs. Elle s’intensifie après l’effondrement de l’Union soviétique et de ses satellites et la désintégration de l’ex-Yougoslavie. Les guerres balkaniques des années 1990 frappent en effet les Rroms à plusieurs titres : victimes de guerre, expulsés (notamment du Kosovo en 1999), ils n’obtiennent au mieux qu’un statut de « réfugiés économiques » dans leur pays de destination.
Environ 20 000 Rroms, selon les sources, venant principalement de Roumanie, de Bulgarie et des Balkans se sont installés en France. Ce nombre est resté stable depuis plus de 10 ans, même s’il s’accompagne de mouvements de populations divers.
Le nomadisme, n’a jamais été une spécificité rrom. Ce sont les persécutions, les mesures d’expulsions, les grandes déportations et, de nos jours, les reconduites à la frontière qui ont obligé les Roms à sans cesse se déplacer.
Le voyage procède pour eux plus de la mobilité que du nomadisme ; il permet de s’adapter aux conditions d’emploi, comme les travaux saisonniers qui assurent leur survie. C’est aussi une manière de rassembler les familles à l’occasion d’un événement important de leur vie. Une minorité de Rroms européens a choisi un mode de vie itinérant ; la majorité d’entre eux sont sédentarisés.
Le nom « Rroms » signifie « hommes » en langue romani, il recouvre une multiplicité de populations. Les noms qu’elles se donnent diffèrent la plupart du temps de la terminologie utilisée par les non-rroms et les pouvoirs publics; la discrimination ancestrale à l’égard des Rroms a également été à l’origine de dénominations parfois péjoratives, comme l’est le terme « tsigane » en Europe orientale qu’on continue néanmoins d’utiliser.
Les Roms proprement dits forment, avec les Sintés et les Kalés, une des trois grandes branches des Rroms. Les Sintés sont présents surtout dans les régions germanophones, le Benelux et certains pays nordiques, dans le nord de l’Italie et en France où ils s’appellent « Manouches ». Dans les régions de la péninsule ibérique vivent les Kalés, plus communément appelés « Gitans ». Ils résident aussi dans le nord du Pays de Galles. Le terme de « Gens du voyage », utilisé en France, et le terme de « Voyageurs », employé en Suisse et en Belgique, recouvrent des groupes non-roms ayant un mode de vie nomade.
Le romani, la langue parlée par les Roms, est dérivée d’une langue parlée au nord de l’Inde, proche du sanscrit. Le Romani a de nombreuses variantes qui ont fait des emprunts lexicaux aux langues autochtones : le persan, l’arménien et le grec avant le XIVe siècle ; l’allemand, le roumain, les langues des Balkans du sud-est ainsi que le turc depuis. C’est dans les Balkans que la langue romani est la plus parlée. Elle ne l’est presque plus en Hongrie. Elle figure sur la liste des langues protégées par la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires du Conseil de l’Europe.
Chez les populations rroms, la famille est traditionnellement le fondement de l’organisation sociale, de l’activité économique et de l’éducation. Mais les difficultés de logement actuelles tendent à réduire la taille des groupes familiaux, de même que l’évolution du rôle de la femme et des jeunes.
Difficile donc de parler d’une culture rrom unifiée tant les populations sont diverses. Mais elles ont en partage la fierté d’être différent, l’indépendance dans l’exercice d’un métier et l’éducation au sein de la famille.
Les cultes pratiqués par les populations rroms sont variés et se rattachent à la religion dominante du territoire sur lequel ces peuples se sont implantés. Ainsi, en Italie ou en Irlande, les Roms se disent plutôt catholiques, en Bulgarie orthodoxes ou musulmans. Dans certains pays, la religion revendiquée et les fêtes religieuses pratiquées peuvent puiser dans plusieurs confessions, comme en Bulgarie où certains groupes sont baptisés par un prêtre orthodoxe et enterrés par le hodja musulman. Les rituels tournent principalement autour de la naissance et de la mort et les pèlerinages sont l’occasion de rencontres entre les groupes familiaux. Depuis le milieu du XXe siècle, le mouvement pentecôtiste connaît un grand essor et joue également un rôle politique comme force revendicatrice.