nos voisins les Roms : un nomadisme forcé
Un nomadisme forcé
Les familles rroms installées dans les campements de fortune sont régulièrement évacuées par la force publique.
Elles perdent fréquemment non seulement leurs logements mais également leurs biens et sont contraintes de repartir de zéro. Ces expulsions forcées à répétition sont traumatisantes et ont des conséquences néfastes, aussi bien directes qu’indirectes sur la jouissance d’autres droits humains comme par exemple le droit à l’éducation ou à la santé.
Les conditions déplorables dans les campements informels sont souvent mentionnés pour justifier les évacuations. Cependant, les expulsions forcées empirent presque inévitablement les conditions de vie des habitants. Les personnes se retrouvent souvent sans abri et sont contraintes à s’installer ailleurs, là où des terrains sont disponibles, de se trouver un nouvel abri et un accès à l’eau. Souvent les liens avec les organismes offrant des services de santé ou d’autres aides sont coupés, et l’accès à l’éducation est rendu plus difficile.
Le docteur LUCAS de Médecins du monde a dénoncé l’impact négatif des évacuations sur le suivi médical : « On perd les gens de vue, on a des difficultés à les retrouver, on met du temps, et en attendant il y a rupture du traitement, rupture du suivi, aggravation des pathologies, on va se retrouver avec des passages aux urgences ce qui, en plus, a un coût pour l’assurance maladie. On essaye de travailler en amont pour éviter ça mais les expulsions impactent toujours. ».
La menace d’expulsion nuit aussi à l’efficacité des campagnes de vaccination.
Éléments recueillis dans le rapport d’Amnesty International « Chassés de toutes parts, les expulsions forcées de roms en ile de France, 2012 ».
Pour un travailleur d’origine roumaine ou bulgare
Travailler supposait de :
- trouver un emploi, parmi une liste de 150 emplois dits en « tension ».
- pour lequel l’employeur n’aurait pas trouvé de personnel français, et soit capable de le démontrer.
- Que l’employeur était prêt à faire une demande de permis de travail auprès de l’administration de l’Etat,
- Qu’il accepte de payer une taxe de 800€ pour avoir le droit de faire travailler un Rom.
Aujourd’hui, c’est beaucoup plus facile !
- Il n’y a plus de taxes et 291 emplois en tension au lieu de 150….
Mais la crise est passée par là …
Les enfants rroms et la scolarisation
Les enfants rroms migrants qui vivent dans des campements informels se heurtent à de nombreux obstacles en matière d’éducation, y compris lors de l’inscription et en raison des conditions de vie dans les campements. Ces obstacles sont exacerbés par les expulsions forcées.
Selon le droit français, l’école est obligatoire pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans qui résident en France, qu’ils soient français ou non, quelle que soit leur situation au regard de l’immigration. Le maire fournit aux enfants français et étrangers un certificat d’inscription qui permet à l’enfant d’être admis par le directeur ou la directrice de l’école. La mairie exige plusieurs documents pour cela.
Il arrive souvent que les Rroms ne puissent pas obtenir ce certificat, car certains maires refusent d’inscrire les enfants dont les parents ne peuvent pas produire les documents exigés.
Dans son rapport d’activité de 2010, l’ex défenseure des enfants a déclaré qu’elle avait été informée de nombreux cas de refus, et que « ces refus visaient prioritairement les familles sans domicile fixe, telles que les familles des gens du voyage et les familles roms, pour lesquelles la défenseure des enfants a saisi les communes concernées afin de leur rappeler le droit des enfants à être scolarisés, sans discrimination liées à leur mode de vie ».
Les barrières linguistiques et la méconnaissance du système français dissuadent aussi certains Rroms migrants d’exercer leur droit à l’éducation. Souvent ils hésitent à se faire remarquer par les autorités, en particulier s’ils ont fait l’objet de nombreuses expulsions forcées.
Les conditions de vie dans les campements habités par des migrants rroms rendent la fréquentation scolaire difficile. Selon médecins du monde, les difficultés quotidiennes que créent les maladies, l’absence de vêtements propres et l’absence de protection contre la pluie nuisent à l’assiduité scolaire. Par ailleurs, le traumatisme causé par ces expulsions, notamment pour les enfants en bas âge peut nuire à leur santé mentale et à leur capacité à réussir voire à fréquenter l’école. Tel que le souligne la directrice d’une école primaire à Bobigny, Véronique DECKER:
« Apprendre c’est très insécurisant pour un enfant, c’est un peu comme marcher sur un fil, tout le monde a peur de tomber. A cause des évacuations à répétition, les enfants ne peuvent pas aller de l’avant, car les conditions de sécurité nécessaires ne sont pas là, ce qui explique l’échec scolaire d’enfants qui sont aussi intelligents que les autres ».
Éléments recueillis dans le rapport d’Amnesty International : « Chassées de toute part, les expulsions forcées de Rroms en Ile de France, 2012 »
La langue tsigane ou romani (ou rromani ou romané) est une langue indienne, voisine du sanscrit, entrée en Europe au 13e siècle. Elle s’est enrichie de termes issus des diverses langues européennes. Elle n’est pas apparentée au roumain.
Le français argotique issu du monde forain et des fortifications parisiennes a emprunté divers mots au romani :
berge ( berś = année)
surin (couteau ; ćhuri) ;
dikaver( dikh- : regarder voir)
maraver ( mar- : battre frapper)
chourer et chouraver ( ćor- : voler)
choucard(e) ( śukar : beau)
gadjo (gaӡo : homme non-rom)
Romanichel (rromani ćel : peuple rom)
Manouche (manuś : être humain)
poucave (délateur phukav- : dénoncer)
bicrave (vendre bikr- : vendre)
crayave(bouffer xa- : manger)
bouillaver (faire l’amour )