Communiqué de la section d’Hénin-Carvin de la Ligue des droits de l’Homme – 14 juillet 2014

La section LDH d’Hénin-Carvin scandalisée par la motion déposée par la Mairie FN d’Hénin-Beaumont contre une directrice d’école

Alors même que tous nos concitoyens viennent de commémorer dans la joie l’avènement de la République et des valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, la section LDH d’Hénin-Carvin ne peut que s’indigner haut et fort du sort réservé par la nouvelle municipalité frontiste d’Hénin-Beaumont à une directrice d’école de la ville.
Comme quoi il ne suffit pas de multiplier le nombre de drapeaux tricolores sur la façade de l’Hôtel de Ville pour espérer se voir décerner un brevet de républicanisme et réussir à dédiaboliser un parti qui est et reste fondamentalement un parti d’extrême droite !
Informée par des élus de l’opposition municipale de la motion déposée par la majorité en la personne de Monsieur Brice, visant à discréditer et à faire sanctionner la directrice de l’école maternelle Pantigny, Madame Christine Coget, au prétexte qu’elle aurait pris un arrêt maladie de complaisance et qu’elle aurait pour des raisons politiques annulé le spectacle de fin d’année et renoncé au voyage scolaire, la section LDH d’Hénin-Carvin dénonce avec force cette ingérence dans le fonctionnement de l’école publique et la carrière d’un fonctionnaire d’État.
Si l’on peut comprendre la déception des enfants, voire des parents, il n’est pas tolérable que l’enseignante ait été l’objet de telles mises en cause et d’agressions au sein même de l’école durant l’exercice de ses fonctions. Au-delà de la personne même de Christine Coget, c’est toute l’équipe pédagogique qui est visée puisque les décisions prises étaient celles du conseil des maîtres. Les informations recueillies auprès de Madame Coget permettent aisément de faire litière de toutes les accusations totalement infondées dont elle est victime. D’ailleurs elle bénéficie désormais de la protection juridique de l’État.
Les enseignants ont, il est vrai, une mission clairement identifiée et définie d’éducation qui fait l’objet d’un suivi attentif par les responsables de l’Éducation nationale. Mais il n’est pas dans les obligations légales de service des enseignants d’assurer des activités en dehors du temps scolaire.
Il n’est en rien des compétences d’un maire ou d’un élu d’intervenir dans l’appréciation des qualités professionnelles d’un enseignant. Il s’agit là bel et bien d’une intrusion de la sphère politique dans le domaine professionnel, et donc d’une remise en cause grave du principe de laïcité, principe fondateur de notre République.
Cela témoigne de l’autoritarisme des mouvements d’extrême droite, de leur interventionnisme politique et de leur volonté de mettre au pas les fonctionnaires.
La LDH condamne avec fermeté cette attitude des élus FN qui révèlent ainsi, au-delà des discours lénifiants destinés à rassurer la population pour mieux tenter de l’abuser, le vrai visage du Front National et sa volonté de briser toute résistance à sa politique. Elle dénonce en particulier la méthode consistant à jeter en pâture à l’opinion une citoyenne, en l’occurrence directrice d’école publique : il s’agit ni plus ni moins d’une forme de lynchage politique particulièrement révoltante.
Elle s’indigne également de ce que les élus FN entendent ainsi ériger le conseil municipal en tribunal politique où l’on peut voir désormais un élu majoritaire déposer une motion diffamatoire à l’encontre d’une personne nommément désignée.
La LDH apporte tout son soutien à Madame Christine Coget et invite la population à le faire également en signant la pétition lancée par le syndicat SE-UNSA 62.
Alain PRUVOT
Président de la section d’Hénin-Carvin
Président de la Fédération du Pas-de-Calais
>>> Communique_section_LDH_Hénin_Carvin_14juillet2014