Edito : Violence des jeunes : les solutions démagogiques

Ces dernières semaines, au regard de faits-divers crapuleux ou criminels, le gouvernement s’est une fois de plus montré à la hauteur de la vox populi, à savoir pointer du doigt la violence de la jeunesse. Répondre aux sirènes de la décivilisation vaut mieux que comprendre les causes et remédier aux drames vécus par bon nombre de jeunes.

N’oublions pas que depuis la crise de la Covid, la souffrance psychosociale des jeunes s’est considérablement accrue. Rajoutons que l’éco anxiété n’est pas un symptôme uniquement des enfants vivant dans les beaux quartiers parisiens. Vivre dans un quartier relégué ou dans une zone périurbaine mal desservie en transports en commun et services publics, se voir relégué dans un collège ou lycée professionnel reproducteur des inégalités sociales comme le dirait Bourdieu ou être pris en charge par un système en faillite, celui de la protection de l’enfance très régulièrement montré du doigt par ses graves défaillances, ne peut que conduire au concours Lépine de la plus absurde solution pour encore mieux répondre à une fracture générationnelle ou désavouer celles et ceux qui quotidiennement consacrent leur énergie à éduquer nos jeunes.

Parmi les idées les plus bêtes, il y a celle de la suppression de l’excuse de minorité, et sur le podium, la première place mise en avant par le gouvernement est celle des 40 000 places en internat scolaire pour les sauvageons. Où a-t-il trouvé ces 40 000 places soi-disant disponibles, notre très cher jeune Premier Ministre ? On peut jouer avec les mots, avec les concepts, avec les peurs, et véhiculer l’idée d’une justice laxiste vis-à-vis des mineurs, mais qu’est devenue cette politique de la famille et de l’enfance depuis 2017 ?

La Protection Judiciaire de la Jeunesse, l’Aide Sociale à l’Enfance, la médecine scolaire, la pédiatrie, la pédopsychiatrie et l’Education Nationale sont des institutions qui croulent sous des difficultés systémiques, un manque de moyens et une définition de politiques publiques de plus en plus déconnectées des réalités de terrain.

Restaurer l’autorité va donc de pair avec une volonté d’une justice de plus en plus expéditive et de moins en moins éducative. Les différentes réformes de l’ordonnance de 1945 se sont traduites par une fermeture de places dans les foyers éducatifs et par la création de coûteuses mesures d’enfermement comme les centres éducatifs fermés à plus de 600 € par jour ou les établissements pénitenciers pour mineurs. Comme il se doit, on a diminué les crédits concernant la prévention spécialisée, fermé des services éducatifs, pressurisé encore plus les juges pour enfants qui croulent sous les dossiers. En Loire Atlantique, aujourd’hui, en mai 2024, 1 500 enfants dits en danger sont en attente de mesure d’Assistance Educative en Milieu Ouvert, 300 mineurs sont en attente de placement mais M. Gabriel Attal n’a pas d’autre chose que de nous proposer un énième plan pour sanctionner encore plus.

Parmi les autres mesures que l’on nous a beaucoup surinées après les révoltes urbaines de l’été 2023, il y a celles voulant responsabiliser les parents par des sanctions pénales et financières. Doit-on rappeler à nos gouvernants que ces dispositifs existent déjà et qu’ils ont très peu souvent montré leur efficience ?

Faudra-t-il d’autres condamnations de la Cour Européenne des Droits de l’Homme concernant les défaillances de protection de l’enfance par l’Etat ou les collectivités territoriales ? Faut-il que les associations de parents d’enfants handicapés et la défenseure des droits fassent de nouvelles alertes concernant les carences criantes de prise en charge des enfants handicapés et voir l’Etat une fois de plus condamné par les tribunaux pour dire : de qui se moque-t-on ?

S’il est courant de dire que l’état d’une société se juge à la manière dont sa jeunesse et sa vieillesse sont traitées, point n’est besoin de vous dire que notre pays dégrade de plus en plus sa note et que les agences de notation mériteraient bien de dire symboliquement à l’Etat la dette qu’il doit à ses jeunes et ses vieux.

Mais il n’y a pas d’agence de notation internationale sur ces questions qui valent bien peu de choses par rapport à l’économie ou à la sphère financière.

Jean-Luc Boero, président de la section, le 13 mai 2024

Lettre ouverte sur la situation des 21 25 ans en 2024

La protection de l’enfance : Une politique publique sans assise financière et sans cohérence à la hauteur des besoins et des enjeux

Un malaise systémique ancien

Le mouvement des associations de protection de l’enfance du 44 et de l’association Repairs ! 44, association d’usagers de l’ASE, n’a malheureusement rien d’étonnant et on peut même s ’étonner sur le fait que la protection de l’enfance en Loire-Atlantique n’ait pas montré publiquement depuis longtemps bien plus de signes de malaise.

Un manque d’anticipation et une responsabilité multiple qui paralyse : l’exemple des familles d’accueil

La dégradation des conditions permettant de protéger les enfants en danger en France est une problématique qui prend ses sources dans des facteurs dont certains sont anciens. Par exemple, les accueils des enfants en famille d’accueil ne cessent de diminuer faute d’assistants.es familiaux.es. Et pourtant, ce mode d’accueil a fait ses preuves en matière de stabilité et de réponses aux besoins affectifs et éducatifs des enfants de l’ASE. Les départs en retraite nombreux depuis 20 ans n’ont pas été compensés par suffisamment d’embauches.  Les rapports et autres alertes sur la pyramide des âges et sur les difficultés d’exercice de ce métier sont connus dans le secteur de la protection de l’enfance, les ministères et les équipes dirigeantes des conseils départementaux, mais chacun s’est renvoyé la responsabilité et comme c’est une politique d’Etat sur le statut et départementale sur l’accompagnement, l’inertie a prédominé dans le règlement de la crise de ce métier.

Comme souvent dans un pays jacobin, les départementaux ont attendu les recettes de l’Etat et l’attentisme s’est conjugué avec de nouvelles problématiques comme l’arrivée des MNA (Mineurs Non Accompagnés) ou la crise COVID.  D’autre part, des réformes départementales ont pu déstabiliser ce secteur déjà en crise. Tout cela n’a pas facilité l’attractivité de ce métier malgré d’incontestables avancées salariales, de reconnaissance ou de formation. Et sur ce plan la Loire-Atlantique n’a pas à rougir des efforts fournis.

Penser la protection doit se faire dans son écosystème

La crise de la protection de l’enfance ne s’arrête pas aux portes des conseils départementaux. Elle s’emboîte dans celle de la pédopsychiatrie ou du médico-social qui sont de compétence d’Etat et vouloir traiter en silo les sources de la crise systémique de la protection de l’enfance rend bien souvent caduques les efforts. Les familles d’accueil sont souvent les premières à souffrir de l’absence de prise en charge spécialisée en médico-social ou en pédopsychiatrie d’enfants qui peuvent vivre chez elles 24h sur 24 faute de structures ou d’accompagnements ad hoc.

Des réorganisations à marche forcée : une perte de repères

En Loire-Atlantique, comme dans la majorité des départementaux, l’axe majeur des réorganisations dans le social, conduites ces dernières années, fut la territorialisation et la spécialisation. Avec des équipes spécialisées au territoire, l’accompagnement et le repérage des difficultés allaient éviter les maltraitances aux enfants et d’horribles affaires comme celle de la jeune Laetitia dont l’assistant familial fut condamné pour des abus sexuels sur des enfants confiés. Tout le monde avait espoir que cela ne se reproduirait plus. Si sur le papier il n’y a rien à critiquer à une telle spécialisation, la conduire au pas de charge comme ce fut fait laisse plein d’aspects sur le carreau. Les cultures en réseau, la connaissance fine des situations et les pratiques d’accompagnement s’en sont retrouvées bousculées. Les questions d’articulation et de responsabilité entre les métiers ont contribué à rendre parfois illisibles, pour les familles d’accueil, les missions des professionnels. Bref, bien des années après, les séquelles de cette réorganisation sont encore dans les mémoires et indubitablement n’ont pas rendu attractif un métier pourtant si essentiel !

Une perte de sens qui épuise

En Loire-Atlantique, on s’est progressivement habitué à l’usage d’acronymes : PNE pour les Placements Non Exécutés (l’enfant en danger que la justice a ordonné de retirer de sa famille, mais y restant, dans l’attente qu’une place se libère) et PME pour les Placement Mal Exécutés (l’enfant en danger est retiré de sa famille, mais confié à un lieu non agréé, non formé à la complexité de son accueil). Parfois, les placements à domicile se réalisent non par choix mais par défaut. Les places d’urgence manquent et les « bébés gris », bébés qui manquent de stimulation et qui peuvent souffrir du syndrome d’hospitalisme, restent à l’hôpital par défaut de lieu d’accueil.

Toujours en Loire-Atlantique, comme dans de très nombreux départements, les mesures de décisions judiciaires prises par les juges des enfants pour bénéficier d’une aide éducative à domicile trainent à se mettre en place. Les listes d’attente explosent et les délais d’intervention s’allongent. Les situations, qui auraient dû bénéficier d’un accompagnement, se dégradent dans l’attente de cette intervention éducative.  Là ou une présence régulière aurait parfois suffi, une séparation s’impose, la problématique familiale s’étant profondément altérée. Mais à son tour, le placement ne peut toujours se concrétiser du fait de la carence de places.

Cet état des lieux a de profondes répercutions sur les professionnels de l’ASE et dans leurs rapports avec les usagers. Celles et ceux qui en sont chargé.es en viennent à bricoler, tenant à bout de bras des problématiques délétères face auxquelles ils sont plongés dans l’impuissance. Confrontés à des conditions de travail de plus en plus stressantes, ils s’épuisent, quittent leur poste lorsqu’ils le peuvent. Le nombre de burn-out ne cesse d’augmenter. Ce n’est pas le profil des situations qu’ils ont à gérer qui les décourage et les taraude, mais l’impossibilité récurrente de leur apporter des réponses dignes et respectueuses. A son corps défendant, l’administration départementale confronte les professionnels à des accompagnements approximatifs et aléatoires, parfois à la brutalité des changements continus de placement et quelquefois aux dérives de lieux d’accueils peu sûrs à qui les professionnels n’ont d’autres choix que de confier les enfants.

Des ressources financières trop aléatoires

Et il faut noter l’hypocrisie de certaines décisions nationales comme celle sur l’interdiction des hébergements hôteliers pour les enfants de l’ASE.  Bonne décision sur le principe mais que fait l’Etat pour doter financièrement les départements afin qu’ils créent des places d’accueils dignes ? Il réduit les marges fiscales des départements, ne paie pas la totalité des dotations nécessaires et leurs recettes sont largement dépendantes des droits de mutation. L’action sociale départementale est tributaire des ventes immobilières : beau symbole dans une France qui dans le préambule de sa constitution nomme le social comme une base incontournable de notre démocratie !

Une priorité départementale malmenée par un manque de concertation

La protection de l’enfance est une priorité pour l’exécutif départemental de Loire-Atlantique et ce n’est pas la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) qui viendrait le contester. Le budget de celle-ci a beaucoup progressé depuis le début du mandat. Mais que de retards pris lors des mandats précédents et il serait faux de dire que les données n’étaient pas déjà connues d’une crise qui ne pouvait que devenir abyssale.

La LDH rappelle que les plus vulnérables ne peuvent être une variable d’ajustement des dépenses départementales. Si les départements ne peuvent à eux seuls transformer en profondeur cet écosystème en crise, comme l’ont écrit 24 départementaux demandant des états généraux de la protection de l’enfance en 2024 ; ils se doivent aussi d’assurer une concertation et un travail de fond avec leurs professionnels et les associations. Piloter du haut pour le bas ne peut que conduire à des ressentiments et une crainte de dégringolade.

Alors Mesdames et Messieurs les élu.es, nous vous demandons d’entendre la parole des syndicats, des professionnels et des associations d’usagers et de rechercher avec eux les voix d’une issue qui ne compromette ni vos idéaux ni l’espoir nécessaire dans des métiers si engageants face à ceux qui ont le plus besoin de la solidarité : les enfants de la protection de l’enfance !

La LDH s’opposera à toute décision qui viendrait mettre à mal les avancées acquises ces dernières années. Le soutien entre 21 et 25 ans doit se poursuivre via des contrat jeunes majeurs qui leur garantissent un accompagnement de qualité. Il ne doit pas y avoir d’obligation de formation courte ou de contrat d’alternance, ce serait une discrimination inacceptable. Les jeunes de l’ASE sont des jeunes comme les autres et l’égalité d’accès à la formation ou l’emploi doit être faîte selon leur choix et leur capacité.

Saint-Nazaire, le 26 février 2024

Copie à la presse, associations, syndicats, partis politiques et conseillers départementaux

Communiqué de Presse : Protection de l’enfance

Le 5 juillet 1974, la majorité est abaissée de 21 ans à 18 ans. Les jeunes confiés à l’Aide sociale à l’Enfance (ASE) sont menacés de ne plus être pris en charge au-delà de l’échéance de leur nouvel accès officiel à l’âge adulte.

Le 2 décembre 1975, un décret vient compenser ce biais, en créant le Contrat jeune majeur qui assure la continuité du financement et de l’accompagnement de ce public qui peut donc continuer à être soutenu entre 18 et 21 ans.

En quarante ans, 18 départements ont fait de ce dispositif une variable d’ajustement budgétaire, en décidant de le supprimer.

Le 30 mars  2020, le Conseil Départemental de Loire Atlantique vote le prolongement de l’échéance du Contrat jeune majeur de 21 à 25 ans. Cette politique volontariste est largement saluée en ce qu’elle répond à un vrai besoin. Celui d’inscrire les jeunes de l’ASE dans la continuité de l’action menée auprès d’eux lors de leur minorité et de leur passage à l’âge adulte.

Cette nouvelle procédure répond à la réalité sociologique de la jeunesse française. D’après une étude Eurostat de 2018, les jeunes français de notre pays quittent le foyer parental en moyenne à 23,7 ans. Il est demandé à ceux qui n’ont pas eu la chance de vivre dans leur famille de montrer une capacité d’autonomie, de responsabilité et de maturité qu’aucun de leurs pairs n’a à assumer à leur âge.

Le 2 février 2024 : les associations assurant par délégation de service public, la mission d’accompagnement de ce contrat jeune majeur reçoivent du Conseil Départemental de Loire Atlantique la consigne de ne plus signer de contrat au-delà de 21 ans. Cette régression ne peut que porter atteinte à un public particulièrement vulnérable.

Si bien des enfants confiés à l’ASE réussissent avec succès leur parcours adulte, le poids des traumatismes vécus dans leur enfance pèse lourdement sur la vie de beaucoup d’autres. Plus que tout autre jeune, l’accompagnement dont ils ont bénéficié jusque-là leur est nécessaire. Les 40 % de SDF de moins de 25 ans qui ont connu l’ASE en témoignent ! Sans autre soutien ni relai de solidarité, c’est la rue qui les attend.

Les associations mettant en œuvre la politique de protection de l’enfance vivent depuis quelques années une dérive budgétaire leur imposant d’avoir à faire toujours plus avec moins de dotations attribuées par le Conseil Départemental. Un peu partout en France, les moyens se réduisent, démultipliant les risques encourus par celles et ceux qui sont de moins en moins protégés et de plus en plus mis en danger.

Si le suicide de Lily, 15 ans, le 25 janvier dernier, est terrifiant, alors qu’elle était placée dans un hôtelprès de Clermont-Ferrand par les services de la protection de l’enfance, combien vont suivre ?

Des économies sont nécessaires, explique le Conseil Départemental de Loire Atlantique ? Qu’il commence par renoncer à l’avenir à financer les cabinets de conseil qu’il n’a cessé d’employer par le passé pour définir sa politique ! Qu’il mette un terme à l’inflation de l’encadrement hiérarchique pléthorique qui n’a cessé de se démultiplier depuis vingt ans ! Qu’il réduise les dimensions d’une techno structure toujours plus envahissante et encombrante. Mais, que les plus vulnérables soient les derniers concernés par les calculs de modération et de sobriété contraints par l’effondrement des transactions immobilières et conséquemment la forte baisse des droits de mutation.

La section LDH de St Nazaire Estuaire Presqu’île se joint à la protestation du secteur associatif de la protection de l’enfance et demande aux élus départementaux de maintenir la prolongation du contrat jeune majeur jusqu’à 25 ans.

Saint-Nazaire, le 14 février 2024

Edito : Crise du logement : un traitement de cheval, celui du libre marché

Nous sommes tous largement informés et touchés par la grave crise du logement. Nous ne construisons pas assez de logements, nous n’avons pas assez de logements sociaux, pas assez de places de logements intermédiaires. Le prix du logement n’a cessé de progresser, les APL ont été diminuées, l’hébergement d’urgence est saturé. 330 000 personnes dorment à la rue (voir le 28ème rapport sur l’état du mal logement en France en 2023. )

Les marchands de sommeil s’engraissent copieusement et nous avons eu en 2023 une loi votée qui criminalise l’occupation de surfaces vacantes, y compris des bureaux vides. Guillaume Kasbarian avait envisagé dans la première mouture de sa loi une peine de 6 mois de prison pour les locataires en situation d’impayé.

Le monde du logement social, lorsqu’il a eu connaissance de sa nomination en qualité de Ministre du logement, a évoqué une provocation. François Ruffin, sous le choc, a pu dire : « c’est comme si vous mettiez Depardieu à l’égalité homme-femme ».

Toutes les organisations de mal-logés ou de locataires sont vent debout car Guillaume Kasbarian est le symbole même de ce virage thatchérien de la politique du logement, de la suppression des normes et du libre marché. Bref, le créneau ultra libéral, une fois de plus, va être à l’œuvre. La dérégulation massive du secteur du logement va se faire au détriment des plus précaires.

Ce jeune ministre, membre du fan club de Macron, a connu une ascension éclair. Il fréquente le printemps républicain et s’oppose à la paperasse administrative et aux procédures à rallonges. Son créneau est la dérégulation. Un des membres du groupe LR à l’Assemblée Nationale a pu dire à un journaliste : « il a un point commun avec Macron, c’est son indifférence totale aux problèmes des gens : il considère sincèrement que ce n’est pas son job ».

Si le créneau libéral déroule encore plus son projet anti social, la course à l’échalote derrière l’extrême droite ou la droite dure se poursuit ; Gérald Darmanin vient d’annoncer à Mayotte un projet de fin du droit du sol. Tout va bien dans l’aveuglement politique du gouvernement.

Robert Badinter, père de la loi sur l’abolition de la peine de mort, fervent défenseur de l’Etat de droit et des libertés, exemple même d’un homme d’Etat au service de l’intérêt général et des droits humains s’en est allé. Une journée nationale aura lieu en sa mémoire mais dans le même temps, on glorifie l’argent roi et on s’assoit sur l’Etat de droit.

Face à un tel cynisme, Il ne faut pas s’étonner que les populistes aient le vent en poupe et qu’il y ait une désaffection électorale. Pourtant, le droit de vote est un acte essentiel de notre citoyenneté et de notre démocratie. Ce sera l’objet du débat de notre prochaine réunion de section. Venez nombreux !

Jean-Luc Boero, président de la section, le 12 février  2024

Edito : Mécontentement social sur fond de crise systémique

Les agriculteurs ont des revendications plurielles mais un constat est similaire : le mépris de classe et l’accaparement des richesses par quelques-uns. Il est aussi constaté que les normes européennes s’appliquent parfois avec des nuances qui frisent l’entorse à la concurrence libre et non- faussée.

S’il faut que la conversion écologique soit toujours en avant-première, il ne faut pas pour autant que le revenu net des agriculteurs soit la variable d’ajustement de politiques agricoles injustes et souvent prédatrices de nos ressources naturelles.

Il est noté que le traitement des manifestations de mécontentement n’est pas le même une fois de plus concernant les agriculteurs et les manifestants des Soulèvements de la Terre par exemple. On ne va pas blâmer les agriculteurs de bloquer la vie économique ou de laisser passer au compte-goutte les usagers des routes mais l’on peut noter l’hypocrisie de partis politiques qui n’ont pas la même sympathie lorsqu’il s’agit de militants écologistes.

D’ailleurs dans ce deux poids deux mesures dans la répression des mouvements sociaux, je vous invite fortement à venir à la réunion publique en présence de Jean-Michel Ducomte, membre du bureau national de la LDH  et spécialistes des libertés associatives. Il vient à l’invitation du Comité de Défense des Libertés Associatives et Publiques dont fait partie la section (CDLAP),   le mardi 20 février à 18h, salle 7 à Agora (Maison des associations de St Nazaire).

S’il est incontestable que nous nous réjouissons de la décision sans surprise du conseil constitutionnel, il ne faut pas se faire d’illusions, les expulsions seront menées tambour battant avec cette fois-ci la pression du chiffre à effectuer pour démontrer toute la philosophie du texte défendu par Gerald Darmanin «  méchant avec les délinquants et gentils avec les gentils ». Rappelons qu’une personne ayant une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) et qui reste en France est dans la catégorie des délinquants. La précarisation renforcée des étrangers sans papiers sera celle que nous rencontrerons dans nos permanences juridiques et le lot des souffrances psychiques et des détresses humaines va s’accentuer. Déjà, les Préfets, réunis le 26 janvier par Darmanin vont recevoir les consignes pour répondre aux ordres de leur ministre de l’intérieur.

Et puis, on entend les partis de droite et d’extrême-droite parler de Coup d’Etat des juges, de référendum, etc…Bref, ils préparent déjà le coup d’après. On n’a pas encore fini d’entendre parler des migrations et nous reparlerons encore et encore de leurs exploitations politiciennes.

Alors venez aux réunions de section, participez aux manifestations et battons-nous pour que nous soyons encore dignes de nos valeurs humanistes !

Jean-Luc BOERO, Président de la section

le 26 janvier 2024

Edito : Une année 2024 qui ne chômera pas pour les combats pour les libertés et les droits

Le début 2024 va  beaucoup nous occuper sur les droits des étrangers et je vous rappelle de venir nombreuses et nombreux aux manifestations que nous allons organiser. La prochaine est le dimanche 21 janvier à partir de 11h au départ du marché de St Nazaire.

Nous allons aussi continuer à travailler sur les libertés publiques avec le Collectif de Défense des Libertés Associatives et Publiques(CDLAP). Nous ferons revenir  Jean Philippe Ducomte du Bureau National car les libertés publiques ont des murs juridiques qui les attaquent et dont le vent autoritaire est poussé par les sirènes de l’extrême-droite.

D’ailleurs, le nouveau gouvernement risque assez vite de s’user dans les marchandages politiciens et on sait où portent les vents dominants. On pourra vite voir que l’orthodoxie budgétaire prônée par l’excellent écrivain (sic), par ailleurs ministre de l’économie, Bruno Lemaire,  ne va pas aller vers une amélioration de nos services publics. Mais on peut faire comme la nouvelle ministre de l’éducation, préférer une école privée … C’est ça la République de la  French Start nation !  Toujours plus à ceux qui concentrent les richesses et toujours plus de rigueur pour les classes populaires.

Avec un tel programme, il ne faudra pas s’étonner qu’aux élections européennes l’extrême-droite fasse le plein ! Et  ce n’est pas en nommant un jeune premier ministre  « pour faire d’jeune » comme Bardela que l’on fera croire qu’on lutte contre le creusement des fractures sociales, économiques et territoriales, qui est du pain bénit pour l’extrême-droite.

Alors, pour que la LDH ait tout son sens, il va nous falloir remonter les manches et lutter. Et comme dit Marie- Christine Vergiat, Vice- Présidente de la LDH, « il n’y a que les luttes que l’on ne mène pas que l’on perd ! »

Pour le moment, les vents froids n’ont pas le pouvoir, et pour  contrebalancer le pessimisme ambiant, rien de tel qu’une logique de rassemblement large et une offre sociale ! Alors comme il faut d’abord compter sur nos forces internes pour dire stop aux guerres d’ego et aux petits calculs politiques d’une gauche éclatée, il est clair que nous avons besoin de réinvestir les terrains de lutte et du quotidien.

La question des idéologies régressives et xénophobes ne pourra se traiter sans que nous fassions preuve aussi de présence dans les quartiers populaires et auprès de la jeunesse. Ce sera le thème de notre réunion de section de jeudi 18 janvier.

Venez-y très nombreuses et nombreux pour que l’on construise rapidement les outils de notre participation à l’éducation à la citoyenneté, aux droits de l’homme, aux combats contre les discriminations et pour la laïcité dans nos écoles et  dans nos maisons de quartier.

Les professionnels de l’Education Nationale et de l’éducation populaire ont besoin de nous.

Jean-Luc Boero, président de la section, le 15 janvier 2024

Edito : N’oublions pas la vie quotidienne de nos concitoyens dans les combats à venir

Le fil de l’actualité est bien souvent anxiogène : crise de l’énergie, inflation, violences urbaines, méga incendies, dérèglement climatique, crise de l’hôpital, crise politique et démocratique. Et pourtant, c’est l’essence même de la LDH que de donner des gages d’espoir, de fabriquer du commun, de contenir les thèses populistes et la haine ambiante qui se diffusent au sein de l’hémicycle parlementaire et dans les médias.

C’est aussi par notre capacité à rassembler au-delà nos partenaires habituels que nous contiendrons la régression démocratique actuelle.

Mais n’oublions pas les questions de vie quotidienne de nos concitoyens. Un collectif transpartisan de chercheurs vient de publier un rapport de 160 pages sur l’état des services publics. Ces derniers sont un rempart contre la fragmentation sociale, les inégalités économiques, le libéralisme dérégulé et les inégalités territoriales.

La marchandisation des services publics a conduit, comme nous le savons, à un effondrement de notre hôpital public. Le new public management a aggravé la dégradation des services publics et entretenu l’obésité des bureaucraties des directions générales et des directions ministérielles.

Les réalités de terrain sont niées au profit des tableurs Excel. Les conditions de travail dans les différents services publics se sont largement dégradées. Pourtant, les dépenses publiques sont de 58 % du PIB en 2022 contre moins de 50 % au début des années 80. Le nombre des agents publics est passé de 4,8 millions à 5,4 millions en 20 ans. Les besoins de nos concitoyens ne sont plus les mêmes que dans les années 60. Par exemple, dans le domaine éducatif, les enfants en situation de handicap y sont inclus depuis 2005. L’éducation nationale n’arrive pas à faire face à l’accompagnement de ces enfants handicapés et à la professionnalisation nécessaire de leurs accompagnants. Malgré des textes et circulaires, des inégalités profondes au sein des établissements de l’éducation nationale persistent du fait d’une non-mixité sociale.

Si la lutte contre les trafics de drogue ou l’immigration irrégulière bénéficie de moyens en hausse, les tribunaux sont bien à la peine concernant les litiges familiaux et malgré des nouveaux textes législatifs de lutte contre les violences familiales, le nombre de féminicides ne diminue pas.

Il faut noter que les gouvernants successifs et encore plus depuis 2017 utilisent de plus en plus les forces de police pour le maintien de l’ordre au détriment de la police du quotidien ou de la police judiciaire.

Notons aussi qu’un service public aussi essentiel que la protection de l’enfance est en crise depuis de nombreuses années. L’augmentation des suivis est certes liée à un meilleur repérage des situations mais le manque de moyen et un pilotage complexe conduisent à une embolisation des dispositifs.

La bureaucratie a sclérosé l’innovation, la réactivité et l’adaptabilité. Le langage technocratique, la profusion des textes réglementaires, la segmentation des publics visés, la production prolifique de protocoles et de règles administratives retardent le traitement des problématiques des usagers.

Dans les hôpitaux, une des réformes essentielles n’est toujours pas mise en œuvre, celle de l’inversion du pouvoir décisionnel entre le corps médical et les gestionnaires.

Nos concitoyens, dans certaines régions, sont en peine pour trouver des services publics et doivent se débrouiller seuls face aux questions de vieillissement ou de déserts médicaux. Tout cela se traduit par une augmentation du vote extrémiste et principalement du vote RN.

Pour préserver les droits fondamentaux tels que le logement pour tous, l’égalité dans l’enseignement, la lutte contre les discriminations, la LDH doit renforcer sa présence auprès des usagers esseulés et des agents des services publics.

La LDH doit pouvoir être une force de rassemblement pour mener des actions locales sur la question de la dégradation des services publics et de la réponse aux droits fondamentaux.

Sur St Nazaire, nous sommes particulièrement sensibles aux questions portant sur le logement, l’hébergement d’urgence, la justice du quotidien et la lutte contre les discriminations. Dernièrement, nous avons fait connaître notre préoccupation face au manque de moyens du tribunal judiciaire de St Nazaire.

Nous n’hésiterons pas à alerter et soutenir les initiatives face aux dégradations des services publics qui conduisent à créer des inégalités gravissimes propices à un vote populiste aux prochaines élections présidentielles.

Lutter contre l’extrême droite, c’est certes lutter contre l’idéologie raciste et xénophobe, mais c’est aussi mener un combat pour améliorer le quotidien de nos concitoyens et principalement de ceux qui ont encore plus besoin que les autres de services publics de qualité.

Jean-Luc Boero, président de la section,

Le 16 septembre 2023

CP : Non à la fermeture même provisoire du SHAdo

La section LDH est particulièrement inquiète à l’annonce de la fermeture du SHAdo, structure de soin et d’hospitalisation en pédopsychiatrie sur l’ouest du département.

Par-delà le message envoyé sur l’approche de la santé pour les mineurs, il y a des risques graves non seulement pour ces enfants mais aussi pour l’ensemble de la chaîne médicale et pour la sécurité publique dans un département déjà sous-équipé en structures de soins psychiatriques pour les enfants. Et n’oublions pas les familles et les services de protection de l’enfance qui devront faire avec cette fermeture du SHAdo.

Certes, le recrutement de personnels médicaux et particulièrement de médecins psychiatres est devenu un vrai challenge, mais la fermeture d’une structure va au-delà. C’est un savoir-faire, une cohésion d‘équipe, des pratiques collectives qui s’amoindrissent. Bref, c’est une très mauvaise réponse à un vrai problème car cela ne fait que renforcer le manque d’attractivité du secteur de la psychiatrie.

Fermer le SHAdo aura également des impacts forts sur les autres services psychiatriques qui devront accueillir des mineurs, parfois âgés de moins de 15 ans, avec les nécessités spécifiques dues à ces âges et aux profils des autres patients. Ces enfants sont trop souvent hospitalisés en chambre d’isolement. La défenseure des droits a alerté sur ce type de pratiques contraires aux droits humains et qui accroit les tensions éthiques des soignants qui n’ont pas d’autre choix.

Un risque de moindre qualité de soin et d’accompagnement par défaut d’une prise en charge adaptée peut entraîner une administration plus conséquente de psychotropes, d’anxiolytiques, sources potentielles de possibles addictions chez des jeunes. La consommation d’antidépresseurs pour les adolescents ne cesse d’augmenter. Toutes les autorités médicales tirent la sonnette d’alarme !

Les services de pédiatrie seront aussi fortement touchés par la prise en charge de jeunes qui relèvent d’une prise en charge en pédopsychiatrie avec des risques pour la sécurité de tous les jeunes patients.

Par cette fermeture dite provisoire d’un jeune service d’hospitalisation, ouvert en janvier 2021, c’est  le public le plus fragilisé par l’existence qui va en pâtir. Les enfants accueillis dans les services de protection de l’enfance ont des besoins en hospitalisation psychiatrique plus importants que le reste des jeunes.

Enfin, tous les rapports, les études le démontrent : depuis la crise COVID, les besoins en soins psychiatriques des enfants et adolescents ne font que de croitre.

Nous ne pouvons accepter ce choix. La direction de l’hôpital de St Nazaire et à l’ARS doivent pouvoir trouver d’autres alternatives avec les soignants et les organisations syndicales. Des moyens financiers exceptionnels sont nécessaires pour redonner de l’attractivité à la psychiatrie publique !

La section LDH soutient les familles, les soignants  et appelle à signer la pétition.

https://www.change.org/p/non-%C3%A0-la-fermeture-du-service-d-hospitalison-ado-de-saint-nazaire-shado

La section de Saint-Nazaire Estuaire Presqu’île, le 27 avril 2023

CP : Retraites : Soutien de la LDH aux mobilisations citoyennes et syndicales

Face à la décision gouvernementale de l’usage du 49-3 pour une énième fois, nous comprenons la colère des jeunes, des salariés et retraités et de tous ceux qui manifestent leur opposition à cette réforme brutale.

Nous avons eu l’occasion de nous exprimer par voie de communiqué de presse à plusieurs reprises sur les raisons de notre opposition (déni démocratique, réforme injuste et inutile).

Nous soutenons les mobilisations syndicales et citoyennes et appelons chacun-e à faire preuve de responsabilité en évitant toutes les provocations et actes violents qui viendraient alimenter l’autoritarisme de certains partis politiques.

Nous visons particulièrement l’extrême-droite qui voit dans cette opposition un marchepied pour gagner l’Elysée.

Nous savons que l’immense majorité de nos concitoyens n’est aucunement dupe de cette récupération politique.

Nous soutenons les manifestations et mobilisations pacifiques et saluons la détermination des salariés du bassin nazairien.

Saint Nazaire, le 18 mars 2023

Pour la section LDH de St Nazaire Estuaire Presqu’île

Jean Luc Boero, Président de la section