Edito : Pour une paix juste et durable remettant en selle le droit international

Nous sommes pétris d’émotions et probablement traversés de sentiments divers face à la barbarie qui sévit depuis le 07 octobre 2023 en Israël, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.

Le risque d’une déflagration régionale voire mondiale vient vite à l’esprit et peut paralyser la pensée et surtout l’action pour la paix à conduire. Les crimes commis par le Hamas et l’armée israélienne donneront probablement lieu à instruction par la Cour Pénale Internationale.

Cependant, ces massacres s’inscrivent dans un temps long que l’on peut dater. En 1948, après la création de l’Etat israélien, la Nakba s’est traduite par le déplacement de près de 800 000 Palestiniens qui vivent toujours dans des camps. Nous ne pouvons ignorer ni  la réalité actuelle ni la complexité de la situation.

Il n’y a pas de symétrie entre le droit des Israéliens à vivre en paix et des Palestiniens qui vivent dans un tombeau à ciel ouvert, celui de Gaza depuis trop de temps.

Aucunement les massacres commis les 7 et 8 octobre, ces crimes barbares, ces actes de terrorisme, ne peuvent conduire à une  vengeance.  La légitime défense n’est pas la vengeance. Il  n’y a jamais eu une responsabilité collective d’un peuple ! Nous ne pouvons accepter que des crimes de guerre appellent aux crimes de guerre.

La société israélienne est multiple et nous ne pouvons la réduire au  discours messianique, tenu par Netanyahou, du bien contre le mal qui conduit à  la riposte indiscriminée israélienne, à la punition collective. Disons aussi fortement que le peuple palestinien n’est pas le Hamas ! La cause palestinienne n’est pas la cause du Hamas, qui est une organisation politique islamique.

Les armes ne remplaceront jamais la perspective politique. L’Europe est amnésique et la France, longtemps voix non-alignée, s’est dissoute dans un silence face aux droits des Palestiniens. L’effacement de la question palestinienne face à des accords économiques, stratégiques signe le ratage de la communauté internationale. La reconnaissance d’un Etat palestinien doit revenir au centre de notre diplomatie. C’est pour cela que nous revendiquons l’application de la résolution n° 242 du 22 novembre 1967.

Nous sommes aussi effrayés par le niveau des arguments politiques de certains ministres. Je  dis : Il faut avoir une morale, un sens de la dignité, une vision historique et une égale compassion pour tous les morts civils. Tenter de tirer un avantage politique pour plaire à tel ou tel segment de la société est effrayant. Entendre des femmes et des hommes politiques dire qu’il faut supprimer les aides européennes aux palestiniens ou parler d’apologie d’acte de terrorisme pour criminaliser ceux qui soutiennent la juste cause palestinienne même si l’expression publique de certains peut être critiquée sont les formes de cette culture clientéliste politique ou d’alignement que nous refusons. Nous condamnons aussi fermement tous les actes antisémites et islamophobes. Tous les démocrates doivent agir avec une hauteur de vue, éviter cette approche communautaire et cette exportation d’une situation explosive.

Voir en France le gouvernement  conduire une politique interne de deux poids deux mesures en allumant la tour Eiffel au couleur d’Israël et en interdisant toute manifestation pro palestinienne n’est pas digne de notre histoire et de l’équilibre entre des légitimités différentes que nous devons avoir. Il ne peut y avoir de justice sans une position équilibrée et juste. Il ne faut pas attiser des divisions qui minent notre démocratie puis venir discourir sur l’exportation du conflit !

Pour garder une espérance, pour agir, il nous faut mobiliser afin d’exiger de tout mettre en œuvre pour faire appliquer le droit humanitaire international.

Ce que ce droit exige, c’est :

– une libération immédiate sans condition de tous les otages civils détenus par le Hamas,

– un cessez le feu immédiat avec la fin des bombardements et du déplacement forcé des populations,

– la protection de toutes les personnes civiles quelle que soit leur nationalité,

– La mise en place immédiate d’un corridor humanitaire permettant d’acheminer de façon durable les produits de premières nécessités et les matériels médicaux,

– la levée complète du blocus de la bande de Gaza.

Un meeting initié par la LDH tenu le 26 octobre a réuni 600 personnes salle Olympe de Gouge à Paris XIème car il nous semble important d’élargir la mobilisation pour obtenir un cessez-le-feu immédiat.

La section a convié à une réunion le 02 novembre une cinquantaine d’associations, syndicats et partis politiques à une réunion en vue d’élargir la mobilisation pour faire pression sur notre gouvernement afin que le droit international s’applique.  

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St Nazaire Estuaire Presqu’île

Le 1er novembre 2023

Edito : Face à l’emballement de la barbarie : résistons !

A l’égard du terrorisme, quel que soit son mode opératoire, c’est souvent un déchainement de réactions disproportionnées qui se caractérise dans nos démocraties libérales. Faut-il en venir à mettre au second plan les causes profondes du conflit israélo-palestinien et n’y voir dans la situation actuelle que l’expression de la barbarie d’un groupe islamiste ?

Comme vous le savez, ce n’est pas la position de la LDH. Appeler à une guerre totale ne peut aboutir qu’à une escalade de la violence en Israël, en Palestine, dans toute la région et aussi à une exportation du conflit comme cela s’est peut-être produit ce vendredi dans un collège-lycée d’Arras.

Nous devons résister face à la barbarie, nous devons faire respecter le droit international et incessamment rappeler que le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou, de par sa politique d’annexion de la Cisjordanie par une colonisation effrénée, bafoue le droit international.

Les démocraties dont la France se rendent complices par leur inaction et leur incapacité à faire respecter les résolutions de l’ONU.

Dans les heures, les jours et les semaines à venir, la situation peut conduire à un emballement d’actes terroristes. Evitons absolument l’amalgame musulmans = islamistes. Des millions de musulmans républicains et laïcs vivent en France.

Nous avons une égale pensée pour tous les juifs dont nos ressortissants français massacrés par des fanatiques endoctrinés et biberonnés à la haine. Nous devons tout faire pour que justice leur soit rendue, pour que ces crimes de guerre soient instruits par les instances judiciaires internationales.

Sur St-Nazaire, les réactions de certaines associations amies proches de nos combats nous a conduit à prendre une certaine distance. Nous n’avons pas appelé à rejoindre une manifestation pro-palestinienne au regard de l’absence d’une condamnation sur cette abomination commise par des terroristes du Hamas.

Pour autant, nous défendons et continuerons à défendre le droit de manifester et d’expression pacifique. Le Comité Solidarité Palestine de la Région Nazairienne, tout comme sur l’ensemble du territoire national, s’est vu interdire sa manifestation du vendredi 13 octobre 2023. Nous le dénonçons sans ambiguïté.

Pour mieux comprendre tous ces enjeux, il est important qu’il y ait un débat au sein de la section. Je vous engage très fortement à venir à la prochaine réunion du jeudi 19 octobre.

Sur les questions de liberté publique, de liberté associative et du droit de manifester, Arié Alimi, avocat, membre du Bureau National, sera présent ce mardi 17 octobre à 20h salle 7 à Agora. Venez nombreux.

Jean-Luc BOERO, président de la section

le 14  octobre 2023

Edito : N’oublions pas la vie quotidienne de nos concitoyens dans les combats à venir

Le fil de l’actualité est bien souvent anxiogène : crise de l’énergie, inflation, violences urbaines, méga incendies, dérèglement climatique, crise de l’hôpital, crise politique et démocratique. Et pourtant, c’est l’essence même de la LDH que de donner des gages d’espoir, de fabriquer du commun, de contenir les thèses populistes et la haine ambiante qui se diffusent au sein de l’hémicycle parlementaire et dans les médias.

C’est aussi par notre capacité à rassembler au-delà nos partenaires habituels que nous contiendrons la régression démocratique actuelle.

Mais n’oublions pas les questions de vie quotidienne de nos concitoyens. Un collectif transpartisan de chercheurs vient de publier un rapport de 160 pages sur l’état des services publics. Ces derniers sont un rempart contre la fragmentation sociale, les inégalités économiques, le libéralisme dérégulé et les inégalités territoriales.

La marchandisation des services publics a conduit, comme nous le savons, à un effondrement de notre hôpital public. Le new public management a aggravé la dégradation des services publics et entretenu l’obésité des bureaucraties des directions générales et des directions ministérielles.

Les réalités de terrain sont niées au profit des tableurs Excel. Les conditions de travail dans les différents services publics se sont largement dégradées. Pourtant, les dépenses publiques sont de 58 % du PIB en 2022 contre moins de 50 % au début des années 80. Le nombre des agents publics est passé de 4,8 millions à 5,4 millions en 20 ans. Les besoins de nos concitoyens ne sont plus les mêmes que dans les années 60. Par exemple, dans le domaine éducatif, les enfants en situation de handicap y sont inclus depuis 2005. L’éducation nationale n’arrive pas à faire face à l’accompagnement de ces enfants handicapés et à la professionnalisation nécessaire de leurs accompagnants. Malgré des textes et circulaires, des inégalités profondes au sein des établissements de l’éducation nationale persistent du fait d’une non-mixité sociale.

Si la lutte contre les trafics de drogue ou l’immigration irrégulière bénéficie de moyens en hausse, les tribunaux sont bien à la peine concernant les litiges familiaux et malgré des nouveaux textes législatifs de lutte contre les violences familiales, le nombre de féminicides ne diminue pas.

Il faut noter que les gouvernants successifs et encore plus depuis 2017 utilisent de plus en plus les forces de police pour le maintien de l’ordre au détriment de la police du quotidien ou de la police judiciaire.

Notons aussi qu’un service public aussi essentiel que la protection de l’enfance est en crise depuis de nombreuses années. L’augmentation des suivis est certes liée à un meilleur repérage des situations mais le manque de moyen et un pilotage complexe conduisent à une embolisation des dispositifs.

La bureaucratie a sclérosé l’innovation, la réactivité et l’adaptabilité. Le langage technocratique, la profusion des textes réglementaires, la segmentation des publics visés, la production prolifique de protocoles et de règles administratives retardent le traitement des problématiques des usagers.

Dans les hôpitaux, une des réformes essentielles n’est toujours pas mise en œuvre, celle de l’inversion du pouvoir décisionnel entre le corps médical et les gestionnaires.

Nos concitoyens, dans certaines régions, sont en peine pour trouver des services publics et doivent se débrouiller seuls face aux questions de vieillissement ou de déserts médicaux. Tout cela se traduit par une augmentation du vote extrémiste et principalement du vote RN.

Pour préserver les droits fondamentaux tels que le logement pour tous, l’égalité dans l’enseignement, la lutte contre les discriminations, la LDH doit renforcer sa présence auprès des usagers esseulés et des agents des services publics.

La LDH doit pouvoir être une force de rassemblement pour mener des actions locales sur la question de la dégradation des services publics et de la réponse aux droits fondamentaux.

Sur St Nazaire, nous sommes particulièrement sensibles aux questions portant sur le logement, l’hébergement d’urgence, la justice du quotidien et la lutte contre les discriminations. Dernièrement, nous avons fait connaître notre préoccupation face au manque de moyens du tribunal judiciaire de St Nazaire.

Nous n’hésiterons pas à alerter et soutenir les initiatives face aux dégradations des services publics qui conduisent à créer des inégalités gravissimes propices à un vote populiste aux prochaines élections présidentielles.

Lutter contre l’extrême droite, c’est certes lutter contre l’idéologie raciste et xénophobe, mais c’est aussi mener un combat pour améliorer le quotidien de nos concitoyens et principalement de ceux qui ont encore plus besoin que les autres de services publics de qualité.

Jean-Luc Boero, président de la section,

Le 16 septembre 2023

Edito : Une surenchère et une indécence à vomir

Déjà, en octobre 2022, dans l’affaire dite de Lola, les droites et extrêmes-droites n’avaient eu de cesse de fustiger le soi-disant laxisme gouvernemental concernant les déboutés du droit d’asile. Jeudi dernier, à Annecy, une dramatique déferlante de violences s’est produite sur des très jeunes enfants et quelques adultes par un réfugié Syrien.

A peine les actes commis que les réseaux sociaux se sont échauffés. La première à dégainer fut la patronne des députés Renaissance qui a tenté de profiter de ce dramatique fait divers pour clore la mobilisation politique contre la réforme des retraites. Eric Ciotti n’a pas été de reste, il qualifie tout de suite cet acte de terroriste et le vieux réflexe islamophobe repart de plus belle. Un ancien du RN, passé par la suite chez Reconquête, devenu électron libre de l’extrême-droite sur les plateaux télé parlent tout de suite de djihadiste islamique. Puis Guillaume Pelletier dénonce l’islamisme conquérant. Les heures passant et le profil de l’assaillant se clarifiant, la droite et l’extrême-droite adaptent leurs arguments. Il s’agit alors de faire de la surenchère sur l’immigration comme si depuis quelques mois ce vieux fonds de commerce de l’extrême-droite n’hystérisait pas suffisamment les droites. Avec un Darmanin qui essaie de se redonner un petit peu de crédibilité politique en faisant le yoyo avec son projet de loi.

Si on compte les Bruno Retailleau, les Nadine Morano et Olivier Marleix et pour l’extrême-droite, Jordan Bardella puis Marine Le Pen, il ne faut pas oublier que Renaissance s’y est mis. Le député Charles Sitzenstuhl nous dit qu’il faut arrêter d’avoir des peurs de gazelles et estime faire confiance au talent politique de Gérald Darmanin pour obtenir un accord politique avec les Républicains.

Zemmour a mis aussi sa touche en parlant à nouveau de « Francocide ». Sur les fils Telegram, la droite identitaire et suprématiste y va à gorges déployées. L’ancienne porte-parole de Génération identitaire, Thaïs d’Escufon, estime qu’ « une reprise en main virile de notre civilisation est plus que jamais nécessaire et que seule la force triomphera de ces barbares ».

Pendant ce temps-là à St-Brévin, le conseil municipal a élu Dorothée Pacaud comme nouveau maire. Des membres de l’ultra droite d’Angers se sont invités avec des fumigènes. Selon Ouest-France, des propos racistes ont suivi, amalgamant l’attaque perpétrée à Annecy et la présence de migrants.

Nous souhaitons ardemment que la Procureur de la République et le sous-préfet réagissent. Les autorités de l’Etat doivent faire cesser toute manœuvre d’intimidation et toute pression raciste et condamnable. Nous allons écrire en ce sens à la Procureure de la République.

Le racisme n’est pas une opinion mais un délit.

Jean-Luc Boero, président de la section,

Le 10 juin 2023

Edito : Une montée inquiétante de l’extrême-droite

Rappeler que le Rassemblement National n’est pas un parti comme les autres n’est malheureusement pas suffisant pour lui ôter sa carapace de respectabilité.

Lorsqu’Elisabeth Borne qualifie le RN d’« héritier de Pétain » et que c’est une idéologie dangereuse, nous pourrions dire qu’elle devrait mettre en actes son propos. Vouloir comme Gérald Darmanin s’associer avec LR sur un projet de loi d’immigration dont LR veut s’affranchir des traités et du droit européen en matière d’immigration est une pente plus que dangereuse.

Revendiquer des mesures anti immigrés draconiennes, assimiler toutes les formes de violences à un rejet de la République, jouer sur les incontestables craintes en lien avec les réseaux mafieux liés aux trafics de stupéfiants, renvoyer dos-à-dos extrême-droite et extrême gauche et s’en prendre une fois de plus à la liberté de parole et de la culture est inquiétant.

Vouloir attendre des gages de servilité d’une réalisatrice qui dénonce la manière dont le gouvernement a nié de façon choquante la protestation contre la réforme des retraites et parle d’un schéma de pouvoir dominateur vient bien renforcer notre crainte d’un refus de plus en plus probant de ce qui vient contester l’autorité des gouvernants.

Des Etats européens prônent de plus en plus des politiques autoritaires. L’Etat social est attaqué dans nombre de pays. Au nom d’une nécessaire sécurité, des relents nationalistes et xénophobes viennent en écho aux inquiétudes démultipliées des nombreuses crises que nous traversons.

Pour autant, les manifestations de solidarité avec les exclus, avec les migrants, avec les associations de défense des libertés publiques, avec le mouvement écologique et avec les humoristes sont réelles.

La LDH n’analyse pas la situation actuelle comme étant le fruit d’une convergence objective entre les thèses d’extrême-droite et le gouvernement. Pour autant, les politiques poursuivies par le gouvernement défendent les milieux financiers qui eux n’ont aucune difficulté à prospérer dans les Etats autoritaires.

De tout cela, il s’en dégage l’impératif de mobiliser et rassembler, d’agir sur le plan local comme sur le plan international, pour un monde plus solidaire.

Les propos d’Emmanuel Macron sur la « décivilisation »  doivent encore plus renforcer notre détermination pour unir les progressistes contre ces thèses qui viennent glorifier un modèle unique et autoritaire de la République.

Nul n’est dupe que ces manœuvres de diversion n’ont d’autre but que de tenter d’étouffer le mouvement social et écologique qui a montré ces derniers mois sont incontestable vitalité.

Jean-Luc BOERO, président de la section, le 29 mai 2023

Edito : La démission du maire de St-Brévin, Yannick Morez : une tragédie prévisible !

Lorsque des mouvements d’extrême-droite radicaux cherchent à instaurer une politique de la peur par l’intimidation, la menace, l’usage de saluts nazis comme on l’a vu à St-Brévin et la recherche d’affrontements directs avec des antifascistes, la République est en danger.

Le maire de St-Brévin a reçu des menaces de mort, il a été victime d’un incendie à son domicile, probablement d’origine criminelle. Lui-même parle de terrorisme d’extrême-droite.

Il n’a eu que très peu de manifestations de soutien de l’Etat. Mme Borne, M. Darmanin et M. Macron étaient muets depuis le 22 mars, date de l’incendie de ses deux véhicules. Pourtant, Yannick Morez avait plusieurs fois alerté les autorités préfectorales, la gendarmerie, Olivier Véran et les ministères concernés.

Des militants du CBAS ont eux-mêmes déposé plainte pour des faits d’intimidation et d’injures comme ce fut le cas pour son président, Philippe Croze. Lors d’une visite sur site, le sous-préfet de St Nazaire n’en semblait pas informé.

Le MRAP et la LDH ont déposé plainte au regard de tracts appelant à la discrimination et à la haine.

Le 21 avril dernier, je ré alertais le Procureur de la République au regard des manifestations virulentes de l’ultra-droite et lui demandais où en était l’instruction de notre plainte, courrier uniquement transmis à la brigade de gendarmerie concernée.

Le CBAS avait rencontré le maire de St-Brévin avant la manifestation du 29 avril. Le maire en avait demandé l’interdiction au Préfet, demande qui ne fut pas suivie d’effets et pour lequel Yannick Morez n’a reçu une réponse définitive que la veille de la manifestation.

Dans un tel climat, il est humainement compréhensible de se retrouver contraint de démissionner.

Faut-il rappeler que le projet d’installation décidé par l’Etat au moment de la fermeture de la jungle de Calais a conduit à l’arrivée de migrants sur St-Brévin sans réelle concertation avec la population et les élus. C’est grâce à l’humanisme des membres du CBAS qui, depuis 2016, apportent soutien, animation et accompagnement des réfugiés, que les quelques 400 migrants déjà accueillis ont pu bénéficier d’un accueil de qualité en lien avec les quelques professionnels du CADA. Depuis 2016, il n’y a jamais eu de problématiques conflictuelles entre des réfugiés et la population brévinoise. Aucun acte de délinquance n’a été commis par ces réfugiés.

Prochainement, vous aurez l’occasion de lire un article dans la revue Droits et Libertés qui vous renseignera précisément sur l’admirable travail conduit par les militants bénévoles du CBAS.

La section LDH, comme vous le savez, s’est fortement impliquée pour trouver les réponses adaptées face aux réactions des quelques anti-CADA brévinois fagocités par la stratégie développée par le RN dans un premier temps puis par des mouvements d’extrême-droite radicaux.

Avec le CBAS, nous avons toujours tenté de trouver des réponses adaptées prenant en compte la réalité politique et sociale de St-Brévin et la nécessaire lutte contre les thèses anti immigrées et l’idéologie raciste et xénophobe.

Sachant la stratégie nationale de Reconquête et de l’ultra-droite face à l’implantation de lieux d’accueils de migrants en zones rurales, nous avons tout fait pour que la contre-manifestation du 25 février soit massive et présente un caractère national. Arié Alimi du Bureau National, le député européen Damien Carême, Pascal Brice, ancien directeur général de l’OFPRA étaient présents.

De plus, la politique de l’amalgame entre l’extrême-droite et l’extrême-gauche et l’inertie du ministre de l’intérieur et de ses services face aux dangers de l’ultra-droite nous a conduits à réagir. C’est ainsi que dans un communiqué de presse du 6 avril intitulé « Gérald Darmanin menace la Ligue des Droits de l’Homme » nous faisions référence à Isabelle Sommier, sociologue, qui dans une interview à Médiapart, le 05 avril, déclarait « qu’en matière de violence politique, l’ultra droite est plus menaçante ».

Comme Yannick MOREZ, nous sommes révoltés par la pseudo impuissance de l’Etat mais aussi par la politique de l’amalgame assumée au plus haut niveau de l’Etat entre quelques militants d’extrême-gauche ayant des pratiques violentes condamnables et les nervis de mouvements ouvertement néofascistes de l’ultra-droite.

L’instrumentalisation des thèmes du RN sur l’immigration banalisent cette idéologie raciste et xénophobe. C’est consternant !

Tout cela est bien le symptôme de nombreux maux qui rongent la démocratie française.

C’est politiquement stupide puisque la vraie bénéficiaire de cette course derrière les thèmes anti immigrés sera l’extrême-droite elle-même.

Jean-Luc Boero, président de la section,

Le 14 mai 2023

Edito : Des accusations qui frisent le procès en hérésie

Si la justice dépendait des églises et de la royauté comme ce fut le cas sous l’Ancien Régime, les ligueurs auraient certainement à craindre pour leur liberté voire leur vie.

Il y a eu Sarkozy qui nous a traités plus d’une fois de « droits de l’hommiste », le procès aujourd’hui d’une LDH qui aurait basculé du côté des forces ennemies de la République (islamistes et éco-terroristes, violences sociales, etc.) a agité des Politiques de premier plan et bien sûr le Rassemblement National qui lui, propose directement notre dissolution.

Est-ce l’air du temps, est-ce un changement d’orientation ou est-ce une manœuvre de diversion ?

Rappelons que la LDH, même au risque de déranger les pouvoirs en place, a toujours considéré que les droits fondamentaux valent pour toutes et tous. Et cela vaut même pour des personnes dont la LDH n’approuve rien des idées ni des actes, comme ce fut le cas pour notre demande de procès équitable concernant les collaborateurs en 1945 ou pour les djihadistes d’aujourd’hui.

Certes, les positions de la LDH sur des sujets aussi complexes et sensibles que celui de l’islamisme ou de la défense des droits peuvent interpeller. Je comprends personnellement que des républicains laïcs mesurés, qui n’ont rien à voir avec des islamophobes, aient pu être troublés par certaines positions de la LDH comme celle dernièrement concernant l’imam radical Hassan Iquioussen. Nous ne sommes pas intervenus pour défendre de près ou de loin ses théories abjectes ainsi que ses propos antisémites inqualifiables. Nous avons agi au titre du droit au respect à sa vie familiale comme cela avait d’ailleurs été retenu par le tribunal administratif.

N’hésitons pas à rappeler que la LDH souhaite que toutes poursuites se fassent dans le respect du droit.

Nous ne nous sommes pas portés partie civile au procès des terroristes du vendredi 13 novembre 2015. Le procès, selon les parties civiles, les avocats de la défense et l’accusation a été un procès admirable. D’ailleurs, les prévenus n’ont pas fait appel des décisions judiciaires. Ce n’est pas parce que ce procès s’est déroulé de manière mesurée et a permis l’expression de tous qu’il ne s’est pas déroulé sous le sceau d’une justice d’exception. S’il s’était tenu face à une Cour d’Assises classique, aurait-il été moins bien mené ? Rien n’est moins sûr. Par ailleurs, le chef d’accusation d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste est redoutable et son manque de précision juridique peut vite déraper.

La force de la LDH ne repose pas uniquement sur ses combats et ses actions mais aussi sur la valeur républicaine et exemplaire de son sérieux. La LDH agace sérieusement les gouvernements socio-démocrates et libéraux qui, au nom de la lutte contre le terrorisme, mettent en cause les garanties sur les libertés publiques.

Nous sommes inquiets que chaque nouvel événement d’ampleur donne lieu à encore plus de renforcement de l’appareil sécuritaire d’Etat. La surveillance systématique de la population va augmenter suite à la loi récente sur les jeux olympiques en introduisant la possibilité de surveiller des millions de personnes à la recherche de « comportements anormaux » par des drones et des caméras dites « intelligentes ».

Ne nous trompons pas, le recul du gouvernement concernant la présentation d’une loi sur les étrangers et le droit d’asile n’est que provisoire. Il y a tout lieu de craindre que le nouveau projet de loi balayera d’un revers de main les quelques avancées du projet Dussopt Darmanin, entre autre le titre de séjour pour métiers en tension qui pourtant n’avait rien de révolutionnaire.

La LDH ne changera pas. Changer serait renoncer à assurer pleinement notre mission de défense des droits et libertés. Nous appelons les citoyennes et citoyens, les organisations attachées au respect de l’état de droit à se mobiliser face à des gouvernants qui paraissent de plus en plus fébriles et qui perdent le sens même de leurs responsabilités républicaines.

Jean-Luc BOERO, président de la section, le 27 avril 2023

Edito : La LDH toujours présente pour défendre la démocratie et les libertés

En deux temps, le ministre de l’Intérieur et la première ministre s’en sont pris à la LDH devant les Parlementaires.

Le ministre de l’Intérieur a mis en cause la participation de la LDH  à des observatoires citoyens qui ont notamment documenté le dispositif de maintien de l’ordre sur la zone de Sainte-Soline dans le cadre des mobilisations contre les « mégabassines », les 24-26 mars 2023.

Au-delà de la confusion que le ministre opère sur la notion d’observateur indépendant, monsieur Darmanin exprime là une dérive inquiétante dans le cadre de sa fonction gouvernementale :

            – parce qu’il tient des propos mensongers : la LDH n’avait pas appelé à manifester comme il l’affirme alors ;

            – car il révèle sa détermination à piétiner le droit international qui protège le statut d’observateur.rice, et, avec lui, la liberté d’expression.

Ensuite, au Sénat, le ministre a été jusqu’à menacer de remettre en question les subventions publiques accordées à la LDH, en réponse au sénateur Les Républicains (LR) François Bonhomme, qui a appelé à « cesser de financer les associations » telles que la LDH. « Je ne connais pas la subvention donnée par l’Etat [à la LDH], mais ça mérite d’être regardé dans le cadre des actions qui ont pu être menées », a répondu Gérald Darmanin. Avant d’ajouter : « Beaucoup de collectivités locales aussi les financent, il n’y a pas que l’État. »

La première ministre s’en prend à la LDH soi-disant pour ses ambiguïtés face à l’Islamisme radical, laissant sous-entendre que la LDH serait noyautée par l’extrême-gauche. Elle n’apprécie pas non plus que la LDH ait récemment attaqué un arrêté interdisant le transport d’armes par destination à Sainte-Soline.

Patrick Baudouin lui a rappelé que le Conseil Constitutionnel, le 18 janvier 1995, a considéré qu’on ne pouvait pas interdire le port ou le transport d’objets pouvant être utilisés comme projectiles car il s’agit d’une formulation générale et imprécise qui entraîne des atteintes excessives à la liberté individuelle.

La LDH appelle et appellera toujours à manifester pacifiquement.

Les valeurs défendues par la LDH vont totalement à l’encontre de ce que véhicule l’Islamisme radical. Cependant, « nous défendons tous les droits, même les droits des terroristes à être jugés équitablement et non par des justices d’exception » (Patrick Baudouin- Le Monde du 14 avril 2023).

Gérald Darmanin insinue la possibilité que les associations comme la LDH qui remettent en cause les projets gouvernementaux ne puissent plus bénéficier de subventions.

D’abord, les subventions ne sont aucunement un droit. S’il fut longtemps le cas où les subventions servaient au fonctionnement associatif, aujourd’hui, les subventions les plus importantes délivrées aux associations le sont dans le cas d’appel à projet. La LDH, association d’éducation populaire, répond à des appels à projet qui dépendent d’autres ministères que du ministère de l’intérieur. Sur St Nazaire, nos seules subventions publiques sont celles de la ville de St Nazaire et à ce jour, elles ne sont pas remises en cause. Les seules fois où elles l’ont été le furent par le Rassemblement National, les équipes municipales en place ces dernières années ont toujours soutenu la LDH dans son action universaliste de défense des droits et libertés.

Pour autant, savoir qu’environ ¼ de nos ressources pourraient disparaitre introduit une résonnance angoissante pour l’ensemble des membres du Bureau National, les 17 salariés et bien évidemment le tissu associatif car après la LDH, quelles seront les prochaines cibles ?

Les subventions sont indispensables pour faire vivre les principes démocratiques. Supprimer ou diminuer ces subventions est l’un des moyens traditionnels utilisés par les régimes autoritaires pour affaiblir l’équilibre entre pouvoir et contrepouvoirs, sans lequel une démocratie est anéantie.

Les réactions de soutien à la LDH sont nombreuses. La presse, les syndicats, les associations, la défenseure des droits, les partis politiques s’en font l’écho.

Les nouveaux adhérents affluent en masse. Nous tenterons d’être à la hauteur de leurs attentes et veillerons à les accueillir correctement.

Face aux atteintes démocratiques, au climat social très tendu, à la remise en cause des valeurs, des subventions et des principes de droit au cœur de la LDH, la prochaine réunion de section, le jeudi 20 avril, sera uniquement consacrée à l’analyse de la situation, aux perspectives et aux actions à conduire.

Jean-Luc Boero, président de la section, le 15 avril 2023

Edito : Le Contrat d’Engagement Républicain (CER), un risque liberticide pour les associations

Dans cette séquence politique et sociale pour le moins agitée du fait de la paralysie de l’Assemblée Nationale en raison du déficit démocratique lié à l’article 47-1 et à la stratégie de la NUPES d’arroser le projet de loi d’un nombre pléthorique d’amendements ; le projet de réforme des retraites conduit à une forte mobilisation syndicale mais aussi à un risque démocratique à terme car le Rassemblement National et les extrêmes droites pourraient ramasser la mise du mécontentement populaire et de la recherche d’une nouvelle alternative politique.

En cela, le CER qui est né de la loi dite de lutte contre les séparatismes fait courir un risque majeur aux associations qui se trouveraient opposées aux politiques gouvernementales suivies. Aujourd’hui, trop peu d’associations se sentent concernées par ce contrat. Et la popularisation médiatique sur d’autres enjeux certes légitimes ne permet pas d’atteindre la mobilisation souhaitée contre ce CER. Rappelons que dans ce CER, les associations qui contreviendraient aux principes et aux valeurs républicaines sans qu’elles soient bien évidemment explicitées pourraient voir leur subvention être remise en cause. Ce CER impose aux responsables des associations un contrôle sur l’activité conduite par tous les membres, et en cas de manquement, les responsables seraient considérés potentiellement responsables des agissements de leurs membres. Nous pensions tous que ce CER avait été uniquement décidé pour lutter contre l’islamisme. Les premières associations sanctionnées,  et les seules à ce jour, sont des associations qui mènent des luttes écologiques. Demain, le CER entre leurs mains si le RN prend le pouvoir, imaginez ce que deviendrait la LDH ?

Point n’est besoin de crier au loup, il s’agit dans un premier temps de mener une campagne d’information afin que le CER devienne caduque et puis que le conseil d’état voire d’autres juridictions puissent l’invalider.

Nous convions tous nos adhérents mais aussi toutes les associations dans lesquelles vous œuvrez en qualité de bénévole, de militant ou de sympathisant à venir à la

Réunion du 29 mars à 18h à Agora, salle 7

Jean-Michel Ducomte, ancien administrateur de la ligue de l’enseignement, avocat, membre de la LDH de Nantes mais également élu au Bureau National de la LDH y animera une conférence-débat à l’invitation du collectif local contre le CER dont fait partie la LDH.

La section, avec le CCFD Terre Solidaire et Attac, vous convient le Vendredi 24 mars à  20h15 au cinéma Tati pour un ciné-débat sur l’évasion fiscale en présence de Chanez Mensous, membre de l’association Sherpa.

Enfin, le mardi 28 mars, nous vous convions à 20h à Agora salle 7 pour une conférence débat intitulée : « L’expansionnisme chinois met-il en péril l’universalité des droits de l’homme ? ». Pierre-Antoine Donnet, sinologue et journaliste, ainsi que Tenam, militant tibétain, répondront ce soir-là à vos questions.

Jean-Luc Boero, Président de la section, le 12 mars 2023

Edito du 21 février 2023 : Guerre en Ukraine : une mobilisation et une solidarité nécessaires

Dans un communiqué de la LDH Nationale, en date du 17 février 2023, il est noté en conclusion : « De nombreuses voix soulignent un « deux poids, deux mesures » entre les engagements pour l’Ukraine et les solidarités limitées des pays riches face à d’autres conflits et aux crises globales (pandémie, climat, crise économique …). Certains en déduisent que le soutien à l’Ukraine serait illégitime ou que Poutine serait dédouané.

La mobilisation pour l’Ukraine montre au contraire ce qu’on est en droit d’attendre des pays du Nord en termes de solidarité globale face aux crises majeures dans notre monde globalisé et interdépendant ».

Ce communiqué co-rédigé avec Vincent Rebérioux, membre du Bureau National et adhérent de St Nazaire, met bien en avant la position de la LDH. Celle-ci exige le retrait immédiat et sans condition des troupes russes de l’ensemble du territoire ukrainien.

C’est une guerre d’agression. La résistance armée est légitime au regard du droit international et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le soutien militaire au peuple ukrainien est légitime et doit être proportionné à l’agression subie.

La résistance du peuple ukrainien ne s’apparente aucunement à un nationalisme mais reflète les aspirations à une société plus fraternelle, plus égalitaire, à l’image de ce qu’il y a eu à Maïdan en février 2014. Cette guerre ne doit pas nous faire oublier que les impérialismes et les tentations totalitaires se sont renforcés avec les dominations économiques et les sentiments nationaux exacerbés.

Poutine, dans sa rhétorique contre l’OTAN, n’en est pas moins un nostalgique de l’ex URSS. Il dénonce nos modes de vie, notre soi-disant culture dévoyée et nos libertés individuelles. Il est important de soutenir tous les Russes et les Biélorusses qui sont poursuivis et condamnés pour leur opposition à la guerre. L’exigence de la liberté d’expression des libertés publiques montre que la communauté internationale ne doit rien céder face au rouleau compresseur totalitaire, violent, des empires du XXIème siècle.

Cette guerre nous montre une fois de plus toute l’horreur des conflits armés : assassinats, viols, tortures, bombardements sur les réseaux d’approvisionnement énergétiques, sur les installations de santé et sur les populations civiles sont perpétués au quotidien par l’armée russe en Ukraine. Les lois de la guerre sont violées. Les médias, depuis quelques semaines, nous parlent des enlèvements et de la déportation d’enfants. Les sanctions internationales sont nécessaires et doivent être dirigées d’abord sur les plus hauts responsables russes. Il sera indispensable que tous les génocides, les crimes contre l’Humanité et les crimes de guerre soient l’objet de condamnation sans faille des tribunaux internationaux.

Nous avons été sourds et aveugles à l’agression menée en Tchétchénie, nous n’avons quasiment rien dit au bombardement des populations syriennes par l’aviation russe, et quoi que l’on pense des Américains et de leur modèle capitalistique, il n’empêche qu’aujourd’hui, ce ne sont pas les Américains qui sont les agresseurs.

Nous ne sommes pas dupes d’une réalité diplomatique européenne morcelée. Nous avons su en février 2022 accueillir dignement les Ukrainiens grâce à la protection temporaire, cette guerre en Ukraine nous oblige à encore plus de solidarité internationale et de construction d’un modèle européen encore plus social.

Jean-Luc BOERO, président de la section