Edito – Pourquoi des Assises locales de la solidarité avec les migrants ?

Saint-Nazaire, le 15 février 2022

Depuis plusieurs décennies, des femmes, des hommes, des enfants originaires de l’Europe de l’Est, d’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient ou d’Asie du Sud-Est tentent par tous les moyens de franchir les frontières pour venir s’installer en Europe. En dehors de la parenthèse 2015-2016 quand Mme Merkel a donné un accord pour l’installation d’environ 1 million de réfugiés syriens, la politique européenne, dans le cadre des accords de Schengen ou du nouveau Pacte européen pour les migrations, a donné lieu à des frontières de l’U.E. de plus en plus verrouillées.

Le droit des exilés est de plus en plus à la baisse. En France, l’OFPRA n’accorde le statut de réfugié qu’à environ 20 % des demandeurs, soit largement en dessous de la moyenne européenne qui est de 38 %.

Les thèses d’une submersion d’un grand remplacement ne se vérifient aucunement dans les réalités migratoires. Dans l’ensemble, le nombre des migrants tend effectivement à augmenter ces dernières années. Ainsi, entre 1970 et 2019, il est passé de 84 millions à 272 millions. Mais la part que représentent les migrants par rapport à la population mondiale a régressé. Au début du 20ème siècle, les migrations internationales représentaient 5 % de la population mondiale, aujourd’hui elles n’en constituent que 3,5 %. La plupart des personnes qui migrent le font sans quitter leur pays de naissance ou alors, pour s’installer dans un pays voisin. Par ailleurs, n’oublions pas qu’entre 1870 et 1920, plus de 20 millions d’Européens ont émigré vers les Etats Unis.

Malgré un volume du commerce mondial qui a été multiplié par 30 depuis les années 1950, les migrations n’ont augmenté que de manière relativement modérée. Partout en Europe, ces 3 dernières décennies, barbelés, barrières et murs sont venus entraver la mobilité des personnes. Pour autant, la population étrangère ne représente que 4,7 % de la population totale européenne.

Penser autrement la question migratoire devient une nécessité absolue car de plus en plus, la fermeture des frontières est devenue la solution pour stopper l’immigration. Le problème, c’est que cela ne marche pas, ce n’est ni le degré d’ouverture ou de fermeture des frontières qui détermine les flux migratoires, c’est avant tout les conditions de vie, le besoin d’échapper à la misère, les violences, les famines, les crises économiques, les crises sanitaires, les répressions politiques qui génèrent ces flux migratoires. La fermeture des frontières fait le business des passeurs. Si elle sert à renforcer le sentiment d’identité collective, elle ne règle rien des migrations mais participe au chaos migratoire et à des crises entre l’Europe et le reste du monde.

Vouloir externaliser les demandes d’asile, se conformer aux pays hostiles à l’accueil, renier davantage des valeurs qui fondent le projet européen, restreindre le droit d’asile, tels sont les projets du pacte européen de septembre 2020 sur l’asile et les migrations. C’est un cercle vicieux qui ne peut produire que de l’injustice.

Pour toutes ces raisons, une bonne vingtaine d’associations et organisations nazairiennes, de la Carène, de Cap Atlantique, d’Estuaire et Sillon, de Sud Estuaire ont décidé de présenter une autre image des migrations. Les migrations sont une constante de l’humanité, une autre politique migratoire est nécessaire qui tienne compte de la dignité humaine, qui cesse de dresser des obstacles et qui ne renvoie pas de nombreux migrants dans une précarité et dans un grand dénuement.

Nous devons agir tous ensemble, en finir avec ces idées xénophobes, racistes qui nourrissent le rejet et la peur. Il faut promouvoir un monde plus juste et plus solidaire, prêt à surmonter les défis sociaux et environnementaux à venir.

Soyez très nombreux le samedi 19 mars pour ces Assises qui se tiendront toute la journée à l’Alvéole 12 de St Nazaire.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH de St-Nazaire

Edito : Les inégalités : un choix politique ?

Saint-Nazaire, le le 30 janvier 2022

Dans le débat politique actuel, la question des inégalités est réduite à celle de l’héritage. Question certes éminemment importante, mais réduire les inégalités à cette seule variable n’explique pas tout.

Il y a eu ces 20 dernières années beaucoup d’évolution sur la distribution des richesses, qui rend la dynamique des inégalités de revenu et de patrimoine beaucoup plus criante. Au niveau du patrimoine, avec d’un côté les 50 % les plus pauvres qui n’en possèdent quasiment pas ou à peu près 5 % du total, et de l’autre les 1 % les plus riches qui en possèdent à peu près 25 % du total, nous avons de la marge de progression sur ce plan.

Par-delà ces inégalités de patrimoine, on observe une persistance très forte des inégalités entre hommes et femmes. Au rythme actuel, une parité parfaite entre homme et femme ne pourra pas être atteinte avant la fin du XXIème siècle. Nous pourrions aller encore plus vite !

Un autre combat devrait être mené, c’est celui de l’injustice du lieu de naissance. Renoncer à la dimension universaliste des droits de l’Homme conduit directement à une fracturation selon le bon côté du périphérique où l’on nait. Il en est de même de l’injustice entre les pays qui conduit d’ailleurs à un exil de plus en plus important et une politique de fermeture de nos frontières.

Lutter contre les inégalités doit aussi conduire à une politique très forte sur la mutation écologique de nos entreprises et de nos outils de production, car nos ressources ne sont pas inépuisables et le prix des énergies fossiles ne cesse d’augmenter.

La crise des gilets jaunes a émergé autour de la question du pouvoir d’achat. D’ailleurs, pour 45 % de nos concitoyens, cette question est centrale selon un sondage Odoxa. Faut-il que nos politiques publiques et que nos systèmes de production aillent vers toujours une politique de prix bas avec des produits de mauvaise qualité ou faut-il aller vers une consommation raisonnable si possible dé carbonée et avec des produits écologiquement neutres ? Poser cette question de cette manière est déjà y répondre.

Nous lutterons efficacement contre les inégalités lorsque nous lierons les questions d’une production écologiquement responsable à celles d’une redistribution des richesses et d’une lutte contre la concentration par le haut du patrimoine et des revenus. En luttant contre ces inégalités structurelles générées par le système capitaliste et en n’effaçant pas la question sociale  toujours prédominante,  nous pourrons rallier nos concitoyens vers des solutions justes et universelles.

C’est ce que devrait sous-tendre l’issue de la prochaine élection présidentielle. Soyons réalistes, exigeons par le vote d’autres choix politiques !

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH de St Nazaire

Edito : L’universalisme face aux bouleversements du monde

Saint-Nazaire, le 16 janvier 2022

Face à une gauche atomisée, fracturée, au corpus idéologique dissonant, minée par le narcissisme de ses vedettes, la droite réactionnaire assimile l’universalisme avec l’occidentalisme.

L’antiracisme est bien souvent assimilé au totalitarisme. Nous sommes taxés avec ce sobriquet infamant d’islamo gauchiste ou de wokiste. Les féministes de notre ère sont réduites à des postures victimaires, le généreux est acculé à une posture d’idiot.

A la veille de l’élection présidentielle 2022, l’idéologie réactionnaire semble désormais majoritaire.

Pourtant, notre planète vit de plus en plus en étroite interdépendance avec les autres vivants et peut produire les conditions de sa propre destruction. Nous savons qu’un bouleversement de nos modes de vie est nécessaire, nous vivons un changement anthropologique majeur, ce qui nous oblige me semble-t-il à sortir de notre anthropocentrisme. Comme le dit Philippe Descola, professeur émérite au Collège de France, « nous ne pouvons plus séparer la nature de la culture et nous devons désormais composer un monde commun ».

Toutes les institutions sont ébranlées par cette nouvelle réalité qui entraîne une grande insécurité narcissique. Ce n’est pas étonnant que des pamphlétaires réactionnaires comme Eric Zemmour veuillent défendre le paternalisme.  

Mais l’intensification de la mondialisation avec ses délocalisations, avec la montée en puissance de la Chine et plus largement de l’Asie, et la crise environnementale migratoire et sanitaire traumatisent une partie importante de nos concitoyens. Les thèses réactionnaires représentent une tentative de perpétuation d’une identité fixée à tout jamais.

Comme le dit Edgar Morin, « plutôt que d’être effrayé par la crise planétaire qui nous emporte, on nous demande de nous terrifier du mouvement wok », mouvement minoritaire de la pensée française. Cette volonté de faire diversion, de se focaliser sur ce concept de la culture française veut par-dessus tout jeter le discrédit sur un mouvement intellectuel de fond, celui de l’universalisme et du progressisme.

Pourtant, les clivages entre les réactionnaires et les forces émancipatrices perdurent même si la gauche a abandonné le social au profit du sociétal. L’opposition entre les rapports de classe et de race est une distinction superficielle. La lutte contre les discriminations que subissent ceux qui en raison de leur origine supposée ne trouvent pas de travail et ne parviennent pas à s’insérer dans notre société est évidemment sociale. Il faut en finir avec ces fausses oppositions, il faut cesser d’opposer antiracistes avec universalistes, lutte contre les discriminations et lutte contre les inégalités ; défense des classes populaires et défense des minorités.

C’est une bonne occasion d’associer le pessimisme de la raison à l’optimisme de la volonté et je vous invite d’urgence à une alliance de toutes les pensées de l’émancipation.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH de St-Nazaire

Edito : Justice et égalité pour toutes et tous !

Saint-Nazaire, le 2 janvier 2022

L’année 2022 pour la LDH devrait se traduire par de nombreux débats internes riches pour son avenir. Le travail réalisé par les sections et le National concernant la nature des activités, les missions, le fonctionnement de la LDH devraient conduire lors du congrès 2022 à revisiter de fond en comble notre identité, sans pour autant perdre de vue l’aspect généraliste et universaliste des droits de l’Homme.

Le fonctionnement de la section de St-Nazaire, espérons-le pour 2022 si la pandémie le permet, devrait pouvoir accroitre une plus large participation des adhérents. Nous sommes bien présents pour conduire des combats sur une citoyenneté active, sur des droits pour tous, sur des processus démocratiques qui ne réduisent pas les citoyens à des abstentionnistes ou des votants principalement préoccupés par un risque de prise de pouvoir par les extrêmes-droites.

Les prochaines échéances électorales doivent permettre de riches débats concernant le système de santé, les services publics, les enjeux écologiques, le fonctionnement participatif de nos instances démocratiques, la fracturation sociétale et la place des droits de l’Homme dans l’avenir de l’humanité. La réduction de nos débats autour des questions d’immigration ou de sécurité est un risque majeur qui pourrait conduire à une non prise en compte des multiples questions qui viennent déstabiliser notre pacte républicain.

Vouloir faire des élections présidentielles l’unique poumon de la vie démocratique est aussi le fruit de la construction de la 5ème République et ses limites et montre le besoin de rénovation démocratique que la LDH défend depuis de nombreuses années.

Cela passera par le droit de vote aux élections territoriales pour les ressortissants étrangers, par une simplification des mille-feuilles administratifs, par un renforcement des contrepouvoirs associatifs et syndicaux.

En 2022, la section de St Nazaire pourrait aussi prendre des initiatives pour mieux faire connaitre et reconnaitre ce qui fait espoir et solidarité pour nos concitoyens. En effet, parler uniquement des risques climatiques, environnementaux, démocratiques ou économiques peut conduire à un entre soi ou à un renforcement d’une morosité venant cautionner l’aspect monarchique ou autocratique du régime présidentiel de la 5ème République.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH de St Nazaire

Edito : Temps bien troubles pour nos démocraties et pour les droits de l’Homme sur la planète

L’impérialisme chinois gagne du terrain tous les jours, la régulation économique mondiale n’est pas à l’ordre du jour, les américains se la jouent perso. Emmanuel MACRON est très fier de vendre des matériels de guerre à des régimes autocratiques. Les pays les plus pauvres attendent toujours les dotations de vaccin anti Covid, la planète surchauffe, les accidents climatiques sont de plus en plus nombreux et graves.

Aung SAN SUU KYI, même si elle ne fut pas un modèle de défense des minorités birmanes, est de nouveau condamnée à de la prison par la junte militaire. Julian ASSANGE sera remis aux autorités américaines par un gouvernement anglais très fier de ses accords financiers et commerciaux avec les américains. POUTINE muscle ses forces militaires à la frontière avec l’Ukraine et pendant ce temps-là, en France, la précarité, les fractures sociales et économiques sont toujours immenses.

Les inégalités rongent la planète, le nouveau rapport du laboratoire sur les inégalités mondiales nous montre que les 10% les plus riches détiennent 76 % des richesses et émettent 48 % du CO2 mondial. 2 % des richesses mondiales sont détenues par les 50 % les plus pauvres, nous pourrions continuer à égrener pendant des pages et des pages ce tableau noir de l’état de notre monde.

Il n’y a pas lieu de sombrer dans un pessimisme mortifère et décourageant. Pour autant, nous ne pourrons pas lutter pour les droits de l’Homme si nous ne sommes pas rassemblés et nombreux.

Nous sommes sur St-Nazaire satisfaits de nous savoir rassemblés pour défendre les droits des migrants. Le 19 mars prochain, nous mettrons en place les 1ères assises locales de la solidarité avec les migrants. Une vingtaine d’associations, partis et syndicats participent à leur préparation.

Les luttes sociales sont toujours là, les personnels hospitaliers sont très souvent dans les manifestations. Le monde médico-social et social a fait dernièrement une grève nationale très suivie. Dans beaucoup d’entreprises, la demande de justice sociale et l’augmentation des salaires devient prégnante.

Certes, à quelques mois des élections présidentielles, la gauche est très divisée, Zémour fait souvent le buzz médiatique, la droite flirte avec les thèmes portés depuis des années par l’extrême-droite : l’insécurité et l’immigration.

Malgré ce contexte, rien n’est joué et comme nous le disait dernièrement Malik SALEMKOUR dans une lettre ouverte publiée par Médiapart, même si les résultats de la Cop 26 ont été médiocres, il n’empêche que de multiples initiatives se font jour et que rien n’est joué.

Les fêtes de fin d’année sont souvent des moments de rassemblements familiaux et festifs, au nom du bureau de la section, je vous les souhaite fraternelles et avec aussi de l’insouciance et de la poésie car nous avons besoin de renforcer nos liens interhumains.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 12 décembre 2021

Edito : Des femmes et des hommes qui vivent dans des conditions insupportables en Afghanistan

Jeudi  14 octobre, la section a proposé une soirée-débat avec des réfugiés afghans. Après avoir présenté les éléments de contexte historique expliquant le chaos actuel et surtout pointé le jeu de dupe des Talibans auprès de la communauté internationale ainsi que la faiblesse de la réponse du conseil de sécurité de l’ONU et de l’Europe, nos camarades afghans ont abordé avec beaucoup d’à-propos la situation actuelle pour leur famille.

Ils sont terriblement inquiets et attendent que leurs familles soient exfiltrées ou puissent obtenir des visas. Ils diront que celles-ci vivent actuellement comme des rats dans des trous, qu’elles ne sortent pas ou peu, changent régulièrement de maisons et sont sans aide sauf de ceux qui sont partis depuis quelques années ou dernièrement.

Ils vivent une inquiétude lourde, sourde et terrible. Le temps presse, l’hiver arrive, l’économie afghane s’est écroulée et les exactions ont repris, même si cette fois, l’affichage est moins net.

Les Talibans d’aujourd‘hui ont la même idéologie et  préceptes religieux  obscurantistes que ceux d’hier. Les minorités religieuses, les chiites (victimes de plusieurs attentats dernièrement), les Hazaras, les Hindous, les Sikhs et surtout les homosexuels, les femmes, les LGBT++ ont de sombres jours devant eux.

Les 20 dernières années avaient donné lieu à une ouverture et l’émergence de droits nouveaux : les femmes pouvaient étudier, travailler, ne plus porter le voile. Aujourd’hui, certaines fort courageusement bravent encore les autorités talibanes, mais cela risque de leur coûter très cher. Il y a une expression politique dévoyée et dangereuse. En faisant croire que leurs droits seront préservés, l’attention internationale risque de retomber. Et puis, n’oublions pas que dorénavant, elles ne peuvent plus sortir sans homme ou sinon avec un niqab ou la burqa ! Et en matière de droit à l’éducation, les quelques femmes qui font des études supérieures sont très contrôlées et ne doivent plus fréquenter les hommes. Elles ne peuvent plus travailler dans la justice.

Bref, la situation est catastrophique et depuis le 31 août, l’Afghanistan est devenu une prison à ciel ouvert. Les avoirs ont été bloqués à l’étranger et les Afghans ne peuvent même plus retirer de l’argent que dans deux banques et seulement des sommes modiques. Les risques de famines sont sérieusement à prendre en compte. L’hiver est rude dans ce pays montagneux et aride.

Il faut réclamer sans faille le respect du droit d’asile, il faut des visas, il faut de l’aide humanitaire, il faut une surveillance de la communauté internationale et ne pas se faire duper par la tromperie affichée des Talibans.

Fort de ces axes de travail, la section va contacter Me Audrey Dufeu, notre député, Yannick Vaugrenard, notre sénateur et David Samzun, le maire de St Nazaire. Les associations qui souhaitent s’y associer seront les bienvenues. Nos élus doivent intervenir à leur niveau pour que les familles des réfugiés qui ont servi les intérêts français puissent très rapidement partir et il faut tout autant que le droit d’asile soit une réalité. Pour ne pas les oublier à l’aube d’une campagne électorale aux relents raciste et xénophobes, nous devons afficher notre soutien en inter-association et avec les syndicats et partis politiques progressistes.

Nous ne pouvonsnous résigner à un discours qui amalgame les Afghans à des terroristes, nous ne pouvons leur faire payer la déroute des armées alliées, l’impasse américaine et le sanctuaire donné par les Talibans à Ben Laden !

Les réfugiés afghans que nous avons écoutés sont dignes, ils comptent sur nous, ils ont besoin de notre solidarité.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 17 octobre 2021

Edito : Une reprise forte pour les membres actifs de la section LDH

Nous avons décidé de participer au 30ème concours des Ecrits pour la Fraternité. Cela conduit à beaucoup de travail (établissement de listes, contacts avec les établissements scolaires et ceux de l’éducation spécialisée, constitution d’un jury, etc …).

Le 14 octobre, nous organisons une soirée sur la solidarité avec les réfugié(e)s afghanes et afghans. Votre large présence est souhaitée.

L’activité du comité régional est aussi dense et la dernière réunion était consacrée à l’avenir de la LDH. Il ne s’agit pas d’un débat succinct, mais bien de penser à la fois les modes d’organisation, les rapports entre local et le National,  la démocratie interne, et la question des combats à poursuivre ainsi que des partenariats pour ce faire. Il est aussi question du militantisme et évidemment de la recherche d’adhérents.

Notre section, avant la crise du Covid, conduisait des réunions mensuelles avec un nombre assez important de militants. Il serait souhaitable que nous revenions à cette situation pour que nos débats soient riches de points de vue divers et que nos prises de position soient très en lien avec cette variété.

Prochainement, notre section débattra lors d’une réunion spécifique sur un projet de manifeste pour mieux représenter les questions migratoires d’aujourd’hui. Cela concerne notre présence au sein de l’UCIJ. Nous avons eu l’occasion lors de la dernière réunion de ré aborder le projet de manifeste que nous présenterons, plus universaliste, plus large et inconditionnel que le précédent projet travaillé. Pour ce faire, nous avons pris attache avec Marie-Christine VERGIAT, vice-présidente à la LDH, qui nous a proposé de nous référer aux résolutions du National.

Sans pour autant nier une situation où l’aggravation des politiques migratoires conduit à une précarité, à des situations très tendues et très limites pour les droits humains élémentaires, la question migratoire agite pour autant beaucoup nos concitoyens et son instrumentalisation par bon nombre de partis politiques peut conduire à un rejet voire à des formes très clivées et passionnelles dans les débats. La LDH, si elle réaffirme sa position en faveur de la régularisation de toutes les personnes étrangères, si elle souhaite que le droit d’asile soit largement pris en compte dans la forme et dans le fond et que la notion de pays sûr soit revu, si elle s’offusque d’une dématérialisation abusive et complexe voire ubuesque pour l’obtention des papiers, si elle se bat pour le respect des droits de l’enfant et une vraie politique d’accueil des mineurs non accompagnés ainsi qu’un regard moins stigmatisant des parents étrangers d’enfants français et si elle souhaite une politique d’intégration largement rehaussée, il n’en reste pas moins vrai que nos idéaux doivent être sous-tendus par des réalités sociologiques et idéologiques. La question de l’accueil inconditionnel et du droit d’installation pour tous fait débat dans notre section et c’est légitime. Nous saurons le redire aussi à nos partenaires de l’UCIJ.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 26 septembre 2021

Edito : Des droits de l’homme malmenés cet été

En France, la situation reste toujours difficile pour les étrangers sans titre de séjour. Dans nos contacts avec certains d’entre eux, nous constatons avec souvent beaucoup d’impuissance que l’administration est sourde aux détresses humaines malgré les mérites et les efforts conséquents de ces personnes pour s’intégrer. Nous avons d’ailleurs répondu au communiqué de presse nauséabond de la députée Josso. Pour rappel, 88 Afghans sont arrivés sur Piriac et sont hébergés dans un centre géré par une association d’éducation populaire. Le sort de ces Afghanes et Afghans devrait donner lieu au statut de réfugié. Certains d’entre eux tenteront de rejoindre leur famille qui vit dans d’autres pays européens. La situation en Afghanistan préoccupe tous les défenseurs des droits humains. La LDH, comme d’autres associations, est bien évidemment inquiète sur le sort des femmes, des enfants et de toutes celles et ceux qui ont travaillé avec les forces alliées et qui sont parti(e)s dans une précipitation qui a de quoi nous inquiéter fortement sur l’avancée des groupes islamistes à travers le monde. Il nous faudra encore plus marquer notre opposition ferme à toute forme d’islamophobie. Nous serons aussi vigilants auprès de toutes celles et ceux qui au nom de la laïcité tentent de nous associer à des islamo-gauchistes.

Une fois de plus, la laïcité a été attaquée par la validation par le conseil constitutionnel de la plupart des articles sur la loi confortant les principes républicains. Des recours seront engagés par la LDH contre les décrets prévus dont celui sur le Contrat D’engagement Républicain (CER). En lien avec le comité régional, nous nous associerons à toutes les interventions communes sur la mise en place de ce CER. C’est avec regret que la disparition annoncée de l’observatoire de la laïcité a eu lieu. N’hésitez surtout pas à nous commander le livre de Nicolas Cadène (« En finir avec les idées fausses sur la laïcité »), ouvrage réalisé par l’observatoire de la laïcité.

La situation sanitaire et les débats confus, passionnels et parfois nauséabonds à partir de thèses complotistes, antisémites, nous a conduit à nous dissocier du collectif nazairien opposé au pass sanitaire et à la vaccination obligatoire entre autre pour les soignants. Certes, la gestion autoritaire du gouvernement effectuée dans une logique de surveillance et de restriction constante de libertés publiques ne peut que créer des tensions. La LDH réaffirme le droit universel à l’accès aux soins et aux vaccins. La marchandisation de la santé est inacceptable. Nous avons réclamé la levée des brevets sur les vaccins contre la Covid19. Il est important de favoriser un accès de tous à la vaccination dont les plus fragiles, les personnes isolées et vulnérables et les étrangers, avec ou sans papiers. Le pass sanitaire pose beaucoup de questions sur la privatisation des contrôles, sur l’accès au droit du travail, sur le secret médical. La LDH est opposée à la suppression de la prise en charge des tests, nous revendiquons le maintien de la gratuité sur ceux-ci. Il est urgent d’ouvrir un débat sociétal sur la gestion des crises sanitaires et climatiques à venir, en lien avec la société civile, car la question des libertés publiques et individuelles ne saurait être oubliée dans les précipitations  sanitaires ou climatiques.

Sur Saint-Nazaire et sa presqu’île, nos combats seront encore plus que jamais nécessaires dans les jours, semaines et mois à venir. Nous serons particulièrement vigilants sur la question de l’étude de zone, à savoir celle de la pollution industrielle, cause d’une surmortalité. L’excellent article paru dans Charlie Hebdo cet été est bien l’illustration d’une dérive industrielle des années 70 à laquelle les pouvoirs locaux ont bien souvent fait les yeux doux, et peut-être continuent-ils toujours à le faire sur le dos de la santé des populations locales.

Nous serons peut-être amenés après débat en section à intervenir sur l’affaire de conflit d’intérêt du maire de St-Nazaire concernant des délibérations très favorables au Crédit Immobilier de Saint-Nazaire (CISN), sa femme y occupant un poste à responsabilités. Il est à noter que c’est une fois de plus la société civile via l’association ANTICOR qui a fait ce travail de recueil des faits et a transmis cela au parquet. Attention pour autant à respecter la présomption d’innocence et ne pas en faire un enjeu politicien qui desservirait tous les démocrates et affaiblirait encore plus l’image des élu(e)s et de tous celles et ceux qui consacrent leur vie à la chose publique sans bien évidemment en attendre un quelconque avantage, d’autant plus que nous nous gardons bien pour le moment de pouvoir dire si cet organisme, si Mme Samzun ou le maire en ont tiré un quelconque avantage. Pour le moins, le maire a été très imprudent en votant les délibérations.

Bruno Lahaye, membre du bureau de la section, a travaillé de nombreuses années pour la télévision. Il a été directeur délégué en Nouvelle Calédonie pendant 4 ans. Il s’est particulièrement intéressé aux questions sociétales, culturelles et politiques calédoniennes, fervent défenseur de la liberté dont celle de l’information et de l’accès aux médias numériques. Avec Naouiâme Yewéno, il vient de réaliser un ouvrage intitulé « Désobéissance pacifique ». C’est à travers des échanges entre les deux auteurs qu’un partage d’idées, de visions, peut apparaître sur ce qu’il nomme « l’apartheid numérique ». Cet ouvrage parle de la société Kanak. Nous vous recommandons vivement de lire cet ouvrage tiré à compte d’auteur. N’hésitez surtout pas à lui en faire la commande.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 12 septembre 2021

Edito : Scepticisme démocratique ou démission du politique par nos élus

Le premier tour des élections régionales et départementales a conduit à un taux d’abstention record. On assiste, d’élection en élection, à l’émergence d’une césure démocratique. Le peuple ne se déplace plus vers les urnes. Peut-être que les crises sanitaires, sociales, environnementales, viennent réduire à néant le discours politique dont les effets ne se font pas voir dans le quotidien des citoyens. Peut-être est-ce cet abandon à long terme de ce qu’est une humanité solidaire, abandon de ce que doit être la régulation mondiale juste que déplore le peuple ?

Le politique s’est laissé progressivement aspirer à la fois par la technostructure ministérielle et le pouvoir des énarques dans notre pays. Les collectivités territoriales fonctionnent aussi sur les mêmes bases de gouvernance. Les cabinets des présidents de région ou de département sont constitués des mêmes personnages. Les hauts dirigeants de nos administrations sortent trop souvent des mêmes écoles.

Depuis des décennies, l’orthodoxie budgétaire a aussi conduit à raboter toute volonté politique vers la défense d’un modèle social égalitaire. L’absence d’une vision sociale et politique, écologique et solidaire européenne a encore réduit toute chance d’espoir vers une société moins fracturée. L’appétit coriace des ultralibéraux et des fonds de pension réduit à néant toute volonté d’une autre politique économique. La conduite de politiques sociales et économiques vers moins de services publics et vers une casse de notre modèle social viennent certainement en écho à cette désillusion et à cette désaffection pour la politique.

Si on rajoute la guerre des égos dans les appareils politiques, les scandales financiers et politiques, la collusion parfois louche entre affaires et politique, les liens « incestueux » pourrions-nous dire entre un secteur privé ultra financiarisé et nos anciens hommes politiques de premier plan, nos concitoyens sont parfois dubitatifs face aux politiques. C’est le règne des tous pourris ! Evidemment, c’est largement faux mais ce ne sont pas les exemples de Sarkozy ou DSK qui gagnent encore plus d ‘argent aujourd’hui qui permettent de redresser l’image..

Les politiques se sont bien souvent convertis au libéralisme et la conduite des affaires publiques est devenue progressivement et insidieusement celle des intérêts des plus nantis.

A cela s’ajoute l’absence d’une vraie représentation sociologique au parlement ou dans les assemblées départementales malgré des tentatives de plus grandes mixités hommes femmes. Notre démocratie est malade d’une absence de représentativité sociale.

La LDH s’est toujours voulue une fervente défenseuse d’une démocratie représentative et d’une démocratie participative. La captation par quelques élites de nos organes démocratiques est un vrai danger qui concoure à cette désaffection démocratique.

 Il faut réinvestir le champ du politique, il faut que les politiques aient le courage de faire de la politique à l’aune des défis humains, sociaux, écologiques, migratoires de demain. Pour cela, nous devrons probablement en passer par une révision profonde de notre constitution.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 26 juin 2021

Edito : Que cachent nos violences politiques ?

Claque à Macron, enfarinage de Mélenchon, et voilà que les chaines de TV d’info continue en tirent vite les conclusions sur l’ensauvagement de la société française. Pourtant, les violences sur les dépositaires de l’autorité publique ne sont pas nouvelles. Peu de médias ont parlé du meurtre d’Audrey Adam, travailleuse sociale, elle aussi était dépositaire d’une mission de service public. C’est peut-être cela qui pose problème, la violence est bien souvent invisible pour celles et ceux qui ne se fient qu’au buzz médiatique. Dans les quartiers populaires, la violence gangrène bien souvent la vie quotidienne, ce sont les rodéos, le deal, les insultes racistes, les contrôles de police au faciès, l’insécurité du lendemain, des logements mal entretenus, le déficit de service public et la ghettoïsation qui créent cette insécurité, cette violence et encore pire le sentiment d’insécurité.

Très probablement, la question des violences et des libertés seront centrales dans les années à venir et la LDH, comme d’autres organisations et partis de gauche, devra aussi être beaucoup plus claire non pas sur les causes sociales, non pas sur le traitement judiciaire mais bien sur la capacité de nos sociétés à pouvoir apporter une réponse promotrice de droits et de libertés dans une société apaisée. Aujourd’hui, les débats sont souvent passionnés et crier contre les manifestations d’une police qui au quotidien vit au contact d’une société fragmentée sans prendre en compte cette réalité, c’est forcément rendre encore plus tendues nos relations avec une police républicaine, citoyenne et luttant contre les discriminations. Pour les défenseurs des droits et des libertés, il n’y a pas d’avancée possible sans justice. Et ce n’est pas la justice qui est un problème pour la police, mais ce sont les  violences de la domination économique des plus riches ou de l’économie souterraine, les inégalités nombreuses et une police qui est trop souvent au service des intérêts des gouvernants et non du peuple qui posent problème.

Une autre des difficultés de notre police est le penchant sécuritaire qui s’est développé ces 20 dernières années au détriment d’une police de contact, de dialogue et de médiation. Maintenant, pour exemple, lorsque les travailleurs sociaux effectuent un placement de protection de l’enfance avec les forces de l’ordre, ce qui est bien évidemment très rare, ils sont escortés d’une brigade de 7 policiers surarmés. Il y a encore quelques années, ils avaient deux policiers en civil avec eux, formés au dialogue. Ces procédures sécuritaires existent dans bon nombre de missions de la police nationale ou de la gendarmerie. Cela entraine forcément un surarmement et des effets d’incompréhension et d’illégitimité. Accroitre les procédures, l’armement et la démesure sécuritaire revient à créer une escalade de violence, c’est ce que tous les spécialistes de la sociologie des violences urbaines et de la criminologie familiale disent. Mais forcément, lorsque l’on est gouvernant, face à la droitisation syndicale policière, on répond avec des peines toujours plus lourdes et une militarisation de nos policiers.

Le résultat de cette politique est malheureusement de plus en plus un risque démocratique car cela entraine une montée des polices parallèles, le marché de la sécurité augmente et dans les quartiers populaires, il existe maintenant des réseaux mafieux qui sécurisent une partie des habitants.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 13 juin 2021