Edito : Faire de la section un phare dans le brouillard ambiant

La LDH a un socle solide mais le défi est immense. Nous sommes entrés dans une période particulièrement instable, de régression des droits et des libertés publiques, de catastrophes climatiques, de montée de la xénophobie et du populisme. Les régimes autoritaires et les dictatures ont le vent en poupe. Les guerres en Ukraine et à Gaza déstabilisent la planète. Le capitalisme mondialisé n’en finit plus de fragiliser des pans entiers de la société, les multinationales climaticides s’enrichissent en épuisant les ressources terrestres et en accroissant les inégalités territoriales ; les migrants périssent aux frontières. Ici, en France et en Europe, la menace de l’extrême-droite n’a jamais été aussi pressente. Les violences intra-familiales ont toujours cours ; l’Education Nationale peine à répondre aux immenses besoins et challenges d’un corps social déchiré ; dans le secteur des médias français se manifeste une droitisation et une brutalisation du débat public. Et dans son sillage, la révolution numérique accaparée par les GAFAM et notamment le développement de l’intelligence artificielle nous fait craindre plus que jamais le pire.

A la LDH, comme dans d’autres organisations, nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de fatalité. Pour Naomi Klein, comme elle l’a écrit en 2022, « il est encore possible, pour nous humains, de changer le monde que nous avons bâti, car il s’agit d’une question de survie ». Et en cela saluons les multiples initiatives qui existent face au sinistre des puissants et à la montée des intolérances.

Ici, à St Nazaire comme ailleurs, les formes de la solidarité se renouvellent, de nouvelles mobilisations s’amorcent comme celle sur la qualité de l’environnement ; des solidarités existent, se consolident, et nous gagnons parfois un peu de terrain. Mais souvent, cela se fait en dehors des radars des partis politiques traditionnels.

La LDH pense avoir un rôle à jouer pour empêcher la catastrophe. Lors du prochain congrès qui aura lieu du 18 au 20 mai 2024 à Bordeaux, un projet de résolution sera débattu concernant la place de la LDH pour offrir une autre alternative en 2027. La boussole des droits humains pour toutes et tous et leur effectivité doit être au cœur de nos combats. Défaire l’extrême-droite ne doit pas se réduire à un calcul politique vide de sens en matière d’égalité des droits. La LDH, fidèle à son histoire, se propose d’être une table commune ouverte aux discussions impliquant tous les partenaires progressistes de la société civile, associations, collectifs, syndicats et forces politiques pour contribuer à construire une offre unitaire.

Mais notre section, aussi grande soit-elle dans son esprit, n’en est pas moins confrontée à la question de notre mobilisation et de nos forces militantes. Pour que l’inéluctable n’ait pas lieu en 2027, nous devons démultiplier les initiatives. Mais pour cela, il nous faut de l’énergie militante.

Ne nous résignons pas, prenons le train des droits humains, des libertés publiques et de notre combat contre toutes les formes d’obscurantisme, de xénophobie et de racisme.

Venez nombreux à la réunion du jeudi 21 mars, nous débattrons de l’avant-projet de résolution du congrès.

Jean-Luc Boero, président de la section, le 17 mars 2024

Edito : Mécontentement social sur fond de crise systémique

Les agriculteurs ont des revendications plurielles mais un constat est similaire : le mépris de classe et l’accaparement des richesses par quelques-uns. Il est aussi constaté que les normes européennes s’appliquent parfois avec des nuances qui frisent l’entorse à la concurrence libre et non- faussée.

S’il faut que la conversion écologique soit toujours en avant-première, il ne faut pas pour autant que le revenu net des agriculteurs soit la variable d’ajustement de politiques agricoles injustes et souvent prédatrices de nos ressources naturelles.

Il est noté que le traitement des manifestations de mécontentement n’est pas le même une fois de plus concernant les agriculteurs et les manifestants des Soulèvements de la Terre par exemple. On ne va pas blâmer les agriculteurs de bloquer la vie économique ou de laisser passer au compte-goutte les usagers des routes mais l’on peut noter l’hypocrisie de partis politiques qui n’ont pas la même sympathie lorsqu’il s’agit de militants écologistes.

D’ailleurs dans ce deux poids deux mesures dans la répression des mouvements sociaux, je vous invite fortement à venir à la réunion publique en présence de Jean-Michel Ducomte, membre du bureau national de la LDH  et spécialistes des libertés associatives. Il vient à l’invitation du Comité de Défense des Libertés Associatives et Publiques dont fait partie la section (CDLAP),   le mardi 20 février à 18h, salle 7 à Agora (Maison des associations de St Nazaire).

S’il est incontestable que nous nous réjouissons de la décision sans surprise du conseil constitutionnel, il ne faut pas se faire d’illusions, les expulsions seront menées tambour battant avec cette fois-ci la pression du chiffre à effectuer pour démontrer toute la philosophie du texte défendu par Gerald Darmanin «  méchant avec les délinquants et gentils avec les gentils ». Rappelons qu’une personne ayant une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) et qui reste en France est dans la catégorie des délinquants. La précarisation renforcée des étrangers sans papiers sera celle que nous rencontrerons dans nos permanences juridiques et le lot des souffrances psychiques et des détresses humaines va s’accentuer. Déjà, les Préfets, réunis le 26 janvier par Darmanin vont recevoir les consignes pour répondre aux ordres de leur ministre de l’intérieur.

Et puis, on entend les partis de droite et d’extrême-droite parler de Coup d’Etat des juges, de référendum, etc…Bref, ils préparent déjà le coup d’après. On n’a pas encore fini d’entendre parler des migrations et nous reparlerons encore et encore de leurs exploitations politiciennes.

Alors venez aux réunions de section, participez aux manifestations et battons-nous pour que nous soyons encore dignes de nos valeurs humanistes !

Jean-Luc BOERO, Président de la section

le 26 janvier 2024

Edito : Face à l’emballement de la barbarie : résistons !

A l’égard du terrorisme, quel que soit son mode opératoire, c’est souvent un déchainement de réactions disproportionnées qui se caractérise dans nos démocraties libérales. Faut-il en venir à mettre au second plan les causes profondes du conflit israélo-palestinien et n’y voir dans la situation actuelle que l’expression de la barbarie d’un groupe islamiste ?

Comme vous le savez, ce n’est pas la position de la LDH. Appeler à une guerre totale ne peut aboutir qu’à une escalade de la violence en Israël, en Palestine, dans toute la région et aussi à une exportation du conflit comme cela s’est peut-être produit ce vendredi dans un collège-lycée d’Arras.

Nous devons résister face à la barbarie, nous devons faire respecter le droit international et incessamment rappeler que le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou, de par sa politique d’annexion de la Cisjordanie par une colonisation effrénée, bafoue le droit international.

Les démocraties dont la France se rendent complices par leur inaction et leur incapacité à faire respecter les résolutions de l’ONU.

Dans les heures, les jours et les semaines à venir, la situation peut conduire à un emballement d’actes terroristes. Evitons absolument l’amalgame musulmans = islamistes. Des millions de musulmans républicains et laïcs vivent en France.

Nous avons une égale pensée pour tous les juifs dont nos ressortissants français massacrés par des fanatiques endoctrinés et biberonnés à la haine. Nous devons tout faire pour que justice leur soit rendue, pour que ces crimes de guerre soient instruits par les instances judiciaires internationales.

Sur St-Nazaire, les réactions de certaines associations amies proches de nos combats nous a conduit à prendre une certaine distance. Nous n’avons pas appelé à rejoindre une manifestation pro-palestinienne au regard de l’absence d’une condamnation sur cette abomination commise par des terroristes du Hamas.

Pour autant, nous défendons et continuerons à défendre le droit de manifester et d’expression pacifique. Le Comité Solidarité Palestine de la Région Nazairienne, tout comme sur l’ensemble du territoire national, s’est vu interdire sa manifestation du vendredi 13 octobre 2023. Nous le dénonçons sans ambiguïté.

Pour mieux comprendre tous ces enjeux, il est important qu’il y ait un débat au sein de la section. Je vous engage très fortement à venir à la prochaine réunion du jeudi 19 octobre.

Sur les questions de liberté publique, de liberté associative et du droit de manifester, Arié Alimi, avocat, membre du Bureau National, sera présent ce mardi 17 octobre à 20h salle 7 à Agora. Venez nombreux.

Jean-Luc BOERO, président de la section

le 14  octobre 2023

Edito : Une surenchère et une indécence à vomir

Déjà, en octobre 2022, dans l’affaire dite de Lola, les droites et extrêmes-droites n’avaient eu de cesse de fustiger le soi-disant laxisme gouvernemental concernant les déboutés du droit d’asile. Jeudi dernier, à Annecy, une dramatique déferlante de violences s’est produite sur des très jeunes enfants et quelques adultes par un réfugié Syrien.

A peine les actes commis que les réseaux sociaux se sont échauffés. La première à dégainer fut la patronne des députés Renaissance qui a tenté de profiter de ce dramatique fait divers pour clore la mobilisation politique contre la réforme des retraites. Eric Ciotti n’a pas été de reste, il qualifie tout de suite cet acte de terroriste et le vieux réflexe islamophobe repart de plus belle. Un ancien du RN, passé par la suite chez Reconquête, devenu électron libre de l’extrême-droite sur les plateaux télé parlent tout de suite de djihadiste islamique. Puis Guillaume Pelletier dénonce l’islamisme conquérant. Les heures passant et le profil de l’assaillant se clarifiant, la droite et l’extrême-droite adaptent leurs arguments. Il s’agit alors de faire de la surenchère sur l’immigration comme si depuis quelques mois ce vieux fonds de commerce de l’extrême-droite n’hystérisait pas suffisamment les droites. Avec un Darmanin qui essaie de se redonner un petit peu de crédibilité politique en faisant le yoyo avec son projet de loi.

Si on compte les Bruno Retailleau, les Nadine Morano et Olivier Marleix et pour l’extrême-droite, Jordan Bardella puis Marine Le Pen, il ne faut pas oublier que Renaissance s’y est mis. Le député Charles Sitzenstuhl nous dit qu’il faut arrêter d’avoir des peurs de gazelles et estime faire confiance au talent politique de Gérald Darmanin pour obtenir un accord politique avec les Républicains.

Zemmour a mis aussi sa touche en parlant à nouveau de « Francocide ». Sur les fils Telegram, la droite identitaire et suprématiste y va à gorges déployées. L’ancienne porte-parole de Génération identitaire, Thaïs d’Escufon, estime qu’ « une reprise en main virile de notre civilisation est plus que jamais nécessaire et que seule la force triomphera de ces barbares ».

Pendant ce temps-là à St-Brévin, le conseil municipal a élu Dorothée Pacaud comme nouveau maire. Des membres de l’ultra droite d’Angers se sont invités avec des fumigènes. Selon Ouest-France, des propos racistes ont suivi, amalgamant l’attaque perpétrée à Annecy et la présence de migrants.

Nous souhaitons ardemment que la Procureur de la République et le sous-préfet réagissent. Les autorités de l’Etat doivent faire cesser toute manœuvre d’intimidation et toute pression raciste et condamnable. Nous allons écrire en ce sens à la Procureure de la République.

Le racisme n’est pas une opinion mais un délit.

Jean-Luc Boero, président de la section,

Le 10 juin 2023

Edito : Une montée inquiétante de l’extrême-droite

Rappeler que le Rassemblement National n’est pas un parti comme les autres n’est malheureusement pas suffisant pour lui ôter sa carapace de respectabilité.

Lorsqu’Elisabeth Borne qualifie le RN d’« héritier de Pétain » et que c’est une idéologie dangereuse, nous pourrions dire qu’elle devrait mettre en actes son propos. Vouloir comme Gérald Darmanin s’associer avec LR sur un projet de loi d’immigration dont LR veut s’affranchir des traités et du droit européen en matière d’immigration est une pente plus que dangereuse.

Revendiquer des mesures anti immigrés draconiennes, assimiler toutes les formes de violences à un rejet de la République, jouer sur les incontestables craintes en lien avec les réseaux mafieux liés aux trafics de stupéfiants, renvoyer dos-à-dos extrême-droite et extrême gauche et s’en prendre une fois de plus à la liberté de parole et de la culture est inquiétant.

Vouloir attendre des gages de servilité d’une réalisatrice qui dénonce la manière dont le gouvernement a nié de façon choquante la protestation contre la réforme des retraites et parle d’un schéma de pouvoir dominateur vient bien renforcer notre crainte d’un refus de plus en plus probant de ce qui vient contester l’autorité des gouvernants.

Des Etats européens prônent de plus en plus des politiques autoritaires. L’Etat social est attaqué dans nombre de pays. Au nom d’une nécessaire sécurité, des relents nationalistes et xénophobes viennent en écho aux inquiétudes démultipliées des nombreuses crises que nous traversons.

Pour autant, les manifestations de solidarité avec les exclus, avec les migrants, avec les associations de défense des libertés publiques, avec le mouvement écologique et avec les humoristes sont réelles.

La LDH n’analyse pas la situation actuelle comme étant le fruit d’une convergence objective entre les thèses d’extrême-droite et le gouvernement. Pour autant, les politiques poursuivies par le gouvernement défendent les milieux financiers qui eux n’ont aucune difficulté à prospérer dans les Etats autoritaires.

De tout cela, il s’en dégage l’impératif de mobiliser et rassembler, d’agir sur le plan local comme sur le plan international, pour un monde plus solidaire.

Les propos d’Emmanuel Macron sur la « décivilisation »  doivent encore plus renforcer notre détermination pour unir les progressistes contre ces thèses qui viennent glorifier un modèle unique et autoritaire de la République.

Nul n’est dupe que ces manœuvres de diversion n’ont d’autre but que de tenter d’étouffer le mouvement social et écologique qui a montré ces derniers mois sont incontestable vitalité.

Jean-Luc BOERO, président de la section, le 29 mai 2023

Edito : Des accusations qui frisent le procès en hérésie

Si la justice dépendait des églises et de la royauté comme ce fut le cas sous l’Ancien Régime, les ligueurs auraient certainement à craindre pour leur liberté voire leur vie.

Il y a eu Sarkozy qui nous a traités plus d’une fois de « droits de l’hommiste », le procès aujourd’hui d’une LDH qui aurait basculé du côté des forces ennemies de la République (islamistes et éco-terroristes, violences sociales, etc.) a agité des Politiques de premier plan et bien sûr le Rassemblement National qui lui, propose directement notre dissolution.

Est-ce l’air du temps, est-ce un changement d’orientation ou est-ce une manœuvre de diversion ?

Rappelons que la LDH, même au risque de déranger les pouvoirs en place, a toujours considéré que les droits fondamentaux valent pour toutes et tous. Et cela vaut même pour des personnes dont la LDH n’approuve rien des idées ni des actes, comme ce fut le cas pour notre demande de procès équitable concernant les collaborateurs en 1945 ou pour les djihadistes d’aujourd’hui.

Certes, les positions de la LDH sur des sujets aussi complexes et sensibles que celui de l’islamisme ou de la défense des droits peuvent interpeller. Je comprends personnellement que des républicains laïcs mesurés, qui n’ont rien à voir avec des islamophobes, aient pu être troublés par certaines positions de la LDH comme celle dernièrement concernant l’imam radical Hassan Iquioussen. Nous ne sommes pas intervenus pour défendre de près ou de loin ses théories abjectes ainsi que ses propos antisémites inqualifiables. Nous avons agi au titre du droit au respect à sa vie familiale comme cela avait d’ailleurs été retenu par le tribunal administratif.

N’hésitons pas à rappeler que la LDH souhaite que toutes poursuites se fassent dans le respect du droit.

Nous ne nous sommes pas portés partie civile au procès des terroristes du vendredi 13 novembre 2015. Le procès, selon les parties civiles, les avocats de la défense et l’accusation a été un procès admirable. D’ailleurs, les prévenus n’ont pas fait appel des décisions judiciaires. Ce n’est pas parce que ce procès s’est déroulé de manière mesurée et a permis l’expression de tous qu’il ne s’est pas déroulé sous le sceau d’une justice d’exception. S’il s’était tenu face à une Cour d’Assises classique, aurait-il été moins bien mené ? Rien n’est moins sûr. Par ailleurs, le chef d’accusation d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste est redoutable et son manque de précision juridique peut vite déraper.

La force de la LDH ne repose pas uniquement sur ses combats et ses actions mais aussi sur la valeur républicaine et exemplaire de son sérieux. La LDH agace sérieusement les gouvernements socio-démocrates et libéraux qui, au nom de la lutte contre le terrorisme, mettent en cause les garanties sur les libertés publiques.

Nous sommes inquiets que chaque nouvel événement d’ampleur donne lieu à encore plus de renforcement de l’appareil sécuritaire d’Etat. La surveillance systématique de la population va augmenter suite à la loi récente sur les jeux olympiques en introduisant la possibilité de surveiller des millions de personnes à la recherche de « comportements anormaux » par des drones et des caméras dites « intelligentes ».

Ne nous trompons pas, le recul du gouvernement concernant la présentation d’une loi sur les étrangers et le droit d’asile n’est que provisoire. Il y a tout lieu de craindre que le nouveau projet de loi balayera d’un revers de main les quelques avancées du projet Dussopt Darmanin, entre autre le titre de séjour pour métiers en tension qui pourtant n’avait rien de révolutionnaire.

La LDH ne changera pas. Changer serait renoncer à assurer pleinement notre mission de défense des droits et libertés. Nous appelons les citoyennes et citoyens, les organisations attachées au respect de l’état de droit à se mobiliser face à des gouvernants qui paraissent de plus en plus fébriles et qui perdent le sens même de leurs responsabilités républicaines.

Jean-Luc BOERO, président de la section, le 27 avril 2023

Edito : La LDH toujours présente pour défendre la démocratie et les libertés

En deux temps, le ministre de l’Intérieur et la première ministre s’en sont pris à la LDH devant les Parlementaires.

Le ministre de l’Intérieur a mis en cause la participation de la LDH  à des observatoires citoyens qui ont notamment documenté le dispositif de maintien de l’ordre sur la zone de Sainte-Soline dans le cadre des mobilisations contre les « mégabassines », les 24-26 mars 2023.

Au-delà de la confusion que le ministre opère sur la notion d’observateur indépendant, monsieur Darmanin exprime là une dérive inquiétante dans le cadre de sa fonction gouvernementale :

            – parce qu’il tient des propos mensongers : la LDH n’avait pas appelé à manifester comme il l’affirme alors ;

            – car il révèle sa détermination à piétiner le droit international qui protège le statut d’observateur.rice, et, avec lui, la liberté d’expression.

Ensuite, au Sénat, le ministre a été jusqu’à menacer de remettre en question les subventions publiques accordées à la LDH, en réponse au sénateur Les Républicains (LR) François Bonhomme, qui a appelé à « cesser de financer les associations » telles que la LDH. « Je ne connais pas la subvention donnée par l’Etat [à la LDH], mais ça mérite d’être regardé dans le cadre des actions qui ont pu être menées », a répondu Gérald Darmanin. Avant d’ajouter : « Beaucoup de collectivités locales aussi les financent, il n’y a pas que l’État. »

La première ministre s’en prend à la LDH soi-disant pour ses ambiguïtés face à l’Islamisme radical, laissant sous-entendre que la LDH serait noyautée par l’extrême-gauche. Elle n’apprécie pas non plus que la LDH ait récemment attaqué un arrêté interdisant le transport d’armes par destination à Sainte-Soline.

Patrick Baudouin lui a rappelé que le Conseil Constitutionnel, le 18 janvier 1995, a considéré qu’on ne pouvait pas interdire le port ou le transport d’objets pouvant être utilisés comme projectiles car il s’agit d’une formulation générale et imprécise qui entraîne des atteintes excessives à la liberté individuelle.

La LDH appelle et appellera toujours à manifester pacifiquement.

Les valeurs défendues par la LDH vont totalement à l’encontre de ce que véhicule l’Islamisme radical. Cependant, « nous défendons tous les droits, même les droits des terroristes à être jugés équitablement et non par des justices d’exception » (Patrick Baudouin- Le Monde du 14 avril 2023).

Gérald Darmanin insinue la possibilité que les associations comme la LDH qui remettent en cause les projets gouvernementaux ne puissent plus bénéficier de subventions.

D’abord, les subventions ne sont aucunement un droit. S’il fut longtemps le cas où les subventions servaient au fonctionnement associatif, aujourd’hui, les subventions les plus importantes délivrées aux associations le sont dans le cas d’appel à projet. La LDH, association d’éducation populaire, répond à des appels à projet qui dépendent d’autres ministères que du ministère de l’intérieur. Sur St Nazaire, nos seules subventions publiques sont celles de la ville de St Nazaire et à ce jour, elles ne sont pas remises en cause. Les seules fois où elles l’ont été le furent par le Rassemblement National, les équipes municipales en place ces dernières années ont toujours soutenu la LDH dans son action universaliste de défense des droits et libertés.

Pour autant, savoir qu’environ ¼ de nos ressources pourraient disparaitre introduit une résonnance angoissante pour l’ensemble des membres du Bureau National, les 17 salariés et bien évidemment le tissu associatif car après la LDH, quelles seront les prochaines cibles ?

Les subventions sont indispensables pour faire vivre les principes démocratiques. Supprimer ou diminuer ces subventions est l’un des moyens traditionnels utilisés par les régimes autoritaires pour affaiblir l’équilibre entre pouvoir et contrepouvoirs, sans lequel une démocratie est anéantie.

Les réactions de soutien à la LDH sont nombreuses. La presse, les syndicats, les associations, la défenseure des droits, les partis politiques s’en font l’écho.

Les nouveaux adhérents affluent en masse. Nous tenterons d’être à la hauteur de leurs attentes et veillerons à les accueillir correctement.

Face aux atteintes démocratiques, au climat social très tendu, à la remise en cause des valeurs, des subventions et des principes de droit au cœur de la LDH, la prochaine réunion de section, le jeudi 20 avril, sera uniquement consacrée à l’analyse de la situation, aux perspectives et aux actions à conduire.

Jean-Luc Boero, président de la section, le 15 avril 2023

CP : Gérald Darmanin menace la Ligue des Droits de l’Homme.

Gérald Darmanin menace la Ligue des Droits de l’Homme.

Soutenez la LDH pour défendre les libertés et la démocratie !

Le 05 avril, lors d’une audition devant l’Assemblée nationale sur sa gestion du maintien de l’ordre, le Ministre de l’intérieur s’attaque à la Ligue des Droits de l’Homme (LDH).  Nous sommes qualifiés de « drôle d’observateur » car il trouve que la LDH est trop connivente avec les organisateurs de la manifestation de Sainte-Soline. A une remarque du sénateur LR François Bonhomme qui assène « il faut cesser de financer les associations qui mettent en cause gravement l’Etat » Gérald Darmanin réplique « je ne connais pas la subvention donnée par l’Etat à la LDH mais ça mérite d’être regardé » et lance aussi un appel à peine voilé à suspendre les financements par les collectivités territoriales à la LDH.

La LDH, née en 1898 pour défendre Alfred Dreyfus, lui a répondu dans un communiqué du 05 avril lui rappelant qu’il commet une confusion dommageable sur la notion d’observateur indépendant. La LDH n’a pas appelé à manifester à Sainte-Soline. La vingtaine d’observateurs présents le 25 mars a permis de documenter, de manière objective, les pratiques de maintien de  l’ordre et de ce fait d’alimenter le débat d’intérêt public sur ces pratiques.

Faut-il rappeler à Gérald Darmanin que la Commissaire aux Droit de l’Homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, a publié un long communiqué le 24 mars rappelant à Gérald Darmanin que participer à une manifestation non déclarée n’était pas suffisant pour justifier d’une sanction et a demandé à la France de protéger la liberté de réunion et la liberté d’expression. « Les autorités doivent faire en sorte que ces libertés soient respectées et protéger les manifestants pacifiques et les journalistes contre les débordements et contre les violences policières. »

Clément Voule, rapporteur spécial des Nations Unies a écrit « que les manifestations pacifiques sont un droit fondamental que les autorités doivent garantir et protéger (…) les agents des forces de l’ordre doivent les faciliter et éviter tout usage excessif de la force ».

La défenseure des Droits souligne que » le respect des règles de déontologie est essentiel pour apaiser les tensions et favoriser la confiance entre la police et la population » (communiqué du 21 mars)

Amnesty International alerte depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, en janvier 2023, sur « le recours excessif à la force. »

Pour Humans Rights Watch « les autorités françaises doivent respecter les droits des manifestants, vérifier que les tactiques policières sont nécessaires et proportionnées ».

La Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH) a aussi tenu à rappeler que les Etats « sont tenus à s’abstenir du recours arbitraire à la force dans le cadre du maintien de l’ordre ».

La sociologue Isabelle Sommier dans une interview à Médiapart, le 05 avril, « qu’en matière de violence politique, l’ultra droite est plus menaçante ».

Rappelons à Monsieur Darmanin qu’un Rugbyman argentin a été tué en plein Paris par des militants d’extrême droite, que des élus de Callac qui défendaient un projet d‘installation de réfugiés ont été menacés de mort ou de viol, que le maire de St Brévin a été victime d’un incendie volontaire, après des semaines de menaces, car il soutient le projet d’installation d’un CADA dans sa commune, qu’une future mosquée à Wattignies (Nord) a été dévastée, que des étudiants ont été attaqués par des commandos baptisés Waffen Assas, que des tags racistes et xénophobes, des menaces de mort, guet-apens et agressions d’étudiants se produisent aux abords des universités voire à l’intérieur. Un tract du Groupement d’Union Défense (GUD) est limpide : « reprendre les universités, expulser les gauchistes ».

Nous ne laisserons pas faire M. Darmanin. S’attaquer à la Ligue des Droits de l’Homme, c’est s’attaquer aux droits et libertés fondamentales acquises de longue date dans notre pays.

Saint-Nazaire, le 06 avril 2023

Jean-Luc Boero, Président de la section

Communiqué de Presse : La LDH de St Nazaire Estuaire Presqu’île solidaire du Maire de St Brévin et de son conseil municipal

M. Yannick Morez a été victime d’actes de vandalisme, ses voitures ont été incendiées et sa maison attaquée par le feu.

D’aucune manière la vie politique et les choix arrêtés par des élus ne doivent donner lieu à de tels actes quelles que soient les oppositions.  

Monsieur le Maire de St Brévin et son conseil municipal avaient unanimement manifesté par un vœu leur soutien à l’installation d’un CADA. Nous étions environ 1200 personnes à soutenir cette implantation le samedi 25 février dernier.

Les élus de Callac en leur temps ont eux-mêmes fait l’objet d’intimidations pour l’accueil de réfugiés. La stratégie de l’ultra droite, de groupuscules d’extrêmes-droites et de Reconquête est évidemment de faire peur, de menacer. Les anti-CADA manient mensonges, démagogie, discrimination, haine et xénophobie.

La LDH soutient et continuera de soutenir toutes les forces de progrès qui accueillent les migrants et nous continuerons à agir avec les associations et les élus qui allient fraternité et intégration avec volonté d’apaisement.

Tous les membres de la section LDH de St Nazaire Estuaire Presqu’île sont atterrés de constater qu’un maire, mesuré dans ses propos, volontairement non polémiste, respectueux des forces démocratiques et cherchant à ne pas dramatiser la question de l’accueil de migrants sur son territoire, se retrouve aujourd’hui atteint dans ses valeurs, dans sa vie personnelle et celle de sa famille.

Nous savons que le procureur de la République et les enquêteurs seront être à la hauteur du symbole et de l’homme courageux qu’est M. Yannick Morez.

Les auteurs de tels actes doivent répondre devant la justice de leur lâcheté criminelle.

La LDH apporte au Maire de St Brévin ainsi qu’à sa famille, aux élus locaux et à tous les Brévinois sa  solidarité indéfectible.

La section de St Nazaire Estuaire Presqu’île

Le 22 mars 2023

Edito : Le Contrat d’Engagement Républicain (CER), un risque liberticide pour les associations

Dans cette séquence politique et sociale pour le moins agitée du fait de la paralysie de l’Assemblée Nationale en raison du déficit démocratique lié à l’article 47-1 et à la stratégie de la NUPES d’arroser le projet de loi d’un nombre pléthorique d’amendements ; le projet de réforme des retraites conduit à une forte mobilisation syndicale mais aussi à un risque démocratique à terme car le Rassemblement National et les extrêmes droites pourraient ramasser la mise du mécontentement populaire et de la recherche d’une nouvelle alternative politique.

En cela, le CER qui est né de la loi dite de lutte contre les séparatismes fait courir un risque majeur aux associations qui se trouveraient opposées aux politiques gouvernementales suivies. Aujourd’hui, trop peu d’associations se sentent concernées par ce contrat. Et la popularisation médiatique sur d’autres enjeux certes légitimes ne permet pas d’atteindre la mobilisation souhaitée contre ce CER. Rappelons que dans ce CER, les associations qui contreviendraient aux principes et aux valeurs républicaines sans qu’elles soient bien évidemment explicitées pourraient voir leur subvention être remise en cause. Ce CER impose aux responsables des associations un contrôle sur l’activité conduite par tous les membres, et en cas de manquement, les responsables seraient considérés potentiellement responsables des agissements de leurs membres. Nous pensions tous que ce CER avait été uniquement décidé pour lutter contre l’islamisme. Les premières associations sanctionnées,  et les seules à ce jour, sont des associations qui mènent des luttes écologiques. Demain, le CER entre leurs mains si le RN prend le pouvoir, imaginez ce que deviendrait la LDH ?

Point n’est besoin de crier au loup, il s’agit dans un premier temps de mener une campagne d’information afin que le CER devienne caduque et puis que le conseil d’état voire d’autres juridictions puissent l’invalider.

Nous convions tous nos adhérents mais aussi toutes les associations dans lesquelles vous œuvrez en qualité de bénévole, de militant ou de sympathisant à venir à la

Réunion du 29 mars à 18h à Agora, salle 7

Jean-Michel Ducomte, ancien administrateur de la ligue de l’enseignement, avocat, membre de la LDH de Nantes mais également élu au Bureau National de la LDH y animera une conférence-débat à l’invitation du collectif local contre le CER dont fait partie la LDH.

La section, avec le CCFD Terre Solidaire et Attac, vous convient le Vendredi 24 mars à  20h15 au cinéma Tati pour un ciné-débat sur l’évasion fiscale en présence de Chanez Mensous, membre de l’association Sherpa.

Enfin, le mardi 28 mars, nous vous convions à 20h à Agora salle 7 pour une conférence débat intitulée : « L’expansionnisme chinois met-il en péril l’universalité des droits de l’homme ? ». Pierre-Antoine Donnet, sinologue et journaliste, ainsi que Tenam, militant tibétain, répondront ce soir-là à vos questions.

Jean-Luc Boero, Président de la section, le 12 mars 2023