La Laïcité c’est d’abord la Liberté, la liberté de conscience !
Le maire de Saint-Nazaire, David SAMZUN, a cru bon de se référer à Aristide BRIAND pour apporter son soutien au ministre de l’Education nationale au sujet de l’interdiction du port de l’abaya.
Aristide BRIAND mérite mieux que l’instrumentalisation politique et la déformation de sa pensée.
Avec la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat, il s’agit, disait-il, de proclamer « solennellement que, non seulement la République ne saurait opprimer les consciences ou gêner dans ses formes multiples l’expression extérieure des sentiments religieux, mais encore qu’elle entend respecter et faire respecter la liberté de conscience et la liberté des cultes. » Et BRIAND a refusé l’interdiction du port de la soutane, fondamentalement parce que la loi de 1905 est une « loi de liberté » et qui ne doit pas « interdire à un citoyen de s’habiller de telle ou telle manière », et aussi parce que le résultat d’interdictions vestimentaires serait « plus que problématique ».
Pour le citer encore, « gardons la tête froide » : les signalements pour atteinte à la laïcité sont certes en hausse, principalement liée au port de signes et tenues comme les abayas. Mais assimiler l’abaya à l’expression ostentatoire d’un islam politique qui viserait à une confrontation avec notre République française est céder au simplisme venu de la convergence entre droite et extrême droite, alors que l’essentiel des atteintes est ailleurs : rejet de certains cours, prosélytisme, etc…
Nous avons un arsenal juridique pour maintenir la laïcité dans nos établissements scolaires. Si le comportement de l’élève prouve qu’il y a « manifestation ostensible » de signe religieux, alors, il peut être sanctionné. Par exemple, si l’élève refuse de se mettre en tenue adaptée pour l’EPS ou les TP de chimie, la loi du 11 octobre 2010 précédée de la circulaire du 18 mai 2004 permet déjà de sanctionner. La gesticulation médiatique du ministre, loin d’améliorer le quotidien des équipes pédagogiques et des directions d’établissement scolaire —confrontées au réel et soucieuses avant tout de l’intérêt des élèves — risque même d’aggraver la situation : faire de l’abaya un symbole de confrontation avec la République, c’est rendre encore plus ingérables les cas concrets où les détournements de la laïcité sont ou seront présents. Aucun responsable politique ne l’ignore ; espérons qu’aucun ne le souhaite.
Déjouer l’instrumentalisation politique de l’islam et les manipulations de revendication communautaire, ce n’est pas méconnaître la liberté personnelle et les croyances individuelles. Oui, la loi de séparation des églises et de l’Etat de 1905 est un principe d’organisation de notre vie démocratique…parce qu’elle n’est pas une machine de guerre antireligieuse.
Gabriel ATTAL a réussi sa rentrée : on ne parle pas du manque d’attractivité du métier d’enseignant, du manque de moyens, de l’inclusion des personnes handicapées, des besoins de soutien des professeurs face aux inégalités sociales, de la mixité, etc. Bien utile, le coup de projecteur sur l’abaya !
Saint-Nazaire, le 30 août 2023