Nous sommes tous largement informés et touchés par la grave crise du logement. Nous ne construisons pas assez de logements, nous n’avons pas assez de logements sociaux, pas assez de places de logements intermédiaires. Le prix du logement n’a cessé de progresser, les APL ont été diminuées, l’hébergement d’urgence est saturé. 330 000 personnes dorment à la rue (voir le 28ème rapport sur l’état du mal logement en France en 2023. )
Les marchands de sommeil s’engraissent copieusement et nous avons eu en 2023 une loi votée qui criminalise l’occupation de surfaces vacantes, y compris des bureaux vides. Guillaume Kasbarian avait envisagé dans la première mouture de sa loi une peine de 6 mois de prison pour les locataires en situation d’impayé.
Le monde du logement social, lorsqu’il a eu connaissance de sa nomination en qualité de Ministre du logement, a évoqué une provocation. François Ruffin, sous le choc, a pu dire : « c’est comme si vous mettiez Depardieu à l’égalité homme-femme ».
Toutes les organisations de mal-logés ou de locataires sont vent debout car Guillaume Kasbarian est le symbole même de ce virage thatchérien de la politique du logement, de la suppression des normes et du libre marché. Bref, le créneau ultra libéral, une fois de plus, va être à l’œuvre. La dérégulation massive du secteur du logement va se faire au détriment des plus précaires.
Ce jeune ministre, membre du fan club de Macron, a connu une ascension éclair. Il fréquente le printemps républicain et s’oppose à la paperasse administrative et aux procédures à rallonges. Son créneau est la dérégulation. Un des membres du groupe LR à l’Assemblée Nationale a pu dire à un journaliste : « il a un point commun avec Macron, c’est son indifférence totale aux problèmes des gens : il considère sincèrement que ce n’est pas son job ».
Si le créneau libéral déroule encore plus son projet anti social, la course à l’échalote derrière l’extrême droite ou la droite dure se poursuit ; Gérald Darmanin vient d’annoncer à Mayotte un projet de fin du droit du sol. Tout va bien dans l’aveuglement politique du gouvernement.
Robert Badinter, père de la loi sur l’abolition de la peine de mort, fervent défenseur de l’Etat de droit et des libertés, exemple même d’un homme d’Etat au service de l’intérêt général et des droits humains s’en est allé. Une journée nationale aura lieu en sa mémoire mais dans le même temps, on glorifie l’argent roi et on s’assoit sur l’Etat de droit.
Face à un tel cynisme, Il ne faut pas s’étonner que les populistes aient le vent en poupe et qu’il y ait une désaffection électorale. Pourtant, le droit de vote est un acte essentiel de notre citoyenneté et de notre démocratie. Ce sera l’objet du débat de notre prochaine réunion de section. Venez nombreux !
Jean-Luc Boero, président de la section, le 12 février 2024
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