Edito : Violence des jeunes : les solutions démagogiques

Ces dernières semaines, au regard de faits-divers crapuleux ou criminels, le gouvernement s’est une fois de plus montré à la hauteur de la vox populi, à savoir pointer du doigt la violence de la jeunesse. Répondre aux sirènes de la décivilisation vaut mieux que comprendre les causes et remédier aux drames vécus par bon nombre de jeunes.

N’oublions pas que depuis la crise de la Covid, la souffrance psychosociale des jeunes s’est considérablement accrue. Rajoutons que l’éco anxiété n’est pas un symptôme uniquement des enfants vivant dans les beaux quartiers parisiens. Vivre dans un quartier relégué ou dans une zone périurbaine mal desservie en transports en commun et services publics, se voir relégué dans un collège ou lycée professionnel reproducteur des inégalités sociales comme le dirait Bourdieu ou être pris en charge par un système en faillite, celui de la protection de l’enfance très régulièrement montré du doigt par ses graves défaillances, ne peut que conduire au concours Lépine de la plus absurde solution pour encore mieux répondre à une fracture générationnelle ou désavouer celles et ceux qui quotidiennement consacrent leur énergie à éduquer nos jeunes.

Parmi les idées les plus bêtes, il y a celle de la suppression de l’excuse de minorité, et sur le podium, la première place mise en avant par le gouvernement est celle des 40 000 places en internat scolaire pour les sauvageons. Où a-t-il trouvé ces 40 000 places soi-disant disponibles, notre très cher jeune Premier Ministre ? On peut jouer avec les mots, avec les concepts, avec les peurs, et véhiculer l’idée d’une justice laxiste vis-à-vis des mineurs, mais qu’est devenue cette politique de la famille et de l’enfance depuis 2017 ?

La Protection Judiciaire de la Jeunesse, l’Aide Sociale à l’Enfance, la médecine scolaire, la pédiatrie, la pédopsychiatrie et l’Education Nationale sont des institutions qui croulent sous des difficultés systémiques, un manque de moyens et une définition de politiques publiques de plus en plus déconnectées des réalités de terrain.

Restaurer l’autorité va donc de pair avec une volonté d’une justice de plus en plus expéditive et de moins en moins éducative. Les différentes réformes de l’ordonnance de 1945 se sont traduites par une fermeture de places dans les foyers éducatifs et par la création de coûteuses mesures d’enfermement comme les centres éducatifs fermés à plus de 600 € par jour ou les établissements pénitenciers pour mineurs. Comme il se doit, on a diminué les crédits concernant la prévention spécialisée, fermé des services éducatifs, pressurisé encore plus les juges pour enfants qui croulent sous les dossiers. En Loire Atlantique, aujourd’hui, en mai 2024, 1 500 enfants dits en danger sont en attente de mesure d’Assistance Educative en Milieu Ouvert, 300 mineurs sont en attente de placement mais M. Gabriel Attal n’a pas d’autre chose que de nous proposer un énième plan pour sanctionner encore plus.

Parmi les autres mesures que l’on nous a beaucoup surinées après les révoltes urbaines de l’été 2023, il y a celles voulant responsabiliser les parents par des sanctions pénales et financières. Doit-on rappeler à nos gouvernants que ces dispositifs existent déjà et qu’ils ont très peu souvent montré leur efficience ?

Faudra-t-il d’autres condamnations de la Cour Européenne des Droits de l’Homme concernant les défaillances de protection de l’enfance par l’Etat ou les collectivités territoriales ? Faut-il que les associations de parents d’enfants handicapés et la défenseure des droits fassent de nouvelles alertes concernant les carences criantes de prise en charge des enfants handicapés et voir l’Etat une fois de plus condamné par les tribunaux pour dire : de qui se moque-t-on ?

S’il est courant de dire que l’état d’une société se juge à la manière dont sa jeunesse et sa vieillesse sont traitées, point n’est besoin de vous dire que notre pays dégrade de plus en plus sa note et que les agences de notation mériteraient bien de dire symboliquement à l’Etat la dette qu’il doit à ses jeunes et ses vieux.

Mais il n’y a pas d’agence de notation internationale sur ces questions qui valent bien peu de choses par rapport à l’économie ou à la sphère financière.

Jean-Luc Boero, président de la section, le 13 mai 2024

Edito : Crise du logement : un traitement de cheval, celui du libre marché

Nous sommes tous largement informés et touchés par la grave crise du logement. Nous ne construisons pas assez de logements, nous n’avons pas assez de logements sociaux, pas assez de places de logements intermédiaires. Le prix du logement n’a cessé de progresser, les APL ont été diminuées, l’hébergement d’urgence est saturé. 330 000 personnes dorment à la rue (voir le 28ème rapport sur l’état du mal logement en France en 2023. )

Les marchands de sommeil s’engraissent copieusement et nous avons eu en 2023 une loi votée qui criminalise l’occupation de surfaces vacantes, y compris des bureaux vides. Guillaume Kasbarian avait envisagé dans la première mouture de sa loi une peine de 6 mois de prison pour les locataires en situation d’impayé.

Le monde du logement social, lorsqu’il a eu connaissance de sa nomination en qualité de Ministre du logement, a évoqué une provocation. François Ruffin, sous le choc, a pu dire : « c’est comme si vous mettiez Depardieu à l’égalité homme-femme ».

Toutes les organisations de mal-logés ou de locataires sont vent debout car Guillaume Kasbarian est le symbole même de ce virage thatchérien de la politique du logement, de la suppression des normes et du libre marché. Bref, le créneau ultra libéral, une fois de plus, va être à l’œuvre. La dérégulation massive du secteur du logement va se faire au détriment des plus précaires.

Ce jeune ministre, membre du fan club de Macron, a connu une ascension éclair. Il fréquente le printemps républicain et s’oppose à la paperasse administrative et aux procédures à rallonges. Son créneau est la dérégulation. Un des membres du groupe LR à l’Assemblée Nationale a pu dire à un journaliste : « il a un point commun avec Macron, c’est son indifférence totale aux problèmes des gens : il considère sincèrement que ce n’est pas son job ».

Si le créneau libéral déroule encore plus son projet anti social, la course à l’échalote derrière l’extrême droite ou la droite dure se poursuit ; Gérald Darmanin vient d’annoncer à Mayotte un projet de fin du droit du sol. Tout va bien dans l’aveuglement politique du gouvernement.

Robert Badinter, père de la loi sur l’abolition de la peine de mort, fervent défenseur de l’Etat de droit et des libertés, exemple même d’un homme d’Etat au service de l’intérêt général et des droits humains s’en est allé. Une journée nationale aura lieu en sa mémoire mais dans le même temps, on glorifie l’argent roi et on s’assoit sur l’Etat de droit.

Face à un tel cynisme, Il ne faut pas s’étonner que les populistes aient le vent en poupe et qu’il y ait une désaffection électorale. Pourtant, le droit de vote est un acte essentiel de notre citoyenneté et de notre démocratie. Ce sera l’objet du débat de notre prochaine réunion de section. Venez nombreux !

Jean-Luc Boero, président de la section, le 12 février  2024

Edito : N’oublions pas la vie quotidienne de nos concitoyens dans les combats à venir

Le fil de l’actualité est bien souvent anxiogène : crise de l’énergie, inflation, violences urbaines, méga incendies, dérèglement climatique, crise de l’hôpital, crise politique et démocratique. Et pourtant, c’est l’essence même de la LDH que de donner des gages d’espoir, de fabriquer du commun, de contenir les thèses populistes et la haine ambiante qui se diffusent au sein de l’hémicycle parlementaire et dans les médias.

C’est aussi par notre capacité à rassembler au-delà nos partenaires habituels que nous contiendrons la régression démocratique actuelle.

Mais n’oublions pas les questions de vie quotidienne de nos concitoyens. Un collectif transpartisan de chercheurs vient de publier un rapport de 160 pages sur l’état des services publics. Ces derniers sont un rempart contre la fragmentation sociale, les inégalités économiques, le libéralisme dérégulé et les inégalités territoriales.

La marchandisation des services publics a conduit, comme nous le savons, à un effondrement de notre hôpital public. Le new public management a aggravé la dégradation des services publics et entretenu l’obésité des bureaucraties des directions générales et des directions ministérielles.

Les réalités de terrain sont niées au profit des tableurs Excel. Les conditions de travail dans les différents services publics se sont largement dégradées. Pourtant, les dépenses publiques sont de 58 % du PIB en 2022 contre moins de 50 % au début des années 80. Le nombre des agents publics est passé de 4,8 millions à 5,4 millions en 20 ans. Les besoins de nos concitoyens ne sont plus les mêmes que dans les années 60. Par exemple, dans le domaine éducatif, les enfants en situation de handicap y sont inclus depuis 2005. L’éducation nationale n’arrive pas à faire face à l’accompagnement de ces enfants handicapés et à la professionnalisation nécessaire de leurs accompagnants. Malgré des textes et circulaires, des inégalités profondes au sein des établissements de l’éducation nationale persistent du fait d’une non-mixité sociale.

Si la lutte contre les trafics de drogue ou l’immigration irrégulière bénéficie de moyens en hausse, les tribunaux sont bien à la peine concernant les litiges familiaux et malgré des nouveaux textes législatifs de lutte contre les violences familiales, le nombre de féminicides ne diminue pas.

Il faut noter que les gouvernants successifs et encore plus depuis 2017 utilisent de plus en plus les forces de police pour le maintien de l’ordre au détriment de la police du quotidien ou de la police judiciaire.

Notons aussi qu’un service public aussi essentiel que la protection de l’enfance est en crise depuis de nombreuses années. L’augmentation des suivis est certes liée à un meilleur repérage des situations mais le manque de moyen et un pilotage complexe conduisent à une embolisation des dispositifs.

La bureaucratie a sclérosé l’innovation, la réactivité et l’adaptabilité. Le langage technocratique, la profusion des textes réglementaires, la segmentation des publics visés, la production prolifique de protocoles et de règles administratives retardent le traitement des problématiques des usagers.

Dans les hôpitaux, une des réformes essentielles n’est toujours pas mise en œuvre, celle de l’inversion du pouvoir décisionnel entre le corps médical et les gestionnaires.

Nos concitoyens, dans certaines régions, sont en peine pour trouver des services publics et doivent se débrouiller seuls face aux questions de vieillissement ou de déserts médicaux. Tout cela se traduit par une augmentation du vote extrémiste et principalement du vote RN.

Pour préserver les droits fondamentaux tels que le logement pour tous, l’égalité dans l’enseignement, la lutte contre les discriminations, la LDH doit renforcer sa présence auprès des usagers esseulés et des agents des services publics.

La LDH doit pouvoir être une force de rassemblement pour mener des actions locales sur la question de la dégradation des services publics et de la réponse aux droits fondamentaux.

Sur St Nazaire, nous sommes particulièrement sensibles aux questions portant sur le logement, l’hébergement d’urgence, la justice du quotidien et la lutte contre les discriminations. Dernièrement, nous avons fait connaître notre préoccupation face au manque de moyens du tribunal judiciaire de St Nazaire.

Nous n’hésiterons pas à alerter et soutenir les initiatives face aux dégradations des services publics qui conduisent à créer des inégalités gravissimes propices à un vote populiste aux prochaines élections présidentielles.

Lutter contre l’extrême droite, c’est certes lutter contre l’idéologie raciste et xénophobe, mais c’est aussi mener un combat pour améliorer le quotidien de nos concitoyens et principalement de ceux qui ont encore plus besoin que les autres de services publics de qualité.

Jean-Luc Boero, président de la section,

Le 16 septembre 2023

CP : Hébergement d’urgence, il faut en finir avec la politique de la poussière sous le tapis !

Depuis des années,  les associations et militants ne cessent de dire qu’ils manquent de solutions de logement très social, d’hébergement d’urgence ou de stabilisation et de mise à l’abri pour les personnes et familles sans logements personnels ou sans abris sur Saint-Nazaire.

Des initiatives citoyennes et des remontées de situations sont régulièrement faîtes. Il a fallu la réquisition de maisons par le Collectif Urgence Sociale et leur expulsion pour que la municipalité propose l’organisation d’une table-ronde des différents acteurs locaux de l’hébergement d’urgence.

Lors de la première réunion, à la mairie de Saint Nazaire, le 12 décembre dernier, en l’absence notable des services de l’Etat, les associations unanimes ont dit qu’il fallait sortir de la politique du thermomètre en cas de grand froid.

La réponse des pouvoirs publics est empreinte d’un déni de réalité.  Le 115 ne peut être un outil de mesure des besoins. Toutes les associations peuvent attester que nombre de personnes s’en détournent car elles savent que, trop souvent, elles n’obtiennent pas de correspondants ou  on leur dit qu’il n’y a pas de solutions.

Minorer les phénomènes du mal logement et du sans-abrisme conduit à des situations de cohabitations forcées, d’habitats de fortunes, de squats, de sur occupation de logements, de couchage dans des voitures, d’hébergement dans des bois, etc. qui sont humainement très lourdes de conséquences.

Il nous est renvoyé que des efforts supplémentaires sont faits avec des renforts de places d’hébergement d’urgence et des nuits hôtelières supplémentaires en cas de grand froid, etc… Et pourtant, à chaque période de grand froid, les associations d’accueil, d’accompagnement et de solidarité sont débordées et se posent, au quotidien, la question de la survie des personnes sans-abris.

Pour nos associations le constat est là, lutter contre le mal logement sur Saint Nazaire est une impérieuse nécessité.

Nous refusons que les associations soient instrumentalisées par les pouvoirs publics. Il est faux de dire qu’elles ne seraient pas en mesure de se mobiliser avec la Protection civile, qu’elles seraient en incapacité de soutenir un accueil digne, propre  et sécurisé dans un gymnase.

Les associations sont révoltées par le discours institutionnel sur la responsabilité. S’il est vrai que l’Etat est le premier responsable de l’hébergement d’urgence, l’incarnation de ce discours, ce sont des personnes qui dorment à la rue. Des personnes, par défaut d’hébergement, trouvent des solutions inadaptées et dangereuses pour leur santé et sécurité. Nous ne pouvons pas continuer dans cette spirale qui nie les droits de l’Homme les plus essentiels.

Des solutions peuvent exister. Il faut entendre les associations, ne pas les laisser sans informations ou les reléguer sur des strapontins pour faire croire à un semblant de dialogue. Il faut construire avec elles des solutions.

Que ce soit au niveau du mal logement, du sans-abrisme ou du grand-froid, les associations de terrain avec leurs équipes sont porteuses de nombreux projets qui vont de la sous-location avec garantie et accompagnement, de baux précaires à des associations pour des locaux et logements vides appartenant aux collectivités, de tiny house, d’ouverture de locaux en cas de grand froid sans attendre le feu vert  de la préfecture, ou en passant, si nécessaire, par la réquisition.

La section LDH de Saint-Nazaire Estuaire Presqu’île demande que les associations et militants des droits des personnes soient entendus ! Il est temps de s’atteler aux problématiques soulevées avec une approche pragmatique et à la hauteur des difficultés rencontrées par les personnes concernées, les associations et les professionnels.

 Un toit est un droit !

Saint Nazaire, le 26 janvier 2023

Lettre ouverte à Monsieur le sous-préfet

Saint-Nazaire, le 06 octobre 2022

Par lettre ouverte,  vous indiquez que vous ne participerez pas à une table-ronde sur l’hébergement d’urgence au motif que le Collectif d’Urgence Sociale(CUS) n’y a pas sa place et que seules les associations de terrains bénéficiant de crédits publics peuvent y siéger. Et vous y écrivez que seules les autorités publiques sont légitimes pour décider des politiques publiques.

Il serait prétentieux de vous rappeler que nombre de politiques publiques ont émergé de la société civile. Coluche n’a pas créé les restos du cœur pour se faire de la publicité mais bien parce qu’il y avait une vraie carence des politiques publiques qui s’est  traduite par la suite par des lois sur l’aide alimentaire. Lois bien souvent insuffisantes.

L’Abbé Pierre, en son temps, s’est indigné du sort réservé aux sans –logis. Avez-vous lu son appel à l’insurrection de la bonté ? Et c’est bien son action qui a conduit à des politiques publiques de construction de logements sociaux ! Que les gouvernements, depuis 2017, réduisent.

Pensez-vous sérieusement que les militants du CUS ont mené leur action avec autant de détermination, de temps et de sérieux pour uniquement occuper illégalement des maisons non-occupées  appartenant à la ville ?

Ouvrez les yeux et regardez autour de vous : les sans-abris sont nombreux. Certes, une grande partie est invisible. Pour rappel, Saint Nazaire a un taux de 16% d’habitants vivant sous le seuil monétaire de pauvreté  contre 14,6% en France (statistique de l‘INSEE).C’est grâce à l’action d’associations financées sur fonds publics mais aussi à l’énergie déployée par des centaines de bénévoles, d’argent provenant de dons, d’autofinancement que les sans-abris sont accueillis et hébergés.

L’Etat que vous représentez a fait appel en février 2022 dernier à la solidarité de tous-tes  pour héberger des Ukrainiens…Et aujourd’hui refuser de vous mettre autour de la table avec des militants de la solidarité est scandaleux !

Faire le tri dans vos interlocuteurs pourrait se comprendre si ces militants ne vous reconnaissaient aucune légitimité et s’ils avaient pour  projet de mener des actions illégales !

Les membres du CUS soutenus par 25 organisations dont la LDH n’ont pas envie de continuer à mettre juridiquement en difficulté le maire, eux-mêmes et surtout à faire vivre une insécurité à des hébergés.

La LDH a toujours soutenu un dialogue constructif et une démarche pour sortir de l’illégalité.

Votre lettre ouverte montre que vous n’êtes pas disposé  à assurer pleinement une politique publique qui soit capable de répondre au sans-abrisme, car c’est bien de cela dont il est question.

Vous  mettre autour de la table avec le CUS et d’autres associations aurait bien montré que vous reconnaissez les carences de l’Etat en matière d’hébergement d’urgence.

Alors  maquiller votre décision par un argument sur l’illégalité est pour le moins surprenant, car tous les jours l’Etat ne répond pas à l’obligation républicaine du droit au logement pour tous !

L’’Etat est souvent dans l’illégalité  sur les droits de l’homme !

Pour la section LDH de St Nazaire, Jean Luc BOERO- Président

Edito : Lutter contre les inégalités : une nécessité

Saint-Nazaire, le 20 septembre 2022

Comme vous avez pu le constater, la section est très active dans le combat des Maisons d’Hébergement Solidaire(MHS). Dès février 2021 et la réquisition citoyenne des deux maisons du boulevard Jean DE NEYMAN nous avons été sur une ligne politique très claire :

  • Le droit au logement est un droit constitutionnel et les ressorts légaux ne sont malheureusement pas  toujours mis en œuvre à la hauteur des besoins  par l’Etat et les collectivités territoriales. Les associations professionnalisées étant dépendantes de l’argent public, elles ont souvent une ligne politique molle. Les associations caritatives, malheureusement, n’utilisent pas suffisamment les ressors légaux tels que le DAHO ou le DALO.  Le dispositif d’hébergement d’urgence est largement embolisé et la politique nationale sur le logement favorise la concentration du patrimoine, la spéculation, et se fait sur le dos du logement social. Sur St-Nazaire, nous n’échappons pas aux effets de cette politique, même si en matière de logement social, la ville s’est traditionnellement montrée volontariste.
  • le droit de propriété n’exclut pas la possibilité de signer des conventions d’occupation précaire, voire de faire des réquisitions (loi du 23 novembre 2018), et pour cela nous avons demandé dès le premier trimestre 2021 à la mairie de Saint Nazaire d’ouvrir des négociations avec le collectif d’urgence sociale.

Depuis deux ans, nous avons rencontré plusieurs fois les membres du Collectif d’Urgence Sociale (CUS) pour qu’ils acceptent de rentrer dans le jeu républicain en se constituant en association.  Nous leur avons demandé de déposer un dossier sur leur projet, sa philosophie et les principes directeurs auprès de la mairie.

Notre engagement auprès d’eux a toujours été conditionné par une nécessité d’ouvrir un dialogue positif avec la mairie, de mener un combat pacifique, sérieux et sans provocation.  

A deux reprises, nous avons rencontré l’élue en charge des solidarités, Mme TRIGODET, et ce à notre demande. Nous avons proposé, au regard des positions fermées du maire, d’être médiateur pour faciliter le dialogue et obtenir que l’expérience des MHS soit reconnue par les pouvoirs publics. Les membres du CUS nous ont toujours sollicités pour que cette fonction de médiation par la LDH facilite le dialogue.

Avec le CUS, la mairie a conduit deux réunions avec une épée de Damoclès : une assignation devant la justice pour occupation illégale. Mme TRIGODET et son directeur des Solidarités ont tergiversé sur la suite à donner à l’expérience conduite par le CUS. Est-ce la démarche horizontale des MHS, sont-ce les soutiens apportés par des organisations situées à l’extrême-gauche, est-ce l’assimilation à une image de squatteur radicalisé ou est-ce la ligne politique de la mairie qui ne veut pas froisser la préfecture qui a conduit à ce positionnement municipal ?

Face au peu d’enthousiasme municipal, face à une demande tatillonne et technocratique de la mairie, face à la responsabilité de l’Etat en matière d’hébergement d’urgence, face à la position de la municipalité de maintenir l’assignation en justice, le CUS s’est refusé à poursuivre un dialogue qu’il a jugé insincère.

Suite au jugement de juin 2022 confirmant l’expulsion, nous avons demandé à la mairie que l’expulsion ne se fasse pas tant que le relogement de tous les expulsés soit une réalité. A cet effet, lors d’une réunion avec un adjoint, nous avons demandé expressément à être de nouveau reçus par Mme TRIGODET.

Ainsi, au regard du manque de dialogue municipal dès août dernier, nous avons été très présents avec le CUS et les 25 organisations solidaires sur deux mots d’ordre : le relogement de tous les expulsés et l’ouverture de négociations pour légaliser le projet poursuivi par les MHS.

Dans les réunions conduites, au regard de l’expulsion imminente, nous avons demandé au CUS que celle-ci se fasse sans débordement.

Le  jeudi 15 septembre lors de l’expulsion des MHS, nous avons constaté le sang-froid des membres du CUS, des représentants des organisations présentes et des expulsés dans une situation de démonstration de force du sous-préfet.

Le même jour, en début d’après-midi, nous avons expressément demandé une entrevue en urgence avec Mme TRIGODET car 10 expulsés se retrouvaient à la rue.

Avec le père Arnaud, curé de la paroisse de St-Gohard, qui a accepté par charité chrétienne que les expulsés installent un campement sur son terrain, nous avons été reçus par Mme TRIGODET en présence d’un membre du CUS. Le propos de celle–ci sur le relogement était une fois de plus un renvoi de responsabilité vers le sous-préfet et le 115, comme si la situation n’était pas suffisamment complexe et critique pour 10 personnes à la rue, situation enclenchée par le maire suite à l’assignation en justice.

Nous avons demandé qu’il y ait rapidement une nouvelle réunion sur la situation des expulsés sans relogement. Mme TRIGODET a accepté de nous revoir le lundi 19 septembre. Lors de cette réunion, les deux membres du CUS présents ont exposé la situation des 7 expulsés qui se retrouvaient sans relogement. Ils ont proposé la mise à disposition sous forme de convention d’occupation précaire de maisons appartenant à la mairie en attendant un relogement par le 115. Ils ont fait état que la dynamique dans le campement conduisait à des tensions, la venue de SDF et des risques de reprise d’addictions pour certains hébergés. Ils ont demandé que tout soit fait pour que ce campement ne perdure pas. Mme TRIGODET n’avait aucune solution et manifestement durant tout le week-end précédent avait fait le service minimum. Elle doit donner une réponse d’ici la fin de la semaine.

Le maire, par voie de communiqué, a fait savoir qu’il était prêt à ouvrir des négociations concernant un tiers-lieu à condition de sortir des postures clivantes. Si aujourd’hui la situation est dans une impasse, monsieur le maire en est largement responsable. Il a dit que sa responsabilité juridique pouvait être engagée en cas de maintien du squat ! Il pouvait signer une convention d’occupation précaire, il s’agit d’une convention mettant à disposition un local soit à des personnes physiques, soit à une personne morale.

La réglementation sur les Établissements accueillant du public (ERP) est certes complexe mais en matière d’hébergement avec nuitées, les obligations sont avant tout très contraignantes lorsque l’activité va au-delà de 20 hébergés. Si le maire avait tant peur de se retrouver en prison, il pouvait facilement et à peu de frais revoir l’installation électrique, installer des extincteurs et selon la commission de sécurité y adjoindre des portes coupe-feu. Les membres du CUS ont effectué par eux-mêmes de gros travaux avec un coût d’achat du matériel de l’ordre de 4000 €. Il faut savoir qu’un maire, dans le Puy de Dôme, a saisi la justice pour que l’Etat lui rembourse les frais de mise aux normes d’un local mis à la disposition pour faire de l’hébergement d’urgence.

L’argument du sous-préfet sur l’hébergement d’urgence saturé malgré les créations de places et une situation de logement très inquiétante sur St-Nazaire est une analyse partiellement fausse. La loi de finances de 2022 a réduit de 10 000 places l’hébergement d’urgence. Le projet pour 2023 est encore de réduire de 7000 places. Cela étant dit, la loi s’applique et la saturation du dispositif géré par le 115 ne dédouane aucunement le sous-préfet des obligations légales. Rappelons qu’un toit est un droit. Pour cela, le sous-préfet peut très bien attirer l’attention auprès de son préfet afin d’obtenir des crédits supplémentaires.

En France, 9 à 10 millions de femmes, d’enfants et d’hommes vivent sous le seuil de pauvreté. En Pays de Loire, 400 000 personnes sont en situation de pauvreté et il y a 124 000 enfants qui ne mangent pas à leur faim dès le 15 du mois. 104 000 demandes de logements sociaux restent en attente sur la région (chiffre du collectif Alerte qui regroupe 34 associations dont la LDH). Cette réalité de la pauvreté et des inégalités ne peut être niée par les pouvoirs publics.

Nous continuerons à nous battre pour que les droits des plus vulnérables soient effectifs.

Jean Luc Boero, Président de la section nazairienne de la LDH

Lettre commune MHS

Pas d’expulsion sans relogement et ouverture de négociations pour pérenniser des expériences innovantes et solidaires d’hébergement !

Le jugement d’expulsion des Maisons d’Hébergement Solidaire (MHS) du 107-109 boulevard Jean de Neyman deviendra très rapidement une réalité.
Le relogement des 18 personnes, dont 5 enfants, encore hébergées est une absolue nécessité. Ce relogement doit prendre en compte les besoins et la réalité familiale, sociale, professionnelle et de santé des hebergé.e.s .
Nous ne pourrons nous satisfaire d’un éventuel relogement uniquement de quelques personnes !

Entre février 2021 et août 2022, ces MHS ont permis l’accueil et la mise à l’abri de 123 personnes, hommes, femmes, enfants avec parfois des animaux. Les bénévoles de l’association « Les ami.e.s du collectif urgence sociale » avec l’appui d’associations et d’acteurs du domaine social ont mis en place un accompagnement social multidimensionnel qui a permis à
certain.e.s de trouver un logement, un emploi, une formation, d’ouvrir des droits et de réaliser des démarches de soin.

Les missions d’hébergement d’urgence et de mise à l’abri de la responsabilité de l’Etat sont gravement défaillantes. L’accompagnement social relevant des collectivités territoriales (Ville et Département) est aussi insuffisant.
Cette situation démontre que le projet des MHS est bien fondé et indispensable.
Les pouvoirs publics doivent accepter d’ouvrir des négociations pour légaliser la mise à disposition aux associations de bâtiments d’habitation sans usage et dont ils sont propriétaires pour créer des tiers-lieux d’hébergement.

Nous demandons aux pouvoirs publics :

  • De proposer à l’ensemble des 18 personnes hébergées actuellement aux MHS des solutions pérennes d’hébergement à Saint-Nazaire, là où ils et elles ont des attaches et une vie sociale, avant qu’une expulsion ait lieu.
  • De rencontrer sans délai les organisations signataires de cet appel pour aboutir rapidement à une existence légale de tiers-lieux qui pallient les insuffisances et les manquements des pouvoirs publics.

Le Jeudi 8 Septembre 2022, à Saint-Nazaire

Signataires :
Les ami.e.s du Collectif Urgence Sociale, la Ligue des Droits de l’Homme, l’Association Solidarités
Créations (ASC), le Secours Catholique, le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples
(MRAP), l’Union Contre l’immigration jetable (UCIJ), le Collectif de Soutien aux Personnes Sans Papiers
(CSPSP), Réveillons la solidarité (RLS), le Droit Au Logement Nantes/Saint-Nazaire (DAL), Amnesty
International, Planning Familial 44, Union Syndicale Solidaires, Femmes Solidaires Saint-Nazaire, Comité
départemental Femmes Solidaires, CGT, FSU, ATTAC, Parti Communiste Français, Europe Écologie Les
Verts (EELV), La France Insoumise / Union Populaire (LFI), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Lutte
Ouvrière, (LO) Fédération des Conseils de Parents d’Élèves (FCPE), Les Ami.e.s de May, Groupes des
élu.e.s de l’opposition Ensemble, Solidaires et Écologistes, Guerrières de l’Ouest, Collectif des brévinois
attentifs et solidaires, Choisir la Cause des Femmes, Émancipation Tendance Intersyndicale.

Lettre ouverte MHS

Saint-Nazaire, le 7 septembre 2022

Lettre ouverte sur le sans –abrisme à St Nazaire

Le lundi 29 août, un huissier se présentait au 107-109 boulevard Jean de Neyman à Saint Nazaire pour signifier le jugement d’expulsion pris le 8 juin, aboutissement du conflit qui oppose depuis 18 mois la municipalité aux Maisons d’Hébergement solidaires (MHS). Les associations, le collectif Urgence sociale – Plus jamais sans toi(t), les citoyens qui n’ont cessé  de soutenir cette action innovante ne peuvent accepter que l’illégalité soit uniquement du côté des plus faibles. Combien y-a-t-il de marchands de sommeil sur Saint Nazaire ? Devrions-nous oublier le dramatique incendie rue de Pornichet en novembre dernier qui a fait deux morts ? Pourquoi le droit constitutionnel à un toit n’est-il pas respecté en France ?

L’hébergement d’urgence est saturé. Dans la loi de finance 2022, il a été décidé la suppression progressive de 10 000 places d’hébergement d’urgence. Les associations gérant des Centres d’hébergement et de réadaptation sociale (CHRS) sont mises sous tension par un cadre budgétaire fermé. L’accompagnement social  ne pourra qu’en souffrir.

La production de logements très sociaux est insuffisante et les dispositions budgétaires pour soutenir le logement social sont en réduction. Il en va de l’avenir de la réduction de loyer de solidarité (RLS) qui impacte fortement les bailleurs sociaux et obère leurs capacités de production et d’investissement. Bref la politique nationale du logement est défaillante. Et ce n’est pas l’augmentation du coût des matières premières et du peu de foncier disponible qui va permettre d’investir.

 Certes sur Saint Nazaire, nous avons une politique de construction de logements sociaux volontariste et soutenue par la municipalité. Mais les nuages sont présents et il ne faudrait pas les minimiser !

Et puis tous les acteurs de l’accompagnement social savent bien que la mise en logement ne peut pas se faire sans, pour certaines personnes, un accompagnement préalable dans un dispositif d’hébergement.

Face à un tel tableau, nous sommes  admiratifs du travail réalisé par les bénévoles des MHS qui ont remis en état les pièces à vivre des maisons réquisitionnées du boulevard Jean de Neyman. Entre février 2021 et le 08 aout 2022 ,123 personnes auront bénéficié de 550 nuitées en hébergement d’urgence (une nuit renouvelable) et de 6500 nuitées en hébergement stabilisé (un mois renouvelable) ; 80% des personnes hébergées ont été orientées par des institutions dont le 115 ! Et parfois les services sociaux municipaux ou départementaux.

 Dans cette expérimentation, l’accueil est inconditionnel. C’est un principe qui est très difficile à faire vivre et ils l’ont réussi. Cette réussite provient de leur forte implication, d’une cogestion avec les bénéficiaires, d’une sincérité des relations interhumaines et d’un travail en réseau conséquent : allant du secours catholiques en passant par l’ASC ou Oppelia. Le soutien du mouvement associatif nazairien a été réel tout au long des 18 derniers mois. La mobilisation citoyenne a été très forte dès le début de l’ouverture des MHS. Et se poursuit encore aujourd’hui.

La richesse et la diversité des actions conduites par les MHS est aussi à saluer : stand avec vente tous les dimanches sur le marché de St Nazaire et ce pour mobiliser et obtenir des fonds solidaires, soutien scolaire, jardinage, soirées musicales, participation active aux assises locales de solidarités avec les migrants, et très fort accompagnement social  individuel, etc…

Le fonctionnement aussi est remarquable avec des usages et règles discutés et approuvés par les membres du collectif et les bénéficiaires, ce qui a  permis de rendre bien vivant la notion de co construction des règles du vivre ensemble et leur intégration par les bénéficiaires. C’est probablement un des aspects qui a permis la réussite de ce lieu autogéré uniquement par des bénévoles et des usagers.

Les MHS ont démontré leur utilité sociale, elles n’ont  rien coûté aux contribuables. Les maisons occupées  étaient inhabitées depuis dix ans pour une maison et quatre ans pour l’autre et il n’y a pas de projet immobilier immédiat dans cette partie de la ville. Leur réquisition fut bien faîte sur un principe d’utilisation non-dommageable pour des particuliers ou la collectivité.

Bref, réduire le collectif Urgence sociale – Plus jamais sans toi(t), à un ramassis de dangereux squatteurs est une vue de l’esprit qui ne correspond en rien à la réalité !

Aujourd’hui, en France, 1600 enfants dorment dans la rue  soit 80 % d’enfants sans abri en plus depuis six mois. (Chiffre fondation Abbé Pierre). A Toulouse, une centaine de Mineurs Non Accompagnés (MNA) auparavant hébergés par le CCAS ont été remis à la rue ; à Lille trois évacuations de bidonvilles ont jeté dans l’errance des centaines de familles.  Toujours selon la fondation Abbé Pierre, les expulsions locatives, dès cet été, ont retrouvé leur niveau d’avant Covid.

Saint Nazaire est une ville  fière de sa politique sociale qui s’est toujours souciée des plus vulnérables. Il ne faudrait pas que pour un blocage dont nous pouvons par ailleurs comprendre certaines composantes, nous en soyons à une telle impasse.

Des villes comme Marseille ou Rennes ont signé  des baux précaires avec des associations gérant des lieux d’accueil pour personnes sans-domicile. Les questions autour des règles de sécurité d’un établissement recevant du public (ERP) doivent pouvoir trouver des solutions faciles grâce à l’hébergement diffus voir des mises aux normes pas forcement couteuses.

Comme nous l’avons écrit le 1er septembre à l’élue en charge des solidarités, il est largement temps d’ouvrir des négociations avec le collectif Urgence sociale – Plus jamais sans toi(t), les associations et les personnes hébergées. Et sur ce point, nous rappelons que le collectif a toujours souhaité avoir un dialogue constructif avec la mairie. Une demande de bail précaire lui a été adressée qui aurait pu courir jusqu’à un autre usage de ces maisons. La mairie demanda une identité juridique, ce fut fait. Pour montrer l’intérêt et l’utilité d’une telle initiative solidaire et citoyenne, un rapport d’activité fut envoyé. La mairie trouva que les éléments de construction technique du projet étaient insuffisants. Nous en prenons acte mais n’y-a- t-il pas des services supports à la mairie qui auraient pu aider à la formalisation administrative de l’expérimentation en cours ?

Autre point soulevé par la mairie : celui des champs de compétence. L’hébergement d’urgence est de la compétence de l’Etat.

 La municipalité n’est pas seule à rappeler à l’Etat ses obligations !  La LDH fait partie du collectif des  associations unies qui regroupe 39 associations agissant dans le champ de l’hébergement d’urgence et du logement très social. Nous interpellons très régulièrement les gouvernements !

 Et au-delà, le sans-abrisme concerne la vie dans la cité et touche tous les services publics : le CCAS dépendant de la commune pour la domiciliation et des aides financières ; les aides enfance/famille relevant du Conseil départemental ; les institutions et services de santé, tout comme la justice, etc. dépendant de l’État … Bref c’est un sujet aux compétences intriquées. Le Code de L’action sociale et des familles(CASF) n’empêche aucunement les communes qui ont un large champ de compétence en matière sociale d’élargir leurs actions au regard du principe de libre administration des collectivités territoriales.

Nous savons que la mairie a demandé au sous-préfet qu’il n’y ait pas d’expulsion sans relogement, soit.  Cela concerne 18 personnes dont 5 enfants. Mais dans l’avenir qu’en sera-t-il du sans-abrisme dans notre cité ?

Toutes les parties prenantes concernées par le sans-abrisme, dans un contexte tendu en matière de logement et d’hébergement d’urgence, doivent pouvoir trouver des points de convergence pour que l’action des MHS se poursuive en quelque lieu que ce soit.

Pour la section de Saint-Nazaire,

Jean-Luc Boero, Président

Communiqué de Presse : Exigeons une solution digne et durable pour le Collectif Urgence Sociale !

Le 8 juin dernier, les hébergé.es des Maisons d’Hébergement Solidaire (MHS) et le Collectif Urgence Sociale « Plus jamais Sans Toi(t) » ont appris que la justice, suite à la procédure engagée par la ville de St-Nazaire, avait décidé d’une expulsion sans délai.

Dès que l’huissier leur notifiera la décision de justice, ils auront deux mois pour quitter les lieux des deux maisons vides qu’ils occupent depuis plus d’un an.

Que deviendra l’expérience sociale conduite ? Quelles propositions de relogement vont faire les services publics pour ces personnes hébergées, dont certaines sont des familles avec enfant ?  Leur expulsion de la rue Jean de Neyman est incompréhensible au regard de la montée du sans-abrisme.

L’hébergement d’urgence est saturé. Ni la ville de St-Nazaire, ni les autres autorités publiques compétentes en matière d’hébergement d’urgence ne peuvent ignorer cette situation. Ainsi, les MHS ont hébergé 120 personnes en 15 mois. 80 % de celles-ci ont été envoyées par des associations, des institutions, des travailleurs.euses sociaux. Ce sont des familles françaises, étrangères, des femmes seules, de jeunes adultes. Sur St Nazaire et la Carène, le DAL a recensé près de 900 personnes sans abri.

L’expérience conduite par les MHS répond à un vrai besoin. Le pouvoir d’agir des personnes, la solidarité permettent une réhabilitation et une inclusion sociale.

La LDH et le DAL demandent expressément aux autorités publiques que le Collectif d’Urgence Sociale « Plus jamais Sans Toi(t) » puisse être soutenu pour poursuivre leurs missions sociales et l’hébergement d’urgence dans des conditions respectueuses du droit de propriété.  

Il appartient à la ville de St Nazaire et à ses élus de pérenniser  une expérience sociale totalement nécessaire, peu coûteuse et largement approuvée par les acteurs sociaux de terrain.

 Saint-Nazaire, le 10 juin 2022

Contact DAL : stnazaire.dal44@gmail.com

Edito : Défendons un droit au logement pour tous

La section vous informe depuis quelques mois de l’action du collectif Géronimo devenu « Collectif Urgence Sociale Saint-Nazaire Plus Jamais Sans Toi-t ». Largement vilipendés par la majorité municipale, traités d’anarchistes, de manipulateurs et de casseurs, ils ont résisté à ces grossiers pièges qui leur étaient tendus. Pourtant, lorsqu’ils occupaient un local dans le centre-ville, ils l’ont souvent tagué. Aujourd’hui, ce collectif a gagné en maturité. Leurs compte rendus sont de qualité, leur budget prévisionnel est bien construit, ils ont compris que pour avoir l’adhésion des Nazairiens et des associations, il leur fallait développer une stratégie acceptable et sans bavure. Dorénavant, ils occupent deux maisons non occupées depuis quelques années et appartenant à la Silène, situées boulevard Jean de Neyman. Ils ont un projet de CHRS autogéré. Un dossier est en cours de constitution. Ils réhabilitent les deux maisons. La section a décidé de leur attribuer une aide de 100 euros.

Hier, samedi 27 mars, ils ont lu un texte de belle facture lors de la manifestation devant la mairie de St-Nazaire dans le cadre de la journée européenne du droit au logement. Nous serons avec eux, s’ils le souhaitent, lorsque des négociations s’ouvriront avec la municipalité si celle-ci se montre plus disposée à leur égard. Nous n’hésiterons pas à valoriser leur action et à le faire savoir publiquement.

Didier OTT et moi-même avons participé à une visio avec Audrey DUFEU-SCHUBERT, députée de St-Nazaire sur le thème du « Beauvau de la sécurité ». Elle avait courageusement choisi de rencontrer sur le terrain les policiers, les associations, les élus et avait proposé un questionnaire. Nous sommes intervenus sur la question de la vidéo surveillance, des drones et des technologies de traçage numérique et de reconnaissance faciale. Mais en amont, nous avons bien précisé que la question de la sécurité est globale. Nous avons fait état des questions sociales qui insécurisent, d’une approche de la lutte contre le trafic de drogue qui est un vrai échec, de l’absence de formation des enfants à la communication non violente, d’un manque criant de présence humaine sur le terrain et entre-autre de médiateurs. Nous avons bien dit que la LDH ne pouvait être considérée comme une association angélique en matière de sécurité. La surenchère politicienne sur la sécurité a aussi été évoquée à partir d’un rappel du nombre de lois et d’une polarisation excessive sur quelques faits-divers crapuleux.

Concernant l’idéologie numérique en matière de sécurité, il fut bien précisé que son efficacité est très réduite, qu’elle fait les poches des mairies au profit de lobbys industriels et de grandes entreprises dont certaines sont chinoises. Didier a bien précisé que leurs technologies comprenaient parfois des logiciels espions pouvant bien évidemment avoir un impact sur notre indépendance nationale.

Le National fait une campagne intitulée « Jeunes Majeurs étrangers, sortir de l’impasse ». Nous vous demandons de vous mobiliser.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 28 mars 2021